SECTION II :
estimation du modèle et résultat
a. Modèle et Spécification
Pour évaluer empiriquement l'effet des IDE sur la
croissance économique camerounaise, nous avons construit le
modèle définit comme suit :
Où
PIBR = produit intérieur réel
IDE = Stock d'investissement direct étranger dans le
pays
BC = solde commerciale
EXP = taux de croissance des exportations
INVPIB = Investissement National en proportion du PIB
POP = population totale
å = terme d'erreur
b. Spécification du modèle
Les facteurs qui déterminent les décisions
d'investissement sont variés et ne relèvent pas du seul domaine
économique. L'équation estimée englobe les variables
quantifiables les plus fréquemment utilisées comme
déterminants de la croissance. On admet certes qu'il existe des facteurs
qualitatifs tels que la stabilité politique, les politiques incitatives
qui sont d'une importance cruciale pour la détermination de la
croissance. Mais les difficultés et les controverses afférentes
à la définition et la quantification de ces variables, nous
empêchent de les introduire dans cette analyse.
La variable PIBR représente l'hypothèse de
croissance et à un degré moindre l'hypothèse de la
dimension du marché. L'hypothèse de grandeur de marché
souligne la nécessité d'un marché assez large pour
l'utilisation efficace des ressources et l'exploitation des économies
d'échelles. Selon cette hypothèse l'augmentation de la taille du
marché peut engendrer l'arrivée des flux d'IDE, voire leur
augmentation (Scaperlanda et Mauer, 1969 ; Torrisi, 1985). L'hypothèse
de croissance prévoit une relation positive entre IDE et PIBR, elle
stipule qu'une croissance rapide de l'économie offre relativement de
meilleures opportunités pour faire des bénéfices qu'une
économie qui croît lentement ou qui n'accuse aucune croissance
(Lim, 1983). La relation entre la balance commerciale (BC) et PIBR est un peu
controversée, les opinions étant partagées à ce
sujet. Il est admis, d'une part, qu'un déficit commercial assez
élevé du solde commercial extérieur affecterait le taux de
croissance de l'économie donc le niveau de revenu et pourrait stimuler
une certaine attraction pour l'IDE, ceci dans le but de poursuivre une
politique de diversification des exportations et des stratégies de
substitution des importations. Mais, d'autre part, un solde commerciale
extérieur excédentaire peut aussi refléter le dynamisme,
la bonne santé d'une économie et ipso facto servir d'attraction
pour l'IDE (Torrisi, 1985).
Ainsi on s'attend à ce que le coefficient de IDE soit
positif et que celui de la BC soit positif ou négatif. Sous
l'hypothèse de modernisation, l'IDE stimule la croissance
économique en apportant du sang neuf et de par cette croissance tous les
autres secteurs de l'économie en bénéficient. Ainsi il est
considéré comme un moteur de croissance pour les pays les moins
avancés, donc on s'attend à ce que les coefficients des deux
autres variables soient positifs. La variable EXP doit sa place dans cette
équation du fait qu'on est unanime à reconnaître que les
exportations stimulent la concurrence, permettent la réalisation d'un
certain avantage comparatif, donnent aux pays la possibilité d'acheter
des biens et services sur le marché international et leur offrent
l'opportunité d'avoir accès aux nouvelles technologies aussi bien
qu'aux nouveaux systèmes de gestion managériales. La variable POP
représentant la population totale dans le pays à un instant est
ici une variable déterminante dans la croissance et peu également
stimuler les flux d'IDE qui sont à la recherche d'une main d'oeuvre
abondante et bon marché.
c. Méthode d'estimation
Pour ce travail nous utilisons les données du CNUCED
couvrant la période s'étalant de 1980 à 2006. Les
paramètres seront estimés par la méthode des MCO (Moindres
Carré Ordinaires) à partir du logiciel SPSS.
Nous partons pour ce fait du principe que toutes les
hypothèses des MCO sont remplies et plus précisément
l'hypothèse de l'absence d'auto corrélations des termes d'erreurs
et des variables endogènes. Car dans plusieurs cas de figure, et au vu
de la spécification de notre modèle, les variables qualitatives
stocker dans le terme d'erreur peuvent avoir une influence significative sur
les variables endogènes, comme par exemple les barrières que
l'Etat pourrait imposer à l'entrée des marchandises dans le pays
comme les droits de douane peuvent avoir des effets sur les importations et les
exportations, d'où une éventuelle corrélation entre ces
derniers. Pour pallier à ce type de problème, les chercheurs
utilisent habituellement la méthode des moindres carrées
généralisées (MCG) qui permet ainsi de prendre en compte
les différentes dépendances possibles (auto corrélation ou
hétéroscedasticité) entre les variables exogènes et
les termes d'erreurs. De même il peut exister un problème de multi
colinéarité qui n'est pas à exclure dans ce cas de figure.
Il serait donc plus recommandé d'utiliser une autre méthode
d'estimation (MCG, méthode à équation
simultanées...) afin de pallier à ces problèmes.
Dans notre cas, nous avons choisit d'utiliser les MCO pour
estimer notre modèle, n'est toute fois pas à exclure car, elle
permet malgré ses hypothèses simplificatrice de faire ressortir
les relations et les influences des variables exogènes sur la variable
endogène, relations qui pourront nous permettre d'affirmer dans une
moindre mesure si les variables exogènes agissent de façon
significative ou non sur la variable endogène et de mesurer l'impact de
ces dernières sur la croissance du pays plus particulièrement la
relation taux de croissance - IDE, qui constitue ici notre centre
d'intérêt.
d. Résultats de l'estimation dans
l'économie camerounaise
Les résultats de la régression obtenus avec le
logiciel SPSS11.5 dans le cas de l'économie camerounaise sont
donnés dans les tableaux suivants.
Model
|
Coefficients
|
t
|
Sig.
|
B
|
Std. Error
|
|
|
|
(Constant)
|
8012.753
|
1994.915
|
4.017
|
.001
|
|
IDE
|
3.533
|
.652
|
5.422
|
.000
|
|
SBC
|
-1.442
|
.710
|
-2.031
|
.055
|
|
INVPIB
|
36.606
|
41.740
|
.877
|
.390
|
|
POP
|
.294
|
.148
|
1.986
|
.060
|
|
EXP
|
-.977
|
.696
|
-1.404
|
.175
|
Variable dépendante : PIBR
Model
|
R Carr
|
R carr Ajust
|
Std. Error of the Estimate
|
1
|
.952
|
.940
|
735.58360
|
Predictors: (Constant), EXP m, INVPIB, SBC m, POP ml, IDE m
A près remplacement des valeurs des cofficients dans
l'équation du modèle, nous obtenons l'équation suivante,
qui reflète l'évolution du PIBR en fonction des paramètre
du modèle.
Les résultats obtenus ci dessus sont assez
satisfaisant, les coefficients sont de signe attendus à l'exception du
signe du coefficient de la population qui est ici positif. Ce qui signifierait
que la population agit de façon positive sur la croissance du pays, ce
qui serait contraire à certaines théories de la croissance qui
stipulent une relation négative entre l'évolution du Produit
Intérieur brut et la croissance de la population. La valeur de
R-carré est assez élevée ici (0.952) ce qui
témoigne que les variables explicatives expliquent bien
l'évolution du Produit Intérieur Brut. Le fait que le coefficient
des IDE soit significatif à 0,05 pour cent (et à 1pour cent),
fait ainsi ressortir que les IDE agissent de façon significative dans
l'augmentation du PIB et partant de ce fait permettent d'améliorer la
croissance dans le pays. Le coefficient des IDE (3.533) montre que toute
augmentation des IDE de 1 % implique une augmentation de la production du
produit intérieur brut de 3.533 % toutes choses égales par
ailleurs. Cette forte dépendance entre le produit intérieur brut
et les IDE pourrait se justifier par les nouvelles stratégies mises en
place par le pays cette dernière décennie afin d'attirer les
capitaux étrangers telle que : la privatisation, l'exploitation des
produits pétroliers et de plusieurs domaines
énergétiques,... ce qui a conduit à une augmentation des
IDE dans le pays et favoriser ainsi la croissance par le biais de
l'augmentation du PIBR.
Le coefficient du SBC est significatif à 10% dans le
cas du Cameroun, cela peut se comprendre du fait que depuis quelques
années, le pays s'efforce d'améliorer sa balance de payement en
encourageant les secteurs de production favorables à l'exportation. Le
signe négatif de ce coefficient qui traduit une corrélation
négative entre le PIB et le solde de la balance commercial pourrait
laisser penser qu'une détérioration de la balance de commerciale
agira en faveur du niveau de PIBR et serait donc de ce fait favorable à
la croissance dans le pays. Tous les autres coefficients de l'équation
sont de signe escomptés et à l'exception du coefficient de la
population qui affiche un signe positif ici, ce qui serait contradictoire au
fait qu'un taux de croissance démographique élevé induit
une baisse du taux de croissance de l'économie. Toutefois, ce ci ne
signifie pas que ces variables ne sont pas pertinentes dans la
détermination du produit intérieur brut, elles le sont vue les
valeurs assez élevés des paramètres.
Les résultats reflètent assez la situation
économique du pays, le bas niveau d'IDE comparativement aux autres pays
de la zone et de la sous régions se traduit par le manque de
développement des infrastructures d'attraction des IDE, ce
problème est actuellement la priorité du gouvernement qui s'est
engagé à promouvoir les secteurs de l'économie pouvant
attirer les IDE et de mettre en valeur les déterminants
d'attractivité de ces derniers. Pour sortir de ce problème il
faut se retourner également vers d'autres types de mesures pouvant
attirer l'IDE. Ce qui pourra nous conduire à la théorie
d'adaptation institutionnelle comme déterminant des IDE pouvant influer
sur le niveau du PIB et donc sur la croissance. De ce fait, notre analyse peut
ouvrir la voie sur d'éventuelles recherches sur l'adéquation de
la théorie de l'adaptation institutionnelle dans le cadre des IDE au
Cameroun.
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