CONCLUSION GENERALE
Notre réflexion sur la problématique de
l'exploitation minière artisanale au Katanga et en particulier à
Kolwezi touche à sa fin.
Ce sujet nous a préoccupés au plus haut point
car à voir Kolwezi avec ses richesses minières énormes
mais aux habitants pauvres vivant dans une précarité inouïe.
Voyant également cette masse laborieuse qui refuse de disparaître
se livrant ainsi à la débrouille dans l'exploitation
minière artisanale, nous avons estimé nécessaire d'y jeter
un regard critique afin d'apporter notre modeste contribution face au visage
médiocre qu'offre cette activité pourtant salutaire pour des
milliers des sans emplois.
Les maux dont souffre cette activité à Kolwezi
s'ils ne sont pas combattus, ils entameront la paix sociale pourtant aussi
utile pour le développement.
Dans cette réflexion, notre but était de savoir
ce qui détermine la présence des enfants dans les
carrières et les conséquences qui en découlent. Nous
voudrions aussi savoir si les structures chargées de l'encadrement des
artisanaux sont à la hauteur. Nous nous sommes également
intéressés au non respect des dispositions du code et
règlement miniers de la part des exploitants miniers artisanaux. En
définitive, nous voudrions savoir si l'exploitation minière
artisanale est-elle profitable aux creuseurs ou aux communautés locales.
Pour nous permettre d'atteindre nos objectifs, nous avons
recouru au sondage des opinions des exploitants miniers artisanaux de Kolwezi.
La population concernée par notre étude était
constituée des creuseurs, des enfants et des femmes oeuvrant dans les
carrières. Nous y avons tiré d'une manière
raisonnée un échantillon de 100 sujets (dont 20 enfants, 10
femmes et 70 creuseurs proprement dits) grâce à la technique de
boule de neige.
Durant cette étude, il ne s'agissait pas d'examiner
d'une façon exhaustive tous les problèmes de l'artisanat minier
mais en repérant quelques uns qui semblent être marquants ou
perceptibles, nous voulions par là extirper la gangrène qui
entame cette activité pourtant importante.
De cette analyse en usant de la dialectique, il est ressorti
que le travail des enfants dans les carrières s'explique par la
misère provoquée par le chômage et «
l'impaiement » qui frappe la ville, obligeant les enfants à
travailler pour subvenir également aux besoins de la famille, incapable
de s'auto- suffire uniquement par le travail du père, avec comme
conséquences la recrudescence de la déperdition scolaire, les
maladies, les accidents et la toxicomanie. Il sied de remarquer que l'influence
des amis, la cupidité et l'irresponsabilité des parents sont
aussi également déterminants dans le travail des enfants, qui
d'ailleurs se fait avec la famille dans des conditions dangereuses et sans
respect des normes environnementales.
La méconnaissance du code et règlement miniers
chez les exploitants miniers témoigne l'absence de l'Etat dans la
vulgarisation des textes juridiques règlementant le secteur minier, par
conséquent, l'activité sur le plan pratique est informelle
d'autant plus qu'aucun exploitant interrogé n'a la carte d'exploitant
minier artisanal et n'en a jamais vu la couleur. Par ailleurs, le code minier,
devenu un recueil de bonnes intentions, n'est plus respecté.
Quant au SAESSCAM, bureau de Kolwezi n'est pas à la
hauteur de ses responsabilités qui consistent à encadrer
techniquement les creuseurs. Ce service est caractérisé par un
amateurisme sur le plan professionnel car il ne dispose pas d'encadreurs
techniquement compétents. Il passe pour un service de perception. Pour
cette tâche, ce service n'a que quatre unités possédant la
qualité des mineurs.
Au sujet des zones d'exploitation artisanale officielles,
Kolwezi n'en dispose aucune. Les creuseurs oeuvrent dans des concessions
couvertes par des titres miniers. Ainsi, ils y sont régulièrement
chassés à telle enseigne on se demande à quoi servent les
dispositions consacrant l'exploitation minière artisanale dans le code
minier spécialement le titre IV.
Ainsi donc, après analyse de tous les faits sur
terrain, nos hypothèses sont confirmées.
Malgré les difficultés, l'exploitation
minière artisanale peut être profitable, productive et sûre.
Elle peut contribuer à des moyens d'existences durables, être une
source de travail décent, être écologiquement acceptable et
exempte de main d'oeuvre enfantine.
Doit-on laisser la situation se
détériorer ? Loin de là. Au regard de la
méthode dialectique dont nous faisons usage, spécialement en son
principe du changement universel et du changement incessant qui consiste
à considérer le changement comme phase de transition d'une
situation à une autre beaucoup plus perfectionnée, nous tenons
à esquisser une piste de solutions en vue d'améliorer ce secteur
très vital pour des familles sans emplois du district de Kolwezi. Nous
proposons :
I. Concernant l'encadrement des exploitants
artisanaux
- Améliorer l'encadrement des exploitants artisanaux
opérant dans les sites des sociétés minières au
travers d'un entrepreneur-négociant sur le modèle du contrat se
sous-traitance ;
- Encadrer les artisanaux au niveau des méthodes
d'exploitation, de la sécurité et hygiène des
travailleurs ;
- Instaurer un dialogue permanent entre le pouvoir public
minier et les représentants des associations et coopératives des
exploitants miniers artisanaux ;
- Veiller au respect des procédures techniques en
matière d'exploitation des mines artisanales ;
- Créer un organe de coordination du secteur des mines
artisanales ;
- Renforcer les conditions de production, de protection
(sécurité) et de santé pour les transformer en petite
mine ;
II. Concernant le travail des
enfants
- Renforcer les capacités institutionnelles du
SAESSCAM, des associations ainsi que des coopératives des exploitants
miniers artisanaux en matière de lutte contre le travail des
enfants ;
- Mettre en place des mécanismes de collaboration avec
les organismes tant nationaux qu'internationaux pour l'éradication du
travail des enfants dans les mines ;
- Prévenir le travail des enfants dans les mines par la
sensibilisation des enfants, des familles et des communautés ;
- Retirer des mines tous les enfants de moins de 18
ans ;
- L'application de la convention N° 182 de l'OIT sur les
pires formes de travail des enfants ;
III. Concernant les textes légaux et
réglementaires
- Vulgariser le code minier et ses dispositions d'application
(règlement minier) ;
- Organiser périodiquement de sessions de formation des
artisanaux sur le respect du code de bonne conduite de l'exploitant
artisanal ;
- Appliquer rigoureusement les dispositions d'enregistrement
des creuseurs et des négociants ;
- Imposer l'achat des cartes de creuseurs et de
négociants avant toute activité.
IV. Concernant la détermination des zones
d'exploitation artisanale
- L'aménagement des sites ou zones
d'exploitation ;
- La détermination des zones réservées
à l'exploitation artisanale conformément au code minier (article
109) et de celle répondant aux conditions d'une exploitation
industrielle.
V. Concernant le social et
l'environnement
- Faire bénéficier la population de Kolwezi du
redéploiement économique du secteur minier par l'application des
articles du code minier et du règlement minier qui prévoit qu'une
partie des recettes fiscales ( entre 0,5% et 5% selon les minerais) doit
revenir au niveau des provinces (25%) et des territoires (15%) et ainsi
être affectée au développement local et
communautaire ;
- Renforcer les mécanismes de contrôle en
matière du respect des normes environnementales dans chaque site
d'exploitation.
Pour terminer, comme toute oeuvre humaine, le présent
mémoire peut renfermer des lacunes susceptibles d'être
comblé par des recherches ultérieures. Nous sommes ouverts
à toutes les critiques constructives. Néanmoins, notre sujet
d'étude étant d'actualité et ayant plusieurs facettes non
abordées par nous, la piste reste et restera toujours ouverte à
tout chercheur ou lecteur.
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