CHAPITRE II : LE DISPOSITIF
PRUDENTIEL COMME
PILIER DE LA RENTABILITE DES
ACTIFS BANCAIRES
AU CAMEROUN
RENTABILITE DES
ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN.
.
INTRODUCTION
Au Cameroun, comme ailleurs, la banque n'existe
plus aujourd'hui au sens où on l'entendait il y a à peine plus de
vingt ans. Les banques se sont considérablement universalisées,
réorganisées, informatisées, diversifiées et sont
actuellement en train de s'internationaliser, donnant ainsi naissance à
des firmes qu'il faut aujourd'hui examiner avec un regard neuf. Les profondes
mutations qu'ont connues les différents métiers bancaires sont
à l'origine de nombreux débats touchant à
l'activité de cette industrie.
Dans le cadre de ces restructurations, mesurer
l'activité des banques en tant qu'acteurs de premier plan de la
croissance économique, comprendre leurs comportements et l'impact de
ceux-ci sur les variations de la rentabilité des institutions bancaires
ainsi que ses répercussions sur l'ensemble de l'économie
nationale est d'une importance capitale. Nous analysons l'influence des ratios
prudentiels sur la rentabilité du système bancaire au Cameroun
sur la période 2001-2007 en menant une régression multiple de
façon trimestrielle. La rentabilité des banques est
mesurée ici en recourant au rendement des actifs (ROA). Les facteurs
explicatifs de la rentabilité des actifs ont été
sélectionnés en ligne avec les prédictions de la
théorie économique et des études empiriques conduites pour
d'autres pays industrialisés et en voie de développement. Ils
englobent aussi bien les facteurs organisationnels (managériaux), les
facteurs macroéconomiques (exogènes), les facteurs
macro-financiers que des facteurs réglementaires. L'étude vise
à combler le vide dans ce domaine largement inexploré dans le cas
camerounais comme dans le cas général des économies en
voie de développement.
Une meilleure compréhension des politiques
bancaires nécessite en fait une connaissance approfondie des
conséquences des normes réglementaires sur la rentabilité
des actifs bancaires, un objectif primordial que le présent
mémoire vise à atteindre. Comment le ratio de couverture des
risques et le ratio de liquidité affectent-ils la rentabilité des
actifs des banques au Cameroun ? Pour y répondre, nous
procéderons dans la section I à l'exposition de la
réfection du système et à la détermination des
résultats qui ont suivi. Dans la section II, nous effectuerons un test
empirique de l'apport des ratios prudentiels sur la rentabilité des
actifs.
SECTION I- RECONSTRUCTION
ET RESULTATS DU SYSTEME
BANCAIRE
AU CAMEROUN
Dans la littérature économique et
financière, deux indicateurs clés ont été
avancés pour mesurer la rentabilité bancaire. Il s'agit de la
profitabilité des actifs et de la marge d'intérêt. Nous
opterons pour la rentabilité des actifs (ROA) qui donne mieux la mesure
de la performance des banques au Cameroun. Néanmoins, le consensus est
loin d'être pleinement réuni autour de l'impact de certaines
variables sur la rentabilité des actifs bancaires telle qu'elle est
mesurée. Alors que l'effet prédit de certains facteurs a
trouvé une certaine unanimité au sein du cercle des
économistes, des controverses demeurent au niveau de l'impact attendu
d'autres variables sur la rentabilité des actifs bancaires au
Cameroun.
Les divers déterminants de la
rentabilité des actifs bancaires sont scindés en variables
organisationnelles, macroéconomiques, macro-financières et
réglementaires tout en interrogeant leurs effets escomptés en
conformité avec les prédictions de la théorie
économique et les estimations issues des études empiriques
conduites dans les pays développés et ceux en voie de
développement.
Il est important de présenter dans un premier
temps le système bancaire camerounais après la restructuration
pour permettre de mieux comprendre le phénomène de
rentabilité et de proposer éventuellement à des mesures
correctrices adéquates pour améliorer leur contribution à
la croissance économique à la lumière de la
réglementation bancaire en vigueur.
I - LE SYSTEME BANCAIRE
CAMEROUNAIS APRES LA RESTRUCTURATION
A la fin des années 80, le secteur bancaire de la
CEMAC en général et celui du Cameroun en particulier a
été secoué par une crise sans précédent
(Madji, 1997). Cette crise, qui a fait suite à une période
d'euphorie économique favorisée par l'accroissement des recettes
tirées des exportations des matières premières dont le
pétrole brut, s'est soldée par l'ébranlement de l'ensemble
du système bancaire de la Communauté. Pour y faire face, les
Autorités de la CEMAC ont non seulement décidé de la
création d'une Commission Bancaire régionale, la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), dotée de pleins pouvoirs pour
contrôler les banques mais ont également mis en place des plans de
restructuration de leur système bancaire respectif. Dans le cadre de ces
plans, les Etats qui avaient pris l'engagement de libéraliser le secteur
bancaire ont cédé les actifs sains au secteur privé et mis
en liquidation les banques jugées non viables. Si aujourd'hui, les
banques camerounaises sont globalement solvables, liquides et rentables, il
convient néanmoins de s'interroger sur la réalisation des
objectifs contenus dans les plans de restructuration mis en oeuvre dans les
Etats entre 1985 et 2008. Pour ce faire, il importe de s'attarder tout d'abord
sur l'évolution du cadre macroéconomique du Cameroun au cours de
cette période avant d'observer l'évolution du système
bancaire du pays et de mesurer sa contribution au financement de
l'économie.
1- Evolution
macroéconomique
Nous présentons ci-après les
évolutions des quelques indicateurs macroéconomiques au Cameroun
entre 1990 et 2008.
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