1.2- Evaluation de la
concentration géographique
Les pays en développement sont
caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse
d'influencer les niveaux de structure tant industrielle que sociale. Au
Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge des
activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste
secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés
dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se
localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam ; le secteur traditionnel pour sa part, se situe dans
les zones rurales. Cette structuration de l'économie camerounaise,
expliquerait alors la concentration géographique du réseau
bancaire. En effet, le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion
vis-à-vis des structures bancaires, et la structure des
dépôts en subit donc des effets. Seul le secteur moderne influence
de façon significative l'importance des dépôts et la
structure des banques. Ce différentiel d'aversion de ces
différents secteurs vis-à-vis des banques influence
l'implantation des banques qui choisissent des grandes agglomérations au
détriment des campagnes. Ainsi, la plupart des banques sont
installées dans les grandes villes notamment Douala, Yaoundé,
Bafoussam, et quelques chefs lieux de régions. Ce
phénomène peut être visualisé à travers ce
tableau 7 ci-après qui retrace le réseau bancaire camerounais.
Tableau 7 :
évolution du réseau bancaire camerounais
Ville
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Douala
|
17
|
16
|
27
|
47
|
9
|
8
|
14
|
24
|
Yaoundé
|
13
|
12
|
20
|
39
|
7
|
6
|
16
|
26
|
Bafoussam
|
5
|
9
|
7
|
10
|
6
|
5
|
8
|
9
|
Total
|
35
|
37
|
54
|
96
|
22
|
19
|
38
|
59
|
Autres
|
42
|
48
|
113
|
90
|
56
|
40
|
52
|
61
|
Total
|
87
|
85
|
167
|
186
|
78
|
59
|
90
|
120
|
(Source : Rapports annuels du
conseil national du crédit)
La lecture de ce tableau 7 souligne bien l'importance du
phénomène de concentration géographique du réseau
bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En
effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les
trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la
plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur
l'ensemble de la période étudiée, ces trois villes ont
à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre
total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en
2004 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des
agences existantes. Il peut être attribué à cette situation
de la multiplication des guichets périodiques du milieu des
années 2001. Cette concentration géographique se traduit par le
développement des comportements d'épargne informelle dans les
zones rurales.
Aussi, des 129 agences bancaire que compte le
système bancaire en 2008, un peu plus de 80% sont regroupées dans
les villes de Douala et Yaoundé. Ainsi, des 21 agences que compte la
société générale des banques du Cameroun (SGBC),
quinze sont situées dans les villes de Yaoundé (six) et Douala
(neuf), et 6 dans le reste du Cameroun.
En somme, l'industrie bancaire est fortement
concentrée sur l'ensemble de la période. Sur le plan
géographique, les agences des banques sont plus installées dans
les trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est
contrôlée par cinq banques en raison de 85% pour les
dépôts et 72% pour les crédits.
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