IV-4- Concernant l'importance des appuis
Des informations recueillies sur les trois sites montrent que
les municipalités et les organisations de la société
civile comptent beaucoup sur les ressources de la coopération
décentralisée. Même si ces fonds ne sont pas inscrits dans
le budget communal à Ouahigouya, ils participent
énormément à la mise en oeuvre du Plan Communal de
Développement. Il en est de même à Ziniaré où
avec la mise en place des communes rurales, les conseils municipaux comptent
beaucoup sur les appuis de la Région du Limousin pour la
réalisation et la mise en oeuvre des Plans Communaux. Ils
espèrent aussi par ce biais bénéficier de formations pour
les aider à assumer efficacement leur fonction d'élus locaux. A
Tanghin-Dassouri, ces attentes ont été traduites lors de la
signature de convention entre les autorités municipales et le Conseil
Général du Territoire de Belfort.
L'ensemble des acteurs reconnaît que les efforts
d'investissement sont déséquilibrés. La plupart des
ressources viennent du Nord. Seule une petite contribution constituée du
cofinancement (en nature ou en espèces) des associations et groupements
constitue le plus souvent la participation des bénéficiaires. A
Ziniaré, elle a été de 806 122 francs CFA pour une
subvention de 13 179 948 francs CFA soit 6,11 % et à Tanghin-Dassouri de
45 405 760 pour un investissement total de 508 700 000 francs CFA soit environ
8,92%. Cette faible participation est souvent à l'origine des
difficultés dans le choix des actions à entreprendre. En effet,
la décision finale revient quoiqu'on dise le plus souvent aux
partenaires du Nord qui détiennent le cordon de la bourse.
Dans l'ensemble, les trois expériences dégagent des
acquis et de nombreuses leçons peuvent servir d'exemple à
d'autres partenariats au moment où trouver un jumelage est devenu
capital pour de nombreuses communes burkinabé.
CHAPITRE IV : LES ENSEIGNEMENTS ET LES PERSPECTIVES
DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Ce chapitre évoque les potentialités des
différentes expériences de coopération
décentralisée et fait une synthèse croisée de leur
démarche d'interventions et de leurs réalisations. Il met
également en exergue les intérêts des collectivités
du Nord à soutenir celles du Sud, fait des recommandations et aborde des
perspectives.
I- Les potentialités des trois expériences de
coopération décentralisée
L'analyse des potentialités qui se dégagent des
expériences de coopération décentralisée dans les
communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin-Dassouri se fondent sur une
collecte orientée des données. A cet effet, les quatre variables
(axes) ayant servi pour cette collecte sont : l'implication des populations, la
planification et la maîtrise d'ouvrage, le renforcement des
capacités et la gestion des fonds. Chaque axe est noté sur 4 sur
la base d'un certain nombre d'indicateurs. Ainsi pour l'implication des
populations, le score de 1/4 est obtenu lorsque la coopération
décentralisée ne concerne que les membres du bureau du CLJ et les
conseillers municipaux. Le score est de 2/4 si les actions de la
coopération décentralisée impliquent en plus des
conseillers municipaux, le bureau du CLJ, quelques personnes et des
associations. Il est de 3/4 si le bureau du CLJ, les élus locaux, des
services administratifs, des associations et groupements et une grande partie
des citoyens se retrouvent dans des actions de coopération
décentralisée. Le score de 4/4 signifie que la coopération
décentralisée associe sans exclusion toutes les structures
intéressées; une grande partie des citoyens y est
impliquée et il y a toujours une concertation entre toutes les parties
prenantes.
Concernant le renforcement des capacités, la note de
1/4 est attribuée lorsque le partenariat ne contribue pas au
renforcement des capacités des élus locaux. Elle est de 2 s'il
permet des dons en matériels et des formations au profit de
l'exécutif communal. Lorsque la note est de 3, cela montre que le
partenariat aide à la gestion du patrimoine communal, apporte du soutien
aux organisations de la société civile et contribue directement
ou indirectement au budget de la commune. Enfin, elle est de 4/4 s'il contribue
à l'élaboration du Plan Communal de Développement,
à sa mise en oeuvre et son suivi-évaluation, les formations des
élus au bon fonctionnement du conseil municipal étant
régulières.
S'agissant de la gestion des fonds, la coopération
décentralisée obtient un score de 1/4 quand les cotisations
prévues dans le règlement intérieur ou les subventions
prévues dans le code de financement sont faiblement respectées,
les systèmes de gestion et de contrôle étant peu
transparents. Il est de 2 si les systèmes de mobilisation, de gestion et
de contrôle existent avec une fonctionnalité peu efficace. Le
score atteint 3 lorsque les systèmes de mobilisation, de gestion et de
contrôle sont fonctionnels et assez performants. Il est enfin de 4 si le
financement des actions de coopération décentralisée se
fait à travers un fonds d'investissement local et une partie de ces
fonds contribue au budget communal.
Quant à la planification et la maîtrise
d'ouvrage, la note de 1/4 signifie que les actions issues du partenariat ne
sont basées ni sur un programme ni sur un Plan Local de
Développement. Les activités du Programme Annuel ont un taux de
réalisation inférieur à 25%. Elle est de 2/4 si le
partenariat est basé sur un programme dont les activités se
réalisent à 50% au moins avec un suivi évaluation
effectué à la demande des partenaires. La note obtenue est de 3/4
s'il repose sur un programme dont les activités se réalisent au
moins à 75% avec un suivi-évaluation effectué par le biais
d'appui conseil. Elle est de 4/4 si le programme sur lequel la
coopération décentralisée est bâtie, est
réalisé à plus de 75%, le CLJ ou le comité de
pilotage effectuant son suivi-évaluation sans assistance.
Au regard des indicateurs fixés, divers scores ont
été obtenus dans chacune des trois expériences de
coopération (cf. tableau n°4).
Tableau n°5 : Les scores par axe et par
commune
Axe
Commune
|
Implication des
populations
|
Renforcement des capacités
|
Planification et
maîtrise
d'ouvrage
|
Gestion des
fonds
|
Total
|
Ouahigouya
|
3
|
3
|
3
|
3
|
12
|
Ziniaré
|
3
|
1
|
3
|
2
|
9
|
Tanghin- Dassouri
|
4
|
2
|
3
|
3
|
12
|
Moyenne
|
3,33
|
2
|
3
|
2,66
|
11
|
Source: enquête terrain, 2007/2008
Au regard des données du tableau 4, les
expériences de coopération les plus performantes sont celles de
Chambéry-Ouahigouya et Territoire de Belfort-TanghinDassouri avec des
scores de 12/16. Cela s'explique par le fait qu'un effort y est fait pour
impliquer les différents acteurs dans la conception, l'exécution
et le suivi technique et
financier des actions entreprises. La faible performance du
partenariat Limousin - Oubritenga s'explique d'après le schéma de
lecture par la mainmise de l'administration provinciale sur la gestion des
fonds. Cette situation est aggravée par l'absence d'un programme de
renforcement des capacités des élus locaux.
Graphique n°1 : Récapitulatif des
performances par axe des trois expériences
Planification et maîtrise d'ouvrage
Renforcement des capacités
Gestion des fonds
Implication des populations
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5
Ouahigouya Ziniaré
score
Tanghin Dassouri
Source : enquête terrain 2007/2008
Le graphique 1 résume les performances moyennes par axe
des différentes expériences de coopération
décentralisée. De l'appréciation d'ensemble, il ressort
que la grande faiblesse réside dans le renforcement des
capacités. Dans le contexte actuel de la communalisation
intégrale du territoire, il est important qu'un accent particulier soit
mis sur cet aspect dans les trois partenariats. Ouahigouya marque un point
important à ce niveau parce que le programme d'appui à la
structuration de la mairie permet le renforcement des capacités des
élus locaux dans la gestion communale.
Tableau n°6 : Performances moyennes des
expériences de coopération
décentralisée
Axe
|
Score sur 4
|
Réponses en pourcentage
|
Implication des populations
|
3,33
|
30,30
|
Gestion des fonds
|
2,66
|
24,20
|
Planification et maîtrise d'ouvrage
|
3
|
27,29
|
Renforcement des capacités
|
2
|
18,19
|
Total
|
10,99
|
99,98
|
Source: enquête terrain, 2007/2008
Au regard des données du tableau 6 et du Graphique 2,
il apparaît que la principale force de ces expériences de
coopération réside dans l'implication des populations au choix
des actions à entreprendre (3,33 points/4). Cela signifie que les
programmes et projets sont la manifestation des besoins des populations et de
leurs organisations. De même un effort est fait pour les associer
à la planification, à la mise en oeuvre et au suivi des
activités. Les plus faibles performances se retrouvent au niveau de la
gestion des fonds (2,66/4) et du renforcement des capacités des
élus locaux (2/4). Cela est essentiellement lié aux
difficultés de gestion des ressources financières dans le
partenariat Limousin-Oubritenga et l'absence d'une stratégie visant
à former et appuyer les conseils municipaux dans leurs tâches.
En se basant sur les performances moyennes, on note des acquis
pour la plupart des axes (cf. graphique 2). Néanmoins, des efforts
doivent être faits pour que la gestion des ressources financières
soit basée sur un système impliquant tous les acteurs et
compréhensible par tous. De même, un accent devra porter sur
l'appui à accorder aux municipalités en vue de les aider à
assurer leur rôle de maîtrise d'ouvrage du développement de
leur territoire.
Dans l'ensemble, les trois expériences de
coopération décentralisée dégagent des performances
suffisamment acceptables à même de servir d'exemple à
d'autres collectivités.
Graphique n°2 : Performances moyennes des
expériences de coopération
décentralisée
Implication des populations
Renforcement des capacités
Gestion des fonds
4
3
2
1
Planification et maitrise d'ouvrages
0
Source : enquête terrain, 2007/2008
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