Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA KUINDJA Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009 |
2- Des marchés financier et monétaire en fonctionnement
Les marchés financiers (Douala Stock Exchange et la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale à Libreville) sont pour l'instant embryonnaires et connaissent des problèmes d'organisation et de démarrage. Des possibilités d'extension sont toutefois importantes à travers la titrisation de la dette et de développement d'un marché d'actions liées aux privatisations et aux expansions d'entreprises (Renversez in Forum pour l'Afrique et al., 2006). Aujourd'hui la priorité est donnée à une meilleure organisation de ces places. A plus long terme, se posera la question de l'intégration des deux bourses qui, en dehors des questions d'ordre symbolique liées à la souveraineté nationale, devrait être possible notamment du fait du caractère non territorialisé de nombreuses opérations financières. La Douala Stock Exchange (DSE) a été créée en novembre 2001, au niveau national du Cameroun. En raison de la carence de titres, les opérations de cotation à la DES n'ont démarré qu'au courant du premier semestre de l'année 2006. La capitalisation boursière du marché des actions reste encore faible, et est évalué au 26 septembre 2007 à 3,034160 milliards de FCFA. Le marché monétaire fonctionne au sein de la CEMAC de manière satisfaisante, et a été mis en place en juillet 1994 même s'il demeure moyennement actif. Son compartiment interbancaire a enregistré entre 2000 et 2006 des volumes d'opérations variant de 18,45 à 32,2 milliards de CFA. Il concerne les appels d'offres de la BEAC et le marché interbancaire. On observe une croissance récente avec un niveau de 27,7 milliards de CFA en avril 2006 contre 12,9 milliards en avril 2005. La BEAC intervient par le biais des taux d'intérêt directeurs (TIAO de 5,2%) et par les coefficients de réserve. Les taux débiteurs minima sont de 15% alors que les taux créditeurs minima sont de 4,25% (PricewaterhouseCoopers, 2007). Malgré les difficultés, les bourses de valeurs créées permettront à terme : 1°) de faciliter la collecte de l'épargne longue et de l'orienter vers des investissements productifs, et cela à un coût plus faible comparé au financement bancaire ; 2°) de favoriser le renforcement des fonds propres des entreprises et des banques, notamment par le mécanisme de l'appel public à l'épargne ; 3°) De développer le système financier et de le mettre au diapason de l'évolution mondiale des marchés de capitaux dans les pays émergents, comme cela est déjà le cas dans certains pays africains (Tunisie, Botswana, Nigeria, pays de l'UEMOA, Ghana). En définitive, il apparaît que la réglementation bancaire a produit des changements positifs du point de vue du développement financier. En effet, Gurley et Shaw (1960) ont souligné le rôle du système financier dans l'emploi efficient de l'épargne à partir des obstacles financiers à la croissance réelle. Selon eux, le système financier de l'économie élémentaire est inefficient car il ne comprend ni actif financier pour encourager l'épargne ni marché financier pour affecter l'épargne d'une manière compétitive à l'investissement18(*). CONCLUSION L'objet de ce chapitre était de déterminer la relation qui existe entre la réglementation et le développement financier. En somme, l'application et le respect des différents ratios prudentiels ouvre la voie à l'offre de crédits et garanti un contrôle harmonieux entre le prêteur et l'emprunteur. Mais il se pose également le problème du type de réglementation à promouvoir. Les autorités monétaires ont entamé, depuis les deux dernières décennies, des programmes de mise à niveau et de restructuration du système financier, visant ainsi à créer les conditions idéales à l'essor et au développement du secteur pour une participation plus active, et un rôle plus important dans l'économie. Ces réformes ont été menées suivant différents degrés et à grande échelle. Le développement financier relatif demeure en retard par rapport à celui d'autres pays du monde. Selon les experts qui s'intéressent à la situation financière du Cameroun, un facteur empêche le secteur financier de jouer pleinement le rôle de catalyseur de la croissance économique. Il s'agit de la qualité de l'environnement institutionnel et légal, qui n'est pas en synergie avec les progrès enregistrés dans le secteur financier. L'impact des ratios prudentiels sur le développement financier sera analysé. Le développement financier s'accompagne de nombreuses limites et de paradoxes. * 18 L'efficience du système financier renvoie à une efficacité allocative et une efficacité productive (Akyûz, 1994), c'est-à-dire à une capacité à faire monter les niveaux de l'épargne, de l'investissement et à répartir l'épargne rare de manière optimale entre différentes possibilités d'investissement. |
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