D-LES TECHNIQUES DE COLLECTES DES DONNEES
Les techniques sont les moyens mis à la disposition du
chercheur pour la collecte et le traitement des données. Compte tenu de
leur diversité en sciences sociales, Madeleine Grawitz (1996: 442)
précise que c'est suivant l'objet auquel elles s'appliquent qu'il faut
savoir choisir la technique la plus adéquate et pouvoir l'utiliser
convenablement. Tout au long de cette recherche, nous ferons usage de
l'exploration documentaire à travers l'analyse des archives publiques,
des connaissances livresques. Nous montreront ici la façon dont nous
avons fait le terrain et les conditions dans lesquelles nous avons eu ces
données ; par la suite les raisons pour lesquelles nous avons
choisi les données utilisées dans ce travail.
1. Les raisons du choix des données
Dans une recherche, la nature même des informations
qu'il convient de recueillir pour atteindre l'objectif, commande les moyens
employés pour le faire (Grawitz 2001: 500). L'objectif détermine
le choix de la technique et en même temps décide de la population
à observer. Les hommes à étudier dans notre recherche
appartiennent à une époque, à une culture, à une
classe sociale précise.
Nous nous sommes intéressés aux individus qui
ont participé à la mise en oeuvre des politiques agricoles au
Cameroun d'où notre intérêt pour la personnalité de
ces acteurs. L'intérêt de l'étude la personnalité
vient du fait qu'il toute personnalité est en interaction avec son
milieu. L'attitude des individus dans le contexte de l'imposition des cultures
de rente au Cameroun sera pour certains influencée par leur vécue
et leurs origines sociales. Leurs choix dépendront aussi de leur
perception de l'objet en cause et ceci fera en sorte que des individus seront
prêts à répondre d'une certaine manière à une
certaine stimulation. Dans l'apprentissage de nouvelles techniques agricoles et
de nouveaux jeux sociaux, les populations Camerounaises vont apprendre de
nouveaux rôles mais surtout à s'intégrer et à
s'adapter à la nouvelle configuration sociale.
Etant donné que les individus sur lesquels nous
recherchions des informations appartenaient au XIXème
siècle, nécessité s'est donc fait sentir de se tourner
vers des documents traitant de cette époque. Ceci nous a conduits
à utiliser des documents en science politique en histoire, des sources
électroniques mais surtout à rechercher des informations dans les
archives portant sur les cultures de rente au Cameroun de 1884 à 1914.
La collecte de ces données par nous a suivi un schéma.
2. La collecte des données
Nous nous sommes en premier lieu tournées vers la
recherche des documents de science politique portant sur la formation de
l'Etat. Ceci nous a amené à lire des ouvrages de sociologie
politique traitant du pouvoir, des rapports de gouvernants-gouvernés,
des politiques publiques. Toutefois, la plupart de ces documents portaient sur
l'étude de la formation de l'Etat en Europe. Nous n'avons pas pu trouver
de document parlant spécifiquement de la formation de l'Etat au Cameroun
par le biais du changement du mode de production. C'est la raison pour laquelle
nous n'avons recherché dans ces documents que des données d'ordre
générales et théoriques. Par exemple, des données
sur les rapports entre l'individu et son environnement ou encore sur les
relations qui se tissent entre les gouvernants et les gouvernés, mais
surtout sur les conditions favorables au changement d'organisation sociale.
Dans la recherche des données sur l'introduction des
cultures de rente au Cameroun, nous avons été amenés
à consulter des ouvrages d'histoire. Ceux-ci nous ont permis d'enter en
possessions d'informations sur les techniques d'impositions des cultures de
rente et sur les bouleversements qu'ont occasionné l'entrée de
ces produits au Cameroun.
Toutefois, du fait que notre recherche se situait dans le
cadre de la science politique et que nous recherchions les moyens par lesquels
les Allemands vont réussir à légitimer leur pouvoir, il
fallait donc entrer en possession des différents décrets et lois
ayant sous tendu l'action allemande. C'est dans cette logique que nous nous
sommes tournés vers les archives. Après avoir consulté
ceux de Yaoundé, nous sommes allés à Buéa,
où nous sommes entrés en possession de certains documents.
Seulement, les informations sur les individus ont pu
être trouvées pour quelques uns dans des documents d'histoire mais
beaucoup plus dans des documents publiés dans des sites Internet.
3. Difficultés rencontrées au cours de
la collecte des données.
Au cours de la collecte des données, la première
difficulté rencontrée a été celle due à la
qualité des documents. A cause de l'ancienneté de certains
documents, nous avons eu de la difficulté à déchiffrer les
caractères écrits. Le type de papier mais aussi le type d'encre
utilisé ont contribué à cette difficulté. Tous ces
facteurs n'ont pas rendu aisé la photocopie de ces documents et nous
avons été dans l'obligation de recopier au stylo à bille
certains documents.
Par ailleurs, la langue allemande utilisée dans la
rédaction de la plupart de ces documents a été un handicap
pour nous qui n'avons quasiment aucune notion de cette langue. Non seulement la
plupart de ces documents ont été écrits à main
levée, mais aussi ils sont écrits en allemand gothique. Ceci a
orienté notre choix vers des documents traduits de l'allemand au
français nous permettant ainsi d'entrer en possession des
données.
Malgré l'existence de toutes ces difficultés,
nous nous sommes battues pour mener à bien ce travail, qui s'articule
autour de trois principaux points : d'abord les atouts économiques du
Cameroun comme raisons de la venue des Allemands qui ont besoin des ressources
pour leur agriculture ce qui aidera à observer comment s'introduit
l'Etat ou le pouvoir politique centralisé (chapitre 1), ensuite,
les différentes politiques agricoles comme ressource
d'étatisation de la société camerounaise ou comment se
répand ce pouvoir politique par l'action des autorités politiques
allemandes (chapitre 2) et enfin, la relative socialisation de l'Etat
consécutive à la recherche d'un équilibre entre le pouvoir
politique allemand et les sociétés politiques traditionnelles ou
encore comment les acteurs locaux s'approprient l'Etat en train de se faire
(chapitre 3).
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