Conclusion
Le risque et l'investissement sont
indissociables. Le risque voire l'incertitude fait partie de la
définition même de l'investissement. Ce dernier consiste à
engager une dépense maintenant afin de percevoir des gains futurs. Donc
il repose sur une série d'hypothèses et non de certitudes. Les
méthodes utilisées pour décider d'investir en avenir
incertain peuvent être extrêmement simples (délai de
récupération, analyse de sensibilité) ou plus complexes
(actualisation, probabilités, arbre de décision, minimax et
maximin, modèle d'évaluation des actifs financiers MEDAF, options
réelles) pour ne citer que les plus connues. La décision
d'investissement est la plus importante des décisions financières
créatrices de richesse pour l'entreprise.
L'un des plus connus des modèles traditionnels de
choix d'investissement est la valeur actuelle nette (VAN) d'un projet. En
avenir incertain, celui-ci présente de nombreux avantages par rapport
aux autres critères. Il intègre relativement bien l'information
disponible sur tout l'horizon du projet, ce qui n'est pas le cas du
délai de récupération par exemple, à la condition
que l'investisseur soit en mesure d'appréhender avec précision le
montant des cash-flows futurs et la durée de vie du projet
(hypothèse d'un environnement relativement stable). En revanche la VAN
qui impose une vision trop statique de l'environnement omet les
avantages de la flexibilité et des gains d'information anticipés,
ce qui conduit à des biais élevés dans des environnements
turbulents. Dès lors, la VAN doit être utilisée surtout
pour des projets de taille modestes, où les cash-flows sont facilement
identifiables.
Parmi les modèles récents de choix
d'investissement, le MEDAF (modèle d'évaluation des actifs
financiers) accorde également une place centrale au risque en permettant
une comparaison entre la rentabilité d'un projet et celle des
marchés financiers tout en évaluant le risque lié au
projet lui-même. Le MADAF est aujourd'hui au coeur de la théorie
moderne des marchés financiers. Il est largement utilisé, non
seulement par les gestionnaires de portefeuille, mais dans toute la finance
moderne. Néanmoins, une certaine prudence avec les résultats du
MEDAF s'impose, car son test empirique direct est quasiment impossible: Il
s'agirait de vérifier ex post si le vrai portefeuille du
marché est efficient. Ce portefeuille n'est pourtant pas observable,
puisqu'il contient tous les actifs matériels et immatériels
(actions, monnaie, terre, capital humain, etc.).
Les méthodes les plus récentes sont
précisément celles qui placent le risque au centre de leur
problématique. L'approche par les options réelles se
présente comme une critique forte des modèles orthodoxes (dont le
symbole est la valeur actuelle nette). Une mauvaise adéquation
apparaît entre les instruments traditionnels et les quatre
caractéristiques fondamentales de l'investissement:
l'irréversibilité, l'incertitude, la
flexibilité et la programmation dans le temps
(timing). La démarche optionnelle, en laissant la
possibilité à l'investisseur le choix de retarder sa
décision, permet de résoudre, au moins partiellement, ces quatre
problèmes. La théorie traditionnelle a d'ailleurs tenté
d'intégrer cette critique en créant une valeur actuelle nette
augmentée VANA de la valeur de l'option.
Enfin l'intégration des options réelles permet
de contrer au défaut majeur des méthodes traditionnelles
où l'aspect statique réside et d'introduire l'aspect
dynamique aux choix d'investissement. Cela signifie qu'une
flexibilité est mise à la disposition des décideurs,
laquelle a le principal mérite de permettre à ces derniers de
mettre fin ou d'éviter un engagement coûteux et par contre de ne
pas perdre des opportunités d'investissement dans un avenir
incertain.
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