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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.2. Alphabétisation

Durant le premier siècle après la dernière colonisation, les habitants étaient directement dépendants des entreprises qui s'installaient pour exploiter les langoustes, et ce malgré une administration officielle (d'abord déléguée au Baron Von Rodt et ensuite à différents gouverneurs et maires). Ces compagnies exploitaient sans réserve les langoustes et les pêcheurs. A partir de 12 ans (au sortir de l'école primaire), les enfants étaient déjà considérés comme de la main d'oeuvre. Il n'y a pas eu de développement social durant la période d'exploitation par les entreprises privées.

« Les compagnies disaient : "Ces enfants ne peuvent pas étudier parce que ce sont des pêcheurs", ce qu'ils voulaient c'était des pêcheurs, si la jeunesse partait, les pêcheurs n'auraient plus personne pour sortir pêcher, alors ils nous retenaient. » (J. González dans Brinck, 2005)

Les améliorations de cette situation ont commencé avec la coopérative de pêcheurs et ensuite avec l'obligation de scolarisation. Aujourd'hui, 98,51% de la population de la commune est considérée comme alphabétisée (PLADECO, 2005)

2.3. Relations avec le continent et identité

Petit à petit, depuis la dernière colonisation, les relations avec le continent se sont renforcées et ont créé une situation de dépendance de plus en plus forte pour en arriver à une situation où les habitants de l'île exploitent une ressource unique et importe le reste des produits de subsistance du continent. Manifestement, la population de Juan Fernández n'est pas autosuffisante. « Même si les habitants sont obligés de développer de multiples compétences afin de subsister, leur dépendance au continent, construite au travers de l'histoire, est évidente : Le Baron Von Rodt a amené des gens pour établir une entreprise et vendre ses produits à l'extérieur. Avec les gains, il obtenait les moyens d'acheter les produits manufacturés et alimentaires qui n'étaient pas produits sur l'île. [...] Avec le temps, les habitants se transformèrent exclusivement en pêcheurs et pêchaient exclusivement la langouste laissant de côté l'agriculture. Cette spécialisation les a rendus encore plus dépendants du continent. [...] En étant des pêcheurs de langoustes, activité qui est jusqu'à aujourd'hui la base économique de l'île, ils dépendent absolument de la demande continentale et internationale de ce produit, ce qui les rend aussi dépendants des va-et-vient de l'économie et de la politique non seulement continentale mais mondiale. D'un autre côté, le développement du tourisme génère de nouveaux liens de dépendance avec les réseaux de communication et l'économie globale. »57 (Brinck, 2005)

Depuis la fin du XXe siècle, les touristes, les fonctionnaires publics des différentes entités présentes sur l'île (Municipalité, CONAF, SAG, police), les employés des lignes aériennes, l'armée nationale au travers de son personnel qui transite via les bateaux de communication, l'église catholique, mais surtout les membres des familles qui ont émigré sur le continent temporairement ou définitivement et qui maintiennent des contacts avec l'île sont autant d'agents transmetteurs qui ont facilité l'adoption de formes de vie continentale. De plus les moyens de communication (téléphone, radio,...), la télévision et aujourd'hui Internet complètent la transmission d'expériences personnelles et transforment les modes de vie.

56 Voir le présent chapitre point 2.3.2. La pêche : socle identitaire

57 Voir le présent chapitre point 2.5.2. L'option touristique

La situation d'isolement de l'archipel est donc très relative, surtout à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.

Ainsi, si les formes d'organisation de la communauté humaine se sont construites dans un premier temps en réponse aux conditions d'insularité, elle seront ensuite influencées par la pénétration directe et indirecte des formes de vie continentale.

La population de Juan Fernández n'a pas une identité unique mais « une multiplicité d'identifications qui s'articulent et s'expriment au travers de différents discours. » (Brinck, 2005) Cependant, on peut distinguer certains traits directeurs qui influencent l'identité culturelle, les moeurs et les coutumes de la population insulaire. Il s'agit d'une part de la condition d'insularité (et toute l'imagerie collective et la singularité y associée) et d'autre part de l'espace marin et plus particulièrement la pêche. Plus tard, les statuts de Parc national et de Réserve de biosphère viendront renforcer l'imagerie insulaire jusqu'à métaphoriser les liens entre la population de l'archipel et les continentaux. Ces nouveaux déterminants, qui mettent la nature au centre des préoccupations, s'installeront difficilement mais font désormais partie de l'identité des habitants.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe