IV. Typologie :
La région aquitaine est une région
éminemment forestière avec un massif forestier de moins de 2
millions d'hectares. Sa diversité aussi est importante :
Figure 9 : source CRPF Aquitaine
Il sera retenu deux exemples typiquement représentatifs
de la région que sont, d'une part, le contexte montagneux avec ses
traditions d'élevage et ses forêts de feuillus, d'autre part, le
plateau landais, sablonneux et aliotique, peuplé par les pins
maritimes.
Ce parti pris tient à la représentativité
de ces situations mais aussi au manque de temps pour accéder aux
informations nécessaires, à l'impossibilité de contacter
les personnes concernées en raison des congés estivaux.
Pour ces raisons je ne pourrai traiter des forêts de
châtaigniers et de noyers de Dordogne qui pourraient offrir un cadre
agroforestier intéressant37, ou encore des peupliers de la
Chalosse
37 Offrant un cadre proche des expériences
héraultaises.
et du Lot-et-Garonne, qui peuvent accueillir des cultures de
ma ·s ou des troupeaux de moutons, voire de bovins38.
A. Les Landes :
On trouve peu de trace agroforestières dans les Landes
en raison de la culture des pins, celle-ci née d'une politique à
visée sanitaire, utilise donc les schémas habituels avec des
densités fortes. Mais l'idée que des troupeaux puissent circuler
sous les arbres, des ovins aux gallinacés, aux abords des airials semble
probable. Il reste à vérifier si cela pourrait constituer du
sylvopastoralisme. Si des cultures sont envisageables.
Figure 10 : Les différents pays
constituant les Landes.
38 Dans ce dernier cas il a été constaté que
la trop forte pression qu'ils exercent sur le sol ab»me les racines et
pose un problème de densité de population supporté.
Un sylvopastoralisme landais ?
Après avoir interrogé des membres de la chambre
d'agriculture (MM. Billac et Carbonnière) j'ai pu avoir des informations
sur la présence d'élevages, en essais.
Les troupeaux d'ovins ont déjà été
essayés mais leur gabarit pose un certain nombre de problèmes.
Les parcelles ayant une valeur fourragère quasi-nulle la pratique est en
diminution, on constate un problème d'adaptabilité des races.
L'attrait premier de cette pratique est l'ombre offerte et qui diminue les
dépenses d'énergie de la part des animaux. Le parc ovin qui
servait jusqu'alors est aujourd'hui impraticable car détruit par la
tempête Klaus. Je n'ai pas trouvé d'exemples concernant la
présence de bovins. Les parcours pour les canards eux existent, on peut
leur ouvrir des parcours dans les champs de ma ·s car les canards sont
craintifs des prédateurs et se rendent facilement dans des parties
couvertes. Mais les tracés sous les pins disparaissent en raison de
dégâts causés aux pins par leurs fientes. La surcharge des
ces matières provoquent sur les pins des apparitions de champignons sur
les aiguilles, les pins meurent ensuite. Ces dégâts sont
classés comme du défrichement indirect par la DDEA39.
Ce faisant les éleveurs ne peuvent continuer. Un problème qui
n'appara»t pas avec la présence de poulets.
Le poulet :
Les Landes ont une forte tradition d'élevage de poulet. En
témoigne l'existence du label Ç Liberté des Landes
È : un élevage en totale liberté, label rouge depuis
1965.
Des études menées font appara»tre que le
principal problème pour les pins tient à la présence de
substances délivrant de l'azote. Celui-ci se diffuse par les fumures,
qui sont rarement ramassées ou dispersées. Cet azote peut se
révéler bénéfique si les cabanes sont
placées dans des landes très pauvres et dépourvues de
matière organique, les arbres peuvent alors en profiter. Mais dans des
landes plus riches un désagrément na»t car il provoque une
surcharge du houppier en aiguille. Les arbres sont fragilisés et plus
sensibles aux tempêtes, au gel, à tout ce qui risque de provoquer
un bris des branches. Aussi l'azote accélère la croissance et la
qualité du bois peut en être affectée, il est alors plus
sensible aux attaques parasitaires.
La présence des poulets provoque aussi des
modifications en surface du sol, dans la végétation qui recouvre
le sol, sans causer de problèmes à l'élevage ou aux pins
étant déjà audessus de celles-ci. La
végétation nouvelle entra»ne une intervention
supplémentaire après la coupe rase pour débarrasser les
jeunes plants de cette concurrence. Les poulets peuvent parfois
découvrir les racines traçantes des arbres. Si celles-ci sont
ab»mées les arbres courent un risque sanitaire important.
39 Direction départementale de l'équipement et de
l'agriculture.
Il y a donc une batterie de problèmes identifiée
mais ils ne sont pas toujours précisément connus.
Néanmoins avec un certain nombre de règles on peut minimiser les
impacts causés par la présence des volailles sous les
pins40.
La première recommandation tient à la rotation
des terrains occupés, en limitant la fréquence de présence
des cabanes sur une même parcelle on réduit l'effet d'accumulation
des changements qu'induit cette présence, le temps de repos
nécessité étant d'au moins une année.
Il est proposé dans la gestion sylvicole de
dégager des lignes lors des éclaircies, de façon à
laisser libres des bandes de 5 mètres de large. Et répéter
cela plusieurs fois sur la largeur pour permettre l'accueil de plusieurs
cabanes. Ou bien les cabanes pourraient être placées sous les
lignes électriques qui nécessitent cet espacement des arbres.
Leur hauteur suffisante devrait pouvoir accueillir les cabanes en dessous et
les volailles trouveraient l'ombre à proximité. Ce qui
supposerait un accord avec ERDF afin de régler d'éventuels
problèmes de responsabilité en cas de rupture de la ligne.
Un projet de cahier des charges fut élaboré pour
permettre la généralisation de cette pratique et permettre
d'augmenter le potentiel de surface pour ces poulets de pleine
liberté41. Il recommandait l'établissement d'un plan
d'exploitation afin de mettre d'accord les parties sur les zones
d'installations, la durée, la fréquentation d'installation sur
une parcelle doit être supérieure à 2 ans. On trouve aussi
une réglementation sur le type des cabanes, le ramassage des fumures
tous les 15 jours, l'âge minimal requis des peuplements forestiers (15
ans) et la non-installation sur des parcelles susceptibles d'être
coupées rases, respectant le délai de 5 ans des plans simples de
gestion.
Donc dans le cas de ce sylvopastoralisme la contrainte tient
au besoin des rotations. Mais il est surtout étrange de trouver si peu
de littérature sur le sujet alors que le potentiel est très
important. J'y vois deux barrages qui tiennent aux perceptions des
éleveurs et des forestiers les uns à l'égard des autres.
Il y aussi un manque de connaissance sur l'impact réel et sur des
actions qui permettraient d'améliorer ou de rendre positive la
présence des poulets sous les pins.
Mais ces lacunes tiennent peut être à la
représentativité relativement faible des landes dans
l'élevage de poulet. On constate que la présence de la volaille
est surtout dans le sud-est des Landes, en Chalosse. Le relief y est
différent et la végétation aussi : un pays entre l'Adour
et le gave de Pau, vallonné, encore planté de pins mais surtout
de chênes et de peupliers.
40 Gragnier Samuel, p.25
41 Projet rédigé en 1999 par JM. Billac, JM.
Froustey, L. Golieth et E. Heurtaux, mais jamais appliqué.
Figure 11 : source Chambre d'agriculture des
Landes
Perspectives :
Finalement l'aquitaine semble avoir eu un passé
agroforestier mais uniquement par le sylvopastoralisme, prolongeant là
les Ç landes piquetées d'arbres »42 oü
paissent les troupeaux de moutons avant que Brémontier ne se lance dans
l'assèchement des Landes.
Je n'ai pu trouver d'information concernant des essais
agrisylvicoles. Vu la situation des Landes on pourrait se demander si des
essais existent avec du ma ·s. Les Landes étant essentiellement
faites d'un sol sableux on voit toujours les cultures être
arrosées. Il convient de se demander si avec une faible densité
de pins offrant un couvert suffisant le ma ·s pourrait y pousser et
surtout être moins tributaire des ces arrosages. C'est une perspective
qui n'a pas été envisagée d'autant qu'il faudrait
déterminer les problèmes liés à l'acidité du
sol et à l'acidification posée par la présence des
pins.
Mais ce qui est ici proposé avec le ma ·s pourrait
être tenté avec des cultures de toute sorte, d'hiver comme
d'été.
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