CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 61 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
conséquence, donner une réponse de bonne
volonté ou de complaisance vis-à-vis de l'enquêteur. Ainsi,
mon profil, jeune, fille et étudiante, ma position, représentante
de la mairie de Fontaines-sur-Sâone, et l'information de ma venue aux
habitants, une lettre sanctifiée par le logo de l'OPAC du Rhône,
à de manière certaine orientée les réponses des
habitants. Par exemple, j'eu parfois comme réponse : « je ne sais
pas, écrivez ce qu'il faut dire ».
De plus, cette méthode d'enquête
présente les tares du sondage énoncées par Pierre
Bourdieu45. Les questions posées répondent aux
préoccupations de la ville et du bailleur social, et non des attentes
des ménages. L'enquête est avant tout l'expression des
préoccupation/problématiques d'agents extérieurs. En
effet, l'enquête de satisfaction part de postulats erronés qui
sont :
- Tous les individus ont une opinion sur le lieu et
l'habitat dans lesquels elles vivent.
Le questionnaire demande une hiérarchisation
des voeux et une justification pour chaque souhait. Notamment une question
demandait « pourquoi avait décidez de résider dans le
quartier des Marronniers ». La réponse souhaitée devait
être objective afin de pouvoir être quantifiée
statistiquement. Or, généralement, le choix de logement est le
résultat d'une multitudes de facteurs pas forcement
hiérarchisable (naissance d'un enfant - mutation professionnelle
-attribution du bailleur)
- Les questions posées touchent les points qui
intéressent les familles. Il y aurait un consensus sur les aspects
importants de leur cadre de vie
Une très grande majorité des questions
portaient sur les espaces extérieurs. Très peu de questions
portaient sur le logement car celui-ci relève de la compétence du
bailleur social. Or, la qualité de l'environnement immédiat, les
espaces extérieurs, l'offre commerciale, la dynamique associative
n'intéressent pas tous les individus. Les personnes actives, très
mobiles et sans enfants sont peu enclins à s'intéresser sur ce
qui se passe au sein du quartier.
Par ailleurs, cette orientation des questions,
axées sur les espaces extérieurs, renforce le sentiment de
délaissement des espaces d'habitation. En effet, beaucoup d'habitants se
plaignaient de la disparité de traitement entre les espaces
extérieurs et leur logement. Ils ont vu leur quartier fortement
s'améliorer et, en sens inverse, leur habitat se
dégrader46.
- Toutes les familles ont une capacité
égale à définir leur cadre de vie.
Les questions posées sont identiques pour
chaque famille. Or, toutes n'ont pas les mêmes « ressources »
(« capital » selon Bourdieu). Certaines questions engageaient un sens
critique tel que « appréciez-vous le quartier des Marronniers
». Or, face cette question, tous les habitants n'ont pas les
capacités égales à répondre. Tout d'abord, les
expériences qu'ils ont pu connaître dans le quartier sont
différents pour chacun d'entres-eux. « L'appréciation »
renvoi alors à tous un ensemble d'éléments qui ne peut
être traduit dans une réponse binaire « oui-non ». De
plus, le niveau de français diffère, certaines familles ont une
plus grande difficulté à énoncer leurs avis lors de
l'entretien.
La technique d'enquête avec questionnaire ne permet
pas de saisir variation et passer dans le filtre statistique, tous les avis
sont équivalents.
45BOURDIEU Pierre,
L'opinion publique n'existe pas, in Questions de sociologie, Les Editions de
Minuit, Paris, 1984 46 Les logements devaient faire l'objet d'une
rénovation (cuisine, salle de bain, sol...) en 2007 mais l'accord
collectif a été rejeté par les locataires.
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