PREMIER CHAPITRE
PRESENTATION DU SYSTEME DE SANTE DU TOGO
Le Système de Santé est l'ensemble de moyens et
d'activités dont la fonction est la production de la santé. Son
objectif est de mettre à la disposition de la population des biens et
services de santé en qualité et au moindre coût.
L'évaluation du Système de Santé,
c'est-à-dire la mesure de sa capacité à atteindre les
objectifs définis, passe sans nul doute par une présentation du
contexte général du Système de Santé, miroir des
avancés dans le domaine de la santé, un diagnostique de son
organisation, une appréciation des instruments juridiques et
institutionnels dont il dispose, une appréciation de ses moyens humains
et financiers et une évaluation de ses rapports avec les partenaires en
développement.
I. CONTEXTE GENERAL DU SYSTEME DE SANTE DU
TOGO
Le Système de Santé du Togo évolue dans
un contexte marqué par l'augmentation de la population, une situation
épidémiologique inquiétante, une situation politique
instable et des ressources humaines mal rémunérées et de
faible qualité.
Il faut noter d'une façon globale que le Togo avec
superficie de 56 600 Km2 a une population estimée
à 5.337.000 habitants en 2006. La moitié de la population a moins
de 15 ans. L'accroissement naturel annuel est de l'ordre de 2,4 %
avec une densité moyenne de 94 habitants au Km2. La
population Togolaise est en majorité rurale (63%) en dépit d'une
urbanisation en progression rapide (5,2% par an).
La population se caractérise par un taux
d'accroissement naturel estimé en moyenne à 2,6% par an, le taux
brut de natalité est estimé à 37%o et le taux brut de
mortalité à 13%o. Le taux de morbidité et de
mortalité est élevé en particulier chez les enfants et les
femmes. Cette mortalité infantile est due principalement au paludisme
qui reste le problème majeur de santé publique au Togo. Les
autres causes de mortalité infantile et infanto-juvénile sont
essentiellement : les Insuffisances Respiratoires Aiguës (IRA), les
maladies diarrhéiques, la rougeole, le SIDA, l'insuffisance
pondérale à la naissance et les carences nutritionnelles.
Sur le plan politique, le difficile apprentissage de la
démocratie a contribué à la dégradation de la
situation économique du pays ce qui n'est pas sans conséquence
sur la vie quotidienne de la population. Les indicateurs économiques du
pays sont au rouge. L'incidence de la pauvreté est de 72.1 % et celle de
l'extrême pauvreté de 57.6 %. Cette situation qui s'associe
à une répartition inégale des fruits de la croissance, n'a
pas permis une amélioration du revenu réel par tête
d'habitant. Le secteur agricole fournit aujourd'hui 40% du PIB du pays.
II. ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE
Pour être plus efficace et surtout répondre aux
nouvelles exigences, le Ministère de la Santé a adopté une
organisation qui n'est pas restée figée mais plutôt souple
et subit le plus souvent des modifications afin de l'adapter aux
différentes innovations et réajustements stratégiques dans
le Système de Santé. D'une manière générale,
le Système de Santé Togolais est subdivisé en
secteurs :
I. le secteur Publique de Soin,
II. le Secteur Privée de Soin.
II.1. Secteur Publique de Soins
Le service de santé est assuré au Togo par le
Ministère de la Santé. Pour mieux jouer son rôle, ce
dernier s'est doté d'une structure d'organisation pyramidale. C'est une
organisation à trois niveaux :
1- le niveau central ou national,
2- le niveau intermédiaire ou régional,
3- le niveau périphérique ou
préfectoral.
II.1.1. Niveau central ou national
C'est le sommet de la pyramide. Son rôle est l'adoption
des politiques, stratégies et plans d'action clairement définis
en vue d'attribuer des ressources nationales et internationales aux niveaux
inférieurs et de fournir un soutien directif aux programmes de
santé nationaux.
Il comporte :
· une Direction politique (Ministre et Directeur de
cabinet),
· des Technocrates (Conseillers du Ministre),
· la Direction Générale,
· cinq Directions Centrales (Direction des Affaires
Communes, Direction des Pharmacies, Laboratoires et Equipements Techniques,
Directions des Etablissements de Soin, Direction des Soins de Santé
Primaire, Direction de la Planification de la formation et de la recherche).
(Voir Annexe 1 : Organigramme du Ministère de
la Santé)
II.1.2. Niveau intermédiaire ou régional
Le rôle du niveau intermédiaire consiste à
transformer les politiques, Stratégies et plans d'action du niveau
Central en activités opérationnelles et à ventiler
à la périphérie les ressources allouées par le
niveau Central. Enfin, il fournit un appui en orientation/ recours dans les
deux sens et en gestion au niveau opérationnel.
Sur le plan sanitaire, le Togo comprend 6
régions : la Région Lomé Commune, la Région
Maritime, la Région des plateaux, la Région Centrale, la
Région de la Kara, la Région des Savanes.
II.1.3. Niveau périphérique ou
préfectoral
C'est encore le niveau local ou du District. C'est une zone
administrative clairement définie qui comprend une administration locale
travaillant pour le compte du niveau central. On y applique les programmes de
soin de santé avec pour objectif la minimisation des coûts
profitables aux populations.
Au Togo, il existe 35 Directions Préfectorales mais
à Lomé on parle plutôt de District Sanitaire.
Il faudrait ajouter, au niveau régional, le Centre
Régional de Transfusion Sanguine (CRTS) dans la région centrale
et un Centre d'Appareillage Orthopédique (CRAO) au niveau des
régions de la Kara et des Savanes. Au niveau central le Centre National
de Transfusion Sanguine (CNTS), l'Institut National d'Hygiène (INH) avec
un Laboratoire National de Référence (LNR), le Centre
d'Appareillage Orthopédique (CNAO).
(Voir Annexe 3)
II.2. Secteur Privé de Soins
Le secteur privé de soins est très florissant au
Togo. Il est composé des :
· prestataires privés à but non lucratif,
essentiellement confessionnels et communautaires,
· prestataires privés à but lucratif,
concentrés dans la capitale. Ces dernières années on a
remarqué un développement anarchique du secteur privé
informel échappant gravement au contrôle de la tutelle,
· thérapeutes traditionnels
(tradithérapeutes), ils sont omniprésents sur le terrain.
(Voir Annexes 4)
III. CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL
III.1. Cadre juridique
Ce cadre est spécifié par
l'arrêté N° 11/91/MSP du 27 septembre 1991
portant organisation des Services des Directions Centrales, Régionales
et Préfectorales du Ministère de la Santé.
Cet arrêté fait suite au Décret
N° 90-158/PR du 02 octobre 1990 portant organisation et
attribution du Ministère de la Santé et le Décret
N° 90-159/PR du 02 octobre 1990 portant organisation des Services
de la Direction Générale de la Santé publique.
Il faut noter que par la suite, plusieurs Décrets et
Arrêtés ont été signés modifiant
l'organigramme du Ministère de la Santé par la création de
services stratégiques en fonction des nécessités et des
nouveaux engagements pris au niveau régional et international.
III.2. Cadre institutionnel
Au Togo, la gestion budgétaire, financière et
comptable du Système de Santé évolue dans un cadre
institutionnel régional et mondial. Ce cadre est marqué
principalement par la Conférence d'Alma-Ata, l'Initiative de Bamako,
l'atteinte des Objectifs de Millénaire pour le Développement
(OMD).
Plusieurs mesures et engagements ont été pris
lors des rencontres des Chefs d'Etats en vue de régler les
différents problèmes qui minent le continent Africain. Afin de
mettre en oeuvre un ensemble de stratégie visant à
améliorer l'efficacité du Système de Santé, il est
préconiser à tous les Etats de mettre en place un Programme
National de Développement Sanitaire (PNDS)
III.2.1. Conférence de Alma-Ata
En 1978, à Alma-Ata au Kazakhstan, s'est tenue la
première conférence mondiale sur les Soins de Santé
Primaire. Cette conférence a exhorté chaque Etat à baser
son système de Santé sur les Soins de Santé Primaire.
Des réformes devraient donc être introduites dans
tous les systèmes de santé en vue de rapprocher les structures
sanitaires au plus près des populations (au moins dans un rayon de 5
km).
La participation communautaire devrait être le
soubassement de cette nouvelle stratégie qui donnait une place de choix
aux projets de développement. Tous les niveaux de la pyramide doivent
s'impliquer dans un effort de coordination et de collaboration.
III.2.2. Initiative de Bamako
Après l'adoption de la politique des Soins de
Santé Primaires, tous les Etats Africains se sont plus investis dans le
développement de leur système de santé. L'idée
était de rendre les soins accessibles et disponibles à moindre
coût surtout pour les populations rurales. Cette nouvelle
stratégie a donné par la suite naissances à une initiative
mise en oeuvre pour la première fois à Bamako au Mali
d'où le nom « Initiative de Bamako ».
Il s'agissait de :
· donner priorité au développement des
dispensaires du milieu rural pour offrir des soins au plus près des
populations,
· introduire les médicaments essentiels et
génériques et les rendre disponibles dans ces dispensaires,
· associer la population à l'organisation des
activités de santé,
· faire participer la population au financement des soins
(les recouvrements de coût),
· associer la population à la gestion des
ressources destinées aux activités de santé.
La création des Comités de Gestion
(COGES) devrait permettre effectivement d'avoir un droit de regard sur
la gestion des ressources en étant justement les
premiers acteurs de cette Gestion.
III. 2.3. Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD)
A la suite de la déclaration solennelle des Chefs
d'Etat et de gouvernement communément appelé
« Déclaration du Millénaire » au Sommet du
Millénaire tenu en septembre 2000 à New York (Etats-Unis), huit
(8) objectifs principaux appelés « Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) à l'horizon
2015 seront énoncés.
Ces objectifs portent sur les points suivants :
· faire la promotion de la femme,
· revaloriser le taux de croissance annuel de chaque
Etat,
· oeuvrer pour l'augmentation du taux net de
scolarisation,
· faciliter l'accès à l'eau potable,
· faire un véritable plaidoyer pour la reprise de la
coopération avec les partenaires en développement,
· oeuvrer de façon substantielle à la
réduction la mortalité infantile,
· s'investir pour améliorer la santé
maternelle,
· combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres
maladies.
A travers ces huit objectifs, on remarque une volonté
manifeste des Etats de renforcer la performance des Système de
Santé.
La nouvelle stratégie était donc
d'élaborer un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS)
dans l'esprit de ces engagements et dans un souci de planification.
III.2.4. Plan National de Développement Sanitaire
(PNDS)
Le premier plan national de développement sanitaire au
Togo a couvert la période allant de 2002 à 2006.
C'est un plan qui réunit tous les cadres du
Ministère, l'ensemble des partenaires en développement, les
représentants du secteur privé tant confessionnel qu' à
but lucratif et les représentants des organisations de la
société civile en vue de définir l'ensemble des
priorités et moyens à mettre en oeuvre dans le cadre des OMD et
de la stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP).
Un accent particulier est mis d'une part sur la protection et
la promotion de la santé des groupes vulnérables (mère et
enfant), des personnes handicapées, de la promotion de la santé
des populations et d'autre part sur la consolidation du Système National
de Santé en renforçant le cadre institutionnel, l'approche
sectorielle, l'approche contractuelle et le dispositif facilitant la
réactivité du secteur.
IV. RESSOURCES HUMAINES ET FORMATION
Les ressources humaines pour le secteur de
la santé sont très en dessous de la moyenne. En décembre
2007, le secteur de la santé comptait 7765 agents toute catégorie
confondue dont 2669 pour le personnel administratif soit
34,03%, pour une population estimée à 5.337000 habitants
en 2006. Simple exemple, on dispose seulement d'un médecin pour 16.035
personnes. (Voir Annexe 2).
Sur le plan de la formation pour le moment le Ministère
de la santé ne dispose pas d'une politique de formation du personnel.
Pourtant, elle constitue un objectif prioritaire du département dont les
activités prélimaires ont même commencé au niveau de
la Division de la Formation du Personnel (DFP) qui est la cellule
spécialisée du département en matière de
formation.
On distingue 3 types de formation du personnel de la
santé :
· Les formations de Base (BEPC, BAC et les formations
professionnelles)
· Les formations continues (selon les besoins ressentis
sur le terrain et à tous les niveaux du Système de
Santé)
· Les formations sur le tas (se fait sur les lieux de
travail)
A l'absence d'une politique de formation, les
stratégies de formation s'insèrent dans les Plans de
Développement Sanitaires des Districts et Régions et aussi dans
le Plan National de Développement Sanitaire.
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