CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 75 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
Néanmoins, s'il ne signifie pas consensus,
l'analyse partagée engage :
- Une compréhension commune de l'objet
traitée qui repose sur une intelligibilité mutuelle
- Une capacité commune a traité l'objet qui
repose sur une égalité de pouvoir dans la prise de
parole.
2.4.3.1 Parle-t-on le même langage ?
Pour qu'il y ait un véritable partage de
l'analyse, chaque acteur doit analyser la même chose.
Dans une telle situation qui réunit des «
professionnels » de la politique de la ville, tous les termes et notions
dont certaines sont véritablement spécifiques à la
politique de la ville, ne sont pas explicités. L'objet même de la
réunion, l'évaluation du Cucs, repose sur l'accord implicite de
la nécessité d'évaluer le Cucs. L'ensemble des
éléments auxquels renvoient le dispositif Cucs, la pratique
évaluative, le thème traité ne sont pas
développés car il est sous-entendu que chaque acteur les
connait.
La notion d'inférence conversationnelle
spécifie cette logique de mise en cohérence par laquelle les
protagonistes d'un échange peuvent comprendre ce qui se passe et
confirmer une intelligibilité mutuelle. Dans les situations de
proximité culturelle et de « familiarité »
l'inférence conversationnelle invite les locuteurs à ne pas
compléter leurs descriptions et à laisser l'auditoire,
supposé savoir, le soin de coopérer comme il l'entend à la
production de l'intelligibilité mutuelle. Cela engage les acteurs
à formuler un accord implicite sur l'objet dont on parle sans le
définir précisément50.
Or les réunions intègrent une
série d'acteurs aux profils très divers, au nom du principe de
diversité et de pluridisciplinarité. On peut donc penser, que si
familiarité il y a, des différences de cultures professionnelles
dominent. Dès lors, les acteurs parlent ils de la même chose
?
Dans le cadre du groupe de travail réussite
éducative la définition de ce champ n'a pas été
donnée. Chaque acteur semblait alors traiter ce thème selon sa
propre loupe. Pour l'Education nationale, la réussite éducative
est synonyme de réussite scolaire. Pour d'autres acteurs, notamment les
travailleurs sociaux, elle s'apprécie au travers de la diminution du
nombre de jeunes déscolarisés (qui ne peuvent donc être
pris en charge par des dispositifs visant à améliorer les
résultats scolaires). D'autres encore mettent au premier plan la
participation des enfants à des activités sportives et ou
culturelles.
2.4.3.2 Interaction et domination
D'après la sociologie qui s'intéresse
à la communication et aux interactions, les relations d'interactions
sont les espaces où s'exercent des rapports de domination et de
subordination. Dans ces espaces, personne n'est égal. Les groupes de
travail constituent donc un « champ » au sens de Bourdieu. Il s'agit
d'un collectif socialement construit dans lesquels les individus sont
placés en position inégale de pouvoir. Les acteurs opèrent
de manière différente selon qu'ils occupent une position
dominante ou dominée, centrale ou marginale.
Une explication de ce comportement instable est
donnée par la théorie psychologique. Cette science attire
l'attention sur les phénomènes d'ambivalence du sujet et
d'indétermination relative du moi. Les individus peuvent ne pas avoir
d'opinions arrêtées sur le problème qui se pose à
eux. Il s'opère alors une « remise de soi » à un tiers
fortement dominant qui se traduit par l'exercice de conformité à
un « rôle ». On entend par là un agencement d'attitudes
et de comportements attendus d'un individu à raison de son statut
juridique ou/ et
5° John
Joseph GUMPERZ, Sociolinguistique interactionnelle : une approche
interpretative, L'Harmattan, Paris 1989
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