Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA KUINDJA Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009 |
2- Un système bancaire internationaliséUne des conséquences de la globalisation des marchés est l'intégration financière. Cette globalisation a entraîné un vaste marché financier mondial dont les parties sont solidaires et indépendantes. La finance s'étant globalisée, le mouvement va se répercuter dans les systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette internationalisation peut s'apprécier à travers deux critères principaux. Il y a d'une part l'implantation bancaire étrangère au Cameroun, et d'autre part, le développement de l'activité bancaire à l'étranger. 2.1- L'implantation bancaire étrangère au CamerounLa présence des banques étrangères au Cameroun est très ancienne et remonte à la période coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA). Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur rôle était de prendre en main le développement des échanges commerciaux avec la métropole. C'est du développement de ces échanges que dépendra le rythme d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques étrangères. Au moment où le Cameroun accède à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette logique soit infléchit ou alors totalement renversé ; mais il n'en a rien été parce que la structure de l'économie des colonies n'avait pas elle-même changée. Dans la période d'euphorie qui a suivi les indépendances notamment à partir du milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières premières (pétrole, cacao, café), les banques américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter. Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment où le Cameroun entre dans une phase de récession à partir du milieu des années 1980. Aujourd'hui, après les restructurations et les réformes qu'il a connu depuis le début des années 1990 et le retour de la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement de retour des banques étrangères vers le Cameroun à travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques en activités. 2.2- L'implantation des banques camerounaises à l'étrangerPour ce qui concerne l'implantation des banques Camerounaises à l'étranger deux banques sont concernés par ce mouvement .Il s'agit d'Afriland First Bank13(*) et de la Commercial Bank of Cameroon. La première est la plus dynamique dans cette stratégie .Elle a en effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences bancaires en Guinée équatoriale et en France, puis en 2002 une succursale dans le port Congolais de Pointe Noire ainsi qu'à Sao Tomé et Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003 par une prise de participation dans le capital de la banque omnifinance en Côte d'Ivoire. Bien plus, de nouveaux partenariats ont été mis en place dans trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque du Développement du Tchad, de la Société Marocaine de Dépôts et de Crédits et enfin de la First Bank of South Africa. Ainsi, après la France, puis la Chine plusieurs autres partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en Europe occidental. La deuxième est beaucoup plus timide et est présente en RCA, au Tchad, Sao-Tomé et la Guinée Equatoriale et à travers l'ouverture d'une agence. Au total, l'internationalisation à travers la libéralisation financière se traduit par une présence moins importante de l'Etat dans le capital social des banques (contrairement à la période précédente la crise ou sa participation excédait 35%). Dans l'ensemble du système bancaire, l'Etat n'est présent que dans trois banques donc la BICEC où l'Etat est représenté à hauteur de 80% dans le capital ; c'est la participation la plus importante. Les données du tableau 8 ci-après amène deux observations importantes. Elles permettent d'apprécier l'important recul de l'Etat dans le capital social des banques et la forte présence du capital privé national et étranger. Il apparaît que l'Etat14(*) représente désormais et en moyenne 20,31% contre 31,20% pour les privés nationaux et 46,49% pour les privés étrangers. Tableau 8 : Répartition du capital social des banques en activités au Cameroun en %
(Source : Rapport d'activité COBAC 2002) N= Nationaux E= Etrangers * 13 Ancienne caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en 2002. * 14 Il est important de signaler que cette présence demeure importante dans les autres pays de la CEMAC en raison du retard pris dans le processus de libéralisation et de privatisation. Par exemple, au Congo, l'Etat est présent dans trois banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84,30% (COBAC, 1999). |
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