Régimes de change et croissance économique: Une étude comparative entre Haà¯ti et la république dominicaine (1970-2004)( Télécharger le fichier original )par Richard Casimir Université de Quisquéya - Maitrise 2006 |
4.3 - Synthèse et comparaison des résultats51(*)Table 8: Sens et significativité des paramètres associés aux variables par équation selon le pays
Sources : Simulation de l'auteur effectuée à partir des données des statistiques financières internationales, du manuel statistique des Nations-Unies et de l'IHSI Le tableau de synthèse résume les différents résultats économétriques enregistrés. Les colonnes 1 à 5.2 représentent ceux enregistrés pour Haïti et 6 à 10.2, ceux de la Républiques Dominicaine. Les modèles 5.1 et 5.2 montrent, respectivement, que la croissance de la production haïtienne a été affectée positivement par le régime de taux de change fixe et négativement par le régime de taux de change flexible. Ils présentent aussi le volume du commerce comme un véritable moteur de la croissance économique en Haïti. Alors que la croissance économique de ce pays semble être en relation inverse avec l'accroissement des dépenses gouvernementales au cours de la période courante. Ces dépenses, selon nos résultats, ne commencent à avoir un impact positif sur l'économie que seulement après deux ans. Cependant, l'impact en question est négligeable. Du côté de la République Dominicaine, nous avons enregistré des résultats tout à fait différents de ceux d'Haïti. En effet, les modèles 10.1 et 10.2 dont la quasi-totalité des paramètres est statistiquement significatif indiquent une relation négative entre le régime de taux de change fixe et la croissance de la production. Tandis que le régime de change flexible donne un meilleur résultat en termes de croissance économique. Deux autres résultats importants à signaler concernent, les dépenses gouvernementales et les termes de l'échange de la République Dominicaine. Premièrement les dépenses publiques se révèlent, au cours de la période sous étude, un véritable canal par lequel la croissance de l'économie dominicaine est transmise. Ceci est dû aux vastes investissements étatiques dans les infrastructures qui ont des retombées économiques sérieuses. Les retombées se manifestent surtout par l'attraction touristique. Deuxièmement, les termes de l'échange, contrairement au cas d'Haïti, affectent positivement et significativement l'économie dominicaine. Ce résultat traduit une certaine capacité des exportations dominicaines à couvrir les importations. Nous pouvons comprendre que cela soit ainsi, car l'économie dominicaine est beaucoup compétitive que celle d'Haïti. Deux questions importantes à répondre ici sont les suivantes : Qu'est-ce qui explique la différence des résultats enregistrés pour les deux pays ? Quelle est l'implication en terme de politique économique ? La différence s'explique, en partie, au niveau des indicateurs de soutien à la croissance. Par exemple, d'importants écarts étaient constatés entre Haïti et la République Dominicaine au niveau des dépenses publiques propres à favoriser la croissance économique soutenable et essentielles à l'amélioration des conditions de vie de la population. En 1980, les dépenses de l'Etat consacrées à l'éducation en Haïti représentaient 1,5% du PIB contre 3,2 % et 3,9% pour la République Dominicaine. Entre 1990 et 1997, la moyenne des dépenses publiques de santé en Haïti représentait 1,2% du PIB par rapport à 1,8 pour République Dominicaine de comparaison. Le nombre de tracteurs disponibles pour chaque 1000 ouvriers agricoles était en 1979-81 comme en 1994-96 de 3 pour la République Dominicaine. En Haïti la quantité de tracteurs était nulle pour les deux périodes considérées. On comprend que la productivité agricole exprimée sous forme de valeur ajoutée par travailleur agricole et rapportée à la base 1995=100, soit passée de 518 en 1979-81 à 407 en 1995-97. Logiquement, dans le même temps, la République Dominicaine est passée de 1839 à 2454. Haïti a une très faible capacité d'attirer les capitaux privés venant de l'extérieur. Les investissements directs étrangers52(*) sont d'ailleurs très volatiles. Ils passent de 8 millions de dollars US en 1990 à 3 millions de dollars US en 1997, et remontent à 8 millions de dollars en 2003. La République Dominicaine a attiré 133 millions de dollars US en 1990 contre 421 millions de dollars en 1997, puis 310 millions en 2003. En revanche Haïti est un récipiendaire actif de l'aide publique au développement qui est passée de 27 dollars US par tête d'habitant (5,8% du PIB) en 1990 à 44 dollars (11,8% du PIB) en 1997, comparé à la République Dominicaine pour laquelle cette forme d'aide a diminué : respectivement 16 dollars US (1,7% du PIB) et 9 dollars (0.5% du PIB). En conclusion, à l'instar de Bailliu et al. (2002), nous pensons que la croissance économique, en particulier, celle de la République Dominicaine, découle d'une politique économique bien dosée plutôt que par le régime de change lui-même. Alors que Haïti n'a pas su mener une économique consistante.
* 51 Voir la note 49 pour la signification des astérix. * 52 Voir l'évolution de l'IDE à la figure 13 en annexe. |
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