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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

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II - LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

La réglementation prudentielle présente des limites c'est-à-dire que la posologie des organisations financières internationales (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale) présente des avantages et des inconvénients ou pose encore des problèmes non résolus dans la société camerounaise.

1- Les limites de la réglementation prudentielle au Cameroun

La réglementation prudentielle du système bancaire camerounais présente un certain nombre de limites empêchant son efficacité totale dans sa mise en oeuvre. Elle a placé le capital social minimum d'une banque à un milliard de franc CFA, mais ce planché reste très élevé pour des investisseurs qui voudraient créer des petites banques. De plus, la COBAC (Commission Bancaire pour l'Afrique Centrale) impose un ratio de solvabilité de 5%, à savoir les capitaux propres de la banque doivent représenter au moins 5% de ses engagements. Ce capital minimum et le respect du ratio de solvabilité place la barre assez haute pour les initiatives individuelles ou en groupes limités de création d'un petit établissement financier ou de crédit. La réglementation bancaire n'a pas prévu un cadre commun minimum ou édité au moins quelques directives communes sur les diverses restructurations internes des banques ou sur les réformes bancaires (Guidoux, 2004). En effet, chaque banque est allée de sa propre petite idée pour un programme de réformes en fonction de son niveau de délabrement. Bien que l'ordonnance n° 96/03 du 24 juin 1996 ait essayé de combler cette lacune, elle est arrivée un peu tardivement par rapport à l'urgence de la restructuration du système bancaire du début des années 90.

La réglementation bancaire présente non seulement des carences ou des lacunes internes mais elle laisse aussi apparaître un manque de coordination entre ses diverses dispositions. On a du mal à identifier clairement les rôles dévoués aux structures nationales créées et ceux des supranationales (Lacoue-Labarthe, 2004). De plus, il apparaît un manque de coordination entre ces divers rôles, à savoir les sphères de compétences ou les limites de structures financières nationales par rapport aux structures financières étrangères. Par exemple, la COBAC censée assurer la surveillance des établissements de crédit, a couvert par un certain laxisme les activités de la BIAO-Meridien Bank. De plus, il y a certaines structures qui ont exercé des activités bancaires de manière clandestine. A titre d'exemple, on peut citer la Banque Unie de Crédit en 1994. La procédure de prise des sanctions dans la réglementation semble ne pas être assez bien définie. Elle présente des carences entraînant un certain laxisme. Par exemple, le pouvoir de scellée n'est pas donné à la COBAC pour sanctionner durement les structures clandestines.

La réglementation bancaire a prévu la création ou la naissance d'autres types d'établissements financiers, mais leurs conditions de mise en oeuvre ne sont pas clairement définies et même spécifiées (Nouy, 2004). Il en est de même pour leur fonctionnement dans une sphère financière sans marché financier ou des capitaux. Le marché monétaire prévu dans les textes de la BEAC, ayant démarré en 1994, présente toujours des blocages relevant de la crise de confiance ou de la méfiance entre la Banque Centrale et les établissements de crédit. Au niveau réglementaire, des carences existent dans les textes pour des garanties juridiques (Brossard et Chetioui, 2003) permettant de rétablir la confiance perdue entre les divers auteurs du marché monétaire.

L'application des réformes prévues par la réglementation bancaire a posé des problèmes pratiques à cause de l'absence d'une période transitoire clairement définie car les diverses mesures semblaient être inadaptées et inacceptables par rapport à la situation des banques (Daoud, 2004). Au niveau de la conduite des réformes, des lacunes apparaissaient également dans les textes. En d'autres termes, la réglementation n'avait aucune disposition commune relative aux restructurations bancaires. Pendant que certaines institutions bancaires commençaient par des recapitalisations, d'autres procédaient d'abord aux allégements des effectifs pour réduire leurs frais généraux (Rochet, 2004). Les dispositions réglementaires communes auraient permis aux banques de se concerter pour conduire au mieux les diverses réformes bancaires (Simon, 2004).

Nous savons que par la libéralisation bancaire, la réglementation bancaire a pour objectif principal d'augmenter l'accumulation de l'épargne pour des crédits d'investissement. La productivité de ces investissements servira à relancer l'activité ou la croissance économique (Venet, 1995). Les zones rurales regorgent néanmoins d'une masse non négligeable de liquidités pouvant constituer une partie de l'épargne (Koulibaly, 1992). De plus, l'ouverture et la gestion d'un compte d'épargne dans une banque sont souvent soumises à des conditions drastiques s'écartant des moeurs et des habitudes de la clientèle. Toutes ces conditions écartent beaucoup d'agents économiques (commerçants, salariés, etc...) qui se retournent vers le secteur informel présentant des conditions plus souples et adaptées (Philon, 2006).

La réglementation bancaire actuelle dans sa logique de libéralisation bancaire a préconisé un désengagement de l'Etat de la sphère bancaire au profit du marché (Yilmaz, 1995), mais l'influence de l'Etat camerounais dans la sphère financière reste toujours perceptible avec ses participations actuelles dans les banques (exemple : le Crédit foncier, etc.).

La libéralisation bancaire nécessite la création d'un marché financier où s'exercera la concurrence entre les établissements de crédits avec une innovation et une diversification des produits financiers et un perfectionnement des instruments financiers existants. Le Cameroun ne dispose pas actuellement d'un marché financier ou d'une bourse de valeurs. Ce manquement reste préjudiciable à la mise en place effective de la libéralisation bancaire qui ne produit pas actuellement tous les résultats attendus. Elle semble avoir divisé la société camerounaise en deux parties : les nantis et les misérables (Bekolo, 1989 ; Servet, 1990). Cette dichotomie entraîne actuellement des problèmes sociaux (l'exode rural, l'insécurité, le grand banditisme, la corruption, le chômage, la misère, etc...). En fait, ces problèmes sociaux présentent une autre face de la libéralisation bancaire avec un coût social observé actuellement au Cameroun.

La réglementation prudentielle n'a pas produit tous les résultats escomptés. Nous avons constaté qu'il y a eu d'autres faillites bancaires après les réformes bancaires de 1990, par exemples le Crédit Agricole en 1995, la BIAO-Meridien Bank en 1998 et Amity Bank en 2009. Près d'une dizaine d'années après, certaines banques présentent toujours des portefeuilles financiers dégradés et n'arrivent pas à respecter toutes les règles prudentielles (Couppey et Madies, 1996) édictées par la commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). En pratique, certaines banques camerounaises ne parviennent pas encore à respecter les normes de couverture des risques à cause d'une accumulation permanente des besoins en capitaux propres. L'intérêt de cette règle est pourtant d'empêcher aux banques d'utiliser en désordre les dépôts de la clientèle. Pour limiter les frais généraux, la COBAC a exigé le respect du ratio des immobilisations ou de l'achat des matériels et des mobiliers, etc... Beaucoup d'efforts sont fait par les banques camerounaises mais il existe encore certaines banques qui ne respectent pas cette norme à cause des frais d'exploitation encore élevés. Certaines banques ayant investi pour la construction de luxueux sièges, n'arrivent pas à limiter leurs financements de l'amortissement des investissements entamés et de l'entretien des diverses immobilisations. Les charges brutes d'exploitation et les frais généraux restent encore en général très élevés pour les banques camerounaises. Par souci de protéger les dépôts de la clientèle et de faire qu'il y ait une saine gestion des ressources financières, les banques doivent aussi respecter les ratios de liquidité générale et de transformation à long terme. Presque toutes les banques camerounaises font des efforts pour respecter le ratio de liquidité générale mais celui de la transformation à long terme reste encore délaissé. Notons néanmoins que l'insolvabilité du secteur bancaire a grandement régressé depuis une dizaine d'années. La réglementation bancaire du Cameroun n'intègre pas les spécificités bancaires dues aux asymétries d'information (Mishkin, 1991). L'intégration des asymétries d'information de la réglementation bancaire permettra de réduire un peu plus les risques de faillite ou la probabilité de faillites bancaires (Scialom, 2010).

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