III-2 Les insuffisances
La volonté affichée par les acteurs de
coopération décentralisée de subvenir aux besoins des
populations est réelle. Nonobstant cela, les diverses pratiques qui en
découlent sont affectées souvent de faiblesses.
La faible implication des populations, des organisations de la
société civile et la collaboration assez limitée avec les
services déconcentrés de l'Etat sont une véritable
insuffisance dans certains jumelages. Cela découle de l'absence de
réelle stratégie d'information, de communication et de
sensibilisation sur les enjeux de la coopération
décentralisée et ses contributions en termes d'appui au
développement.
De même, de nombreuses actions ne sont pas inscrites
dans des programmes cohérents et de ce fait leurs impacts demeurent
limités. C'est pourquoi, il est nécessaire de créer une
synergie entre les interventions sur un même territoire.
Une autre limite réside dans la faible capacité
de suivi des actions sur le terrain aussi bien par les Comités Locaux de
Jumelage que les collectivités territoriales burkinabé. Quant aux
partenaires du Nord, seuls quelques partenariats emploient de gros moyens pour
des suivi-évaluations à cause des programmes dans lesquels ils se
sont engagés. Ce défaut de contrôle est souvent à la
base de l'échec de certains projets. Pour y remédier toutes les
activités entreprises doivent comporter un volet
suivi-évaluation. Ceci permettra d'éviter des blocages, voire des
détournements de fonds pendant l'exécution.
Il existe également des contraintes dans l'organisation
des échanges. Les flux de voyages sont le plus souvent dirigés
vers le Sud, les financements venant en quasi-totalité du Nord. Souvent
les coûts très élevés de ces déplacements
pouvaient être utilisés à des fins de réalisations
d'infrastructures ou de points d'eau.
Le financement des projets est également sujet à
des difficultés. La recherche de fonds étant effectuée
essentiellement par les acteurs du Nord ; ce faisant, elle met ces derniers en
position de force lors des négociations. C'est pourquoi il est important
pour les collectivités territoriales burkinabé de ne pas laisser
la recherche des ressources à la seule charge de leurs jumelles. C'est
ainsi que la réciprocité et la complémentarité
pourront être une réalité dans les échanges.
IV- Les domaines d'intervention de la coopération
décentralisée
Dans le but d'améliorer les conditions de vie des
populations du Sud et de faire de l'éducation au développement au
Nord, la coopération décentralisée s'investit dans
plusieurs domaines. A cet effet, la santé et l'éducation sont des
domaines privilégiés des jumelages. En outre, l'hydraulique et le
soutien aux activités économiques constituent des domaines pour
lesquels un appui conséquent est accordé. D'autres volets non
moins importants tels l'environnement, l'agriculture et l'élevage, la
formation, l'assainissement et le cadastre sont financés dans le cadre
de certains partenariats.
De l'avis des services administratifs sur nos sites
d'études, ces interventions permettent de pallier les insuffisances de
l'Etat. Quant aux populations, elles trouvent que
celles-ci sont en phase avec leurs besoins en ce qu'elles
permettent un tant soit peu de réduire quelques-uns de leurs
problèmes.
Il faut cependant souligner que l'exécution de
l'ensemble de ces actions dans les collectivités territoriales doit se
baser sur les outils de planification que sont le Plan Communal de
Développement et le Schéma Régional d'Aménagement
du Territoire. C'est en cela que l'on pourrait pérenniser les
investissements.
A cet effet, on retrouve de nombreux acteurs dans le domaine
de la coopération décentralisée, aussi bien dans les pays
du Nord que dans ceux du Sud. Ainsi au Nord il y a les collectivités,
les associations, des institutions, les ONG, etc.
Au Burkina Faso, il y a d'après la CONACOD (2003) :
- le Comité National de Jumelage (CNJ) qui est un organe
de conseil et d'appui technique et les comités locaux de jumelage;
- la Direction de la coopération
décentralisée du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation;
- la Commission Nationale de la Coopération
Décentralisée (CONACOD), chargée de la tenue à jour
de l'état de la coopération décentralisée, de
l'élaboration des programmes de formation des acteurs locaux, de
l'harmonisation des méthodes d'intervention;
- des collectivités à travers des élus
locaux qui ont en charge la maîtrise d'ouvrage du développement
des communes;
- les agents de collectivités territoriales et des
services déconcentrés;
- la société civile (associations, groupements,
Organisations Non Gouvernementales).
Si pendant longtemps les CLJ sont restés les
instruments privilégiés par lesquels les acteurs mettaient en
oeuvre les actions de coopération décentralisée,
aujourd'hui avec la décentralisation et l'approche développement
local, les conseillers municipaux et des opérateurs de mise en oeuvre
ont pris une part prépondérante. Ces derniers sont des bureaux
d'étude et des Cellules d'Appui Technique (CAT). A cela il faut ajouter
des comités de pilotage municipaux ou provinciaux en fonction de
l'échelle d'exécution des partenariats.
Les concepts de la coopération
décentralisée offrent de belles perspectives à des
partenariats qui se fixent pour ambition de faire des
bénéficiaires de projets ou de programmes des acteurs de leur
développement. Aujourd'hui la coopération
décentralisée, basée sur des échanges de territoire
à territoire implique aussi bien des collectivités
territoriales que des acteurs de la société civile.
De nombreuses expériences de coopération existent de nos jours au
Burkina Faso.
DEUXIEME PARTIE :
LES EXPERIENCES DE
COOPERATION
DECENTRALISEE
L'examen des partenariats de coopération
décentralisée entre collectivités burkinabé et
celles du Nord révèle des pratiques diversifiées et
multiformes se différenciant par leur approche, leur vision, leur
philosophie de coopération, leurs modalités de mise en place.
Cette partie comporte deux chapitres : le premier traite des expériences
de coopération décentralisée dans trois communes
échantillon et le second en fait une synthèse analytique.
CHAPITRE III : DES APPROCHES DIFFERENTES
DE COOPERATION
DECENTRALISEE
La présentation des trois expériences de
coopération décentralisée met l'accent sur les
stratégies d'intervention, les réalisations et le point de vue
des acteurs rencontrés.
|