I.1.3.1. Avantages procurés par l'activité
touristique
Les entreprises de tourisme et leurs taux de croissance
spectaculaires offrent, dans ce contexte, l'image de la
prospérité. Conjugué à l'intérêt
croissant manifesté à l'égard du patrimoine culturel et
naturel, ces entreprises pourraient être la bouée de sauvetage de
nombreuses régions20 grâce notamment à :
· Des nouvelles possibilités d'emploi
:
Les entreprises de tourisme sont caractérisées
par une activité qui se prête mal à l'automatisation, dans
la mesure où elle consiste essentiellement en prestation de services. Il
reste donc des entreprises à forte densité de main-d'oeuvre
susceptible, en conséquence, d'offrir de nouvelles opportunités
en termes d'emplois et de qualifications, parmi les jeunes en particulier.
18 Emanuel de Kadt, (1979), Tourisme passeport pour
le Développement, Edition Economica, P38.
19
www.insee.fr
20
www.world-tourism.org
· Une diversité et stabilité de
l'économie locale :
Les entreprises de tourisme sont un ensemble
extrêmement complexe d'activités et de services, qui recoupe bon
nombre d'autres secteurs. Les recettes du tourisme n'engendrent donc pas
uniquement des gains directs pour les entreprises du secteur (hôtels,
attractions touristiques, restaurants, etc.) : elles engendrent
également des gains indirects pour d'autres secteurs, tels que
l'agriculture, la construction et l'industrie manufacturière. Le
tourisme peut, par exemple, accroître la demande de produits alimentaires
locaux et de fournitures pour les établissements hôteliers, et
créer de nouveaux marchés pour les produits
artisanaux21.
· Une source de revenus supplémentaires
:
Les entreprises de tourisme peuvent également aider
les secteurs existants et les petites entreprises déjà en place
à réaliser un supplément de revenu. Ainsi en France, les
fermiers qui mettent quelques chambres à la disposition de touristes
peuvent gagner jusqu'à 2860 euros de plus par an, et jusqu'à 3150
euros par an s'ils fournissent également les repas ; ce montant peut
atteindre 11000 euros s'ils proposent une écurie de randonnée.
· Un relèvement du niveau de vie local
:
L'augmentation des revenus et des impôts liée
à la création d'emplois et d'entreprises peut servir à
entretenir, ou à moderniser, l'infrastructure et les services locaux. La
qualité globale de l'environnement, et l'accès de la
région, peuvent également être améliorer,
étant donné que les touristes préfèrent visiter des
endroits attrayants, propres et non pollués, et à y
accéder aisément. Bien géré, le tourisme peut, en
outre, susciter un sens de la collectivité et un esprit de
coopération, et contribuer à faire revivre un village ou une
communauté.
· Une conservation du patrimoine naturel et
culturel local :
Les entreprises de tourisme favorisent le
développement d'un sentiment de fierté et une sensibilisation
à l'égard des atouts naturels et culturels de la région.
Cette prise de conscience peut, à son tour, susciter davantage de
compréhension et de sympathie vis-à-vis de leur restauration et
de leur protection, et contribuer à ce que des fonds plus importants
soient mobilisés dans ce but. Les entreprises de tourisme induisent
aussi la protection et la valorisation du patrimoine naturel et culturel.
21
www.sommets-tourisme.org
Enfin, la recherche d'une image environnementale positive des
destinations touristiques (par exemple par la qualité des eaux de
baignade, la qualité du milieu naturel) conduit à un effort
particulier de protection de l'environnement (réduction des pollutions
et nuisances, meilleure gestion de la nature et des ressources
naturelles)22.
I.1.3.2. Contraintes causées par
l'activité touristique
Même si la liste des avantages potentiels est
impressionnante, il faut être conscient que l'activité touristique
n'est pas la panacée universelle pour assurer la survie d'une
économie sans difficulté.
Pour développer un tourisme axé sur leur
patrimoine naturel et culturel, les acteurs concernés du secteur doivent
être en mesure de lever les contraintes suivantes :
· La pénurie de PME touristiques ou le
manque d'intérêt à l'égard du tourisme :
Cette situation peut résulter d'un manque d'esprit
d'entreprise ou d'une disponibilité insuffisante de fonds pour lancer de
nouvelles affaires. La population de nombreuses régions est, en outre,
plus âgée que la moyenne, ce qui limite le potentiel de
création d'entreprises.
· Le niveau insuffisant des qualifications et de
formation :
Des compétences sont notamment exigées en
matière de gestion d'entreprise, de marketing et de service à la
clientèle. Or et à titre d'exemple les habitants des
régions rurales manquent souvent de la formation nécessaire pour
relever les défis du tourisme, voire pour occuper des emplois
qualifiés. Il est trop rarement fait appel, en outre, à des
professionnels du tourisme.
· Le manque de soutien de la part d'autres secteurs
:
L'appui du secteur public s'avère
particulièrement important pour la mise en place d'une infrastructure
capable d'accueillir les touristes (signalisation, réseau routier, etc.)
et d'un climat favorable à la création de petites entreprises. Le
manque de ressources et de volonté politique dans des cas constitue,
à l'inverse, une réelle entrave au développement d'un
tourisme durable. L'activité touristique dépend fortement, en
outre, de la coopération et de la participation d'autres secteurs afin
d'avoir notamment accès aux services et aux matériaux de base,
voire à des éléments du patrimoine naturel ou culturel
situés sur des terrains privés.
22
www.sommets-tourisme.org
· Un potentiel insuffisant d'attraction touristique
:
Pour attirer un nombre de visiteur qui rende le tourisme
économiquement viable, une région doit déjà, ou
potentiellement, offrir une masse critique de centres d'intérêts.
Ces derniers doivent, en outre, être suffisamment attrayants et
spécifiques pour être compétitifs. Faute de ces atouts, les
entreprises de tourisme risquent d'être peu rentables et sans avenir.
· Le caractère saisonnier :
L'activité touristique se caractérise par la
saisonnalité. Cette situation engendre des conditions de travail peu
favorables qui ont, à leur tour, des répercussions
négatives sur la qualité des services et la
compétitivité des entreprises.
Selon la Fédération nationale des Gîtes
ruraux (France)23, « ceux-ci sont occupés pendant quinze
semaines par an à peine, soit un taux annuel d'occupation de 20%
seulement. Il faut souvent, dans de telles circonstances, un temps
considérable pour récupérer l'investissement initial et
commencer à faire des bénéfices ».
Par ailleurs, les emplois proposés n'attirent pas
toujours un personnel suffisant ou qualifié, parmi les jeunes notamment,
en raison précisément de leur caractère saisonnier, et
d'horaires de travail parfois très lourds.
· L'impossibilité de maîtriser les
influences extérieures :
La pérennité des entreprises de tourisme est
largement fondée sur l'image et, dès lors, très sensible
à des situations et pressions macro-environnementales et sociales qui
échappent au contrôle direct des entreprises locales du secteur -
lesquelles se trouvent donc particulièrement exposées aux
aléas des modes et à l'impact négatif de certains
évènements.
· Le risque de conflits sociaux :
Dans ce cadre, on peut évoquer le
phénomène de « l'effet sociétal » de tourisme
qui s'explique essentiellement par un changement quasi-total dans les
habitudes, l'habillement et le comportement des sociétés des pays
d'accueils. Ceci a pour effet de créer un conflit entre la religion de
ces pays et la culture et le mode de vie des touristes qui leurs visitent. On
assiste ainsi à un dualisme culturel dans une même
société qui a des effets néfastes sur le patrimoine
culturel et social et qui fait perdre ces sociétés leurs
spécificités distinctives.
Cependant, les entreprises de tourisme ont permis le contact
entre des différentes nations qui ont chacune un mode de vie et une
culture et une religion spécifique. Ce « mariage » entre les
cultures et les religions a créé dans les pays d'accueil un
nouveau mode de pensée, une nouvelle manière de s'habiller et
même des nouveaux modes de consommation.
Ainsi, "le tourisme transforme les mentalités,
introduit de nouvelles conceptions du travail, de l'argent et des rapports
interpersonnels. Il détruit les derniers liens qui rattachent
23
www.insee.fr
les populations à leur religion et à leur
éthique. Bref, le tourisme serait un facteur d'acculturation, dans le
plus mauvais sens du mot, voire de décomposition
morale"24.
Cependant, pour des raisons le plus souvent
idéologiques, quelques Etats, peu nombreux au demeurant, ont choisi de
se fermer au tourisme. Ce fut le cas de certains pays socialistes, comme la
Chine, l'Albanie, Cuba, etc... qui considéraient le tourisme comme le "
cheval de Troie" du capitaliste25.
· Les atteintes au patrimoine naturel et culturel
:
La plupart des zones naturelles sont fragiles et peuvent
être aisément endommagées. Ainsi, des comportements
irresponsables peuvent également provoquer des incendies et perturber la
vie sauvage. Mal pensée, l'infrastructure érigée autour du
site peut causer des dégâts supplémentaires, voire
engendrer de graves problèmes de pollution, si le traitement des
déchets et autres problématiques de même nature n'ont pas
bénéficié d'une attention suffisante. Un préjudice
peut également être causé au patrimoine culturel, surtout
s'il est immatériel. Il existe, en effet, un risque réel
d'assister à un processus de banalisation et de commercialisation
excessive des traditions et des modes de vie qui pourrait, à terme,
causer la perte même de leur authenticité et de leur valeur.
· Un secteur inflationniste :
Dans ce cadre, Pierre Py26 considère «
le tourisme comme une source d'inflation qui peut pénaliser les
populations locales et peut provoquer des désordres sociaux divers"
alcoolisme, délinquance, prostitution, acculturation" ».
Ce phénomène inflationniste peut avoir deux
conséquences principales. La première est que la hausse de prix
des prestations touristiques dans un pays récepteur peut entraîner
une érosion de la compétitivité des entreprises de
tourisme sur le marché international (peut-être pas dans le choix
du pays, mais souvent pour la durée du séjour). La seconde
concerne les organisateurs de voyages qui rechercheront, d'abord, les pays dont
l'avantage relatif en matière de prix des services touristiques est
prononcé.
· Les emplois crées sont non
qualifiés :
C'est vrai que les entreprises de tourisme créent de
l'emploi, mais quels emplois, pour quelle qualification ? A la suite de quel
apprentissage ?
Il est avéré que les métiers du tourisme
sont pour la plupart des métiers instables, saisonniers et peu
qualifiés. Ainsi, les emplois les plus nombreux concernent les
24 Abdelwahab Bouhdiba, "le tourisme, une rencontre
manquée? Les effets socioculturels du tourisme moderne", le Courrier de
l'Unesco, février 1981.
25 DUHAMEL.Philippe&SACAREAU.Isabelle, 1998, le
tourisme dans le monde, Ed ARMANDCOLIN, P81.
26 PY.Pierre, Le tourisme un
phénomène économique, Edition 1996, P34.
sous-métiers du tourisme : femmes de ménage,
barman, aides-cuisines... Les emplois de responsabilité sont souvent
confiés à des étrangers de la nationalité de la
société d'accueil.
De ce fait, les postes d'emploi offerts par les entreprises
de tourisme sont limités essentiellement aux fonctions
opérationnelles et aux tâches répétitives à
valeur ajoutée très faible.
· Le tourisme sexuel :
Un proverbe asiatique considère que " Le tourisme est
comme le feu, il peut faire cuire ta soupe. Il peut aussi brûler ta
maison"27. Dans ce cadre, les entreprises d'hébergement
encouragent d'une manière indirecte le tourisme sexuel qui
représente la cause essentielle de plusieurs maladies telle que le SIDA,
etc. En outre, la femme (en Asie) est considérée comme un moyen
d'attraction des touristes et un produit qui se vend à prix souvent
très faible, et enfin l'horreur de l'exploitation sexuelle des
enfants.
Le tableau ci-dessous récapitule les avantages et les
inconvénients qui résultent de l'activité touristique :
Tableau récapitulatif