Effet du Programme d'Action des Femmes Rwandaises Parlementaires (FFRP) en Matiere de Promotion du savoir-Faire de la Femme Rwandaise Face à la vision 2020. Cas du District de Huye ( 1996-2006)( Télécharger le fichier original )par Frédéric TEGERA MPAMYA Université Nationale du Rwanda( UNR) - Licence( Bachelor's Degree) 2007 |
Section 2. Cadre théorique2.1. La condition de la femme comme question politiqueLe cadre théorique autour de la condition de la femme comme question politique sur le genre va apporter la lumière sur les éléments qui suscitent toujours beaucoup de contradictions notamment quand il s'agit d'intégrer l'approche genre et politique dans le langage actuel. Dans ce cadre théorique, le genre fait référence aux rôles sociaux attribués respectivement aux femmes et aux hommes dans des sociétés particulières et du moment particulier tandisque la politique fait référence au principe directeur pour une certaine action réalisée par les décideurs en vue de s'attaquer à une question particulière. L'évolution de la femme dans la vie politique ne date pas de longtemps, l'entrée de la femme dans ce domaine reste très timide. Les rapports entre les femmes et la politique sont peu connus. Ceci parce que la science politique a toujours étudié la vie politique de la société, domaine où les femmes ne sont, même aujourd'hui, ni nombreuses, ni véritablement admises. Les préjugés sont abondants dans presque toutes les sociétés des quatre coins du monde qui la considérent comme un être faible. Ces préjugés aggravent sa marginalisation. L'entrée de la femme dans la vie politique est en retard par rapport à l'homme. Pourquoi ? Parce que d'une part, les femmes sont moins disposées à entrer en politique que les hommes. Car la politique ne répond pas à leurs aspirations. La politique réclame des ressources que les femmes ne possèdent pas (disponibilité, sécurité de l'emploi, aisance financière). D'autres part, les systèmes politiques sont responsables de cette situation par le biais du jeu électoral. D'après Jean ROSTAND : « La femme n'est point purement femelle, ni le mâle purement mâle, elle est seulement plus féminine et lui plus masculin qu'elle. »21(*)
Cependant, le fait d'être femme a été la cause de restriction des droits et des libertés. Dans la conquête des libertés pour l'indépendance, l'histoire prouve que les hommes ont été accompagnés par l'aide et le soutien des femmes. Toutefois, au moment de récolter les fruits du succès si durement acquis, les femmes ont été souvent mises à l'écart. Parfois privées de la récompense naturelle, elles ont été exclues des honneurs de la victoire à laquelles elles venaient de contribuer. Dans les pays sous-développés, la femme est responsable de toute la chaîne alimentaire depuis la production des vivres jusqu'à la préparation des repas. D'après M. VADERVEKEN, et HERNADEZ, C., (1985) : « Les Anthropologues et les archéologues affirmaient que la femme a été celle qui était chargée de la recherche, du traitement et du stockage de la nourriture végétale. En conséquence logique : ce sont les femmes qui ont inventé les techniques et les outils pour exercer ces travaux. Aujourd'hui les anthropologues sont également convaincus que ce sont également les femmes qui ont découvert l'agriculture.»22(*) A l'époque les femmes étaient discriminées presque dans tous les domaines. En contraste, les féministes socialistes rejetaient ces constats classiques, en suivant les textes de l'Organisation des Nations Unies adoptées en 1948 : « Le préambule de la charte des Nations Unies condamnait fortement toutes les discriminations à l'égard des femmes et souligne que l'un des buts de l'organisation est d'assurer aux femmes les mêmes droits et les mêmes possibilités qu'aux hommes dans la dignité et la valeur de la personne humaine. 23(*) L'homme a refusé d'accorder le même droit dont il jouit à la femme. Selon Simone de BEAUVOIR (1945): «Ce monde a toujours appartenu aux hommes » 24(*) Il remontre encore en affirmant : « On ne naît pas femme, on le devient.» 25(*)
La femme, depuis des années, a été considérée comme un être inférieur et son infériorité semble si naturellement indiscutable et immuable que l'on ne s'est jamais préoccupé des risques de cette marginalisation. Ni le passage des temps, ni les régimes politiques dans leur succession n'apportent des grands changements à cette situation. Pour comprendre sa marginalisation qui ne date pas d'hier, Madame de STAËL (1766- 1817) 26(*)affirmait : « On a raison d'exclure les femmes des affaires publiques et civiles ; rien n'est plus opposé à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalité avec les hommes et la gloire elle-même ne saurait être pour une femme qui deuil du bonheur. » 27(*) Les anti-paritaires rejetaient certainement ce constat qui enracinait la politique dans la biologie, en disant par exemple que, par leur nature, les femmes seraient porteuses d'une autre vision politique28(*). Il n'y a ni homme, ni femme dans la République, il n'y a que des citoyens sans distinction de sexe. A ce niveau, l'homme et la femme doivent être considérés dans le contrôle, l'accès à l'emploi, aux services et aux ressources ainsi qu'à leur partage, sans oublier l'égalité de traitement par les employeurs et fournisseurs de services. Ainsi, nous sommes d'accord avec l'idée de DROY Isabelle, (1996) dans la citation suivante : «L'évolution des conditions sociales et politiques a suscité ces dernières années un retour d'intérêt sur les femmes comme l'objet de recherche même si les caractères non historiques et temporels de la catégorie femme rend difficile toute conceptualisation de leur situation. Les femmes semblent toujours avoir été subordonnées aux hommes et cette dépendance n'apparaît pas comme conséquence d'un événement ou d'un avenir, l'appel à la nature féminine, les inégalités entre les sexes, on en déduit alors que les handicaps féminins sont éternels. Les différences biologiques suffisent - elles à expliquer les inégalités entre les sexes ? » 29(*) En cherchant une réponse à la précédente question nous trouvons que les anthropologues économistes rejettent ce constat : Pour eux, il faut chercher la cause des inégalités dans les activités productrices, reproductives et la division sexuelle du travail et chaque culture peut trouver les choses autrement. D'après CORRINE goldberger (1982),30(*) «Une démocratie sans femmes n'est pas une démocratie, l'égalité des genres est également un élément de la bonne gouvernance. L'égalité des chances est au coeur de la démocratie. » L'article 4 de la déclaration universelle sur la démocratie, adoptée en septembre 1997 par le conseil de l'Union Interparlementaire stipulait : « Il ne saurait de démocratie sans véritable partenariat entre homme et femme dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l'égalité et la complémentarité s'enrichissant mutuellement de leur différence.»31(*) Au Rwanda, le présent diffère du passé dans l'intégration de l'approche genre et développement. Le développement proprement dit est fondé sur six piliers et quatre thèmes transversaux de la vision 2020, tandisque le genre est le pilier de ces thèmes transversaux. Dans ce contexte, il est important que les femmes jouent pleinement un rôle égal à celui de l'homme dans toutes les futures structures décisionnelles du Rwanda : le parlement a accordé aux femmes 48,8% des places dans tous les domaines de prise de décision. Désormais, la femme rwandaise est considérée par le gouvernement rwandais comme un partenaire actif incontournable pour la paix et le développement dont le Rwanda a soif. * 21 BENSANDON, N., les droits de la femme des origines à nos jours, paris, 1980, P.3. * 22 Selon VADERVEKEN, M., et HERNADEZ, C., (1985), cité par TWAHIRWA G., Identification des obstacles à la participation des Femmes rwandaises aux instances de prise de décision, UNR, 2004, p.40. * 23NATIONS UNIES, la condition de la femme, Rapport et Document, Numéro 64, New York, 1986, P.3. * 24 Simon de BEAUVOIR, le deuxième sexe I, les faits et les mythes, 1945, p.109 * 25 Ibid, p.45. * 26 Madame de STAËL est née en France-Paris du 22 Avril 1766, décedé le 14 juillet 1817. * 27 BENSANDON, N. op.cit., p.18. * 28 Selon ``The latin American Women's Group (1983), cité par AYESHA. M. I., et AMINA.M., sexe, genre et societé, paris, 1997, p.259, affimaient que : Dans la lutte pour la réductionisme de l'oppression de la femme, croire qu'en changeant de monde de production, on détruit non seulement l'oppression des femmes, mais toute la conception de monde, [...], et le pouvoir que nos chers camarades hommes ont posséde tout au long de l'histoire''. * 29 DROY.I., Femme et développement, paris karthala, 1996, p.82-83. * 30 http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/parit_00.htm (13 septembre 2007) * 31 Union Interparlementaire, Rapport et document, Numéro 41, Genève, 1995, P.7. |
|