2- Les causes
endogènes de la crise bancaire
Les causes endogènes de la crise bancaire
sont liées aux quatre grandes fonctions des banques : la fonction
de financement, la fonction de gestion des moyens de paiement, la fonction de
mutualisation des risques et la fonction de courtage. Les banques sont apparues
défaillantes par rapport à ces quatre fonctions. Ces diverses
causes endogènes peuvent être regroupées en quatre points.
La surbancarisation, la politique hasardeuse du crédit, la mauvaise
gestion des banques et l'absence d'innovations en produits bancaires.
L'échec éclatant des banques de développement est dû
à d'autres causes supplémentaires : la
déspécialisation des banques de développement, le manque
de contrôle et de suivi des crédits accordés, le
détournement des missions primaires, etc...
2.1- La surbancarisation
des zones urbaines et la
sousbancarisation des zones
rurales
Après l'indépendance, le
nombre de banques au Cameroun s'est accru. Les banques commerciales se sont
multipliées pour se disputer un marché bancaire encore trop
étroit. Non seulement, il y a eu d'autres banques d'origine
française, les banques anglo-saxonnes sont également venues
s'ajouter à un marché local déjà étroit.
L'Etat a aussi crée ses banques de développement. Cette
surbancarisation a entraîné une concurrence rude entre les banques
qui proposaient presque les mêmes produits financiers. Elle a aussi
entraîné une diminution des marges bénéficiaires des
banques. Notons que cette surbancarisation a eu lieu seulement dans les zones
urbaines, les zones rurales étaient restées
sous-bancarisées. Cette politique de bancarisation à deux
vitesses du Cameroun a entraîné une absence de politique bancaire
cohérente nationale et un certain désordre dans l'exercice des
activités bancaires.
2.2- La politique
hasardeuse de crédit
La plupart des crédits
octroyés n'étaient pas précédés par une
étude approfondie de la solvabilité des
bénéficiaires. Les documents des établissements financiers
font apparaître trois types de risques auxquels étaient
confrontés les banques camerounaises : le risque de
solvabilité, le risque d'illiquidité et le risque des taux
d'intérêt. Le risque de solvabilité n'était pas
assez couvert avec les études peu approfondies menées pour la
capacité de remboursement des crédits par les
bénéficiaires. Les banques camerounaises ont connu une
illiquidité croissante depuis le début des années 80 car
elles ne disposaient plus de ressources suffisantes pour faire face au retrait
des déposants à cause du manque de confiance du public au
système bancaire. La situation conjoncturelle internationale a
placé les banques face au risque de variabilité des taux
d'intérêt. En effet, il était devenu difficile aux banques
de prévoir leurs marges bénéficiaires pour les
crédits distribués (Borio, 2009).
Les divers crédits accordés concernaient
les secteurs immobiliers et commerciaux et non les investissements productifs
industriels. De plus, ces crédits étaient concentrés sur
quelques catégories sociales, notamment les cadres du secteur public et
privé. Ces cadres obtenaient parfois ces crédits sous la pression
de l'Etat sans qu'on ne se soucie de leur solvabilité. Ces
débiteurs insolvables ont crée dans les banques de nombreuses
créances douteuses. Sous la pression de l'Etat, les banques
camerounaises ont essayé de prolonger leurs concours à des
entreprises en difficulté ou même en cessation de paiement mais
jugées stratégiques par l'Etat. Cette politique hasardeuse des
crédits a entraîné la crise de solvabilité des
banques à cause du non- recouvrement des crédits
distribués (Borio and Zhu, 2008).
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