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La problématique de l'exploitation minière artisanale dans la province du Katanga ( cas du district de Kolwezi)

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par Joseph KUMWIMBA MUSAO
Institut Supérieur d'Etudes Sociales - Licence en sociologie industrielle 2009
  

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0.4 .Problématique et hypothèses de travail

La RDC a un potentiel minier assez riche et varié, encore mal connu et par conséquent inexploité.

Le Katanga est incroyablement riche en ressources naturelles ; cette province regorge d'importants gisements de cuivre à haute teneur et des minerais associés tels que le cobalt, le zinc, le plomb. Parmi les autres minerais exploités, il ya l'argent, le cadmium, le rhénium, la platine, le manganèse, l'étain, le charbon. Ces ressources sont concentrées dans le district du Haut-Katanga ainsi que dans les villes de Kolwezi et de Likasi. Le sud de la province du Katanga est depuis de nombreuses années jusqu'à ce jour le centre d'extraction de l'hétérogénite, un composite du minerai de cobalt et de cuivre.

Le secteur minier au Katanga a traditionnellement été occupé par la Gécamines, cette dernière qui est une entreprise publique a pris la relève de l'union minière du Haut-Katanga dans l'exploitation industrielle des minerais. La GCM a fait de la RDC le premier producteur mondial de cuivre et de cobalt.

Vers la fin des années 80 et début 90, le déclin de la Gécamines fut précipité par une série de problèmes, notamment :

1. La mauvaise gestion

2. L'éboulement des mines souterraines de Kamoto à Kolwezi 

3. La vétusté de son outil de production

4. Le manque d'investissement dans le renouvellement de l'outil de production, l'affectation irrationnelle des ressources de l'entreprise

5. L'augmentation des charges financières liées à la consommation

6. Un endettement à court terme très élevé

7. Les perturbations politiques

Ces problèmes ont entrainé le déclin de l'exploitation minière industrielle au Katanga. Aujourd'hui, l'entreprise publique Congolaise a subi d'importantes restructurations soutenues par la banque mondiale. Ces ajustements ont conduit en quelques années à la suppression de dizaines de milliers d'emplois.

En conséquence, une grande partie des activités minières a été reprise par des acteurs du secteur informel, qui exploitent de manière artisanale des concessions abandonnées ou anciennement appartenant à la GCM, et ce au mépris du nouveau code minier adopté en 2002. Cela a provoqué une véritable ruée vers les mines10(*), alimentée par une demande accrue de cobalt sur le marché mondial.

L'exploitation minière artisanale constitue en effet, avec l'agriculture, le principal moyen de subsistance dans la province et dans le district de Kolwezi. La grande majorité des travailleurs sont des hommes, jeunes pour la plupart, vivant dans les communautés avoisinant les zones d'exploitation. On y dénombre un important nombre d'enfants dont certains ont à peine sept ans. Ces travailleurs, appelés creuseurs, extraient l'hétérogénite dans des mines à ciel ouvert. L'extraction se fait au moyen d'outil manuel (pioches, pelles, etc....). Dans le secteur informel, les conditions de travail sont dangereuses : les creuseurs travaillent sans équipement de protection, dans des puits non étayés et non ventilés. Dans certaines mines la présence d'uranium augmente les risques pour la santé des travailleurs, ainsi que pour l'environnement.

Au regard de tout ceci, cette activité est qualifiée de problématique. Ainsi pour faire parler ce phénomène, pour le rendre compréhensible, les réponses aux questions ci-dessous pourront mieux s'y apprêter :

1. Qu'est-ce qui expliquerait la présence de certains enfants et des femmes dans les mines et carrières à Kolwezi et quelles en sont les conséquences ?

2. Les structures d'encadrement des exploitants artisanaux sont-elles à la hauteur ?

3. L'exploitation minière artisanale est-elle profitable aux creuseurs et au district de Kolwezi ?

4. Les artisanaux maîtrisent-ils l'art minier et les textes juridiques y relatives (code minier et règlement minier) ?

5. Quelles sont les conséquences de l'exploitation artisanale sur l'environnement ?

6. Que peut-on faire pour résoudre tous les problèmes liés à l'exploitation minière artisanale à Kolwezi ?

Ces quelques inquiétudes comme d'autres similaires constituent l'ossature de nos préoccupations, mieux notre questionnement dans la présente recherche.

L'une des exigences de la recherche scientifique est qu'il ne faut, non seulement pas savoir soulever le(s) problème(s) en posant certes des questions mais aussi savoir y réserver des réponses hypothétiques, lesquelles réponses servent véritablement de fil conducteur de la recherche puisque c'est également elles qui suggèrent les techniques de recherche à mettre en oeuvre ultérieurement.11(*)

Et Madeleine GRAWITZ écrit à ce propos que l'hypothèse est « une proposition de réponse à la question ».12(*)

PIRETTE RONGERE définit l'hypothèse comme étant « la proposition de réponses aux questions que l'on se pose à propos de l'objet de la recherche formulée en des termes tels que l'observation et l'analyse puissent fournir les réponses »13(*).

Pour OMAR AKTOUF, une hypothèse est en quelque sorte une base avancée de ce que l'on cherche à prouver. C'est la formulation proforma de conclusions que l'on compte tirer et que l'on va s'efforcer de justifier et de démontrer méthodiquement et systématiquement14(*).

L'hypothèse est donc l'élément intellectuel essentiel et indispensable qui permet à une recherche de dépasser la dimension strictement descriptive pour atteindre un niveau explicatif et compréhensible, c'est-à-dire atteindre un statut scientifique.15(*)

D'après encore OMAR16(*), il existe deux façons de formuler des hypothèses :

1. La formulation à priori

2. La formulation après élaboration

C'est à la lumière de ce qui précède que nous vous proposons de vérifier les hypothèses suivantes :

v La question relative à la présence des enfants dans les mines et carrières de Kolwezi, est une réponse qui resterait évidente à savoir, le facteur important est le contexte économique critique de la ville. La vulnérabilité des familles liées au quasi-effondrement de la Gécamines et le peu d'alternatives économiques viables encouragent les familles à faire contribuer leurs enfants au revenu familial. D'autre part, les négociants alimentent une certaine demande pour le travail des enfants. Ils cherchent à les recruter pour leur moindre coût et leur docilité. Il faut également noter que certains se retrouveraient en carrières suite à l'influence de leurs amis et au gain facile que procurerait le travail des mines. Et les conséquences seraient la déperdition scolaire, les accidents, les maladies et la toxicomanie.

v La situation des artisanaux serait celle d'abandon, les structures d'encadrement de l'exploitation minière artisanale semblerait être caractérisées par un amateurisme dans ce domaine. Elles s'occuperaient beaucoup plus des perceptions des frais que de l'encadrement des creuseurs, but pour lequel elles ont été crées. Cet état de choses fait que ce secteur échappe au véritable encadrement étatique. A ces difficultés s'ajouterait la méconnaissance du code minier, règlement minier, le code de conduite de l'exploitant artisanal et la déclaration de l'exploitant artisanal.

v En faisant l'état de lieu de l'activité artisanale, on constaterait qu'elle ne respecte pas les normes environnementales et les communautés locales tout comme les creuseurs ne semblent pas réellement tirer profit comme le prévoit le code minier à savoir le développement et l'émergence d'une classe moyenne.

En somme, il semblerait que tous ces ingrédients réunis seraient la problématique à laquelle serait confrontée l'exploitation minière artisanale à Kolwezi. Nous tenterons de vérifier tout cela dans la deuxième partie de cette étude.

* 10 ANTOINE, Q., Enfants mineurs du Katanga : des carrières à l'école, in Dimensions 3 le journal de la coopération Belge N°2, mars-avril 2007, pg.7.

* 11 ALBARELLO, Luc., Apprendre à chercher, éd. De Boeck, Bruxelles, 1999, p.43.

* 12 GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1979, p.403.

* 13 RONGERE, P., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1971, p.20.

* 14 OMAR AKTOUF, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, Presses de l'université du Québec, Québec, 1987, p.58.

* 15 ALBARELLO, Luc, op.cit, p.44.

* 16 OMAR AKTOUF, op.cit., p.67-68.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard