CHAPITRE III : EXPLOITATION DU PORT DE SAN PEDRO
Précédemment établissement public
à caractère industriel et commercial (EPIC), le port de San Pedro
a été érigé en société d'État
par le décret n° 95-818 du 29 septembre 1995. Ce port dispose d'un
domaine de 2 000 hectares dont 500 sont utilisés soit 25% avec un tirant
d'eau moyen de 12,5. Situé environ à 350 Km d'Abidjan, au Sud
Ouest de la Côte d'Ivoire dans la région de Bas Sassandra, il est
à ce jour le deuxième port de la C.I, avec un capital social de 2
milliards de FCFA. Il s'est donné comme mission de créer un
pôle de développement pour toute la région du Sud Ouest
ivoirien en offrant un débouché maritime pour l'Ouest et le Nord
Ouest de la C.I. Au delà de l'espace territorial, le port veut
être une porte océane pour les pays limitrophes comme le Mali et
le Burkina qui n'ont pas de façade maritime ; le Libéria en
pleine reconstruction puis la Guinée Conakry malgré leur
façade maritime comme l'ARSO l'avait prévu. Pour ce faire, le
port dispose de certains équipements et infrastructures puis est
doté d'une organisation interne. L'analyse de ces outils que
possède le port permettra d'en connaître le modernisme.
I-MANUTENTION OBSOLETE I.1-Manutention à faible
rendement
Les cadences de la manutention observées à San
Pedro (Figure 9) sont inférieures aux standards internationaux, 20% pour
les navires conventionnels et les rouliers 42% pour les porte- conteneur
(plan d'entreprise, 2002). Toutefois, pour ce qui est des rendements
de la manutention, le partenariat avec le secteur privé contribue
à accroître les performances du port. Mais, le port de San Pedro
est très loin derrière le port d'Abidjan. En effet, sans grue
à quai le port de San Pedro fait 80 000 équivalents vingt pieds
(EVP) par an, soit environ 220 EVP/jour 3 fois inférieur à celui
d'Abidjan qui fait en moyen 650 EVP/j. (PASP 2008)
Figure 9: Cadence de la manutention
Source: Plan d'entreprise, 2002
I.2 Temps d'attente élevé
La plupart des principaux trafics du port de San Pedro sont
très conteneurisés et les navires exigent des escales rapides en
raison des coûts d'immobilisation élevés. Cette exigence
est très loin d'être satisfaite. En effet, les taux d'attentes
(rapport entre le temps d'attente et le temps de service) sont de 20%. Selon
les spécialistes, un port qui enregistre un taux supérieur
à 15% est très peu compétitif. Les marchandises sont
traitées avec beaucoup de retard, car les temps d'attentes
enregistrés au port de San Pedro sont en moyenne 10h par navire (Tableau
7).
Tableau 7 : Temps d'attente en heures de 1998 à
2001
Années
Types de navires
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
conventionnels
|
11,6
|
14,7
|
24,9
|
15,7
|
Rouliers
|
5,5
|
8,0
|
23 ,0
|
12,7
|
Porte conteneurs
|
4,9
|
4,9
|
17 ,4
|
12,1
|
Minéraliers
|
9,6
|
11,2
|
8,4
|
10
|
Céréaliers
|
2,8
|
6,2
|
15,1
|
9,8
|
Moyenne ensemble
|
8,4
|
10
|
21,2
|
12 ,9
|
Source: Plan d'entreprise, 2002
Cette durée (ratio supérieur à 15%) traduit
la dégradation de la qualité du service au navire et aux
marchandises. Cet indicateur qui met les carences de la
manutention en évidence, impose au port une
nécessité d'acquérir des équipements
supplémentaires de manutention et des postes à quais. À
cet effet, il est important de signifier que l'impact de la grue mobile dans
l'amélioration de la cadence n'est encore véritablement
perceptible car elle opère en état d'expérimentation. Mais
l'on peut affirmer que la grue constitue une bouffée d'oxygène
dans le rendement de la manutention. Les temps d'attente des navires au port de
San Pedro, vont dans l'ordre croissant sur la période de 1998 à
2000 où la manutention est d'une qualité de plus en plus
dégradante surtout en 2000. Cela s'explique par le début de la
crise socio politique où les mutineries étaient très
fréquentes. Il y a aussi la dégradation avancée des
équipements et infrastructures, contraintes qui favorisent le report et
la rémission des remorquages et débarquements des navires. En
2001, on a une nette amélioration avec 12 heures d'attente qui
résulte du désengorgement des quais à cause des faibles
arrivages des navires, dû à la perte de confiance des armateurs
suite aux incidents de 2000 cités plus haut. En outre, Le ratio auquel
on se réfère, pour évaluer la qualité du service au
navire et la marchandise discrédite le port avec une valeur de plus de
20%. Cette marge de ratio est largement supérieure à la norme
standard qui est de 10% en moyenne. Sur une période de quatre ans le
ratio qui est le rapport du temps d'attente à la durée du service
au quai est en moyenne 32,62% pour le port de San Pedro (Tableau 8).
Tableau 8: Ratio temps d'attente par rapport à la
durée du service (%)
Années
|
|
|
|
|
|
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Moyenne quadriennale
|
Types de navires
|
|
|
|
|
|
Conventionnels
|
25
|
23
|
28
|
20
|
24
|
Rouliers
|
25
|
38
|
68
|
37
|
42
|
Minéraliers
|
15
|
16
|
14
|
2519,8
|
641,2
|
Porte conteneurs
|
26
|
31
|
55
|
107
|
54,75
|
Céréaliers
|
38
|
12
|
33
|
-
|
20,75
|
Ensemble moyenne
|
38
|
25
|
38,5
|
29
|
32,62
|
Source : Port Autonome de San Pedro, 2002
Les indicateurs sont les doubles de ce qui est admis sur la
période de quatre ans. Les cadences de la manutention doivent être
améliorées avec la réhabilitation des équipements
et l'acquisition des équipements de pointes selon les nouvelles
exigences dans les opérations maritimes (rapidité,
fiabilité)
|