CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 56 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
statistique. En effet, le référentiel
reproduit fatalement la logique des administrations qui construisent les
données. Inféodés à une segmentation sectorielle,
les indicateurs reflètent une lecture singulière de la
réalité sociale et créent des catégories
globalisantes qu'il est possible de nomme « typologie ».
Ainsi, dans le cas de la politique de la ville, le
référentiel reproduit fatalement la subjectivité du
découpage territorial choisi. Dès lors, le
référentiel statistique ne permet pas de remettre en cause la
géographie prioritaire. Un effort est effectué pour
définir la situation d'autres quartiers d'habitat social et ainsi
engager une réflexion sur la nécessité d'une extension de
la géographie prioritaire. Néanmoins, les données
disponibles à une échelle infra communale sont réduites et
bien plus encore pour les quartiers non classés en politique de la
ville. De plus, les moyens matériels et humains pour
géo-référencés les difficultés sociales sont
insuffisants pour opérer un périmétrage « objectif
». Pour aller plus loin, il est possible d'étendre la critique de
la catégorisation en s'interrogeant sur la logique même de zonage
qui repose sur ce travail statistique. Selon J.P Sueur, le zonage est
triplement pervers : il isole au lieu d'intégrer, il varie selon les
critères employés, il ne permet pas une mobilisation convergente
de l'action publique42. Mieux vaut faire primer la logique de projet
sur le découpage.
D'autre part, la critique la plus forte et la plus
élémentaire qu'il est possible d'émettre porte sur la
compréhension des statistiques qu'il en ressort. Car, chose
évidente, ce travail statistique ne consiste pas seulement à
enregistrer la situation sociodémographique du territoire. Il faut
tenter d'expliquer et d'identifier le lien entre l'évolution
sociodémographique des quartiers et l'efficacité des actions
engagées. Or, il apparaît clairement qu'il existe une très
grande relativité de cette corrélation. En effet, « il est
méthodologiquement complexe voire impossible de discerner ce qui
résulte des actions menées dans le cadre de ce contrat, des
politiques ordinaires et des évolutions du contexte
socio-économique ». 43L'état du territoire
dépend de facteurs totalement indépendants des actions mises en
oeuvre. L'analyse statistique peut souligner une évolution
différente au niveau local et ainsi pointer des
spécificités du territoire (une évolution du chômage
plus importante) sans néanmoins les expliquer. Peut-on condamner la
mission locale de la recrudescence du nombre de jeunes en recherche d'emploi
?
Dès lors, l'analyse statistique constitue avant
tout un outil de programmation et non d'évaluation des dispositifs. De
fait, la lecture statistique, si nécessaire soit-elle pour permettre une
lecture « objectivité » et synthétique de la situation
des territoires, ne saurait s'extraire d'une analyse qualitative.
42 Jean Pierre SUEUR, Demain
la ville, Rapport présenté au ministre de l'emploi et de la
solidarité, La documentation francaise, Paris 1998
43 Thibaut DESJONQUERES et
Marie LAMY, L'evaluation entre démarche imposée et exercice
propre in Cohesion sociale et agglomerations : un choc culturel en
chantier, Lyon, Les cahiers du DSU, automne hiver 2006, 46 pages, p.37
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