INTRODUCTION
Pour permettre aux étudiants d'avoir une meilleure
compréhension des organisations paysannes béninoises, un stage a
été programmé au cours de notre formation
académique. Ce stage est dénommé Méthodes
d'Animation et d'Intervention en milieu Réel (MAIR). Ce stage a
différents buts. En effet, il vise à permettre aux
étudiants entre autres :
) d'analyser le rôle des organisations par rapport aux
unités de production domestique ; ) de décrire leur
évolution ;
) de décrire la composition sociale et le mode de
nomination ou d'élection des responsables au sein des OP ;
) d'indiquer la position sociale des responsables (cumul de
responsabilités par exemple) ;
) d'analyser la gestion de l'argent et de la force de travail
;
) d'analyser le fonctionnement quotidien (calendrier de
travail, périodicité des réunions, système de
rendre compte aux membres de l'organisation, les principes de démocratie
dans le groupement) ; et
) après une étude sommaire faite de toutes les
OP recensées, une étude approfondie sur une OP choisie selon
certains critères qu'on s'est défini. Ensuite, nous nous
pencherons sur l'analyse des relations des structures d'interventions avec les
OP du monde rural, les méthodes d'intervention utilisées par ces
structures (approches de vulgarisation) et leurs conséquences sur
l'évolution des groupements.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
METHODOLOGIE
L'objectif du stage MAIR est d'étudier les OP. Pour
atteindre cet objectif, le travail sur le terrain a été
précédé d'une séance de préparation en
salle. Cette séance a eu lieu les 27 et 28 février 2007 dans les
locaux de la FSA et a été animée par les professeurs :
Bernard AHAMIDE, Léonard AHOTON, Moutaïrou EGOUNLETY, Marcel SENOU
et Elisabeth ZANNOU. Elle nous a permis de mieux cerner les objectifs du stage
et les données à collecter sur le terrain. Nous avons
été ensuite répartis en groupe de quatre (4) ou cinq (5)
étudiants dans douze (12) villages des communes d'Allada, de Toffo et de
Zê.
C'est ainsi que dès le 1er mars 2007, nous
nous sommes retrouvés dans le village de Hinvi-Dovo dans la commune
d'Allada. Dès notre arrivée, nous avions été
installés avec l'aide de Mlle Ernestine AGOSSOU, un agent du
CeCPA. Nous nous sommes ensuite rapprochés des autorités locales
pour leur présenter les raisons de notre présence dans le
village. Nous avons profité de la soirée pour nous familiariser
avec le guide de stage et pour élaborer un guide d'entretien pour la
première étape du travail qui est la présentation du
village. Les discussions menées à ce sujet ont eu lieu avec les
notables et certaines personnes ressources du village telles que les
instituteurs. Ces discussions nous ont permis alors d'amorcer le recensement et
l'étude sommaire des Organisations Paysannes de Hinvi-Dovo. Ceci
constituait la deuxième étape du travail. Pour y arriver il nous
a fallu nous constituer en deux (02) sous groupes de deux (02) et trois (03)
étudiants et élaborer un nouveau questionnaire. Ainsi, chaque
sous groupe se dirigeait vers les OP préalablement identifiées
pour les recenser.
Le 06 mars 2007, nous avons reçu la visite des agents
du CeCPA Allada. Nous leur avons exposé nos problèmes concernant
la pose des carrés de densité et de rendement et certaines
informations relatives aux caractéristiques physiques du milieu. Il a
donc été prévu deux (02) séances de travail avec le
CPV et le TSOPL. Mais elles n'ont eu lieu que les 15 et 16 mars 2007.
Le 13 mars 2007, nous avons reçu la visite de nos
enseignants. Cette visite nous a
permis de corriger certaines erreurs et de pouvoir bien organiser
la troisième étape du travail.
i) Cette étape consiste à faire l'étude
approfondie d'une OP choisie sur la base de certains critères bien
définis. Notre choix s'est donc porté sur le groupement TOGBEYA.
Pour y arriver, nous avions opté pour un entretien semi structuré
avec son président et les autres membres, et ce sur la base du guide
d'entretien en annexe 01. Ainsi nous avons pu recueillir des informations sur
sa gestion, ses activités, ses problèmes ainsi que sur les
relations qu'il entretient avec les structures d'intervention. Notre cheval de
bataille tout au long de ce stage a été le respect de la
programmation des activités et la mise en commun des données
chaque soir.
Nous avons toutefois été confrontés
à des difficultés sur le terrain. Elles peuvent se regrouper en
deux points essentiels :
) l'indisponibilité des paysans occupés par les
travaux champêtres. Il nous a donc fallu plusieurs fois leur rendre
visite tôt le matin ou tard le soir ; et
) la réticence de certains à livrer des
informations. Dans ces circonstances nous nous rapprochions d'autres personnes
plus disposées à nous aider.
Le travail sur le terrain a pris fin le 24 mars 2007. Pour
améliorer la qualité du travail, nous avons
bénéficié d'une séance d'exploitation des
données le vendredi 30 mars 2007. Les différents conseils
prodigués par les superviseurs nous ont permis d'aboutir à ce
rapport. Ce rapport n'est toutefois pas parfait et se prêterait à
des suggestions en vue de son amélioration.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
1. Présentation du village
1.1. Historique
Hinvi Dovo est un village fon du sud Bénin. Son
histoire remonterait au début du XVIIIème
siècle.
Les premières populations à occuper l'actuel
emplacement de Hinvi Dovo seraient des agriculteurs venus de
l'Ouémé en quête de terres fertiles. Ceux-ci ont
été rejoints plus tard par les populations Adja sous la direction
de Ahossou HLIN. Ces derniers seraient réputés non seulement pour
leur prouesse guerrière mais également pour leur maîtrise
des forces occultes. Ils donnèrent alors au nouveau village le nom de
«Kablougou» à cause du «kâ» (calebasse)
fréquent dans la zone. Le dynamisme et la force du roi Ahossou HLIN ont
conféré à «Kablougou» une
notoriété et une réputation régionale qui n'a pas
manqué d'arriver aux oreilles d'AGADJA, roi d'Abomey.
Le royaume d'Abomey organisa alors vers 1725 une
expédition militaire contre «Kablougou». La plupart des
autochtones s'enfuient donc vers les villages avoisinants. La victoire
aboméenne ouvrit la voie à une vague de déplacement des
fons vers le village de «Kablougou». «Kablougou» devint
dès lors un point de transit important dans l'acheminement des esclaves
d'Abomey vers la côte de Ouidah.
En 1727, alors que le royaume d'Abomey était en pleine
préparation pour conquérir Savi, l'état de santé
d'un prince ne cessa de s'empirer. AGADJA décida alors de partir au
combat avec ce fils auquel il tenait beaucoup. Mais un probable
décès du prince risquant de jeter la confusion et le
découragement dans le rang de ses soldats, arrivé à
hauteur de «Kablougou», le roi AGADJA décida alors de le
confier à une vieille dame du nom de DEGUENON Vidégni. Il lui
donna même l'ordre de l'enterrer au cas où il
décèderait.
La vieille Vidégni se refusant de voir mourir un prince
entre ses mains fit appel à ses connaissances en tisanes. Quelle ne fut
alors la stupéfaction du roi quand il revit son fils sur pied. Le roi
bénit alors le village en ces termes : « mi non hin vi nou vi non
do do vovo mè >> ce qui signifie en fon « vous savez prendre
soin des enfants d'autrui même dans vos concessions en terre battue
>> d'où le nouveau nom : «Hinvi Dovo».
Il est à noter néanmoins que ce nom
désignait en ce temps toute la commune actuelle de Hinvi. Il faudra
attendre vers 1730 pour voir Hinvi Dovo dans sa configuration actuelle. En
cette année Agadja confia la direction du village au chasseur KLAKLO en
l'occurrence pour faire régner la paix sur son territoire.
Avant sa mort, KLAKLO prit le soin de partager son petit
royaume à ses quatre fils. Ainsi naissait les quatre arrondissements de
Hinvi dont Dovo.
1.2. Situation géographique du village de
Hinvi Dovo
Hinvi est un arrondissement de la commune d'Allada dans le
département de l'Atlantique. Il comporte quatre(04) villages et à
chacun d'eux est annexée une agglomération. Ainsi, on distingue
d'Est en Ouest :
) le village de Hinvi Tanga avec l'agglomération de TODO
;
) le village de Hinvi Dovo avec l'agglomération de
AYIMINVO ;
) le village de Hinvi Aligoudo avec l'agglomération de
BOSSA ; et
) le village de Hinvi Zoungbomey avec l'agglomération de
ADJAKPATA.
De tous ces villages, celui soumis à notre étude
est Hinvi Dovo. Il est situé à douze kilomètres (12 km) au
nord du centre ville d'Allada et à soixante huit kilomètres (68
km) au nord de Cotonou. Limité au Nord par le village de
Koudjanakô dans l'arrondissement de Houègbo, au Sud par le village
de Assihoué dans l'arrondissement d'Attogon, à l'Est par le
village de Hinvi Tanga dans l'arrondissement de Hinvi et à l'Ouest par
le village de Hinvi
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
Aligoudo dans l'arrondissement de Hinvi, le village de Hinvi
Dovo comporte six (06) quartiers Amikpémihouè ; Bossouhouè
; Fofohouè ; Noubatohouè ; Gonhossa ; et
Houèdjohouè
1.3. Traits physiques et humains
1.3.1. Traits physiques de Hinvi Dovo
Le village de Hinvi Dovo est situé sur le plateau d'Allada
et présente un relief très peu accidenté avec une
légère pente à la sortie Nord du village.
Les concessions rencontrées dans le village sont de deux
(02) types. On a :
) des cases de forme rectangulaire construites en terre battue,
crépies ou non, et recouvertes de tôles ; et
) des concessions construites en briques et en matériaux
définitifs.
Les sols de Hinvi Dovo sont de deux (02) types. On a des sols
:
) roux argileux ; et
) rouges argilo sableux à friabilité plus
grande.
Hinvi Dovo est caractérisé par l'alternance de
deux (02) saisons pluvieuses et deux (02) saisons sèches. Le climat est
donc de type subéquatorial (Plan de Développement Communal
d'Allada, 2005). Elles se répartissent comme suit :
les deux saisons pluvieuses :
) une grande saison de mi mars à juin et ;
) une petite saison de septembre à novembre.
les deux saisons sèches :
) une de juillet à septembre et ;
) une de novembre à mars.
Mais selon les dires des paysans, on a :
deux saisons pluvieuse qui s'étendent de :
) avril à août pour la grande saison pluvieuse
appelée `Houédji' ;
) septembre à novembre pour la petite appelée
`Zodji' et;
deux saisons sèches qui s'étendent de :
) mi novembre à février pour la grande saison
sèche appelée `Aloun' et
) la petite saison sèche qui ne dure que le mois
d'août `Aloun' et est marquée par une période de grande
fraîcheur sans pluie.
La végétation est quant à elle arbustive
et parsemée de quelques essences forestières telles que :
l'acacia (Acacia auriculoformis), l'iroko (Milicia excelsa).
On y rencontre en plus de ces essences forestières des plantations de
palmier à huile (Elaeis guinensis) et certains agrumes
(Citrus sp.).
La pluviométrie moyenne annuelle varie entre 800mm et
1000mm. Cette diminution de la pluviométrie s'expliquerait par deux (02)
raisons :
) des raisons cultuelles : l'abandon des pratiques religieuses
ancestrales au profit des
religions importées et l'arrêt intempestif des
pluies par des méthodes traditionnelles ; ) des raisons scientifiques
: la déforestation sans reboisement systématique due au
manque de terres pour pratiquer l'agriculture.
1.3.2. Traits humains de Hinvi Dovo
D'après le recensement général de la
population et de l'habitat en 2002 (RGPH 2002), la population de Hinvi Dovo est
évaluée à environ 1255 habitants. Hinvi Dovo compte
environ 608 hommes et 647 femmes répartis en 367 ménages, dont
173 ménages agricoles avec une population de 659 habitants, soit 52,51%
de sa population totale.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
Les ethnies rencontrées sont les Fons qui sont
majoritairement représentés et les Adja. Les Aïzo
rencontrés seraient présents à Hinvi Dovo en tant
qu'ouvriers agricoles ou bien par alliance.
Les religions pratiquées sont entre autres :
) l'Animisme avec les divinités Goun, Sakpata,
Xêviosso, Dan, Lêgba, Tolêgba....
) le Christianisme avec plusieurs de ses démembrements
comme le Catholicisme, le
Christianisme Céleste, les Témoins de
Jéhovah et l'Union Renaissance d'Homme en
Christ.
Il est à noter que l'Islam n'est pas pratiqué par
les populations de Hinvi Dovo.
La gestion administrative du village de Hinvi Dovo est
assurée par un chef de village qui répond au nom de Mr. Innocent
AHOGAN. Il faut noter également la présence d'un roi. Il s'agit
de Dah KPODO ALI de Hinvi ; il est le chef du culte traditionnel et il a le
devoir de veiller au bien être de tous les habitants de Hinvi.
2. Etude sommaire des organisations paysannes
recensées
2.1. Présentation et description des
organisations paysannes
Pour vaincre la misère, les habitants du village de
Hinvi Dovo ont compris qu'ils doivent s'unir. Pour ce faire, ils se sont
réunis en des groupements. D'un groupement de quatre(04) ou cinq(05)
membres à une organisation d'au moins sept(07) membres, les OP ont
commencé par émerger à Hinvi Dovo depuis 1992. De nos
jours, elles sont monnaies courantes dans le village mais la plupart d'entre
elles n'est plus fonctionnelle.
2.1.1. Présentation des organisations
paysannes
D'après notre recensement, le village de Hinvi Dovo
compte vingt (20) organisations paysannes dont treize (13) formelles reconnues
par le CeCPA (ex CARDER). On y retrouve aussi bien des groupements
féminins et masculins que des groupements mixtes. Les résultats
de ce recensement sont inscrits dans les tableaux en annexe 02 et en annexe
03.
2.1.2. Inventaire des OP
On distingue les organisations paysannes formelles et les
organisations paysannes informelles.
Les organisations paysannes formelles
Les organisations paysannes sont dites formelles lorsqu'elles
sont déclarées au niveau du CeRPA ou du CeCPA. Dès lors,
elles disposent d'un numéro d'enregistrement, de documents de gestion
(cahier de charge) et de textes (règlement intérieur et
statut).
Au nombre de treize (13) recensées, les OP formelles
représentent 65% des groupements recensées ; avec 07 groupements
de femmes (GF), 05 groupement mixtes et un seul groupement d'hommes (GH) soient
respectivement 53,85%, 38,46% et 07,69% des OP formelles recensées. Ces
OP sont : Yémanlin, Vancan, Missogbéha, Aïdonouwou,
Aïmonnou, Minandjangodo, Togbéya, Minangan, Enangnon ,
Aïdokpo, Tonangnon, Gbèdolé et CAVECA.
Les organisations paysannes informelles
Par opposition aux OP formelles, les OP informelles ne disposent
pas de textes (règlement intérieur et statut) et ne sont pas
enregistrées donc sont sans numéro
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
d'enregistrement. Elles sont au nombre de six (06) soit 30%
des OP recensées dans le village avec trois (03) groupements d'hommes et
trois (03) groupements mixtes. Il n'existe pas de groupement féminin
informel.
Au nombre des OP informelles on peut citer : GH
Kossilatè, le GM Jésu kpéhou, le groupe folklorique de
DANMANDOU Pénin, le GH Kouvito, le GH Oro et le groupe de tontine
OGBE.
Notons que le groupement folklorique et artistique les
`Génies' ou `Aziza' de Hinvi présente une particularité.
Il dispose de textes : statut et règlement intérieur de documents
de gestion mais il n'est pas enregistré au CeCPA et ne dispose donc pas
d'un numéro d'enregistrement.
2.2. Caractérisation des organisations
paysannes
Nous distinguons dans les tableaux en annexe 02 et en annexe
03 deux grands groupes d'organisations paysannes : les formelles et les
informelles. Elles comprennent non seulement des groupements d'hommes et des
groupements féminins mais aussi des groupements mixtes. On entend par
:
) groupement d'hommes (GH), un groupement constitué
uniquement d'hommes ;
) groupement féminin (GF), un groupement
constitué uniquement de femmes. Mais il est courant de remarquer, dans
de pareils groupements, la présence d'au moins un homme le plus souvent
lettré comme trésorier ou secrétaire (cas des GF
Minandjangodo, Aïdokpo et Missogbéha...). Les tâches trop
pénibles pour les femmes leur incombent également (c'est surtout
le cas du GF Vancan) ;
) groupement mixte (GM) un groupement constitué aussi
bien d'hommes que de femmes, jouissant tous des mêmes
prérogatives.
Au nombre des OP recensées, on dénombre huit
(08) groupements féminins, quatre (04) groupements d'hommes et huit (08)
groupements mixtes soient respectivement 40%, 20% et 40% des organisations
paysannes recensées dans le village.
Dans ces OP, les effectifs varient entre sept (07) et trente
cinq (35) membres à l'exception de la CAVECA qui compte quant à
elle plus de 1825 membres.
La plus vieille OP existe depuis 1983 ; il s'agit du groupe
folklorique de zinli de DANMANDOU Pénin, alors que les plus
récentes ont été créées en 2004 ; il s'agit
des GF Vancan et Aïmonnou.
Tous les groupements ont été créés
pour bénéficier de l'assistance et des aides par certaines
associations ou ONG comme le SCERAPIP qui distribuait des vivres PAM uniquement
aux groupements. Outre cela, les autres raisons expliquant la formation des
groupements à Hinvi Dovo sont : la réduction de la
pauvreté, l'épanouissement de chaque membre et le
développement du village.
Avoir une bonne moralité et jouir d'une bonne
réputation dans le village constituent les conditions primordiales
d'adhésion à un groupement. A cela s'ajoute :
) la part sociale qui est la participation de chaque membre
à la constitution du capital social ou capital de départ du
groupement. En fonction des activités menées, elle varie d'un
groupement à l'autre entre mille francs cfa (1000 frcs cfa) et cinq
mille francs cfa (5000 frcs cfa). Son paiement peut être
échelonné ;
) les droits d'adhésion se résument aux frais
d'inscription d'un nouveau membre à un groupement. Selon les
groupements, son montant varie entre cinq cent francs cfa (500 frcs cfa) et
cinq mille francs cfa (5000 frcs cfa). En plus d'être en espèce,
ils peuvent également être en nature, c'est le cas du groupe
folklorique de `'Zinli» de Danmandou Pénin et des `Génies'
ou `Aziza' qui exigent les deux(02) formes.
) Plusieurs groupements exigent le payement du cumul des
cotisations antérieures à tout candidat à leur
adhésion.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
Il faut également noter qu'une demande
d'adhésion doit être adressée au président du
groupement et que le nouvel adhérent doit résider dans
l'arrondissement de Hinvi.
Dans la plupart des groupements des cotisations sont
instituées et leurs coûts varient de vingt cinq francs cfa (25
frcs cfa) à cent francs cfa (100 frcs cfa) par semaine. Le coût
des cotisations est aussi faible pour permettre à chaque membre de
pouvoir les payer facilement. Il faut noter que dans le GF Yémanlin, la
cotisation est fixée en fonction de ses recettes entre deux cent francs
cfa (200 frcs cfa) et six cent francs cfa (600 frcs cfa) à payer tous
les cinq jours par chaque membre. Il faut noter que les cotisations sont
absentes dans certaines OP (cas du GH Togbèya, GF Aïdokpo et du GM
Minangan) et occasionnelles dans d'autres ; c'est le cas par exemple de l'OP
Kossilatè où elles ne sont fixées qu'en cas de besoin.
Les relations entre OP se limitent exclusivement à des
relations d'entraide (échanges de connaissances et de conseils) et des
échanges commerciaux informels. Cette entraide entre OP avait conduit
à la création d'une association de neuf (09) groupements des
différents villages de Hinvi qui prit le nom de Houénoussou. Ce
groupement était le point de rencontre des différentes OP du
village. Il était également médiateur pour résoudre
les différends entre OP et se chargeait de trouver des financements aux
OP en les mettant en contact avec les structures d'intervention. C'est le cas
de la Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérés
(CAVECA) sous l'impulsion du CBDIBA. Tous ses membres ont contribué
à l'élaboration de son capital social grâce à des
cotisations. Il faut toutefois noter qu'aujourd'hui Houénoussou n'existe
plus; cela est dû au non fonctionnement de bon nombre d'OP le
constituant.
Les organisations paysannes suivent des formations qui sont
données par certaines structures d'intervention comme le CeCPA (ex
CARDER) et le CBDIBA. Ces formations visent à aider les OP à :
) mieux organiser leurs activités et se prendre en charge
; et
) adopter les innovations et les nouvelles techniques surtout
dans le domaine agricole
afin d'améliorer leurs conditions de travail et pour
l'obtention d'un bon rendement.
Le CeRPA intervient également au cours de
l'Assemblée Générale Constitutive (AGC) par
l'intermédiaire de son Technicien Spécialisé en
Organisation et en Planification Locale (TSOPL). Le TSOPL entretient les
paysans sur les étapes à franchir dans la création d'une
OP et les aide à élaborer les textes ainsi qu'à la mise
sur pied effective du groupement au cours de l'Assemblée
Générale Constitutive (AGC). Le CeRPA organise aussi des
formations qui ne visent pas spécifiquement les groupements mais
l'ensemble des paysans.
Contrairement au CeRPA, le Centre Béninois pour le
Développement des Initiatives à la Base (CBDIBA) assiste surtout
les groupements et ce à leur création et pendant leur vie
à travers leurs activités.
En dehors du CECPA et du CBDIBA, plusieurs ONG interviennent
dans le village. On peut citer : CERAPIP, MAIS, FEPTM, Amis du Monde,
Vidolé, OPESVAT, CLCAM et CAVECA.
3. Etude approfondie de l'OP TOGBEYA
Après étude sommaire des différentes
organisations paysannes inventoriées, le groupement TOGBEYA a
été retenu pour une étude approfondie en fonction des
critères suivants :
) la pertinence des activités menées et des
objectifs visés ;
) l'existence de relations avec l'extérieur ;
) le respect du principe d'égalité et du jeu
démocratique entre tous les membres de OP et
) la disponibilité des membres à nous fournir des
informations.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
3.1. Historique, objectifs et activités de
l'OP
« Ensemble, on peut toujours mieux faire ». C'est
dans cette optique que DAH FONTON Anagonou a eu l'idée de la
création du groupement TOGBEYA en 1993. Il en parla à trois (03)
agriculteurs : TODO Mathias, AZADJI Lazare, LOSSOTINDE Cyprien. Sur avis
motivé de ceux-ci, ils décidèrent ensemble de créer
le groupement TOGBEYA. A ceux-ci s'ajoutèrent cinq (05) autres membres,
portant ainsi l'effectif de départ à neuf (09) membres, tous des
hommes. Le CeCPA est également intervenu dans la formation du groupement
lors de l'Assemblée Générale Constitutive (AGC) au cours
de laquelle les membres du conseil administratif (CA) ont été
élus. L'agent du CeCPA, le Technicien Spécialisé en
Organisation et Planification Locale (TSOPL), les avait aidés à
élaborer le règlement intérieur et le statut ainsi
qu'à constituer une part sociale de cinq mille francs cfa (5000frcs cfa)
par membre. L'OP TOGBEYA a été enregistrée au CECPA sous
le numéro 020201068, le 05 janvier 1996.
Les objectifs visés par ce groupement se résument
en deux (2) points :
) se mettre ensemble pour mieux produire ; et
) l'épanouissement de chaque membre et le
développement de la communauté. L'OP TOGBEYA pratique les
activités suivantes :
) l'agriculture, avec la culture du maïs, manioc,
niébé ;
) l'élevage de porcins, de caprins et de volailles ; et
) la transformation du vin de palme en sodabi.
3.2. Evolution du groupement
L'effectif de TOGBEYA n'a pas été statique dans
le temps. A sa création, TOGBEYA comptait neuf (09) membres uniquement
de sexe masculin à cause de la difficulté des activités du
groupement. Mais l'effectif actuel du groupement est de huit (08) membres. Ces
chiffres ne traduisent pas bien les différentes évolutions qu'a
connu le groupement jusqu'à cette date. Le groupement TOGBEYA a en effet
connu beaucoup de sorties et d'entrées.
Au nombre des entrées, citons celles de : DAH FONTON
Saturnin, AZADJI Julien, AZADJI Evariste, AZADJI Fulbert.
Au nombre des sorties :
) AZADJI Evariste et AZADJI Fulbert pour cause de mauvais
comportement ) AHOUANLOKONON Honoré pour faux et usage de faux
) LOGLA Jacob et AZADJI Julien pour décès .
Ainsi, dès 1996, voyant la prospérité du
groupement auquel appartenait son fils, monsieur AZADJI Julien, (Père
d'AZADJI Lazare), décida de les rejoindre dans leurs activités.
Il fut accompagné de deux (02) de ses neveux : Fulbert et Evariste. Mais
ces entrées furent de très courte durée car dès
1998, le bureau du groupement décida de mettre à la porte Fulbert
et Evariste pour cause de mauvaise conduite et de non respect des règles
sur l'organisation des activités. Mécontent de cette
décision, monsieur AZADJI Julien se retira peu à peu du
groupement, mais ne s'en sépara pas pour autant totalement. Il mourut
quelques années plus tard en 1999.
En 2000, l'effectif du groupement fut de nouveau
réduit, après l'exclusion de monsieur AHOUANLOKONON Honoré
pour malversations financières. En effet, ce dernier n'a pas voulu
rembourser un prêt que le groupement lui avait accordé. Mais
l'année suivante, Monsieur DAH FONTON Saturnin fut accepté dans
le groupement après avoir rempli toutes les conditions
d'adhésion.
Le dernier évènement qui affectera l'effectif de
TOGBEYA survint en 2006 avec le décès de LOGLA Jacob. C'est
depuis cette date que l'effectif du groupement s'est stabilisé à
huit (08). Les membres ne pensent d'ailleurs pas que l'intégration de
nouveaux membres pourrait
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
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avancer à quelque chose. En fait, on ne saurait envisager
cela maintenant que les activités ne vont plus aussi bien.
3.3. Organisation du groupement
3.3.1. Organisation administrative
Suivant les textes du groupement, l'OP TOGBEYA serait
dirigée par trois instances :
l'Assemblée Générale
C'est l'organe suprême du groupement. Elle se
réunit une fois par an et ceci, en fin d'exercice social. Elle statue
sur le fonctionnement du groupement, fait le bilan des activités de
l'année écoulée et donne le programme d'action à
suivre pour l'année à venir. Elle décide également
du renouvellement des membres du bureau. De cette instance découle
l'AGC, l'AGO et l'AGE.
) L'AGC
C'est la première assemblée au cours de laquelle le
bureau exécutif du groupement a été mis sur pied. La
présence du TSOPL fut indispensable.
) L'AGO
Elle est source de toute autorité et de tout pouvoir et
devrait se réunir une fois par an. Elle réunit en son sein tous
les membres du groupement.
) L'AGE
Elle n'intervient qu'en cas d'urgence. Elle dénonce les
malversations, le mauvais comportement d'un membre et donne les nouvelles
résolutions à prendre. Elle peut être convoquée par
n'importe quel membre du groupement.
Le Conseil d'Administration
Il est composé de trois (03) membres et siège
par quinzaine. Il rend compte de son travail à l'AGO qui, après
analyse, l'adopte, le rectifie ou le rejette. Il est élu pour un mandat
de trois ans renouvelable une seule fois en AG. La liste des membres du CA se
trouve résumée dans l'annexe 05.
L'organe de contrôle
Il comprend deux commissaires aux comptes élus en AG. Ces
membres n'appartiennent pas au groupement. Leur rôle est de
vérifier la gestion des membres du CA.
La remarque faite lors de l'étude est que les textes ne
sont pas respectés comme cela se doit. Depuis l'AGC, le CA n'a plus
été renouvelé jusqu'à ce jour. La raison
émise pour justifier le fait est que ses membres n'ont pas encore
failli. Notons qu'il n'existe pas de sanctions qui soient réellement
applicables.
3.3.2. Organisation des activités
Comme nous l'avons énoncé plus haut, le groupement
s'occupe de la production animale et végétale et de la
transformation.
La production végétale
Elle concerne surtout la production du maïs, du manioc et
du niébé. Au démarrage des activités, étant
sans terre, le groupement a dû louer 2 hectares de terres cultivables
pour une durée de 2 ans renouvelable (selon les termes du contrat de
location). Pendant la campagne 1993-1994, le groupement a pratiqué
l'association maïs + manioc sur tout le domaine. Mais
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Mars 2007
dès la campagne 1994-1995, le groupement a morcelé
le terrain en autant de cultures à faire. Ainsi, le terrain a
été utilisé jusqu'à ce qu'il montre des signes de
carence.
Il est à noter que compte tenu de sa place dans
l'alimentation de base, le maïs est cultivé à chaque cycle.
Seules les variétés locales sont cultivées.
Les rendements obtenus sont :
) manioc : 4,5 tonnes environs ;
) maïs : 2 bassines (50 Kg) par kanti (environ 400
m2) soit 2500 kg (2,5 ha) à l'hectare ; et
) niébé : 1/2 bassine par kanti soit 625 kg (0,625
ha) à l'hectare.
Notons ici que les produits de la récolte sont vendus dans
le marché de Houègbo ou à domicile.
Production animale
C'est l'activité de démarrage du groupement. Les
espèces élevées sont les porcins, la volaille et les
caprins. L'OP disposait de 10 têtes de porcins et de 10 têtes de
caprins. Quant à la volaille, ils n'avaient pas pris le soin de la
dénombrer. Actuellement, l'OP ne dispose plus de porcins. Cela serait
dû au ravage causé par l'épizootie de la peste porcine ces
dernières années. Quant aux caprins, ils sont cédés
à des tierces personnes pour s'investir dans l'agriculture. Le
groupement ne dispose actuellement que de la volaille.
Les transformations
Elles concernent essentiellement la transformation du vin de
palme en sodabi. L'OP ne disposant pas de plants de palmiers, elle les achetait
pour la production. Le prix d'un plant varie suivant son âge et la
grosseur de son tronc. Dans tous les cas, il varie entre mille (1000) francs
CFA et deux mille (2000) francs CFA.
Aucun membre du groupement n'intervient dans l'abattage des
plants. Le coût de la maind'oeuvre employée varie entre 300 francs
CFA et 500 francs CFA par pied de palmier abattu. Après l'abattage, les
travaux sont répartis entre les membres du groupement qui les
exécutent jusqu'à la prochaine saison culturale. Le sodabi obtenu
est stocké à la maison. Le groupement ne vend ses productions
qu'à partir du mois de mars. La raison évoquée est qu'ils
attendent la période de la grande saison des pluies où l'on note
l'augmentation du prix du sodabi. Pendant cette période, le prix de la
vente peut atteindre 500 francs CFA le litre. Les produits sont vendus au
marché ou sur place dans le village.
Le groupement utilisait l'usine de production du
président pour la fabrication du sodabi. Quant au reste du
matériel de travail le groupement dispose de : barils de 200 litres, de
jarres et de bidons de 50 litres etc. L'essentiel des équipements du
groupement se trouve résumé en annexe 06
Nous avons pu assister à une séance de
transformation du vin de palme en sodabi. Cela nous a permis de comprendre le
processus de fabrication du sodabi qui est résumé dans le
diagramme en annexe 07.
3.3.3. La gestion financière
Le capital de départ du groupement a été
constitué par les parts sociales (5000 francs CFA/membre) et les droits
d'adhésion (2000 francs CFA /membre) des différents membres.
Les textes prévoient que le point de la gestion
financière se fasse chaque année en Assemblée
Générale Ordinaire (AGO). Cette AGO doit avoir lieu à la
fin de la commercialisation des produits agricoles. Les fonds ainsi
récoltés seraient répartis comme suit :
) la moitié de la somme est déposée en
épargne ;
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Mars 2007
) le quart est mis dans la caisse du groupement pour
préparer le cycle de production suivant et pour remplacer les
matériels défaillants ;
) le dernier quart sert à organiser une fête de fin
d'année et son reste est distribué de manière
équitable entre les membres du groupement.
C'est l'AGO qui décide de la somme à allouer
à chaque activité pour l'année suivante. Les
épargnes, au début, se faisaient au niveau de la CLCAM sous le
numéro 2121366. Mais à partir du 10 mai 1996, le groupement a
préféré mettre ses fonds au niveau de la CAVECA. Le taux
d'intérêt ici est de l'ordre de 06% et donc largement
supérieur à celui de la CLCAM qui était de 03%. Mais le
compte de la CLCAM n'a pas pour autant été fermé. Mais il
n'a plus été touché depuis plusieurs années. Par
contre, à la CAVECA, le groupement possède encore plus de
quarante (40.000) mille francs CFA.
Le groupement TOGBEYA a bénéficié de deux
crédits depuis sa création :
) le premier, auprès de la CLCAM, a servi à
augmenter le cheptel pour l'élevage. Nous n'avons pas pu connaître
le montant de cette somme, mais aux dires des membres, cette dette a
déjà été remboursée ;
) le second prêt a été accordé par
le PNUD. Il s'est fait par l'intermédiaire de M. DJOGBENOU. Ce fonds a
été partagé entre les membres. Mais au remboursement,
certains n'étaient plus en mesure de s'acquitter de leurs dettes. Il a
donc fallu que le groupement puise dans ses propres ressources pour payer cette
dette qui était de deux cent mille francs CFA (200.000 francs CFA)
Nous n'avons pas pu avoir accès aux documents du compte
du groupement, ni aux cahiers de charges. Le seul document qu'on nous
présente est la fiche de compte du groupement auprès de la
CAVECA. Celle-ci nous permet de dire que TOGBEYA dispose encore d'une somme de
quarante (40.000) francs CFA à la CAVECA. Selon plusieurs membres, la
caisse du groupement est complètement vide. En effet, sept (07) membres
sur les (09) que comptait le groupement avaient consenti des prêts dans
la caisse du groupement. Ceux-ci n'ayant pas remboursé, les deux (02)
autres membres restant ont décidé de faire pareil en se
partageant le reste de l'argent se trouvant dans la caisse du groupement.
L'objectif actuel du groupement est la redynamisation de ses
activités. Mais un cruel besoin de financement se fait sentir.
3.4. Relations de l'OP TOGBEYA
3.4.1. Relations entre membres de l'OP
Mis à part les relations familiales et amicales qui
existent entre les membres du groupement, elles se résument à
l'assistance morale, financière et à l'entraide. En fait tout
membre malade bénéficie d'une aide financière dont le
montant ou la valeur est fonction de la gravité de la maladie. Il en est
de même pour tout membre du groupement ayant perdu un parent. A cet effet
le groupement, compte tenu de sa situation financière, peut se procurer
un uniforme pour l'occasion. Notons que pour ces cas cet argent est
prélevé dans la caisse et est généralement non
remboursable. Au besoin, les membres du groupement peuvent susciter un
prêt au près du groupement. Et le remboursement de ce prêt
se fait avec un taux d'intérêt de 5%.
Pour les membres dont l'état de santé ne leur
permet pas d'accomplir leur part de travail au sein du groupement, ce dernier
prévoit des alternatives :
) soit ils diffèrent leur date de travail
) soit ils se font remplacer par un autre membre dont ils
prendront le tour dans la programmation.
Dans n'importe lequel des cas, le travail doit être
accompli avant la séance suivante.
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Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
Les relations familiales et amicales existant dans le groupement
se traduisent également par l'entraide dans les travaux champêtres
individuels.
Mais notons qu'à cause de la mauvaise gestion et du non
remboursement des prêts, les relations entre les membres de TOGBEYA sont
actuellement très tendues.
3.4.2. Relation avec les autres OP
Le groupement TOGBEYA ne vit pas en autarcie. Il entretient en
effet des relations avec les groupements de Hinvi Dovo. On peut notamment
parler du commerce de produits agricoles. Ce commerce ne se fait pas sur la
base d'un contrat. Ainsi TOGBEYA livre parfois du manioc au groupement de
production de gari et de tapioca, tels que : GBEDOLE, VANKAN.
Le groupement bénéficie aussi de nombreux
privilèges du fait de la notoriété de son président
; celui-ci assiste à de nombreuses formations. Il sert ensuite d'agent
de vulgarisation des innovations dans le village en général et
auprès des autres groupements en particulier.
Un autre aspect des relations qu'entretienne TOGBEYA et autres
OP du village est l'échange des connaissances et conseils. En effet cet
échange se fait par le biais du groupement HOUENOUSSOU qui en fait
regroupait tous les représentants de tous les groupements de Hinvi Dovo
et s'occupe de la défense des intérêts de ces derniers.
Signalons enfin qu'à ce jour TOGBEYA n'entretient aucune
relation avec les OP des autres villages.
3.4.3. Relations avec les structures
d'intervention
CERAPIP
Il s'agit d'une ONG, dirigée par Mr GNANCADJA, qui
distribuait dans le village et ses environs des vivres PAM. Son intervention
date de 1993 et ne concerne pas uniquement le groupement TOGBEYA. En effet, Mme
ATCHEFFON Victoire, présidente de Houénoussou, est celle qui a
permit aux groupements de Hinvi-Dovo de bénéficier de cette
intervention. Au cours d'une de ses visites à Cotonou, elle est
rentrée en contact avec une cousine à Mr GNACADJA. Cette
dernière qui résidait dans un village d'Allada non loin de Hinvi
(Ayou) incita alors le CERAPIP à intervenir à Hinvi vu que la
plupart des groupements qui s'y trouvaient s'étaient formalisés.
L'aide du CERAPIP a consisté en des dons de produits alimentaires (riz,
niébé, huile), essentiellement destinés à la
consommation. Aux dires des populations même le niébé ne
pouvait être planté car était de variété
inconnue. Les partages se faisaient de manière équitable par
groupement. En marge de ces activités, le CERAPIP organisait de temps
à autres des formations sur la gestion des groupements. Mais il est
clair que si les populations assistaient à celles-ci, ce
n'étaient que parce qu'elles attendaient les vivres en retour.
L'intervention du CERAPIP n'a été que de courte durée
(1993-1996) et beaucoup de villageois ne la considèrent que comme un
simple souvenir comme ils le disent : « Ils ne nous ont donné que
du poisson au lieu de nous apprendre à pêcher ».
CeRPA
C'est la seule structure d'intervention gouvernementale. Elle
assiste les groupements dès leur création. En effet le TSOPL
agent du CeRPA, procède à la mise sur pieds des groupements. Au
cours de cette Assemblée Générale constitutive, il
prodigue des conseils sur la bonne gestion du groupement et aide les membres du
groupement à installer leur bureau.
En ce qui concerne le groupement TOGBEYA, cette AGC a eu lieu
le 17 Avril 1993. Ensuite, le CeRPA a confié à un de ses agents
la responsabilité de suivre ce groupement dans ses activités.
Mais aux dires des membres du groupement, cet agent ne leur a été
d'aucun profit car aucune des séances qu'ils avaient prévues de
commun accord ne s'est tenue. Nous
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
n'avons donc pas pu suivre une séance de travail
organisée par le CeRPA à l'endroit du GH TOGBEYA.
Mais l'appartenance du président du GH TOGBEYA au noyau
d'expérimentation des innovations du CeRPA, nous a permis de suivre une
réunion dirigée par le Conseiller en Production
Végétale (CPV). Cette réunion nous a permis de voir les
techniques de vulgarisation que le CeRPA utilise au cours de ses séances
de travail. Une étude plus approfondie en a été faite en
annexe 10.
PNUD
Son intervention remonte en 1996. Elle a
nécessité l'aide d'une interface en la personne de Mr DJOGBENOU
Paul. Ce dernier, ressortissant de Hinvi Dovo était à la
tête d'une ONG à Cotonou. Il se serait alors servi de ce statut
pour trouver des financements et des structures d'intervention pour le
groupement de sa soeur à Hinvi Dovo. C'est ainsi que, sur la demande des
autres groupements du village, il élargit cette aide. C'est de cette
façon que les groupements de Hinvi Dovo ont pu bénéficier
de l'intervention du PNUD.
L'intervention du PNUD a consisté en une formation sur
la gestion du groupement assortie d'une aide financière d'à peu
près 200000 francs CFA. TOGBEYA à l'instar des autres groupements
a donc bénéficié de cette aide.
La formation était hebdomadaire et dirigée par
une animatrice envoyée par le PNUD. Aux dires des membres du groupement,
elle les aidait juste à déterminer comment ils pourraient mieux
organiser le groupement et ses activités. Pour appuyer cette formation,
et permettre aux différents groupements de mettre en application les
idées retenues, le PNUD a octroyé un prêt de 200000 FCFA de
manière rotative. TOGBEYA a eu sa part en Février 1996. Cette
somme a tout simplement été partagée entre les membres du
groupement. Mais au moment du remboursement, certains étaient dans
l'incapacité d'honorer leurs engagements. On a donc dû puiser dans
les fonds propres du groupement. Nous pouvons donc retenir que l'approche de
vulgarisation utilisée consiste à laisser aux
bénéficiaires la liberté de mettre en pratique les
enseignements reçus lors des formations tout en octroyant les moyens
financiers nécessaires sans aucune forme d'évaluation ou de
contrôle.
CBDIBA
C'est une ONG installée à Houègbo et qui
est intervenue à Hinvi Dovo à cause des relations amicales qui
existaient entre son directeur et dame ATCHEFON Victoire, présidente de
Houénoussou. C `est la structure la plus appréciée du
village. En effet depuis 1994, Hinvi Dovo a bénéficié de
ses activités de façon permanente.
La première action du CBDIBA à l'endroit de
TOGBEYA a eu lieu en 1995. L'ONG a fourni au groupement des plants d'orangers
qui ont été distribués aux personnes
intéressées et le remboursement des frais s'est fait deux ans
plus tard.
Mais la plus grande réalisation du CBDIDA a
été la mise sur pieds de la CAVECA. En fait l'ONG a aidé
tous les groupements de Hinvi à se mettre ensemble pour former une
caisse locale. Le CBDIBA s'est occupé de la formation des gérants
et a aidé les paysans à acquérir plus tard un coffre-fort.
Aux dires des populations, en les aidant à créer cette caisse
aujourd'hui florissante, le CBDIBA leur a appris à pêcher au lieu
de leur donner du poisson. Nous avons suivis une assemblée
générale de la CAVECA qui a vu la présence de
représentants du CBDIBA. Les invitations pour cette réunion n'ont
été envoyées que 5 jours avant la date de l'AG alors que
les textes prévoient un délai de 15 jours. Les gérants de
la CAVECA expliquent que si on respectait ce délai, tous les paysans
risqueraient de perdre leurs invitations ou d'oublier la date. Mais il faut
retenir que l'approche de vulgarisation utilisée par le CBDIBA est
également la participation associé aux stratégies TO DO
FOR et ??TO DO WITH». Ceci se remarque aisément au cours
des réunions. Le CBDIDA élabore les
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Milieu Réel, Hinvi Dovo. Mars 2007
solutions et détermine avec les populations les
modalités de leurs applications et les améliorations à
apporter.
CAVECA
C'est la caisse d'épargne du village. Le groupement
TOGBEYA dispose ici d'un compte ouvert depuis le 10 Mai 1996 sous le
numéro 2121366. Les épargnes du groupement sont de deux sortes
:
) DAT : Dépôt à terme (d'une durée
d'au moins 6 mois avec un taux d'intérêt de 6%) ) DAV :
Dépôt à vue (retirable à tout moment)
La fiche de compte du groupement a été
régulièrement tenu jusqu'au 14 Juillet 2006, et le solde à
cette date était de 40245. Cette solde demeure constante
jusqu'aujourd'hui. Cette stabilisation est due au ralentissement des
activités du groupement. Il faut noter la CAVECA organise des AG pour
permettre à tous les groupements de comprendre son fonctionnement. Au
cours de ces assemblées le conseil d'administration de la CAVECA, et les
personnes présentes discutent des problèmes et élaborent
ensembles les approches de solutions
CLCAM
C'est une structure d'intervention dont le siège est
à Allada. Le groupement TOGBEYA a ouvert un compte à la CLCAM le
10 Septembre 1993. Ceci répond à un besoin : toutes les
structures exigeaient un compte pour y transférer leurs aides
financières. Mais depuis 1994, le groupement TOGBEYA a
privilégié l'épargne à la CAVECA. Mais ils n'ont
toutefois pas fermé le compte à la CLCAM. Qui sait si une autre
aide ne viendrait pas ? Le montant en épargne est de 6433FCFA depuis la
date de 22 décembre 1994.
4. Analyse et interprétation
4.1. Fonctionnement des groupements
D'après le recensement, le village de Hinvi Dovo compte
un grand nombre d'OP (une vingtaine d'OP).
Ce nombre important d'organisations paysannes pourrait
s'expliquer par la présence du CERAPIP qui encourageait les populations
à se mettent en groupement pour bénéficier de ses
actions.
De même, puisque cinq groupements s'étaient
formés au début et avaient du succès, les autres habitants
ont voulu faire comme eux. Ceci serait la seconde raison pour expliquer le
nombre de groupements recensés.
D'après le recensement opéré dans le village
de Hinvi Dovo, on note :
08 groupements féminins (soit 40% des OP
recensées), 04 groupements masculins (soit 20% des OP recensés)
et 08 groupements mixtes (soit 40% des OP recensés).
On note une certaine prédominance des groupements
mixtes et féminins par rapport aux groupements masculins. A
l'arrivée de la structure CBDIBA, ses objectifs étaient beaucoup
plus orientés vers les groupements féminins. Ce qui a
poussé beaucoup de femmes à s'associer pour
bénéficier des prêts ou dons octroyés par l'ONG. Ces
groupements s'investissaient dans la transformation du manioc en ses
dérivés (gari, tapioca...), la production de l'huile rouge,
l'achat, le stockage et la vente de produits vivriers et de fruits. Les travaux
difficiles sont souvent réservés aux hommes.
Ayant été mis au courant, les hommes du village
ont l'initiative de constituer des groupements mixtes mais en se faisant
représenter par des femmes au niveau de l'ONG. Ce qui leur permettait de
bénéficier des avantages octroyés par le CBDIBA.
Source : Enquête MAIR du 1er au 24 Mars 2007
Village : Hinvi Dovo (Commune d'Allada) 14
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
En plus des activités sus-énumérés,
ces groupements pratiquent également la production du sodabi et les
autres activités nécessitant une force humaine importante.
4.1.1. Formalisation des organisations
paysannes
Des 20 OP recensées, les 08 GF sont toutes formelles.
Ceci s'expliquerait par le fait que ces groupements devraient acquérir
leur reconnaissance légale avant de bénéficier du soutien
et de l'appui de CBDIBA.
De même les 04 GM formels sont ceux dont nous avons fait
cas plus haut.
La plupart des groupements formels recensés ne le sont
que par écrit. En effet, ils disposent d'un règlement
intérieur et d'un statut standard élaboré par le CERPA. La
preuve est que les documents à nous présentés par le
groupement TOGBEYA et tenant lieu de règlement intérieur et
statut du groupement n'ont même pas été remplis. Les
membres du groupement reconnaissent d'ailleurs que les textes (règlement
intérieur et statut) ont été intégralement
conçus par le CERPA. Mais ils prétendent avoir
opéré certaines modifications pour les rendre conforme aux
réalités du groupement.
4.1.2. Appartenance d'un individu à plusieurs
groupements
L'appartenance d'un individu à plusieurs groupements
est possible. Mais les textes prévoient que celui-ci ne soit membre d'un
seul bureau. Ce qui n'est pas respecté dans la réalité. La
preuve est que 02 membres de TOGBEYA en l'occurrence AZADJI Lazare et TODO
Mathias bien qu'en étant membre du groupement occupent également
des postes de responsabilités à la CAVECA.
Cette situation ne présente aucun aspect
négatif. En effet, les personnes concernées se servent de leur
statut pour aider les 02 groupements à la fois. Les 02 membres de
TOGBEYA suscités ont par exemple ouvert au groupement des
opportunités pour bénéficier de l'aide de l'ONG CBDIBA.
Mais les cumuls de responsabilités au sein d'une même OP sont
rares et n'interviennent qu'en cas d'indisponibilité d'un des membres du
bureau .Ce qu'il faut néanmoins noter est que même sans cela, les
membres du bureau peuvent s'aider ou se compléter dans leurs
tâches respectives. Pour beaucoup de groupements, certes les conseils
consultatifs sont presque non fonctionnels. Leur activité est souvent
assurée par le trésorier qui devient du coup caissier et
contrôleur.
4.1.3. Fonctionnement des bureaux
Un autre aspect du fonctionnement des bureaux est leur
renouvellement. Les textes prévoient en général un mandat
bien défini renouvelable une seule fois. Mais les meilleurs groupements
sont ceux qui ont renouvelé leur bureau une fois. Sinon, la plupart du
temps, c'est le bureau à la mise sur pied du groupement qui persiste
toujours. Quand bien même les membres de ces bureaux sont jugés
compétents, beaucoup de personnes sont contre le non renouvellement. Il
va également sans dire que l'une des raisons au non fonctionnement de
certains groupements est ce non renouvellement. En fait ce sont toujours les
mêmes qui se voient et décident.
En ce qui concerne le premier bureau, son élection
s'est faite la plupart du temps par vote à main levée. La
reconduction est tout simplement décidée au cours d'une
réunion et de commun accord. Remarquons quand même que le
président de la plupart des groupements est l'initiateur. Serait-ce
là une manière de le remercier ? En effet, les initiateurs des
groupements sont en général des travailleurs avérés
et reconnus en dehors du village. Ils peuvent alors non seulement permettre
l'accroissement des activités mais également favoriser la mise en
liaison avec les structures d'interventions.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
4.1.4. Autres
En général les effectifs des OP ont très
peu varié. Les cas de sortie des groupements qu'on a souvent noté
sont liés au décès du membre. Il est vrai que comme dans
le cas de TOGBEYA, certaines personnes ont été exclues du
groupement pour mauvais comportement, mais ceci est rare dans les autres
groupements. En fait tous les membres se comportent relativement bien aux dires
des différents présidents. Mais si cela n'était pas
vérifié il serait difficile par exemple qu'un groupement
décide d'exclure son président ou un autre membre du bureau, qui
était l'un des principaux initiateurs du groupement. Finissons cette
partie en mettant l'accent sur le fait que ces sanctions ne sont
appliquées qu'en cas de fortes lourdes susceptibles d'être
apprécié ou jugée par une AGE.
Le principal facteur qui bloque l'accès au groupement
est un critère d'adhésion. Beaucoup de groupements posent comme
condition le paiement du cumul de toutes les cotisations faites. Ils avancent
comme argument que cela permet de jauger l'intérêt de la personne
pour la chose. Ce critère décourage, néanmoins, beaucoup
de personnes. Les groupements encore réellement ouverts aux nouveaux
adhérents sont rares ; les autres ont des effectifs constitués
depuis de très longues dates.
Le partage des bénéfices est un autre
problème du groupement. En effet après épargne,
après épargne, prévision pour la campagne à venir
et les diverses dépenses, il ne reste plus assez d'argent. Chaque membre
ne reçoit alors que quelques milles. Mais si aux dires de toutes les
personnes ce partage est équitable, il ne répond pas aux attentes
d'eux tous. Chaque membre avait ses propres objectifs en dehors de ceux du
groupement. Ces objectifs se résument à l'amélioration de
sa situation économique. Recevoir des miettes alors qu'on travaille tout
le temps ne rimerait à rien. Beaucoup de personnes sont donc
découragées et les activités, à la longue en
pâtissent. C'est pourquoi beaucoup de groupements, aujourd'hui battent de
l'aile. On peut le vérifier juste en discutant avec les paysans. Une
autre preuve de cette réalité est le groupement VANCAN qui paie
les travailleurs à la journée de travail .Les femmes, même
si elles appartiennent à d'autres groupements, se bousculent pour
bénéficier de cette opportunité.
4.2. Les méthodes
d'intervention
L'objectif des structures d'intervention est de faire reculer
la pauvreté dans le village en apportant leur soutien aux
différents groupements. Ainsi paradoxal que cela puisse paraître,
bon nombre de structures ne respectent pas les programmes qu'elles ont
établis avec les paysans. C'est le cas du groupement TOGBEYA où
cette situation a été décrite plus haut. Lorsque ces
programmes sont respectés, les méthodes ou les types de
vulgarisation utilisés ne permettent que rarement la réussite des
projets. Les types de vulgarisation utilisés sont : la vulgarisation
formative et la vulgarisation informative.
4.2.1. La vulgarisation formative
La vulgarisation formative vise à résoudre les
problèmes d'une manière interactive en considérant que les
paysans sont capables de résoudre leurs problèmes
eux-mêmes. Ce type de vulgarisation est illustré par le proverbe
chinois : « si tu donnes du poisson à celui qui a faim, tu devras
lui en donner un autre le lendemain ; mais si tu lui apprends à
pêcher, il pourra se nourrir lui même ». Nous illustrerons ce
type de vulgarisation par les différentes interventions du CBDIBA.
Les actions menées par cette ONG visaient la
création des conditions adéquates pour élaborer avec les
paysans les solutions à leurs problèmes. L'approche de
vulgarisation utilisée est celle participative. En fait le CBDIBA
apporta un appui important aux populations de Hinvi Dovo en les amenant
à se mettre en groupements pour dynamiser leurs actions. Par la
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Mars 2007
suite le CBDIBA a porté main forte à des
groupements en les aidant à construire un siège (cas de la
CAVECA) et à mettre sur pied un jardin potager. Dans cette situation,
l'ONG ne leur a presque jamais "donné" de l'argent. Elle les aide par
contre épargner ou à trouver du financement. Comment ces
solutions étaient-elles donc élaborées ? De commun accord
avec les paysans. La stratégie est le ??TO DO FOR»
et parfois le ??TO DO WITH». L'ONG organise à cet
effet une réunion où les problèmes sont soulevés.
Tous les paysans ont la liberté de parole aussi bien pour poser des
questions que pour proposer des solutions. Mais les débats sont
orientés par un agent du CBDIBA. C'est lui qui la plupart du temps
propose la dernière solution. Celle-ci n'est rarement rejetée car
elle n'est que la somme des différentes propositions. C'est ainsi qu'aux
dire des gérants de la CAVECA, que cette dernière naquit. Le
problème était de comment le village pouvaient acquérir
son indépendance financière vis-à-vis de
l'extérieur ? Les villageois ont décidé de créer
une caisse où ils pourraient épargnés tout simplement.
Mais petit à petit cette petite caisse s'est transformée en une
petite banque d'épargne et de prêts. Le CBDIBA s'occupe toujours
du suivi des activités et de la formation des gérants de la
CAVECA. Quand subviennent des problèmes, les villageois leur font appel.
Au cours d'une AGE, les solutions sont élaborés et les
modalités de leur application définies.
Cette approche de la vulgarisation ne rencontre pas un grand
nombre de difficultés. On peut néanmoins citer le fait que
dès qu'il y a un problème, les villageois s'attendent toujours
à bénéficier de l'aide du CBDIBA pour les solutionner.
Même si cela demeure encore sans conséquence, il est à
craindre une grande dépendance. Mais les avantages sont également
très importants. Nous pouvons citer par exemple :
) l'application plus facile des solutions puisqu'elles ont
bénéficié du soutien des populations ;
) les populations ont un certain zèle dans la
participation aux différents programmes puisqu'elles savent que c'est
dans leur intérêt qu'il est élaboré.
4.2.2. La vulgarisation informative
La vulgarisation informative donne une vue
générale de toutes les solutions possibles à un
problème donné.
La méthode de vulgarisation utilisée est celle
de formation visites. En effet les séances de travaux bimensuels ne sont
pas toujours d'une visite dans les champs des membres du groupe et plus
précisément sur les terrains d'expérimentation. La
stratégie de vulgarisation est une amalgame de ??TO DO TO» et de
??TO DO FOR». En ce qui concerne l'abandon de la technique de
brûlis, la TPV ne voulait vraisemblablement qu'imposer son point de vue.
Elle n'a alors tenu aucun compte de ce que pensaient les paysans et se bornait
à dire que le brûlis était à abandonner sans autre
explication. Mais ceci peut se comprendre si l'on tient compte du fait que ce
n'est pas la première fois qu'ils discutent de ce sujet. Selon ses
dires, elle leur aurait parlé plusieurs fois des inconvénients du
brûlis et cette fois, elle n'entendait plus discuter, obligation de
résultats oblige.
Pour l'adoption d'une nouvelle variété de
maïs, la TPV avait ses buts à atteindre. Ceux-ci se résument
en l'adoption de la variété et de toutes les implications de son
adoption. Ici, l'agent du CeRPA a orienté les discussions et les a
amené à découvrir par eux-mêmes les avantages et les
inconvénients de leur probable choix. Une analyse de ces méthodes
et stratégies de vulgarisation sera faite dans la partie analyse du
présent document.
Illustrons cette méthode par les différentes
interventions du CeRPA. Notons d'abord que les programmes que le CeRPA divulgue
sont centralisés. C'est-à-dire élaborés par les
institutions centrales étatiques mais qui sont destinés à
des applications locales.
Les approches utilisées sont celle dite
généraliste et celle de formation et visites. La première
est illustrée par l'exemple donné en annexe 10. L'étude de
ce programme qui
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
concerne les cultures sur brûlis pose un problème
majeur : de quelle liberté dispose les agents dans l'application des
problèmes sur le terrain ? L'agent du CeRPA n'était
préoccupé que par l'abandon du brûlis par les paysans. Pour
comprendre ce fait, nous nous sommes demandés si ce dernier
n'était sur le terrain que pour une stricte application d'un programme
qui lui est étranger. Cela paraissait évident, mais crée
d'énormes barrières à l'acceptation des innovations. A les
entendre, du fait qu'on ne leur ait pas proposé de réelles
alternatives pour la remplacer la technique de brûlis, les paysans se
voyant très mal l'abandonner. Les inconvénients dont parlait le
Technicien en Production végétale, l'agent du CeRPA qui
entretenait les paysans sur le brûlis, leurs étaient certes
familiers mais ne les perturbaient guère dans leur travail. En effet,
dés qu'une baisse du rendement est ressentie, le terrain est
abandonné pour un autre. Il en ressort que la stratégie ??to do
to» utilisée par les agents n'a pas porté de fruits. Bon
nombre des paysans appartenant au noyau d'expérimentation du CeRPA,
étaient de grands producteurs en dépit du fait qu'ils
pratiquaient encore le brûlis.
Mais la situation varie avec l'approche de formation et
visites. Nous l'étudierons à la lumière de l'introduction
d'une nouvelle variété de maïs à fort rendement dans
le village. Les auditeurs de l'agent du CeRPA étaient toujours les
membres de son noyau d'expérimentation. Après leur avoir
exposé les avantages et inconvénients ainsi que les
modalités de culture de cette variété de maïs, le TPV
a déterminé avec les assistants sur quels terrains l'on pourrait
faire les premières cultures expérimentales, et comment respecter
les exigences de cette variété améliorée de
maïs.
Après chaque séance de travail, des visites sont
faites sur les aires et les partenaires (expression utilisée par l'agent
du CeRPA pour désigner les relations qu'il entretient avec les
producteurs) déterminent ensemble les améliorations à
apporter aux cultures. Contrairement à la stratégie
précédente, celle-ci, `'to do for», bénéficie
de plus d'attention de la part des paysans tout au moins pendant la phase
d'expérimentation.
Le fait d'utiliser un noyau d'expérimentation est une
méthode indirecte pour atteindre la grande masse des paysans du village.
En fait, on compte sur la divulgation des informations par les membres du
noyau. Ceci est avantageux car la grande masse des paysans du village voudrait
à coup sûr imiter les membres du noyau d'expérimentation
qui sont considérés comme des paysans évolués. Mais
les moyens financiers étant une limite pour ceux ci qui ne dispose pas
d'assez de terres pour les expérimentations qui pourraient leurs
récoltes contrairement aux `'paysans évolués» qui
sont plus aisés et disposant d'assez de terres.
Méthodes d'Animation et d'Intervention en
Milieu Réel, Hinvi Dovo.
Mars 2007
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