CHAPITRE II. MALADES ET METHODES
1. MALADES
32 malades âgés de 45 à 79 ans
sont étudiés. Ils avaient subi une adénomectomie
transvésicale complète selon la technique de T. HRYNTSCHAK
à l'hôpital Saint Luc de Kisantu. La période d'étude
considérée va du 1e janvier 1996 au 31 décembre
1999 pour un délai de suivi postopératoire de 12 mois. Les
malades ont été opérés sur base du diagnostic
clinique d'HBP et aucun résultat d'analyse histopathologique des
biopsies prostatiques n'a été ramené.
La collecte des données s'est effectuée
au premier semestre de l'an 2001. Les résultats d'examens
complémentaires sont insuffisants dans la plupart des cas pour une
étude scientifique.
2. METHODES
2.1. Nature de
l'étude :
C'est une revue documentaire
descriptive
2.2. Critères de
sélection
Les éléments ci-après ont
été retenus comme indispensables à l'exploitation du
dossier :
a. l'adénomectomie transvésicale
réalisée entre le 1er janvier 1996 et le 31
décembre 1999 ;
b. un protocole opératoire dûment
rempli ;
c. les mentions de la prise en charge jusqu'à
12 mois postopératoires au maximum ;
d. les données anamnestiques et
cliniques ;
Sur cette base, les complications ci-dessous ont
été retenues pour notre étude :
2.3. Types des complications
· Hématurie
· Infection de la plaie
opératoire
· Infection urinaire
· Fistule vésicocutanée
· Incontinence urinaire
· Sepsis
· Mortalité
postopératoire
2.4. Facteurs associés
· Age
· Groupe sanguin ABO
· Hypertension artérielle
· Arythmie cardiaque
· Asthme bronchique
· Diabète sucré
· Crase sanguine préopératoire
2.5. Equipes chirurgicales
· La qualification du chirurgien : les
malades ont été opérés progressivement par les
médecins généralistes, puis les assistants seniors en
chirurgie et enfin un chirurgien débutant affecté à
l'hôpital de 1988 à 2000.
· L'homogénéité de
l'équipe chirurgicale : est nulle car les malades ont
été opérés par différentes équipes de
niveaux académiques et expérience variables.
2.6. Analyse statistique des
données
Nous avons choisi d'utiliser la Distribution du KHI-
CARRE (X2) comme test des hypothèses relatives à la
fréquence des complications postopératoires : en fonction de
l'âge des patients, de leur groupe sanguin, de l'hypertension
artérielle, de l'arythmie cardiaque, de l'asthme bronchique et /ou
diabète préexistants.
L'ensemble des données ont été
traitées par le LOGICIEL SPSS 11.0 qui nous a permis d'obtenir plusieurs
tables croisées comparant les différents paramètres
préopératoires et postopératoires.
L'âge des opérés a
été subdivisé en quartiles que nous exploitons dans la
description des suites des opérés.
RESULTATS
1. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
ETUDIEE
1.1. Age des opérés
L'âge moyen de ces opérés est
estimé à 64,83 ans.
La figure 5 montre la fréquence des
adénomectomies transvésicales par rapport à l'âge
des patients. Des faibles pics de fréquence sont observés
à 60, 64 et 70 ans et un plateau de fréquence entre 45 - 52 ans,
65 - 68 ans et 75 - 79 ans. Mais la variation d'âge des
opérés de 45 à 79 ans est superposable aux intervalles
d'âge classiques pour l'HBP. En effet, les études de Chicharro
Molero ont laissé des traces en cette matière, comme rapporte
Fourcade (8) « Pour tenter d'approcher
l'épidémiologie avec une définition plus clinique de
l'HBP, Chicharro a conjugué un score IPSS > 7, un débit
maximal < 15 ml/seconde et un volume prostatique supérieur à
30 Cm3 comme définition de l'HBP. Il retrouve alors, chez les
Espagnols, une prévalence d'HBP clinique de 4,5% entre 41 et 50 ans et
8,7% à partir de 70 ans ». Ainsi, cet intervalle d'âge
est allé de 41 ans jusqu'au-dessus de 70 ans chez les Espagnols dans le
cadre d'une étude de prévalences. Ainsi, sans vouloir
étudier la prévalence ni cette définition d'HBP propre
à lui, conformément à la définition d'HBP au TR
(page 5) et à notre objectif de décrire les
caractéristiques des opérés, nous avons trouvé
cette tranche d'âge de 45 à 79 ans.
Par contre, l'âge moyen de nos opérés
estimé à 64,83 ans est inférieur à
celui qui a été publié par les auteurs d'ANAES (18),
c'est-à-dire 67 ans. Ils n'ont pas précisé, comme nous, la
technique d'adénomectomie pour laquelle cette moyenne s'applique. Par
ailleurs, Nanninga (in 15) avait étudié 4 séries de 142
malades en 1972 et avait constaté une augmentation de l'âge moyen
des opérés d'HBP au cours des années successives de 1942
à 1970. Cet âge moyen était passé de 67 ans (pour
les années 1952-1961) à 72 ans (pour les années 1966-1970)
en passant par 69 ans (pour la période de 1961 à 1965). Les
déterminants de cette variation de prédilection de la chirurgie
d'HBP ne nous sont pas donnés par les extraits de son étude.
Mais, notre étude étant une première à l'HSLK, nous
espérons qu'au cours de prochaines séries d'étude, de 32
opérés (pour la période de 2000 à 2004 par
exemple), l'âge moyen des opérés d'HBP sera
différent de 64,83 ans et que des études analytiques
parallèles nous permettront de comprendre les raisons de la future
variation.
1.2. Les facteurs associés à la
chirurgie d'HBP à l'HSLK
Tableau I :
Fréquence des facteurs associés à l'adénomectomie
transvésicale selon les suites opératoires et
l'évolution finale des opérés
Facteurs associés
|
Catégorie
|
Suites simples
|
Complications
|
TOTAL DE FACTEURS
|
Survivant
|
Décédés
|
Nombre
|
%
|
Age (ans)
|
45-60
|
4
|
2
|
2
|
8
|
25%
|
61-66
|
4
|
4
|
0
|
8
|
25%
|
67-70
|
3
|
3
|
2
|
8
|
25%
|
71-79
|
3
|
2
|
3
|
8
|
25%
|
Groupe sanguin ABO
|
O
|
6
|
5
|
5
|
16
|
50%
|
A
|
4
|
3
|
1
|
8
|
25%
|
B
|
4
|
3
|
1
|
8
|
25%
|
AB
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0%
|
HTA
|
-
|
1
|
3
|
5
|
9
|
28,1
|
Arythmie cardiaque
|
-
|
1
|
2
|
3
|
6
|
18,8
|
Asthme bronchique
|
-
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3,1%
|
Diabète sucré
|
-
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3,1%
|
Crase sanguine
préopératoire
|
Normale
|
14
|
11
|
7
|
32
|
100%
|
Perturbée
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0%
|
TOTAL DE SUITES
|
-
|
14
|
11
|
7
|
32
|
100%
|
Selon le Tableau I, lu horizontalement et
verticalement :
- La majorité de opérés survivants aux
complications d'adénomectomie transvésicale (8) ont eu un
âge compris entre 45 et 66 ans, c.à.d. inférieur à
67 ans tandis que la fréquence du décès
postopératoire est plus élevée chez les
opérés de 67 à 79 ans. Bien que l'âge moyen de nos
opérés soit inférieur à celui publié par les
auteurs d'ANAES (18) et Nanninga (15), la mortalité observée chez
nous, elle, s'élève au-delà de leur moyenne commune
d'âge (67 ans).
- La moitié des opérés (50%)
étaient du groupe sanguin O. Il n'y a eu aucun opéré du
groupe sanguin AB (0%) mais les proportions des groupes A et B sont
égales (25%). Mais, ce facteur n'étant pas encore
étudié en rapport avec la chirurgie d'HBP dans la
littérature consultée, nous n'avons d'autre explication que la
prédominance du groupe sanguin O (45%) et la faible fréquence du
groupe sanguin AB (autour de 5%) dans la population générale
selon certains auteurs.
- D'un côté, l'hypertension artérielle est
un facteur associé à l'adénomectomie transvésicale
dans 28,1% avec développement des complications postopératoires
chez la quasi-totalité des hypertendus (8 cas sur 9). Elle a
prédominé chez la plupart des opérés
décédés (5 cas sur 7). Et de l'autre côté, la
plupart d'opérés avec antécédents d'arythmie
cardiaque (5 cas sur 6) observée dans 18,8% d'adénomectomies
transvésicales ont développé des complications
postopératoires. Le décès postopératoire y est
constaté dans la moitié des cas (50% des opérés
décédés). Cependant, Nanninga (in 15) avait
étudié globalement - sans les dissocier - les maladies
cardiovasculaires et trouvé des fréquences croissantes dans le
temps, allant de 23 à 51% sans en évaluer l'implication dans la
mortalité postopératoire. Il avait évalué cette
mortalité à part dans ses 4 séries d'étude de 142
malades chacune.
- Le diabète sucré et l'asthme bronchique sont
associés à fréquence égale (3,1%) à
l'adénomectomie transvésicale. Le décès
postopératoire en découle dans tous les cas. Mais Nanninga leur
notait une fréquence stable à 9% pour ses 3 dernières
séries d'étude. Cette différence peut s'expliquer par la
plus grande fréquence de ces affections dans les pays occidentaux
d'Europe où Nanninga a travaillé.
- Aucun trouble de la crase sanguine
préopératoire n'a été constaté dans cette
série, comme en témoigne les résultats de l'étude
de cette crase au Tableau II.
1.3. Etude de la crase sanguine
préopératoire
Deux examens de routine avaient été
réalisés chez ces patients avant l'intervention
chirurgicale : le temps de saignement et le temps de coagulation.
ü Temps de saignement : Ce temps a
varié entre 1'30'' et 4'30''.
ü Temps de coagulation : Il a varié
entre 2' et 6'30'selon le tableau ci-après :
Tableau II :
Fréquence du temps de coagulation chez les
opérés
Durée (en minutes)
|
Nombre des cas
|
Fréquence (%)
|
Non significative en clinique (<5minutes)
|
25
|
78,1%
|
Normale (5 - 8 minutes)
|
7
|
21,9 %
|
Allongée (8 - 10 minutes)
|
0
|
0 %
|
Anormale (>10 minutes)
|
0
|
0%
|
TOTAL
|
32
|
100%
|
Selon le tableau II, le temps de coagulation
préopératoire de la grande majorité de ces
opérés (78,1 %) n'avait aucune signification clinique (< 5
minutes). L'état de la crase sanguine préopératoire de
ces opérés ne permettait pas de suspecter un risque
hémorragique majeur. Mais l'hématurie est demeurée la
première complication de la série (Tableau III).
Pourtant, Saad Khoury (in 15) affirmait que cette
« hématurie reste une des complications majeures de la
chirurgie prostatique. Elle peut être prévenue dans certains cas
par une étude soignée de la crase
préopératoire ».
2. DESCRIPTION DES COMPLICATIONS
RENCONTREES
2.1. FREQUENCE DES COMPLICATIONS
Tableau III :
Fréquence des complications de l'adénomectomie
transvésicale chez 32 opérés à l'HSLK, de 1996
à 1999.
Complication
|
Nombre des cas
|
Fréquence (%)
|
Hématurie
|
14
|
43,8
|
Infection de la plaie opératoire
|
12
|
37,5
|
Infection urinaire postopératoire
|
9
|
28,1
|
Fistule vésicocutanée
|
9
|
28,1
|
Sepsis
|
2
|
6,3
|
Incontinence urinaire
|
1
|
3,1
|
Le Tableau III montre la prédominance de
l'hématurie (43,8%) et des infections de la plaie opératoire
(37,5%) comme complications postopératoires. Saad Khoury et Fourcade ont
rapporté la même tendance pour l'hématurie chez les
Français mais aucun auteur n'a rapporté une si grande
fréquence d'infections de la plaie opératoire, ni des fistules
vésicocutanées et des infections urinaires qui sont chez nous
égales à 28,1%. Le sepsis est aussi survenu chez 2
opérés (6,3%), complétant la liste des complications
infectieuses. Cette différence s'explique fondamentalement par
l'inexpérience des opérateurs et le manquement aux règles
d'asepsie, comme tous les auteurs consultés en font état.
L'incontinence urinaire est la plus rare des complications
d'adénomectomie transvésicale à l'HSLK (3,1%). C'est ici
que nos résultats sont parfaitement conformes à ceux des auteurs
classiques.
2.2. CLASSIFICATION DES COMPLICATIONS
RENCONTREES
Selon leur délai d'apparition en période
postopératoire nous avons à décrire trois types de
complications.
1. Complication postopératoire
immédiate (J1-5PO)
- Hématurie (34,4%)
2. Complications postopératoires
précoces (J6-16PO)
- Infection de la plaie opératoire
(37,5%)
- Infection urinaire (28,1%)
- Hématurie (9,4%)
- Sepsis à germes Gram négatif
(6,3%)
3. Complication postopératoire tardive
(>J16PO)
- Fistule vésicocutanée (28,1%)
- Incontinence urinaire (3,1%)
3. LA MORTALITE POSTOPERATOIRE
La mortalité postopératoire
a été évaluée à 21,9% (7 cas) dans
cette série. Cette fréquence est donc de loin supérieure
à celle trouvée par Fourcade et Tahan (<1%) et Sabiston (1
à 5%). Cet écart s'explique par la fréquence des
complications dans tous ces cas décédés (contrastant avec
l'absence de mortalité chez les opérés à suites
simples) et les facteurs associés déjà
évoqués tels que l'HTA, l'âge supérieur à 67
ans et le sepsis précoce à Germes Gram négatif. A cela, il
faut ajouter l'imprécision du diagnostic pré mortem
immédiat.
L'âge moyen de ces
décédés est estimé à 68,29 ans avec des
extrêmes entre 52 et 79 ans.
4. APERÇU DE L'EVOLUTION DEFINITIVE DES
OPERES.
A. RESULTATS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL D'HBP A
L'HSLK
Tableau IV. Fréquence des
résultats de l'adénomectomie transvésicale en fonction
du type de l'évolution postopératoire.
Résultat
|
Guérison
|
Amélioration
|
Décès
|
Total
|
Suites simples
|
10
|
4
|
0
|
14
|
Complications
|
8
|
3
|
7
|
18
|
Total
|
18
|
7
|
7
|
32
|
D'après le tableau IV : Les complications
postopératoires d'adénomectomie transvésicale à
l'HSLK ont été observées dans 18 cas (56,3%) et les suites
simples rapportées dans 14 cas (43,7%). Ainsi, si Philippe Guitart et
François Aubert rapportaient chez les Français que
« les complications de la chirurgie sont rares » et Thierry
Flam déclarait que les suites opératoires sont habituellement
simples » ; cela n'est valable que dans les cliniques
urologiques spécialisées où ces constats ont
été faits.
B. DISTRIBUTION DES FREQUENCES DES SUITES
OPERATOIRES AUX QUATRE ANS D'EXPERIENCE DE L'HSLK
Figure 6 : Distribution des
fréquences des suites opératoires d'adénomectomie
transvésicale aux 4 ans d'expérience de l'HSLK
Selon la figure 6 :
· Au cours de l'année 1998, contrairement à
l'année 1997, ont été rapportées les
fréquences les plus élevées :
1. des adénomectomies transvésicales à
l'HSLK (15 cas sur 32 ou 46,8%).
2. des complications d'adénomectomies
transvésicales (10 cas sur 15 ou 66,7%). Mais la fréquence des
suites opératoires simples a été la plus faible de la
série (4 cas sur 15 adénomectomies ou 26,7%)
· Au cours de l'année 1997 ont été
rapportées :
1. la fréquence la plus faible des
adénomectomies transvésicales à l'HSLK (3 cas sur 32 ou
9,4%).
2. la fréquence la plus élevée des
complications d'adénomectomies transvésicales (2 cas sur 3
adénomectomies ou 66,7%) ainsi que du décès
postopératoire y afférent (1 cas sur 3 adénomectomies ou
33,3%).
3. la fréquence la plus élevée des
suites opératoires simples (5 cas sur 8 adénomectomies ou 62,5%)
a été observée en 1999, suivie de la fréquence de
1996 (3 cas sur 6 adénomectomies ou 50%).
C. LA COMPOSITION DES EQUIPES CHIRURGICALES PAR
ANNEE
Les divers opérateurs d'HBP à l'HSLK sont
regroupés selon leur qualification de la manière suivante au
cours de ces quatre ans d'expérience :
Ø En 1996 :
|
- Chirurgien principal :
|
Assistant senior de chirurgie générale aux
Cliniques Universitaires de Kinshasa ;
|
|
- Premier assistant :
|
Médecin généraliste ;
|
|
- Deuxième assistant
(instrumentiste) :
|
Infirmier A2 ;
|
|
- Surveillance postopératoire :
|
Chirurgien principal, Médecin
généraliste, Infirmiers de tout niveau.
|
Ø En 1997 :
|
- Chirurgien principal :
|
Médecin généraliste ;
|
|
- Premier assistant :
|
Infirmier A2 ;
|
|
- Deuxième assistant :
|
Infirmer (ère) A2 ;
|
|
- Surveillance postopératoire :
|
Equipes similaires.
|
Ø En 1998 et 1999 :
|
- Chirurgien principal :
|
Chirurgien généraliste ;
|
|
- Premier assistant :
|
Médecin généraliste ;
|
|
- Deuxième assistant :
|
Infirmier(ère) A2 ;
|
|
- Surveillance postopératoire :
|
Equipes similaires.
|
-
|