Chapitre II : La recension des écrits
1. Recension des écrits
Actuellement, une forte pression est exercée pour
introduire la qualité dans les établissements hospitaliers afin
de les rendre plus efficients et surtout répondre aux besoins de la
population qui devient de plus en plus exigeante en matière de
qualité et de sécurité des soins. A cet égard, et
dans le cadre de la réforme hospitalière, un vaste chantier de
restructuration et de mise à niveau des hôpitaux publics ont
été lancé afin d'améliorer la gestion et la
qualité des soins, en les dotant d'une infrastructure et des outils de
gestion nécessaires pour une meilleure prise en charge des patients,
à même d'améliorer l'image de marque du secteur hospitalier
public et de le rendre plus compétitif (Ministère de la
santé, 2006).
L'exigence de la qualité est désormais au coeur
des préoccupations des établissements de santé. Elle est
à la fois incontournable de point de vue éthique et
déontologique et un facteur de progrès, de restructuration et de
performance hospitalière en plus le consumérisme médical
avec surtout la pression des médias et des usagers plus avertis et donc
plus exigeants a également joué dans ce sens (El
kouhail,2006).
A la lumière de ces exigences, et pour assurer un
environnement sécuritaire au patient, l'hôpital doit faire face
aux nouvelles exigences de cet environnement et de s'y adapter tout en
améliorant ses performances en matière de qualité des
prestations et de coût d'intervention. Tout progrès de
l'organisation ne peut se faire sans la présence de structures qui
constituent des atouts incontournables pour l'amélioration de la
qualité des soins et pour limiter la propagation des infections
notamment les infections nosocomiales.
L'hôpital moderne est un environnement de plus en plus
à risque d'infection, on
immunitaire affaibli, d'autant qu'on pratique aussi une
médecine de plus en plus invasive, à des fins diagnostiques ou
thérapeutiques, ces interventions augmentent les chances de survie et
améliorent l'état de santé des personnes, mais elles
augmentent aussi bien le risque d'infection.
La promiscuité des patients, les carences dans les
habitudes d'hygiène des professionnels et du personnel, dans l'entretien
ménager, dans l'entretien des équipements et des installations,
dans la stérilisation et la désinfection du matériel
médical de même qu'une surcharge de travail des soignants, sont
autant de facteurs de risque.
De surcroît, Une infection nosocomiale est toujours le
résultat d'une interaction complexe entre la personne hôte, ses
conditions cliniques de base, les interventions qu'elle subit, sa flore
microbienne, l'environnement hospitalier, et les modes de transmission des
microorganismes (Ministère de la santé et des services sociaux du
canada, 2005).
Dans cette optique et selon le manuel marocain de
l'hygiène hospitalière, le CLIN est une instance officielle
(décret n°991034 du 6 décembre 1999, circulaire n° 645
du 29.12.2000), ses missions sont définies par la loi en
prévention et surveillance des infections nosocomiales, information et
formation du personnel et coordination des actions de lutte contre l'infection
nosocomiale (Ministère de la santé, 2008).
En outre, l'institution du comité de lutte contre les
IN au niveau des centres hospitaliers marocains a fait l'objet de la note
ministérielle N° 54 du 25/07/2008 et aussi le plan d'action
santé 2008-2012 stipule au niveau de l'axe 2 «
développement d'une offre de soins facile d'accès,
suffisante, de qualité et répartie correctement sur le
territoire » la mise en oeuvre de certaines mesures pour promouvoir
le rôle de
l'hôpital public dans le tissu social et renforcer la
confiance de la population dans le service public, d'un autre coté et
pour l'amélioration auprès des usagers des services rendus par
les hôpitaux publics, l'objectif 3 a mis en relief l'orientation de
l'organisation hospitalière vers l'amélioration de la
sécurité des patients et du management hospitalier .
Aussi, l'action 28 de ce dernier prévoit la mise en
place dans tous les hôpitaux publics d'un système de
contrôle des infections nosocomiales (comité local, système
de surveillance, médicaments spécifique, etc.) à travers
les activités suivantes: (a) organisation des sessions de formation des
instances de lutte contre les infections nosocomiales; (b) élaboration
et diffusion d'une circulaire pour la mise en place des comités de lutte
contre les infections nosocomiales (CLIN) dans les hôpitaux, (c)
supervision et accompagnement des hôpitaux dans la mise en oeuvre de la
stratégie nationale de lutte contre les infections nosocomiales ; et (d)
la réalisation d'une enquête nationale de prévalence des
infections nosocomiales (Ministère de la santé ,2008).
Dans cette optique, le Ministère de la Santé,
à travers la stratégie nationale de lutte contre les infections
nosocomiales, a élaboré un manuel d'hygiène
hospitalière et de prévention des infections nosocomiales
s'inspirant du modèle français permettant de coordonner les
efforts et de les focaliser suivant une ligne directrice nationale
(DHSA,2008).
Etant donné que le CLIN est une instance
pluridisciplinaire de coordination, de consultation et de concertation. Ce
dernier est appelé à assurer des actions d'analyse de la
situation, de définition des stratégies de prévention, de
surveillance, de formation, d'information et d'évaluation dans
l'établissement, de classer les priorités, de coordonner les
actions, de valider les procédures, de diffuser l'information,
d'établir un rapport d'activité et un programme d'action. (Savey
et Troadec ,2001).
Aujourd'hui, la formation représente un
élément déterminant d'une politique efficace de gestion et
de développement hospitalier et qui est en perpétuelle
évolution, s'appuie de plus en plus sur la formation continue pour
réactualiser les compétences du personnel de tout
établissement et faire face aux rapides mutations de la
société et l'émergence de nouveaux risques.
(Ministère de l'Emploi et de la Solidarité française
,1999).
D'avantage Moustaghit (2006), stipule que la formation est
très vite apparue indispensable à la réussite des missions
dévolues à l'hôpital public. Elle est partie
intégrante de la sociologie des organisations et s'est affirmée
comme indissociable de la stratégie globale institutionnelle.
Par ricochet, elle occupe une place essentielle dans la
gestion des ressources humaines et sert de lien à l'ensemble des champs
d'action qui contribuent au développement du progrès social.
Son influence sur l'ensemble des décisions qui
affectent l'organisation et le fonctionnement de l'hôpital et sa
capacité à se projeter dans le temps l'assimilent à un
investissement éducatif mais aussi collectif par l'importance de son
coût économique, la formation est, enfin productrice et facteur de
qualité.
Par ailleurs, la formation des professionnels en
hygiène hospitalière est un élément essentiel de la
prévention des IN et de la qualité des soins, elle prend en
compte l'ensemble des aspects cliniques, microbiologiques et
épidémiologiques de ces infections, mais également
l'organisation des soins, la maintenance des équipements hospitaliers,
la gestion de l'environnement, la protection des personnels. Elle est offerte
à l'ensemble des services et à l'ensemble des personnels, comme
un élément
indispensable de formation continue. Par conséquent,
elle constitue un indicateur de qualité et de sécurité
(Ministère de l'Emploi et de la Solidarité française
,1999).
D'après aussi le guide pratique de lutte contre les
infections (OMS, 2002) le CLIN jouera un rôle central dans l'action et la
coopération multidisciplinaires et dans le partage de l'information. Il
devra représenter un large éventail des programmes et personnels
concernés, par exemple administration, médecins et autres
soignants, pharmacie, approvisionnement central, maintenance, entretien des
locaux et formation.
D'avantage, conformément au programme de lutte contre
les IN, le personnel hospitalier médical et paramédical est
censé bénéficier d'une formation à la
prévention des risques d'infection et au respect des bonnes pratiques en
hygiène. Cette formation théorique et pratique prendrait en
compte pour chaque catégorie du personnel les risques encourus
liés à leur fonction et à leurs pratiques
professionnelles.
Par ailleurs, la formation est un des moyens pour diffuser des
messages-clés sur la prévention des IN, établir un langage
institutionnel sur les mesures préconisées et partager une
compréhension commune du risque. La formation consiste principalement
à acquérir les connaissances, les attitudes et les
compétences nécessaires pour accomplir une procédure ou
une activité(Viginews, 2008)
Dans ce sens, un plan de formation continue en hygiène
hospitalière pour l'ensemble des personnels (médicaux,
paramédicaux, médico-techniques...) est élaboré
chaque année par le service chargé de la formation continue en
concertation avec les différents partenaires impliqués, en
particulier le service de soins infirmiers, le CLIN, l'équipe
opérationnelle d'hygiène(EOH). Ce plan tient compte des
priorités définies par le CLIN afin de renforcer la
cohérence entre la formation et les actions menées dans
l'établissement. Les niveaux de formation proposés tiennent
compte de la spécificité des
tâches des diverses catégories professionnelles,
de leurs responsabilités de gestion ou de coordination des
activités médicales et paramédicales. (SSI, 2008)
Dans cette optique, le CLIN organise, à partir des
recommandations d'hygiène en vigueur dans l'établissement, une
formation en hygiène hospitalière pour tout nouveau personnel
infirmier (temporaire ou permanent) lors de son arrivée (Fatmi,2006)
Un contrôle de qualité des formations
réalisées par des équipes internes ou par des prestataires
extérieurs est systématiquement et régulièrement
effectué. Un rapport est transmis au président du CLIN par le
service chargé de la formation continue et le service ou l'équipe
opérationnelle d'hygiène hospitalière. Le CLIN est
consulté pour tout choix d'organisme extérieur intervenant pour
la formation en hygiène hospitalière dans l'établissement
et la définition du plan de formation et ses modalités
d'exécution privilégient la valorisation des ressources humaines
internes à l'établissement (Fatmi,2006).
Des formations spécifiques en hygiène
hospitalière sont obligatoires pour les personnels médicaux,
médico-techniques et les infirmiers exerçant des
responsabilités dans la politique d'hygiène hospitalière.
Les praticiens hospitaliers en hygiène, les infirmiers et cadres
hygiénistes doivent avoir validé des formations
spécifiques théoriques et pratiques dispensées par des
instances compétentes (OMS, 2002).
En général, La formation assurée par le
CLIN passe à travers les étapes de planification, mise en oeuvre
et évaluation des actions , ainsi Fabray, Astagneau, Gachie, Labadie et
Carlet (1995) cités par Fatmi (2006) soulignent dans leur rapport que la
formation en hygiène des personnels de santé en l'occurrence les
infirmiers, est au centre des dispositifs de prévention du risque
nosocomiale et que cette formation doit
être planifié, ce constat a été
partagé par coombs (1970) qui stipule que le travail de la planification
n'est pas terminé quand un plan est établi sur le papier et
approuvé.
La planification, pour être efficace, doit se soucier de
sa propre réalisation, des progrès accomplis et de ceux qui
restent à faire, des obstacles imprévus qui peuvent surgir et de
la manière de les surmonter et qu'il ne faut pas échapper de vue
l'identification des besoins des personnes impliquées ni de l'analyse de
ces besoins par rapport à cette formation. Certains besoins de formation
seront davantage le fait de tel ou tel type d'établissement, de service
ou d'activité. Toute fois, le niveau de prévention des IN
dépasse la bonne volonté individuelle, imposant ainsi le fait que
la formation doit s'organiser au niveau de l'établissement, et concerner
tout les professionnels de santé (OMS, 2002).
L'analyse des besoins de formation est une activité
complète, nécessaire, qui préside toute action de
formation, les besoins en formation ne sont pas souvent facilement
identifiables et s'appuie sur une logique de développement de
compétences qu'il convient de définir préalablement
(Parmentier, 2001)
D'avantage Boumediane (2006) précise qu'un plan de
formation est un plan global qui contient un but général et des
objectifs généraux, une liste des activités à
mener, le profil du public cible, les personnes et/ou les structures
chargées de mettre en oeuvre les activités, les indicateurs
d'apport et de résultats (intrants prévus et résultats
attendus), les ressources logistiques, financières et humaines.
D'autre part la mise en oeuvre de la formation, qui
concrétise tout ce qui a été prévu dans
l'étape précédente. Elle consiste à traduire en
faits les actions prévues dans l'étape de programmation sur le
plan administratif, logistique et pédagogique
(organisation des sessions de formation, les thèmes de
formation, animation des séances, les durées ....)
Pain (1992) a précisé que la formation des
professionnels nécessite une évaluation des actions et pour que
l'évaluation soit efficace, la hiérarchie directe et les
participants doivent être impliqués dès le début de
la préparation de l'action de formation.
D'après le manuel de référence de
formation des formateurs en santé au Rwanda, il convient au moment de
l'évaluation d'évaluer les acquisitions des formés mais
également la manière dont se sont déroulés l'action
et les interventions des différents intervenants (formé-
formateur- institution), dans cette optique des outils
spécialisés permettent de procéder adéquatement
à ces appréciations (les grilles d'évaluations). C'est un
processus qui tente de déterminer aussi systématiquement et
objectivement que possible la pertinence, l'efficacité et l'impact des
activités, elle permet de : (a) déterminer si la formation a
atteint ses objectifs, (b) Cerner les aspects de la formation à
renforcer,(c) prendre des décisions pour les formations future ,(d)
évaluer les connaissances préalables, (e )Motiver les apprenants,
(f)identifier les besoins d'apprentissage au niveau personnel et au niveau du
groupe, et ( g) évaluer dans quelle mesure chaque participant peut
exécuter les tâches (Ministère de la santé du
Rwanda, 2008).
Partant du fait que la formation continue est reconnu par
plusieurs auteurs comme étant un levier de développement du
potentiel humain des organisations. L'importance de la lutte contre les
infections nosocomiales pour le maintien de la sécurité sanitaire
des deux clients interne et externe passerait nécessairement par la
formation du personnel infirmier. Ceci, ne pourrait avoir lieu qu'a travers des
étapes de
planification, de mise en oeuvre et d'évaluation en
parfaite coordination avec l'EOH et les référents en
hygiène.
En définitiet à titre d'exemple, grâce
à la formation, certaines mesures simples ont montré leur
efficacité comme le lavage des mains avant tout soin ou le port de gants
pour réaliser un geste invasif (Direction de l'Hospitalisation et de
l'Organisation des Soins, 2001)
Aussi, d'autres études plus récentes ont
montré l'effet direct de l'amélioration de la pratique
d'hygiène des mains par la formation en hygiène
hospitalière sur les taux des IN, la plus connue est celle
publiée par Pittet (2000)) et son équipe cité par
Addoubiani(2008) dans laquelle il montre que l'amélioration de 30 % de
l'observance de l'hygiène des mains a été associée
à une diminution considérable des IN de 16,9 à 9,9 % (
C.CLIN-EST France, 2007 ).
En dernier, Antoniotti (2001) cité par Fatmi (2006)
stipule que le CLIN étant une structure transversale et
multidisciplinaire, il représente un acteur incontournable en toute
démarche d'amélioration de la qualité des soins, dans les
établissements de santé. Il lui appartient notamment, avec
l'appui de l'EOH et les référents en hygiène, d'adopter
une stratégie de maîtrise des risques contre les IN et de
mobiliser les soignants par des sessions de formation au respect des bonnes
pratiques d'hygiène.
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