CHAPITRE II :
Déterminant d'attractivité des IDE au CAMEROUN
Introduction
L'économie camerounaise a connu depuis quelques
années une croissance assez considérable aussi bien au niveau
régionale qu'internationale, grâce entre autre à des
politiques mises en oeuvre par les autorités gouvernementales en vue de
sortir le pays de son impasse et de sa position qui dès lors
n'étais pas assez encourageante. Le pays a ainsi réalisé
un taux de croissance considérable, encouragé par l'initiative
PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) lancée par le FMI et la
Banque Mondiale qui s'est achevée en 2006, et a ainsi permis au pays de
se repositionné économiquement. Toute fois, le pays reste
confronté à un fort problème de corruption et à
un risque pays élevé qui se ont accrus en 2008 ce qui tend de ce
fait à réduire un nombre important d'action et de partenariat
avec des investisseurs à la quête de la rentabilité de
leurs fonds.
Malgré tous ces défauts, le Cameroun constitue
toutefois une destination des IDE qui ne cesse d'augmenter depuis quelques
années. Bien que ces derniers représentent une proportion
dérisoire au vu des flux d'IDE dans le monde et ceux entrant en Afrique.
Ces IDE demeurent naturellement une manne que le pays compte bien
rentabilisé et de ce fait, le pays s'est lancé dans une vaste
campagne d'amélioration de son environnement politique,
économique, et social afin de mettre en place un cadre favorable aux
IDE.
La première section de ce chapitre est consacrée
à un bref aperçu de l'économie camerounaise, position
géographique et tendance économique. La deuxième section
est consacrée aux investissements Directs Etrangers (IDE) au Cameroun.
Et enfin la dernière section nous fait ressortir quelques
déterminants d'attractivité des IDE dans le pays.
Section I : Bref
aperçu de l'économie camerounaise
1. Situation géographique
Situé au creux du Golfe de Guinée, le Cameroun
fait la jonction entre Afrique centrale et Afrique occidentale. Il revêt
la forme d'un triangle dont le sommet se prolonge au nord et dont ¼ de la
superficie totale est occupée par des massifs montagneux et hauts
plateaux. La frange côtière procure au pays près de 200 Km
d'ouverture sur l'Océan atlantique. D'une superficie de 475 442
Km², soit environ les 5/6 de la France et près de 3 fois la
superficie totale de la Tunisie, le Cameroun est bordé au nord-ouest par
le Nigeria, au nord par le Tchad, à l'est par la République
Centrafricaine et au sud par le Congo, la Guinée équatoriale et
le Gabon. La population totale est d'environ 18 467 692 habitants en
2008 (source CNUCED) et le taux de croissance annuel moyen de la
population à près de 2,3%. Environ 50% de la population a moins
de 23 ans, 55% sont des citadins. Les langues officielles sont le
français et l'anglais. La monnaie nationale est le francs CFA (1
euro=657 FCFA).
2. Situation économique
Le Cameroun est un pays potentiellement riche (pétrole,
bois, cacao, coton, thé, banane, tourisme...) diversifié sur le
plan des ressources et doté sur le plan humain, disposant d'un secteur
industriel et jouissant d'une bonne position logistique avec un grand port et
l'accès à la sous-région.
Au sein de la zone que constitue la Communauté
économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun
est l'élément fort avec près de 50% du PIB et de la
population des six pays. Son assise politique lui confère un poids
supplémentaire dans un ensemble régional dont la stabilité
reste incertaine. Depuis près de 7 ans, le Produit Intérieur Brut
réel a cru de 4% en moyenne par an (5,3% en 2000/01 à 9 634
millions EUR, 2001/02 : + 4,6%, 2007/2008 : 3,8%),
l'inflation restant modérée (environ 2% par an) jusqu'à
une période récente, où se manifestent des tensions
inflationnistes persistantes. La même tendance est observée sur
les autres pays de la zone CEMAC.
L'économie camerounaise repose sur les trois secteurs
traditionnels : primaire 25 à 28% du PIB, secondaire 30 à
34% et tertiaire 40 à 42%. Alors que la croissance dépendait
fortement du secteur pétrolier dans les années 80, c'est
aujourd'hui le secteur tertiaire qui y contribue le plus fortement.
Principaux indicateurs économique
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Croissance économique %
|
2,3
|
3,2
|
2,8
|
4,8
|
Inflation %
|
1,9
|
5,2
|
1,1
|
2,8
|
Exportations
|
13,6
|
16,9
|
1,8
|
11,9
|
Importations
|
10,1
|
8,1
|
6,9
|
14,6
|
PIB/ ht ($EU)
|
968,5
|
1020,8
|
1097,8
|
1289,0
|
Taux croi. Dem
|
2,6
|
2,6
|
2,6
|
2,6
|
|
|
|
|
|
Source : UNCTAD (Avril 2008)
Le Cameroun est le premier pays d'Afrique sub-saharienne
récipiendaire d'aide publique au développement. Fin 2000, il a
conclu avec le FMI un deuxième accord triennal au titre de la
Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la
croissance (FRPC) portant sur la période octobre 2000 - septembre 2003.
Parallèlement, le pays a été déclaré
éligible à l'initiative en faveur des pays pauvres très
endettés (PPTE). Cette décision s'est traduite par un
allègement substantiel du service de la dette durant la période
intérimaire, et du stock de la dette au-delà du point
d'achèvement qui a eu lieu au second semestre 2003. Les fonds
libérés par la remise de dette ont été
affectés à des projets de lutte contre la pauvreté.
Le volet additionnel français de l'initiative PPTE
s'est inscrit dans le cadre d'un Contrat de Désendettement et de
Développement, mis en oeuvre à partir du point
d'achèvement sous forme de refinancements en dons et
échéances dues. Il portait sur des montants considérables,
de l'ordre de 90 millions EUR par an pour les premières années et
plus d'1 milliard EUR sur une quinzaine d'années.
L'UE est en bonne place parmi les bailleurs de fonds
multilatéraux. Après la France, les principaux bailleurs de fonds
bilatéraux sont l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada.
Signé en juillet 2001, le 9ème Fonds Européen de
Développement (Fed) porte sur un montant de 230 millions EUR (2000-
2005), en forte augmentation par rapport au 8ème Fed (133 millions EUR
sur la période 1995-2000). Au total sur la période 1998-2003 et
avec ses participations nationales, l'Union Européenne aura
consacré 223 millions EUR à l'intégration
économique régionale.
Section II : Les
Investissement Direct Etranger
2.1. La position du Cameroun dans la répartition
des flux d'IDE
Le Cameroun connaît depuis 1994 une croissance annuelle
de l'ordre de 4 à 5%, avec un ralentissement en 2002 (3,7%), largement
soutenue par l'IDE. L'appel aux capitaux étrangers est fortement
sollicité dans le cadre des privatisations, initiées en 1994. Les
groupes étrangers et principalement français sont les principaux
repreneurs. L'assainissement de l'économie et les importants programmes
d'investissements induits viennent contribuer au renforcement des flux et
stocks d'IDE. Dans les faits, l'environnement des affaires (corruption,
insécurité juridique et judiciaire, harcèlement fiscal...)
bride le développement des IDE dans ce pays. Le tableau suivant
présente les flux d'IDE entrés au Cameroun ces dernières
années
Flux d'IDE ($ EU millions)
Destination des IDE
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Cameroun
|
601,746
|
383,000
|
319,335
|
224,658
|
308,998
|
Afrique
|
166274,712
|
178704,751
|
283006,002
|
314279,364
|
379052,283
|
Monde
|
621994,669
|
564078,250
|
742143,378
|
945795,352
|
1305851,891
|
Source : UNCTAD XII (Ghana 25 Avril 2008)
Comme on peut le constater, le flux d'IDE entrant au Cameroun
reste marginal par rapport aux flux mondiaux, y compris ceux entrant en
Afrique. Le Cameroun ne compte en flux que pour 0,01% de l'IDE mondial.
Ces montants doivent toutefois être
considérés comme de simples indicateurs de tendances, la Banque
de France signalant des flux de France vers le Cameroun largement
supérieurs à ces valeurs. Globalement ces évolutions
correspondent à la mise en oeuvre du processus de privatisations, qui a
donné lieu à des investissements lourds de la part de
sociétés étrangères.
S'agissant de la répartition sectorielle des IDE, des
données locales estimaient la part du secteur privé
pétrolier à plus de 75% de l'investissements brut total en 1999,
proportion sans doute maintenue en 2001 et 2002 par la construction de
l'oléoduc Tchad-Cameroun (1000 km de conduites et deux stations de
pompage côté camerounais).
Toutefois, la France demeure le premier investisseur
étranger au Cameroun avec plus de 160 filiales françaises
employant quelque 30 000 personnes et il existe plus de 200 entreprises
appartenant à des ressortissants français dans tous les secteurs
d'activité.
Le Cameroun est pour sa part un investisseur insignifiant avec
des flux compris entre 1 M et 7 M USD depuis 1997 et 3 M USD en 2002. Les
stocks d'investissement directs détenus par le Cameroun à
l'étranger en progression modérée mais
régulière, sont évalués à 261 M USD en 2002.
Les privatisations dans des domaines aussi variés que
l'énergie, les chemins de fer, les banques, les agro-industries ont
drainé vers le Cameroun des IDE non négligeables jusqu'en 2003.
D'autres privatisations sont annoncées et pourraient déboucher
sur de nouveaux investissements étrangers d'une certaine ampleur, dans
les secteurs du transport aérien, du coton, du palmier à huile,
de la banane, de l'eau, du pétrole, etc. Les projets dans le domaine
énergétique menés par la société AES Sonel
(51% US, 49% Etat camerounais) en vue d'accroître la production
d'électricité (barrage de Lom Pangar, centrale de Limbe...) vont
générer des IDE non négligeables dans le pays au cours des
années à venir.
Enfin, l'effet multiplicateur attendu de l'initiative PPTE,
ainsi que la mise en oeuvre de l'aide française au travers du Contrat de
désendettement et développement, D, viendront également
influer sur les IDE.
2.2. Politique Camerounaise d'attractivité des
IDE
a. Cadre juridique
Il existe au Cameroun un Code des investissements qui
prévoit des avantages économiques, douaniers et fiscaux pour les
investisseurs. Il s'agit d'un cadre assez incitatif dans la mesure où il
prévoit des taux de douane modérés sur les
équipements de production (10 %) avec une taxe sur le chiffre d'affaires
(TCA) égale à zéro, ainsi que sur les matières
premières entrant directement dans la fabrication des produits finis.
Pour éviter la concentration des unités
industrielles dans les grands centres urbains, les entreprises sont
encouragées à s'installer dans les zones éloignées,
grâce à une réduction du revenu imposable d'un montant non
reportable égal à 50 % des transports et utilités
supportés, lorsque l'entreprise agréé est implantée
en dehors des centres urbains. D'une manière générale, ce
code des investissements prévoit des garanties générales
et des avantages accordés, quel que soit le régime applicable,
notamment :
· la liberté d'exercer une activité
économique au Cameroun à toute personne physique ou morale
camerounaise ou étrangère ;
· la jouissance dans le respect des lois et
règlements en vigueur des droits de toute nature en matière de
propriété, de concessions et d'autorisations administratives
à toute personne physique ou morale quelle que soit sa
nationalité;
· le bénéfice de la pleine protection du
droit camerounais à tout investisseur étranger (il reçoit
un traitement égal à celui réservé aux personnes
morales et physiques camerounaises) ;
· le libre transfert hors du territoire des revenus de
toute nature provenant des capitaux investis ;
· la liberté d'entreprendre une activité
économique au Cameroun ;
· le libre choix de la procédure judiciaire
d'arbitrage et de règlements des conflits ;
· la libre conclusion et exécution des contrats
utiles pour les intérêts de l'investisseur en matière
financière et commerciale.
Pour les entreprises à vocation exclusivement
exportatrices, il existe le régime de la zone franche qui est
régi par des textes encore plus avantageux.
b. Au niveau de la gouvernance
Le phénomène de gouvernance au Cameroun demeure
un aspect auquel les dirigeants doivent encore le plus s'attarder étant
donnés les positions occupées par le pays en 1997 et 1999, qui
fut classé comme le pays le plus corrompu de la planète selon le
classement de Transparency International(TI). Le gouvernement a ainsi mis en
place des mesures afin de lutter et de réduire la corruption. Lutte qui
a porté des fruits et en 2008 le Cameroun occupe la
141ième place sur les 180 pays classés par
Transparency International avec un indice de perception de la corruption de
2,3. Par ailleurs, des efforts importants sont en train d'être
déployés, notamment, en matière:
· de gouvernance ;
· d'amélioration de l'environnement des affaires
;
· d'incitations à l'investissement ;
· d'amélioration de la qualité des
infrastructures ;
· de renforcement des capacités scientifiques.
En matière d'environnement des affaires (corruption,
insécurité juridique et judiciaire, harcèlement
fiscal...), plusieurs réformes sont en cours dans le cadre du Programme
National de Gouvernance qui prévoit :
· la mise en place d'une administration publique de plus
en plus performante, citoyenne et au service du développement ;
· la mise en oeuvre progressive de la réforme sur
la décentralisation des institutions afin de promouvoir le
développement et la démocratie de proximité ;
· l'élaboration et la mise en oeuvre de la
réforme de l'institution judiciaire afin qu'elle devienne toujours plus
indépendante, proche du justiciable et garante de l'Etat de droit et de
la sécurité juridique et judiciaire des populations et des
investisseurs, ainsi que de leurs biens ;
· la maîtrise du développement par la
poursuite des politiques économiques et financières saines et
adaptées aux exigences de la globalisation.
Ø Concernant le Risque Pays
Un pays est d'autant plus attractif aux investissements
étrangers qu'il présente le moins de risque possible. Le pays est
dit à risque lorsqu'il peut y avoir un changement politique brusque,
lorsqu'il y règne une atmosphère de corruption endémique
et la non transparence institutionnelle, lorsqu'il peut suspendre le paiement
ou peut modifier unilatéralement sa dette, ou tout simplement lorsqu'il
est en guerre. Ces situations peuvent compromettre les bénéfices
d'exploitation comme la valeur des capitaux. Ainsi, le risque pays peut prendre
plusieurs facettes et reste très présent dans les transactions
internationales.
En 2008, le Cameroun est classé
164ième sur 181 dans le classement des pays les plus
risqués du monde et occupe la 2nde place dans la sous
région d'Afrique centrale, selon une enquête menée par la
Banque Mondiale et la Société Financière Internationale.
Le Cameroun a ainsi reculé d'une dizaine de place par rapport à
sa position de 2007 où il était classé
154ième
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