La culture Vodoun dans la promotion du développement social, culturel et economique à Abomey( Télécharger le fichier original )par Mitondé Jérémie ANATO Université d'Abomey Calavi/ Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (UAC / INJEPS) - Administrateur d'Action Sociale et Culturelle 2008 |
2.3. Présentation institutionnelleAncienne capitale du royaume du Danxomå, Abomey est fondée selon la tradition en 1645. Aujourd'hui, Abomey « la Royale » vit des souvenirs d'un passé glorieux. Sa population constituée en majorité de Fon animistes dont une grande partie de princes et de princesses vivant autrefois de la largesse des rois, aujourd'hui contraints aux travaux champêtres et au fonctionnariat. Le système politique traditionnel est encore très vivant à Abomey. Il existe en effet une structure traditionnelle dont la plus haute autorité est le Roi. Il est assisté d'une cour royale constituée par des représentants des différents membres des lignages de la communauté et des chefs religieux. Il a pour fonction de réguler les litiges entre différents membres de la communauté, de veiller au respect de la coutume et à l'entente de la communauté. Egalement, la chefferie en milieu fon est vivace. L'autorité du chef s'étend sur les personnes et les biens. Le chef préside les conseils de famille et décide de la sanction à infliger à un membre dont la conduite entache l'honneur de la communauté. Le chef ou le `'Hinnou-gan'' est le dépositaire des reliques des ancêtres. A ce titre, il veille à l'observance stricte des rites qui régissent la vie familiale. Il a surtout un rôle d'éducation conformément à la tradition. La notion d'un Dieu créateur La notion d'un Dieu créateur est très répandue en milieu Fon d'Abomey mais est souvent voilé par le culte de nombreuses divinités secondaires. En effet, que ce soit chez les fon ou chez les autres ethnies du Bénin ou d'Afrique, ce Dieu est avant tout, le créateur, la cause première. Ce Dieu est appelé en milieu « Mahu » «Aklounon'' ou `'gbedoto''. C'est un esprit transcendant, pur, juste et bon. Au dessous de ce Dieu unique, se trouvent des dieux secondaires et proche de l'homme africain en général et du béninois en particulier. Ce sont en effet ces dieux qui régissent sa vie. Ils conditionnent l'existence, la régulent, l'orientent et la forment. Ces dieux en milieu fon sont répartis en plusieurs types de divinités. Les dieux secondaires Si la notion de dieu est assez uniforme et ne prête guère à de longs développements, la nature des dieux secondaires est beaucoup plus complexe. Ils sont des puissances qui, convenablement libérés par des rituels exactement suivi, se montrent très efficaces quelle que soit l'application que l'individu veut faire de cette force. Dans les couvents de ces divinités, c'est une éducation traditionnelle véritablement et fortement fondée sur des tabous et interdits que l'on reçoit. L'individu y apprend la discipline, l'art de la discrétion et du silence, l'esprit de fraternité et de solidarité, le respect de la hiérarchie et de toute personne adulte, l'apprentissage de nouvelles langues. Selon la conception générale, ces divinités peuvent revêtir divers aspects et ont presque toujours un caractère spécifique. Selon Robert SARTRE, on distingue des vodouns qui sont inter-ethniques et qui se manifestent soit par dans les phénomènes de la nature (Hèviosso, Sakpata, Ayizan, Loko, Agè...) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, Gu) et les vodoun purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du clan (Ninsuxué, Ajahuto, Agasu...).6(*) Quand bien même « le vodoun est si présent (67%), il s'y trouve également d'autres religions comme le christianisme (23%), l'islam (3%) et d'autres religions (7%). »7(*) Quelle démarche méthodologique adoptée pour vérifier l'hypothèse ? Notre étude fait appel à une méthodologie combinant des concepts et des techniques sociologiques (enquêtes par questionnaires, entretien). Elle prend en compte aussi bien les données issues des archives documentaires disponibles que celles de seconde main (littérature sur le sujet). Ce recueil de données concerne les caractéristiques géographiques, économiques, sociales ainsi que culturelles à Abomey. Pour confronter nos hypothèses à la réalité des faits, nos investigations ont porté sur la population pratiquant le culte vodoun et celle ne la pratiquant pas. Nous cherchons à identifier au sein de la population pratiquant le culte vodoun, la signification du vodoun selon leur entendement et les influences que peuvent avoir les manifestations annuelles du vodoun sur l'économie, le social et le culturel. Quant aux profanes, nous recherchons l'impact que ces pratiques ont sur leur mode de vie. Il nous faut à présent, définir et caractériser ceux que nous appelons profanes, prêtres et adeptes vodouns. Notre population d'enquête est ciblée et se compose de : - 15 (quinze) prêtres vodoun (Hounon) - 25 (vingt-cinq) adeptes vodoun (Hounsi) - 70 (soixante-dix) profanes (Ahè). TABLEAU 1 : Récapitulatif de l'échantillon (population) d'enquête
Les cultes vodoun étaient comme des pôles de pouvoir locaux. Ainsi, les prêtres du vodoun sont les personnes qui dirigent les couvents et qui sont les gardiens de la tradition ancestrale. En fon, on les appelle « Hounon » ou « Vodounon ». Le rôle de ceux-ci réside dans le processus d'organisation au niveau du village. Ils donnent dans les couvents vodoun appelés « Hounkpamin », une éducation axée sur la probité morale, la discrétion, le silence, la discipline et l'intégrité. Quant aux « Hounsi » ou « Vodounsi », ils sont les disciples d'un certain dieu qui est suppose «danser sur sa tête« c'est-à-dire que l'adepte est sous l'emprise dudit dieu. Ils servent de lien entre les profanes et les divinités. Ils exercent toutes les fonctions spirituelles liées aux rituels ou aux cérémonies qu'une personne doit subir pour une vie sociale plus équilibrée. Pour les adeptes vodouns, ils sont à la base de l'échelle sociale. En fon, ils ont appelés « Ahè ». Cette couche est constituée de ceux qui ne pratiquent pas la religion vodoun et qui ne sont pas initiés. LES VARIABLES - L'âge et le sexe ; - Le niveau d'instruction ; - La situation matrimoniale ; - La place des sujets dans l'organisation sociale du vodoun ; - La catégorie socioprofessionnelle des sujets faisant partie de notre échantillon ; Ces deux paramètres ont permis d'établir la moyenne d'âge et le sexe des sujets qui assistent au Xwétanù. Compte tenu du niveau d'étude, on procède à une certaine analyse des choses. Ainsi, ce paramètre a permis d'identifier l'appréhension de chaque niveau d'instruction sur la pratique du culte vodoun. Cette variable a permis de cerner l'influence de cette culture sur la vie matrimoniale : le point de vue des célibataires, des mariés et des personnes monoparentales etc.
Dans la culture vodoun, l'organisation sociale de type pyramidal comprend au sommet, les Hounon et les Hounsi et à la base, les Ahè c'est-à-dire les profanes. Ainsi, cette variable a été choisie afin d'identifier pour permettre d'identifier le point de vue de chaque catégorie de cette organisation. L'identification de la catégorie socioprofessionnelle nous a permis de repérer la relation qui existe entre le Xwétanù et l'activité socioprofessionnelle des adeptes. « Dans un univers caractérisé par sa complexité, son immatérialité et sa subjectivité, la difficulté est d'éviter la dérive »8(*). Pour baliser le champ social, deux techniques d'enquêtes adaptées à notre objet ont été retenues ; nous avons mené une enquête par questionnaire destinée à relever les faits sociaux puis celle se référant à l'entretien semi-directif pour révéler les impacts positifs de ces manifestations à partir de récits de ceux qui l'organisent. Soulignons que l'entretien a été réalisé au niveau des Hounon. Pour parfaire la connaissance sur le vodoun, le Xwétanù et l'impact de celui-ci dans le sens de la promotion du développement économique, culturel et social, nous nous sommes attelé au canevas en annexes. Quant aux questionnaires, nous en avons élaboré deux (02) : - Un (01) pour les adeptes vodouns ; - Un (01) pour les profanes. Une pré-enquête a été effectuée et a été utile pour une meilleure connaissance de la zone d'étude. En effet, elle nous a permis d'une part d'identifier les arrondissements susceptibles d'être parcouru, et d'autre part de prendre contact certaines personnes ressources. Ensuite, un pré-test a été la mesure préalable qui a permis de relever les insuffisances éventuelles et imperfections liées aux questions. Cela nous a permis de porter des corrections et à les rendre ensuite simple, concise et compréhensible. Au cours de cette phase, nous avons vérifié la validité des questions et des thèmes de guides d'entretien. Enfin, deux modes ont été adoptés pour l'enquête proprement dite: l'enquête par questionnaire et celle par entretien parce que nous estimions que l'une sans l'autre ne serait suffisante à elle seule pour pouvoir appréhender la profondeur des dimensions de nos questionnements. La passation du questionnaire s'est effectuée selon la technique de face à face et a été assurée soit par nous-mêmes, soit par des amis que nous avons formés et qui nous ont apporté leur concours. Ces questionnaires ont été remplis immédiatement par les sujets dans la mesure de leur disponibilité ou à posteriori. Une fois remplis, les questionnaires ont été directement retournés, soit déposés auprès d'un collègue ou d'un ami choisi en fonction de sa disponibilité. La seconde démarche a consisté en des entretiens individuels de type semi-directifs. Elle nous a servi à recueillir des opinions des prêtres vodoun (Hounon) sur la signification du vodoun, ce que s'est que le Xwétanù et sur l'impact de cette manifestation sur le mode de vie des populations. Indiquons qu'un entretien est semi-directif lorsqu'il est « ni entièrement ouvert, ni entièrement canalisé par un grand nombre de questions précises. Généralement, le chercheur dispose d'une série de questions guides, relativement ouvertes, à propos desquelles il est impératif qu'il reçoive une information de la part de l'interviewé. Mais il ne sera posé forcément toutes questions dans l'ordre où il les a notées et sous la formulation prévue » (DAKPO ; 2003). Après avoir obtenu un rendez-vous par personne interposée auprès des différentes personnes concernées par l'enquête, nous nous présentons à leur couvent pour les entretiens qui durent selon le cas, environ trente à soixante minutes. Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits intégralement de manière à en analyser les contenus. L'utilisation de l'enquête par questionnaire qui «consiste à poser des questions à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d'une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leurs attentes, à leur niveau de connaissances ou de conscience d'un événement ou d'un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs » (DAKPO ; 2003), nous a permis d'appréhender l'importance qu'accordent les adeptes aux manifestations vodouns. Aussi bien dans l'élaboration du questionnaire définitif que des entretiens, nous avons choisi autant que faire se peut, des questions fermées pour l'analyse quantitative et ouverts pour l'analyse qualitative. Les collectes des données ont été effectuées en une phase et ont duré environ un mois entre juin et juillet 2008. Ces enquêtes ont été conduites dans la ville historique Abomey. Ce choix est motivé par le fait que cette localité arbore essentiellement des signes extérieurs de la culture vodoun. Ces populations croient en la tradition que leur a léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps. Le traitement des données s'est appuyé principalement sur l'analyse statistique et sur l'analyse de contenu des discours verbaux. Les données ont été saisies et traitées à la main et par le biais du logiciel Excel. Tout au long de nos recherches, nous avons eu droit à la sympathie, au bon accueil et au soutien de certains acteurs. Cependant, certaines difficultés majeures ont atténué notre volonté de mener des investigations plus approfondies. La difficulté majeure rencontrée concerne le caractère très secret du vodoun qui entraîne la réticence de certains acteurs face aux questionnements. Ainsi, il a fallu parfois l'intervention de certains influents dignitaires vodouns pour leur redonner confiance. Aussi, d'autres dignitaires avant de répondre aux questions nous demande de l'alcool et de l'argent car disent-ils « on ne parle pas ainsi facilement du vodoun. ». Le problème de communication a été aussi un handicap. La période étant pluvieuse, elle n'a pas contribué au bon déroulement de nos enquêtes. Nous nous sommes retrouvés, à plusieurs reprises, mouillés par la pluie en nous rendant dans un village ou de retour de notre lieu d'enquête. Un autre aspect est celui lié à la réticence des populations à remplir nos questionnaires. Elles prétendent parfois que ces études sont financées et accusent les enquêteurs d'avoir détourné les biens destinés à cette fin. En dépit de ces difficultés, nous sommes tout de même parvenus à obtenir des résultats exploitables. Les données recueillies auprès des différentes composantes de notre étude après dépouillement et transcription sont présentées comme suit :
Tableau 1: Répartition des populations suivant les catégories
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau montre la répartition des sujets suivant l'organisation sociale que donnent les adeptes. Ainsi, 10 dignitaires vodouns sur 15 soit 9,09% des populations ont été questionnés, 24 adeptes sur 25 représentant ainsi les 21,82 % du nombre de sujets enquêtés et 60 profanes sur 70 constituant les 54,55 % des enquêtés. Tableau 2 : Répartition des populations suivant l'âge
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 A travers ce tableau, on constate que parmi les enquêtés, 96,43 % de sujets ont entre 15 et 59 ans, et seulement 3,57 % de 60 ans et plus enquêtés. Ainsi, la couche la plus représentée est celle des populations actives. Tableau 3 : Répartition des populations suivant le sexe
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau 3 révèle que les 57,45% des sujets sont de sexe masculin pour 42,55 % de sexe féminin soit 40 sujets. Tableau 4 : Répartition des populations suivant le niveau d'instruction
Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Il ressort de ce tableau que seulement 1 des sujets a fait des études universitaires. Pour ceux ayant fait le primaire, ils représentent 27,38 % contre 34,52 % pour ceux ayant atteints le secondaire. 36, 90% des sujets n'ont jamais été à l'école. Tableau 5 : Répartition des enquêtés suivant leur catégorie socioprofessionnelle
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau présente les activités exercées par les populations enquêtées. Il montre les activités les plus pratiquées qui sont : le commerce avec 13 sujets soit (15,48%), l'agriculture avec 8 sujets (9,52%), la couture, la forgerie et la sculpture avec 6 sujets chacune (7,14%). Le nombre d'élèves enquêtés est de 9 soit 10,71 % et d'instituteurs est de 4 (4,76%). Les personnes chargées de la gestion des cabines téléphoniques sont au nombre de 5 (5,95%). Le reste constitué de maçons, de ménagères, de potiers, de soudeurs, de zémidjans est de 3 (3,57%) sujets pour chaque activité alors que les chanteurs de musique traditionnelle, les décorateurs, les électriciens, les menuisiers et les tisseurs représentent chacun 2,38 %. Enfin ceux qui travaillent dans les bureaux et ceux qui n'ont aucune activité sont minoritaires avec 1 sujets (1,19%). Tableau 6 : Répartition des enquêtés suivant la situation matrimoniale
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau nous renseigne sur la situation matrimoniale des sujets. Ainsi, 51,19 % sont mariés, 28,57 % célibataires, 14,29 % veufs et seulement 5,95 % vivent seuls.
Tableau 7: Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 De ce tableau, 23,53 % des adeptes et dignitaires déclarent qu'ils sont venus constater à leur naissance le vodoun et qu'ils ne peuvent pas le définir. Les 41,18 % pensent que le vodoun est un ensemble de principes. Les 5,88% estiment être venu voir le vodoun mais à travers ses manifestations y voir un ensemble de principes. 29, 41% pensent que le vodoun est comme le vent, c'est-à-dire le respect de l'inconnu ou qu'il est dieu. Tableau 8 : Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 De ce tableau, on note que 29 soit 85,29 % de l'effectif des adeptes et des dignitaires disent que le vodoun est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. 5 sujets soit 14, 71% pensent que le vodoun est Dieu lui-même. Tableau 9 : But du vodoun selon les adeptes et les dignitaires
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 De ce tableau, on déduit que l'ensemble des adeptes et des dignitaires vodouns ayant pour effectif 34 sujets, s'accordent sur ce que le but ultime du vodoun est de fournir les moyens de mener une existence décente sur terre. Tableau 10 : Raisons de la pérennité du vodoun selon les adeptes et les dignitaires
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 De ce tableau, il est à noter que 23,53 % des enquêtés trouvent que les raisons de la pérennité du vodoun résident dans le fait que les ménages s'en réfèrent en cas de danger alors que les raisons sont toutes autres pour les 76,47 %. Pour certains, le vodoun est venu avec le monde et ne disparaîtra pas même après la disparition de tous les hommes ; d'autres par contre se focalisent sur les différentes terminologies (noms, prénoms, désignation de jours etc.) issues du milieu vodoun pour expliquer sa pérennité. Aussi, ils disent que plus on en parle, plus le vodoun se développe. Tableau 11 : Autres valeurs véhiculées par le vodoun
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau montre d'autres valeurs que véhicule le vodoun. Ainsi, 44,12% pensent que le vodoun est source de respect, de discipline et de pérennité de groupe alors que les 55,88 % pensent qu'en plus de ces éléments, subsistent d'autres tels que le respect des personnes agées, la solidarité, l'entraide. Tableau 12: Régulation des actes et des désirs par le vodoun
Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 L'ensemble des enquêtés constitué des adeptes et des prêtes vodouns est unanime sur le faite que le vodoun régule les désirs et les actes des individus. Tableau 13 : Méthodes de régulation des actes et des désirs
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ici, il est fait cas de ce que le vodoun, comme méthodes de régulation, protège ceux ayant une bonne conduite et châtie ceux ayant une mauvaise conduite. Le pourcentage de ceux qui pensent de la sorte est de 100 %. Tableau 14 : Indication des voies à suivre et des interdits par le vodoun
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 A travers ce tableau, on remarque que 100 % des populations de cette catégorie sont d'avis sur le faite que le vodoun indique les voies à suivre et les interdits à ne pas enfreindre.
Tableau 15 : Rassemblement de foules par le Xwétanù
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Il ressort de ce tableau que 97,87 % des sujets à qui nous avons posé la question affirment que le Xwétanù est une occasion de rassemblement de foules venant d'horizon divers. Seulement 2,13 % pensent le contraire. Tableau 16: Importance du Xwétanù
Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 A travers ce tableau, on constate que 93,62 % des enquêtés affirment que le Xwétanù revêt encore une certaine importance. 6 % pensent qu'il n'est plus utile de nos jours. Tableau 17: Raisons de l'importance du Xwétanù
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau affiche les raisons de l'utilité du Xwétanù. Ainsi, 38, 30 % affirment qu'il redonne confiance aux populations et permet de discuter avec des personnes d'origines diverses. 55 sujets (55, 32 %) affirment se retrouver et réfléchir ensemble sur des problèmes de société. Le reste soit 6,38 % y trouvent que c'est l'occasion de rester en communion avec les êtres qui sont chers mais qui sont décédés.
Tableau 18 : Attraction des populations pour le Xwétanù
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau indique que l'intérêt des 52, 13 % de la population se retrouve dans les chants, les danses et les musiques. 8,51 % de cette population trouvent leurs intérêts dans les chants et les danses alors que les chants et la musique intéressent 12,77 %. Les 26,60 % des sujets trouvent leur intérêt ailleurs que dans les chants, la danse et la musique. Tableau 19: Satisfactions données par le Xwétanù
Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Ce tableau révèle que 60,64 % des populations trouvent satisfactions aux besoins de loisir, de jeux et de récréation. 25 (26,60 %) trouvent satisfactions dans d'autres besoins autres que ceux du loisir, du jeu et de récréation. Tableau 20 : vodoun comme source en matière de musique, de chant et de danse
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 On remarque à travers ce tableau que 86 (91,49 %) des sujets affirment que le vodoun est source d'inspiration de musique.
Tableau 21 : Activités économiques lors de ces manifestations
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 Les résultats de ce tableau indiquent que 70,21 % des enquêtés vendent leurs articles, 22,34 % servent de guide aux touristes et 7, 45 % offrent leur maison moyennant une certaine somme. Tableau 22: Dépenses effectuées par les adeptes et les dignitaires
Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008 A travers ce tableau, on remarque que l'ensemble constitué des adeptes et des dignitaires affirme que des dépenses sont effectuées. Ces manifestations constituent des moments pour ceux-ci de confectionner de nouvelles tenues et de s'acheter les colliers.
Les résultats de nos enquêtes sur la ville historique d'Abomey font ressortir que la constitution de notre population est composée de 94 sujets. Les dignitaires vodouns représentent 10,41 de cet effectif; les adeptes 25,53 % et les profanes 63,83 % (tableau 1). La répartition en fonction de l'âge que présente le tableau n°2 nous indique que les populations à charge ne sont pas représentés ; que les populations actives ayant entre 15 et 59 ans constituent 96,43 % des enquêtés et que les personnes à la retraite sont de 3,57%. En fonction du sexe, le tableau 3 présente 57,45 % sujets de sexe masculin et 42,55 % de sexe féminin. Les résultats montrent aussi que 36, 90 % des sujets n'ont jamais été à l'école ; 27, 38 % ont fais le primaire ; 34,57 % le secondaire et seulement 1,19 % a pu atteindre l'université (tableau 4). Les activités menées par cette population sont diverses et multiples. Comme l'indique le tableau 5, il y a Seulement 1,19 % de la population qui ne fait rien ; 9,52 % sont agriculteurs ; 3,57 % sont zémidjan. Les 10,71 % sont constitué des élèves et 3,57 % de ménagères. Sur l'ensemble du tableau 6, les renseignements sur la situation matrimoniale des sujets nous indiquent que 51,19 % sont mariés ; 28,57 % célibataires ; 14,29 % veufs et seulement 5,95 % vivent seul c'est-à-dire divorcés.
En consultant les tableaux 7 et 8, on peut comprendre le vodoun comme un ensemble de principes qui établissent la liaison entre l'homme, le reste du monde et Dieu. Ainsi, les initiés reconnaissent la suprématie de Dieu sur toutes les autres créatures. C'est le bon Dieu qui a inspiré le monde, chacun dans son milieu pour instituer une forme d'adoration. La motte de terre est représentative du support matériel qui permet aux gens de comprendre que l'endroit où nous nous situons est un lieu sacré et qu'en ce lieu, est dédié une forme d'adoration adressée à Dieu. Ce que PLIYA (2003) confirme : « Le vodoun vient de prise de conscience de l'auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l'âme, qui anime tous les êtres et même les éléments matériels inertes ou vivants. »9(*). Le vodoun est simplement le respect de l'inconnu. Lorsqu'on parle de certains initiés, on dit souvent « é yi vo do ». « vo » ou « vivo » qui signifie à l'aise, bonheur et « do » c'est-à-dire lieu. Ainsi, « vo do » est le lieu de félicité, le lieu où on est à l'aise, le lieu d'aisance. Et le vodoun est le responsable de ce lieu. Pour les initiés, les vodouns seraient des anges de Dieu. Ce qui amène à dire que le vodoun est non pas Dieu créateur, mais l'intermédiaire entre les hommes et lui. Pour les vodouisants, Dieu est le créateur du monde. Son oeuvre comprend le monde d'en haut et le monde d'en bas. Les deux mondes sont habités, même si l'un est le reflet renversé de l'autre. La terre, comme les êtres et les choses, a une âme. Le vodoun puise l'essentiel de tout ce qu'il utilise dans la flore et la faune, ce qui imprime aux pratiquants et aux prêtres, une rigueur implacable dans le respect strict de la nature. Etant donné le fait qu'il doit son épanouissement permanent à l'utilisation des éléments de la faune et de la flore, nous assistons à beaucoup de sites protégés qui sont déclarés sacrés. Ceci juste pour protéger des essences animales et végétales dont les prêtes ont souvent besoin pour juguler des maladies qu'on retrouve dans ces environs et que les profanes qui ne comprennent pas, détruisent consciemment ou inconsciemment. Ainsi, tout le monde comprenait l'importance du culte tel que c'est vécu dans le vodoun, on n'aurait jamais ces problèmes d'environnement. A cela, on peut ajouter le fait que les populations, en cas de difficultés qu'ils ont du mal à résoudre ou en cas de danger, font recours au vodoun et à ces essences pour se soigner. Ainsi, comprenant l'importance de la médecine développée dans ces lieux, il devient un centre de guérison. Ils y font recours aussi pour se protéger d'éventuelles situations qui se présenteraient à eux. Si on se base sur ces arguments et sur les opinions des prêtres selon lesquelles « le vodoun est venu avec le monde et ne disparaîtra jamais même après la disparition des hommes » ou que « le vodoun est comme le vent » c'est-à-dire insaisissable et insondable, on comprend aisément les raisons de la pérennité du vodoun. Aussi, beaucoup de terminologies sont parties du vodoun. De plus, l'irruption de la modernité ayant bouleversé toutes les structures des sociétés traditionnelles a eu pour conséquence l'exacerbation des incertitudes et des peurs, au point que le Béninois rural ou urbain, intellectuel ou non, ressent plus que jamais le besoin de protection. Le recours aux pratiques des religions traditionnelles, l'émergence des syncrétismes et des cultes néo-traditionnels résultent donc de ce besoin intense de protection chez le Béninois. Protection contre tout ce qui peut menacer la vie: la maladie, la sorcellerie, les accidents, la jalousie ; bref, protection, pour tout dire, contre tout ce qui symbolise et représente le mal. Le but ultime de la religion vodoun n'est pas la recherche du salut individuel mais la pérennisation de la société ; c'est d'offrir les moyens de mener une existence terrestre descente (confère tableau 9). A cet effet, une prêtresse vodoun affirmait : « Exister, c'est renoncer à l'être individuel, particulier, compétitif, égoïste, agressif, conquérant, pour vivre avec les autres dans la paix et l'harmonie avec eux, les morts, l'environnement naturel et les esprits présents bien qu'invisibles. ». Le vodoun est alors source de cohésion et de communautarisme. Le vodoun veille au maintien des liens qui unissent les membres de la communauté. Ainsi, on n'est pas seulement comptable de ses actes individuels, mais nous sommes solidairement responsables de nos semblables au risque de perturber l'équilibre du monde extérieur. Le vodoun enseigne un certain humanisme et est porteur de valeurs profondes comme le respect des personnes âgées, un engagement en ce qui concerne les relations avec les semblables, un souci de fraternité et de solidarité face à la maladie et au décès. La morale vodoun estime que ne pas s'acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées et des morts entraîne une rupture d'équilibre dans la vie de l'individu et peut avoir des conséquences néfastes sur la famille du fautif et de toute la communauté à laquelle il appartient. De plus, il faut toujours faire montre de générosité, de bienveillance et d'amour envers les plus faibles et les plus démunis. La population aboméenne trouve dans le vodoun, un espace d'éducation et de jeu. C'est le vodoun qui assure l'éducation traditionnelle par l'intégration harmonieuse de l'individu dans le groupe social conformément au statut que lui assignent son sexe ou la fonction sociale de ses parents. Au cours de son éducation, l'enfant apprendra progressivement mais très précisément les différents rôles sociaux qu'il devra remplir pendant sa vie d'adulte. La connaissance de ce rôle lui permet de savoir comment se comporter dans la plupart des cas avec autrui. Les enseignements ne cherchent pas à développer des personnalités fortes et originales ; ils encouragent la conformité, non la compétition, source de tensions dans l'existence du groupe. Le vodoun recherche l'équilibre. Toutes les forces de la nature sont liées. L'univers est un tout : chaque force de la nature a une signification et une connexion avec les autres entités. La plante, l'animal, le minéral et les personnes sont sacrés et doivent être traités en conséquence. Cette unité de toute chose explique la place de la sainteté de la vie. Cette conception exige le respect de l'autre, de sa sécurité, de sa santé et de l'intégrité de sa personne. De la même manière, les animaux, les arbres, les sources, les rivières et la mer doivent être protégés. Aussi, ajoute AKOHA (2005) : « la caractéristique essentielle de cette culture vodoun consiste à s'en remettre aux vodouns pour assurer la cohésion sociale en même temps que leur sont reconnus la possibilité de générer chez leurs adeptes les inspirations novatrices qui font progresser la société ». Chez les fons d'Abomey, on croit à l'existence d'une âme (lindon ou sê) immortelle qui se retrouve au pays des morts avec des parents et des amis décédés au milieu de ses biens : vêtements, ustensiles... Ainsi, les populations adorent plusieurs divinités. La société est subdivisée en deux sphères: l'une visible et l'autre invisible. La sphère visible qui héberge les minéraux, les végétaux, les animaux et les humains et la sphère invisible mais perceptible par les devins qui comporte deux niveaux : le niveau céleste qui est la demeure de l'être suprême et le niveau souterrain qui abrite le village des ancêtres qui survivent grâce aux rites et sacrifices des vivants. « La mort n'est pas la destruction de la personne, le refus de communication de la personne avec le reste de l'univers, mais un simple passage dans le monde des ancêtres, un retour à la source »10(*) Ce qui nous amène a dire qu'en Afrique, les morts continuent donc d'exister parmi les vivants et, de plus, le contact avec eux est possible. A ce propos, Birago Diop dans l'un de ses plus célèbres textes, écrivait : "Ceux qui sont morts ne sont jamais partis; Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire, Ils sont dans l'ombre qui s'épaissit... Les morts ne sont pas morts; Ils sont dans l'ombre qui frémit; Ils sont dans le bois qui gémit; Ils sont dans l'eau qui coule; Ils sont dans l'eau qui dort; Ils sont dans la case; ils sont dans la foule... Les morts ne sont pas morts..."11(*) Ces vers cités dans ce travail ne saura guère surprendre car l'on n'a jamais cessé de le répéter, les morts en Afrique subsaharienne, existent et leur présence est perçue comme réelle. Pour rendre grâce aux dieux et aux ancêtres défunts, on observe des rituels. Ce sont des cérémonies annuelles ou périodiques : on parle de Xwétanù. On offre des libations en implorant la clémence et la protection dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Ce ne sont pas des cérémonies organisées uniquement à l'occasion d'événement heureux tels les naissances, les initiations mais ils sont aussi exécutés lors d'événements tragiques : mort, pandémie et autres fléaux. Ces derniers étaient censés exprimer la colère des dieux et des ancêtres qu'il fallait apaiser aussitôt pour regagner leur faveur. Avant chaque cérémonie ou manifestation, il est impératif de consulter l'oracle Fâ. Au cours de cette consultation, le Fâ révèle le nombre de jours que pourrait durer cette manifestation. Elle peut être de trois jours, de cinq, de sept et plus. Après les libations et autres rites aux vodouns, les adeptes et les officiants organisent des chants, des danses. Aux yeux des profanes, les rites et cérémonies vodoun peuvent passer pour de la pure superstition. Mais pour le vodounsi (adepte du Vodoun), ces rituels constituent un moment important de la vie où les dieux et les esprits des ancêtres exercent une influence positive directe sur la vie des êtres humains. Et comme le disait une Prêtresse du vodoun « la relation s'établit au cours des rituels et des cérémonies qui constituent le coeur spirituel de la religion vodoun. Elle permet d'instaurer une sorte de communication aussi bien avec les dieux implorés qu'avec l'esprit des défunts. Le sacrifice en est un élément essentiel, il exprime une relation entre l'homme et la divinité. En échange de la vénération et des offrandes, les dieux et les esprits invoqués assurent protection et assistance.» Durkheim (1994) écrit : « Pour qu'une société prenne conscience d'elle-même et conserve ses sentiments au degré d'intensité nécessaire, il faut qu'elle se rassemble et se concentre périodiquement. Cette concentration provoque une exaltation de la vie mentale, qui prend la forme d'un groupe aux conceptions idéales. » Ainsi, la réelle signification du xwétanù est d'abord de rassembler les membres de la société et deuxièmement, de renouveler chez ceux-ci un sentiment de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses sacrées. Mais quand les membres de la société se séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la répétition des cérémonies grâce auxquelles le groupe se réaffirme. Les rites ont donc une influence sur les esprits. A travers les résultats, on retient que le souci majeur du vodoun à travers le Xwétanù est le bien-être des individus et du groupe. Le Xwétanù est une occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les chants, les danses, la musique et par le partage de repas. « le vodoun a deux branches : la branche culturelle et la branche culturelle. La branche culturelle c'est ce qui se fait au grand public. C'est ce que Sagbohan, le groupe H2O, Bizengor et les frères Guèdèguè montrent : les gestes, les paroles. Ils y tirent leur inspiration. Il y a certaines choses sacrées auxquelles ne peuvent y accéder que les initiés vodouns. C'est le cultuel». (Entretien du 02 juillet 2008 avec Monsieur Gabin DJIMASSE, Directeur de l'O.T). De nos jours, certains rythmes et mélodies ayant servi à évoquer les vodouns sont en vogue et sont très appréciés par le public. Ce qui signifie que le vodoun sert de source musicale dans la ville. A travers la danse, les initiés évoquent et expriment avec le corps, ce que les autres arts n'ont pas pu faire. Elle vient donc compléter ou suppléer un vide, une certaine insuffisance. Cette harmonie des danseurs avec la nature, la société, l'avenir et les dieux constitue une preuve évidente de la connaissance et de la maîtrise de l'art chorégraphique dans ces différentes sociétés et sa participation à l'épanouissement artistique des peuples. « Elle correspond à un besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le beau, le bien, parce que ces sentiments sont parfois spiritualisés pour les traduire par des mots »12(*) écrivait TIEROU (1983). Ainsi, les danses sont organisées dans le but d'apaiser les esprits des ancêtres et des défunts, de calmer la colère des divinités protectrices mécontentes qui font planer sur la ville et les campagnes le spectre d'une épidémie ou d'un malheur. A ce titre, elles constituent des rites expiatoires. Elles sont aussi organisées pour manifester la gratitude des vivants à l'égard des vodouns protecteurs, suite à une bonne récoltes ou à une saison prospère etc. D'autres aspects dans le social sont à noter : le renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu social, la convivialité, des échanges s'établissent, des amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une communication entre personnes venant de divers horizons et d'ethnies différentes. Ce qui favorise un échange inter-culturel. En manque de distraction, les populations se rassemblent lors ces cérémonies pour satisfaire leur curiosité, leurs besoins de jeux, de loisir et de récréation ou pour vivre l'événement. Ainsi, le Xwétanù revêt pour eux une certaine utilité et prouve son importance dans cette société moderne. Et comme le disait AKOHA (2005), « à les comparer aux réjouissances populaires, les spectacles de danses vodouns sont les plus beaux ; ce sont des chefs d'oeuvre de chorégraphie et d'expression corporelle ». Ainsi, l'aspect connu de tous est l'aspect social et culturel. Et pour se référer à SARTRE, « aucune collectivité, soucieuse de sa santé mentale, ne saurait se passer de divertissements. Si chants et danses sont essentiellement des actes religieux, ils n'en procurent pas moins de joies toutes profanes »13(*). Les chants, les danses les rythmes constituent aux yeux des profanes, des actes de réjouissance, de spectacle, de rencontre et d'échange. Ainsi, les initiés sont de véritables « producteurs culturels » selon BOURDIEU (1987) : « les producteurs culturels détiennent un pouvoir spécifique, le pouvoir proprement symbolique de faire voir et de faire croire »14(*). Et précisément, ces créateurs « donne à voir » les représentations de leur vie sociale, de leur affectivité ; ils élaborent des formes donnant aussi « à croire », en relation avec la religion non écrite des ancêtres, avec des rituels liés aux esprits des défunts et des anciens rois. Sur le plan économique le Xwétanù est l'occasion pour les adeptes de se donner les ressources nécessaires pour se confectionner les accoutrements, « pour habiller leur vodoun », en fon « é nan do awù ni vodun » ; en s'achetant les bijoux et les parures. Ils offrent ce qu'ils ont de plus précieux au vodoun. Elle est certes une source de dépense mais également une occasion très propice pour les ventes et surtout pour le tourisme, encore que la ville regorge d'énormes potentiels historiques et touristiques. Les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons cèdent très facilement leurs produits. Parfois, ils trouvent des financements. Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation, les manifestations culturelles du vodoun pourraient être à l'avant-garde des moyens qui serviront de référence à toutes actions et activités de développement. Tableau 23: SYNTHESE DE L'ETUDE VODOUN But : offrir les moyens de mener une existence terrestre descente Valeurs * enseigne un certain humanisme ; * Cohésion et de communautarisme ; * respect des personnes âgées ; *engagement en ce qui concerne les relations avec les semblables ; * fraternité et de solidarité ; * respect de l'autre de sa sécurité, de sa santé et de l'intégrité de sa personne ; * protection de la faune et de la flore. MANIFESTATIONS XWETANÙ Occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les chants, les danses, la musique. Sur le plan culturel Chant, danse, musique ; ce qui correspond à un besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le beau, le bien. Ainsi, cela permet la satisfaction des besoins de jeux, de loisir et de récréation. Sur le plan économique Occasion pour les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons cèdent très facilement leurs produits et financement de certaines activités par des étranger. Occasion de dépense ; Occasion de visite touristique ; Sur le plan social renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu social, la convivialité, des échanges s'établissent, des amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une communications L'ignorance des phénomènes de la nature ou le désir de vouloir converser ou vivre en parfaite harmonie avec la nature fait que la pratique du vodoun reste encore profondément ancrée dans l'esprit de certaines couches sociales à Abomey : les vodounsi. Longtemps laissés pour compte, les membres de ce groupe social croient en la tradition que leur ont légué leurs ancêtres et, ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps. En dépit de l'importance qu'il représente, ce groupe a toujours été négligé, passant même inaperçue aux instances gouvernementales, aux organismes internationaux et aux organismes non gouvernementaux (ONG). Pourtant, cette population, trop souvent perçue comme totalement dépourvue d'infrastructure sociales cohérentes, s'articule harmonieusement autour du couvent vodoun, qui se trouve être pour elle non seulement un centre religieux mais aussi et surtout un centre culturel et social de première importance. Par des manifestations, le vodoun contribue à éduquer les générations actuelles sur les traditions, les us et coutumes de la société passée. En faisant le lien entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes et met en évidence le caractère historique des faits sociaux. Ainsi, il est possible à partir des manifestations dites Hwétanù afin de mieux comprendre le passé et de prévoir l'avenir ; le développement social étant assurément un trait d'union entre les différentes phases de l'histoire de la société à savoir le passé, le présent et le futur. Ces manifestations en véhiculant les grandes valeurs morales comme la dignité, le travail, la sagesse, la paix, le dialogue, la solidarité, le courage, etc. contribuent à perpétrer des valeurs qui sont fondamentales pour la cohésion et le développement social et qui sont aujourd'hui mises en péril par la société capitaliste et la mondialisation. Dans la mesure où il crée un sentiment d'harmonie, de communion, et de solidarité entre les membres de la société, on ne saurait trop insister sur la nécessité de lui redonner sa place dans les programmes de développement de notre pays, le Bénin. Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation de la jeunesse, les manifestations culturelles vodouns doivent être à l'avant-garde des moyens employés pour favoriser l'insertion sociale des jeunes. 1- AKOHA, A.B. (mars 2005). Au berceau du vodoun, communication délivrée dans le cadre de la rédaction d'un guide touristique sur le Bénin, (texte inédit). 2- ALAPINI, M. (1993). Le culte de Vodoun et de Oricha chez les Fon et les Nago du Dahomey, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 119-126. 3- BOURDIEU, P. (1987). Choses dites, Editions de Minuit, Paris. 4- RIDC (2002) ; Culture, développement et diversité culturelle: questions à l'intention du RIDC et leur signification pour la convention sur la diversité culturelle, conférence du cap du 11-13 octobre, consulté le 08 février 2008 sur http:// www.incd.net/docs/CultureDeveloppementF.htm. 5- COURLANDER, H. (1973). The Drum and the Hoe, Berkeley, Presses de l'Université de Californie. * 6 SARTRE, R. (1993). Les vodù dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey, in Vodoun-Ouidah 92, Présence Africaine, Paris, pp 199-212. * 7 MISD (2001). Atlas monographique des communes du benin; Centre d'information et de documentation sur les collectivités locales, 211 p. * 8 DAKPO, P. (2003). Dynamique politique et sportive au Bénin : le mouvement associatif ou les enjeux du pouvoir (1960-2001). Thèse de doctorat unique des universités, option socio-anthropologie politique; Tome I et Tome II, Université de Nice Sophia Antipolis, Nice, 571 p. * 9 PLIYA J. (2003). L'influence de culte Voodoo ; ses pratiques et ses conséquences. Les chemins de la délivrance ; in la prière de Délivrance et d'Exorcisme- face aux défis actuels du démon- Actes de colloque de Hochaltingen-I.A.D. p.152-183. http://www.vade-retro.fr/publications.html * 10 ELANGA, P. E (1986). Quelques réflexions sur la spécificité des cultures négro-africaines, in Spécificité et dynamique des cultures négro-africaines, unesco, Paris ; pp 28-38 * 11 DIOP, B. (1948). Souffles, in Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. p. 145. * 12 TIEROU A. (1983). La danse africaine, c'est la vie ; Maisonneuve et Larose, Paris, p.12 * 13 SARTRE R. (1993). Les voduns dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey, les Religions africaines comme source de valeurs de civilisation, Cotonou. * 14 BOURDIEU P. (1987). Choses dites, Editions de Minuit, Paris. |
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