CHAPITRE 4.
LES ORGANISATIONS PAYSANNES.
Compte tenu des limites des actions individuelles, la plupart
des activités économiques, sociales et culturelles se fait dans
le cadre des différents types d'associations. La connaissance de ces
associations peut de ce fait être d'une grande importance pour toute
personne s'intéressant au développement du village.
4.1. Inventaire des principaux groupes paysans dans
le village.
Les groupes recensés dans le village ont un
caractère beaucoup plus socio-culturel qu'économique.
4.1.1 La réunion des jeunes mamans de Mbih
II.
Elle a été
créée en 1997 et a pour objectif d'assister tout membre
frappé par un malheur ou ayant mis au monde un enfant. Elle regroupe en
son sein une vingtaine de femmes mariées ayant moins de 40 ans.
4.1.2 L'association des jeunes ressortissant de Mbih
II.
Ces jeunes élèves et étudiants ont
commencé à se regrouper en l'an 2000, à la chefferie du
village. Leur objectif est de relever le niveau scolaire des jeunes par les
jeunes eux-mêmes.
4.1.3 Le groupe `tsouh'.
Il exécute les danses traditionnelles lors des
deuils et des funérailles. Dans certains cas, ce sont eux qui montrent
l'héritier du chef en l'attrapant par surprise pendant la danse.
4.1.4 Le groupe `Menzong'.
Il regroupe les hommes mûrs du village (plus de
40 ans). Ils sont considérés comme les guerriers du village. Le
groupe vise aussi l'entraide lors des célébrations de deuils et
de funérailles.
4.1.4 Le Groupement d'Intérêt
Communautaire des Agriculteurs et
Eleveurs de Nkong-Ni (GICAEN).
a) Date de création.
Le GICAEN a été crée le 06 août
2000 et autorisé par la signature de son certificat d'inscription
OU/GP/01/01/3041 du 07 septembre 2001 à Bafoussam.
b) Motivations.
Le fondateur et délégué du GIC-AEN est
Monsieur Gaston KITIO. C'est un comptable et employé de banque à
la retraite. De retour au village natal il a été marqué
par la pauvreté et le sous développement de son village, pourtant
celui-ci recèle de plusieurs atouts et ressources qui peuvent être
mis à profit pour améliorer les conditions de vie.
Fort de ce constat et ne pouvant pas agir seul, il
décide de réunir quelques hommes et femmes encore vigoureux comme
lui et partage avec ceux-ci son idée de créer un groupement
d'intérêt communautaire (GIC), car dit-on,
« l'union fait la force ». C'est alors
qu'est né le GICAEN qui est composé aujourd'hui des
ressortissants de 22 familles de 10 personnes en moyenne, et reconnu comme
promoteur du développement de l'agriculture et de l'élevage dans
le village.
Plusieurs rencontres avec M. KITIO Gaston, plus connu au
village sous le nom de « Papa Messa », et la consultation
des archives du GIC nous ont permis de recenser les informations qui
suivent :
c) Objectifs du groupe.
Améliorer les conditions socio-économiques des
familles à travers ;
Ø La promotion de l'élevage rationnel du petit
bétail (porcs, chèvres) et de la volaille (poules, canards).
Ø La promotion des cultures
maraîchères.
Ø La promotion des cultures vivrières notamment
le maïs et la pomme de terre.
Ø La mise à la disposition des membres
d'intrants agropastoraux (Fumure animale, compost, engrais divers).
Ø La promotion de l'agro-foresterie avec des plantes
telles que le Caliandra, le Leucaena, l'Acacia, le Moreinga, etc.
d) Conditions d'adhésion.
Peut être membre du GICAEN toute personne physique
résident dans l'arrondissement de Nkong-Ni et justifiant d'une
activité en rapport avec son objet.
Outre la demande non timbrée accompagnée d'une
photocopie de la CNI, le postulant doit être accepté par
l'assemblée des membres et se conformer à certaines
exigences :
-Payer les droits d'adhésion fixés à 2500
Frs.
-Déposer une caution remboursable de 5000 Frs.
-Signer un contrat d'adhésion et obtenir sa carte de
membre.
-Payer sa cotisation annuelle fixée à 2000
Frs.
-S'engager à respecter les décisions et les
textes du groupe.
e) Organisation interne.
Le groupe est constitué d'une
assemblée générale qui comporte 22 membres inscrits. Le
comité de gestion est constitué du Délégué,
du secrétaire, du trésorier, d'un commissaire aux comptes, d'un
censeur et d'un conseiller. Ceux-ci sont élus parmi les membres et leur
mandat est de deux(2) ans renouvelables.
f) Activités du groupe.
La principale activité du groupe est la culture des
pommes de terre. Cependant, l'élevage des porcs est en plein essor
grâce à l'appui du H.P.I (Heifer Project International). Cette ONG
Américaine a déjà contribuée à la
construction de 20 porcheries modernes sur pilotis et fournie chaque saison
plus de 40 porcellets aux membres du GICAEN pour l'engraissement.Entre autres,
le HPI a apporté les concepts d'élevage intégré,
d'agroforesterie, de genre et famille (implication des femmes et des enfants
dans le processus de développement), à travers des formations
diverses.
g) Les projets.
Le GICAEN dans le cadre des perspectives d'avenir, a
monté un projet de construction d'une ferme école pour des jeunes
garçons et filles de 16 ans et plus.
Ce projet a été initié par le
délégué du GICAEN, et vise plusieurs objectifs :
Ø La formation des jeunes pour la gestion moderne et
plus rentable de l'élevage et ainsi, leur insertion dans le monde
professionnel.
Ø Le ravitaillement des éleveurs du village en
porcelets de races améliorées pour une plus grande
productivité.
Ø Fournir un terrain d'expérimentation pour les
jeunes chercheurs et aussi pour les étudiants ingénieurs de la
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
l'Université de Dschang.
Ø Apporter un supplément de revenu à
l'économie rurale.
Ø Augmenter les revenus des familles et ainsi,
améliorer leurs conditions de vie.
Les travaux de construction ont déjà
commencé sur le site du GIC, mais sont freinés par le manque de
moyens financiers. Plusieurs demandes de financement adressées au
gouvernement et aux ambassades des pays étrangers ont été
sans succès.
4.2 Conclusion.
La mentalité rétrograde, l'individualisme et le
manque de confiance sont un frein pour le développement des
organisations paysannes. En effet, victime d'escroquerie par le passé,
plusieurs villageois ne veulent pas s'engager dans de pareilles affaires,
confirmant ainsi l'adage qui dit « Lorsqu'on a été
mordu par un serpent, on se méfie même du ver de
terre. »
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