Section 2 : Impact des dépenses sociales
publiques sur la mesure de pauvreté
2.1: Effet des dépenses sociales sur les
indices de pauvreté
Nous présentons l'estimation du modèle des indices
de pauvreté et ensuite l'analyse des résultats après les
différents tests économétriques.
2.1.1. Estimation du modèle des
dépenses sociales
Nous adoptons ici les méthodes habituelles d'estimation
des données de panel. Il s'agit pour nous de faire des hypothèses
sur les coefficients et le terme d'erreur. Ceci nous permet de choisir le
modèle adéquat. Ces hypothèses nous conduisent
respectivement à procéder à une estimation par effets
communs, effets fixes et effets aléatoires. Les hypothèses
émises seront testées pour s'assurer de la validité du
modèle retenu.
Ainsi, dans un premier temps nous faisons l'hypothèse
d'uniformité des comportements des indices de pauvreté dans le
temps et entre les différents départements. Ceci revient à
supposer que les différents coefficients du modèle
général sont indépendants du temps et identiques entre les
départements. Ce genre de modèle est appelé
modèle a effets communs.
La spécification du modèle à effets communs
est la suivante :
Pit = b1éduit + b2santit + b3indic2000i +
b4indic2002i +b5indic2006i +åit (E7)
Le terme d'erreur est supposé suivre une loi normale et
le modèle est estimé par la méthode des Moindres
Carrés Ordinaires (MCO) comme nous l'avons définit plus haut au
seuil de 5%. Puis, pour des raisons de multicollinéarité, l'on
fait fi de á. Les résultats de cette estimation sont
présentés dans le tableau qui suit. Ici nous présentons
les résultats de la régression du modèle Pi selon les
trois variables endogènes.
Tableau 14 : Régression du
modèle Pi à effets communs
Variables
|
P0
|
P1
|
P2
|
Education
|
-1,36.10-11
|
6,21.10-13
|
2,50.10-12
|
|
(-1,20)
|
(0,11)
|
(0,68)
|
Santé
|
-4,36.10-11
|
- 2,49.10-11
|
-1,14.10-11
|
|
(-0,35)
|
(-0,41)
|
(-0,28)
|
Indic2000
|
0,3209
|
0,8242
|
0,3018
|
|
(11,14)
|
(5,88)
|
(3,23)
|
Indic2002
|
0,3490
|
0,1219
|
0,6276
|
|
(8,79)
|
(6,31)
|
(4,88)
|
Indic2006
|
0,4429
|
0,1265
|
0,5120
|
|
(8,83)
|
(5,18)
|
(3,15)
|
Observation
|
36
|
36
|
36
|
R2 ajusté
|
0.9464
|
0.8839
|
0.8063
|
F-Statistic
|
128.09
|
55.81
|
30.97
|
Prob(F-Statistic)
|
0.000
|
0.000
|
0.000
|
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts types.
Les résultats ci-dessus découlent de
l'hypothèse d'uniformité des comportements des indices de
pauvreté dans le temps et parmi les différents
départements. Cependant, il pourrait exister des
spécificités des départements qui influent
significativement sur les indices de pauvreté. La prise en compte des
effets individuels des départements conduit à estimer un autre
modèle appelé modèle à effets
fixes.
On suppose, dans ce modèle que les coefficients sont
identiques et invariants dans le temps à l'exception de l a constante
qui est spécifique à chaque département. Les effets
propres aux départements sont supposés déterministes et le
terme d'erreur est encore supposé suivre une loi normale. La
spécification du modèle à effets fixes qui en
découle est la suivante :
Pit = ái + b1éduit + b2santit
+ b3indic2000i + b4indic2002i +b5indic2006i +åit
(E8)
Les résultats de l'estimation du modèle sont
présentés dans le tableau suivant.
Tableau 15 : Régression du
modèle Pi à effets fixes
Variables
|
P0
|
P1
|
P2
|
Education
|
-1,45.10-11
(2,69.10-11)
|
-1,01.10-11
(1,21.10-11)
|
-7,34.10-12
(7,75.10-12)
|
Santé
|
-1,55.10-10
(2,39.10-10)
|
-7,19.10-11
(1,08.10-10)
|
-5,34.10-11
(6,90.10-11)
|
Indic2002
|
0,069617
(0,0593332)
|
0,466079
(0,0267682)
|
0,0388841
(0,0171069)
|
Indic2006
|
0,1598879
(0,095496)
|
0,708015
(0,408516)
|
0,0451763
(0,0261072)
|
Cons
|
0,3404925
(0,0728241)
|
0,1131774
(0,0328546)
|
0,0582906
(0,0209966)
|
Observation
|
36
|
36
|
36
|
F-Statistic
|
1,98
|
1,86
|
2,49
|
Prob (F-Statistic)
|
0,1362
|
0,1569
|
0,0757
|
R2 intragroupe
|
0,2838
|
0,2712
|
0,3328
|
R2 intergroupe
|
0,4031
|
0, 0000
|
0,1116
|
R2 global
|
0,2840
|
0,0860
|
0,0398
|
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts types.
A l'issu de la présentation des résultats du
modèle à effets communs et à effets fixes, une question
importante à ce niveau de l'analyse est la significativité des
effets propres aux différents départements. Il s'agit de
vérifier si l'hypothèse
d'hétérogénéité entre les
départements en matière de comportement de l'influence des FGT
est validée. Ce souci de vérification nous conduit à
mettre en oeuvre le test de Fisher.
TEST DE FISHER: Choix entre le modèle à
effets communs et à effets
individuels
Pour le choix du type du modèle de données de
panel, nous présentons la statistique du test de Fisher au seuil de 5%.
Les résultats sont consignés dans le tableau suivant :
Tableau 16 : Résultat du test de Fisher
Indice de pauvreté
|
P0
|
P1
|
P2
|
F test that all u_i = 0: F(11,20)
|
0,30
|
0,65
|
0,86
|
Prob > F
|
0,9774
|
0,7659
|
0,5896
|
Ainsi, à travers les résultats des tests
effectués, l'on constate que la statistique de Fisher obtenu au niveau
de chaque indice de pauvreté montre une absence
hétérogénéité entre les coefficients. Ces
comportements ne sont pas significativement liés à des effets
probablement non observables et non spécifiques aux départements.
En effet, les probabilités du test sont supérieur à 5%. On
a donc une présence d'homogénéité entre les
coefficients dans le temps et le comportement est identique entre les
départements. Ainsi, le modèle à effets communs est
préférable au modèle à effets fixes.
TEST DE SPECIFICATION DES EFFETS COMMUNS
Avant d'adopter le modèle à effets communs, il
convient de vérifier les tests de spécification.
2.1.2. Résultat des tests
Les résultats des tests consignés dans les tableaux
ci-dessous prennent en compte les valeurs de chaque indice de
pauvreté.
Test d'hétéroscédasticité de
Breusch-Pagan
Tableau 17: Résultats du test de
Breusch-Pagan
Variables endogènes (indices de
pauvreté)
|
Probabilités
|
P0
|
0,4146
|
P1
|
0,2180
|
P2
|
0,3975
|
Source : Réalisé à
partir des estimations sur STATA 9
De la lecture du tableau ci-dessus, les résultats
montrent que les probabilités de chaque variable endogène
traduisent le rejet de l'hypothèse nulle faisant apparaître une
absence d'hétéroscédascité.
En plus des test de validation du modèle à effets
communs, on constate que :
9 La statistique de Fischer montre que le modèle est
globalement significatif sur l'ensemble du modèle.
9 Le test de la normalité de Jarque-Bera relève que
la
distribution est normale sur l'ensemble du modèle (Voir
annexe n°2).
Les résultats des différents tests concernant le
modèle sur l'impact de la mesure de la pauvreté sont
présentés dans les annexes.
Après ces différents tests, l'équation du
modèle à effets communs se présente selon un
système d'équation.
P0 = -1,36.10-11édu -4,36.10-11sant +
0,3209indic2000 + 0,3490indic2002 +
(-1,20) (-0,35) (11,14) (8,79) 0,4429indic2006
(8,83)
P1= 6,21.10-13édu - 2,49.10-11sant +
0,8242indic2000 + 0,1219indic2002 +
(0,11) (-0,41) (5,88) (6,31) 0,1265indic2006
(5,18)
P2= 2,50.10-12éduc -1,14.10-11sant +
0,3018indic2000 + 0,6276indic2002 +
(0,68) (-0,28) (3,23) (4,88) 0,5120indic2006
(3,15)
|
Les équations étant données, nous
procédons à l'analyse économique des coefficients
associés aux variables explicatives.
2.2 : Analyse des résultats et
interprétation
Les résultats des estimations du modèle seront
analysés globalement sur les trois variables endogènes et les
variables explicatives.
-L'impact des dépenses sociales sur les indices de
pauvreté
Il ressort des résultats des estimations que
l'interaction entre les indices de pauvreté et les ressources
affectées par l'Etat dans les secteurs de la santé et de
l'éducation ne correspondent pas au signe attendu. Ce qui signifie qu'il
n'existe aucun effet sensible sur l'amélioration des conditions de vie
des pauvres. Une augmentation par exemple de 10 milliards de FCFA rend
insensible la contribution à l'amélioration de la proportion des
pauvres.
Les raisons de cette non significativité peuvent
être de deux ordres : la nature des ressources affectées aux deux
secteurs et l'effet revenu.
En effet, il est important de réaliser des profits de
bien-être important grâce aux budgets alloués par l'Etat
lorsque ceux-ci servent à développer des programmes auxquels sont
intégrés les besoins des populations concernées d'une part
et d'autre part une infrastructure publique et ajoutent ainsi à la
productivité des facteurs privés, notamment des couches
défavorisées (Gupta, Powell et Yang, 2006).
Mais, la mauvaise utilisation des ressources ne parvient pas
toujours à réaliser le transfert de connaissance sollicité
dont la rémunération ne cadre pas avec le coût de la vie au
Bénin (BiPEN, 2000).
L'effet revenu, quant à lui, s'explique par le fait
qu'une augmentation des ressources affectées aux services sociaux
entraîne des pressions sur les salaires. L'augmentation des
dépenses sociales au budget de l'Etat le conduirait à
accroître ses frais de fonctionnement et de personnel, en particulier les
salaires dans les autres secteurs de l'administration, ce qui pousse à
la hausse les salaires du secteur formel ailleurs dans l'économie. La
hausse de ces frais induit une hausse des prix et une appréciation du
taux de change. Or la plupart des pauvres dépendent de l'informel et de
l'agriculture (surtout du coton) et ne bénéficient donc pas
directement d'une
hausse de leur revenu (réel). En revanche,
l'appréciation du taux de change renchérit leurs exportations
agricoles. Il en résulte une baisse de leur compétitivité
prix, qui conjuguée aux déficiences structurelles du secteur
cotonnier, réduit en conséquence leurs gains, et leur
bien-être.
Cependant, les variables explicatives indic 2000, 2002 et 2006
indiquent une significativité positive entre elles et les indices de
pauvreté. Cette significativité peut avoir plusieurs raisons :
d'abord, la capacité financière de l'Etat à mobiliser des
ressources peut contribuer à l'élargissement des dépenses
publiques en générale et sociales en particulier comme le secteur
de la santé et de l'éducation. Ensuite l'allègement des
dettes vis-à-vis des bailleurs de fonds accroissent nos ressources
intérieures et donc favorisent une augmentation des dépenses
sociales au cours des années.
A la suite de cette analyse, l'on rejette l'hypothèse
selon laquelle les dépenses publiques sociales ont une influence
positive sur les indices FGT.
Toutefois, que dire de la faiblesse des coefficients ?
La faiblesse des coefficients des dépenses du
bien-être ne surprend guère. Elle corrobore avec les
résultats d'autres travaux qui ont montré que les ressources
allouées par l'Etat dans les services sociaux ont été
insuffisantes pour réduire substantiellement la pauvreté. C'est
le cas de Sinzogan (2002), Houeninvo et al (2004). Les coefficients sont
très faibles parce que les dépenses dans les secteurs
concernés n'ont pas été ciblés sur les pauvres,
comme en témoignent les résultats de Davoodi, Tiongson et
Asawanuchit (2003) dans une étude sur l'Afrique subsaharienne. La
faiblesse provient aussi du faible taux de consommation des crédits
alloués à ces secteurs et à la corruption. La corruption a
un effet négatif sur les finances publiques, l'inégalité
des revenus et les services sociaux. Elle ralentit la croissance au profit des
pauvres parce qu'elle réduit l'investissement privé, attire les
talents vers des activités improductives et encourage la mauvaise
gestion des
ressources publiques. Elle détourne les dépenses
d'éducation et de santé au profit des dépenses
personnelles. Elle pénalise le capital humain et l'investissement.
Ainsi, plus le niveau des ressources affectées par
l'Etat dans le secteur de l'éducation et de la santé est
important, moins est l'impact sur la mesure de pauvreté quelque soit
l'indicateur de pauvreté utilisé.
Nous concluons donc que l'hypothèse H3 selon laquelle
les indices de pauvretésont influencés positivement
par les dépenses publiques sociales (en éducation et en
santé) n'est pas vérifiée.
![](Incidences-des-depenses-publiques-dans-la-reduction-de-la-pauvrete-cas-du-bea12.png)
RECOMMANDATIONS
De l'analyse de nos résultats, il ressort d'une part
que le bénéfice reçu par le quintile le plus aisé
est plus important que le quintile le moins aisé. Et d'autre part, les
dépenses publiques sociales en éducation et en santé n'ont
aucune influence sur les indices de pauvreté. En d'autre terme, elles
n'ont apporté aucune condition favorable aux populations
vulnérables. Ceci nous conduit à la formulation des
recommandations.
Au niveau national
Les résultats démontrent dans leur ensemble une
orientation paradoxale des ressources publiques à l'endroit des
populations pauvres. Le défi au plan national sera de créer des
conditions de croissance accélérée et favorable pour
réduire les privations et développer le capital humain de
façon durable. C'est pourquoi nous préconisons entre autres :
- L'élimination des inégalités existantes
entre pauvres et non pauvres et l'accroissement de l'accès des pauvres
aux opportunités de formation adéquates capables de leurs assurer
une meilleure compétence à une participation plus accrue au
processus de production.
- La mise en place d'une infrastructure générale
sociale pour des secteurs tels que l'agriculture, l'artisanat par exemple qui
offre aux pauvres plus d'opportunité de se développer. Il s'agit
d'accroître les infrastructures routières qui permettent aux
habitants des zones rurales d'acheminer leur production vers les marchés
ou les villes. Cela leur permettra de contribuer efficacement à la
croissance économique.
- Renforcer les politiques de dépenses prioritaires.
L'étude conforte bien cette proposition. Le secteur de la santé
et celui de l'éducation doivent recevoir une bonne partie des
ressources. Il importe de veiller à une meilleure gestion des
ressources
financières et leur élargissement en ciblant
principalement les couches les plus défavorisées. La gestion
saine des ressources passera par :
. Une priorité accordée à l'investissement
relativement au fonctionnement dans l'affectation des ressources ;
. Un meilleur suivi de la réalisation physique (BiPEN
2003).
- Créer un environnement institutionnel qui favorise
une liberté économique du pauvre, protège efficacement les
droits de propriété, qui favorise un accès
équitable aux biens et services publics notamment la justice. A cela
s'ajoute l'initiative de la gratuité des services sociaux tels que le
secteur de la santé, l'éducation et des services qui doivent
être renforcés par des mesures plus viables.
- Renforcer un meilleur accès aux structures de
formations à l'endroit des femmes qui constituent tout comme les hommes
un capital humain assez favorable au processus de développement à
travers des programmes de micro finance aux plus pauvres.
- Veiller à l'amélioration de la qualité
des services offerts à travers l'augmentation des effectifs
d'enseignants et du personnel de santé d'une part et d'autre part
assurer leur formation par la mise en place et le renforcement des programmes
de recyclage continus. Aussi faudra-t-il veiller à une meilleure
adéquation formation emploi par la vulgarisation des programmes
d'étude et la collaboration avec le secteur privé.
- Renforcer le partenariat entre le secteur privé et le
secteur public par la motivation de l'Etat à l'endroit du secteur
privé par des investissements plus accrus et favorables à la
création d'emploi. La libération de ce potentiel privé
constitue une force motrice de la croissance et de l'amélioration du
bien-être.
- Renforcer le taux d'imposition sur les personnes physiques
en l'occurrence, les individus les plus aisés en vue de le reverser sur
les pauvres par le biais de la construction de certaines infrastructures
favorables à l'accès gratuit aux plus vulnérables.
Toutefois, il faudra privilégier les effets
d'entraînement plutôt que de s'engager
dans de vastes programmes dont les interactions
génèrent d'autres effets pervers.
En plus de ceci, le Bénin doit orienter sa politique de
réduction de la pauvreté à travers l'apport des services
extérieurs afin de mieux accroître ses ressources pour une
meilleure redistribution du revenu.
Au niveau de l'aide extérieur (bailleurs de
fonds)
La politique de lutte contre la pauvreté et autres
causes de privation humaine et pour promouvoir un développement
harmonieux et durable, exprimée à travers les OMD, ne pourra
être atteinte sans une efficacité accrue de l'assistance
extérieure. Pour cela, les dispositifs d'octroi doivent connaître
une profonde mutation. Il s'agira essentiellement de :
- Veiller à la mise en oeuvre effective des
stratégies de la SCRP.
Elle offre une vision assez virtuelle et claire du
développement que le pays souhaite.
- Demander une aide aussi bien financière qu'en nature
en faveur des secteurs sociaux, notamment l'éducation et la
santé. La réception d'équipements manquants par exemple
permettra non seulement de combler le déficit mais donnera au pays plus
de possibilités dans l'usage de l'aide financière : soit
effectuer des dépenses d'équipements additionnels ou l'employer
à d'autres fins nécessaires.
- Négocier d'avantage de bourses de formation
auprès des partenaires dont la solution favorisera le renforcement des
connaissances et une innovation accrue ; ce qui se traduit par un meilleur
transfert de la technologie.
Le processus de développement économique semble
être un long parcours de combattant, mais rien n'est impossible. Il
s'agira de développer un idéal de mieux être national qu'il
faut s'atteler à construire avec
conviction. Cela engage la responsabilité de tout un
chacun.
Tout ceci ne peut connaître un meilleur rythme de
développement si l'individu pauvre ne s'y investit pas pour son
amélioration. Il doit refuser la fatalité de la pauvreté ;
et cela doit passer par un esprit d'initiative individuelle à travers la
créativité, l'innovation etc... . A cela s'ajoute, la
scolarisation des enfants en général et des filles en
particulier. Elle passe par la participation aux différents programmes
d'alphabétisation quelque soit l'âge surtout quand il s'agit de
son bien-être.
En somme, il s'agira pour la société
entière de savoir ce que l'on veut, l'on peut ou doit faire pour
améliorer son mieux-être : ajouter au patrimoine du Renouveau
Démocratique celui de la croissance du mieux-être. Et la
contribution des pauvres sera importante à double titre.
![](Incidences-des-depenses-publiques-dans-la-reduction-de-la-pauvrete-cas-du-bea13.png)
CONCLUSION
La présente étude a permis d'analyser
l'incidence des dépenses sociales de certains services sociaux au sens
de la réduction de la pauvreté. Elle a permis d'expliquer d'une
part la répartition des ressources affectées par l'Etat dans le
secteur de la santé et de l'éducation au sein des populations
réparties en catégories sociales. Et d'autre part, expliquer
l'impact de ces dépenses publiques sur le niveau des indices de
pauvreté. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les
hypothèses suivantes :
H1 : Les dépenses publiques sociales sont
inégalement réparties entre les différentes
catégories sociales.
H2 : Les pauvres profitent moins des dépenses publiques
sociales.
H3 : Les dépenses publiques sociales influencent
positivement la sensibilité des indices de pauvreté (FGT).
La présomption que les dépenses publiques sont
inégalement réparties entre les différentes
catégories et profitent moins aux populations vulnérables nous a
amené à établir une relation entre le coût unitaire
et la consommation des ménages des services reçus. Nous avons
fait recours au modèle statistique proposé par Démery et
au terme de l'analyse, il ressort que la part du budget affectée par
l'Etat aux ménages en services sociaux (en éducation et en
santé) est plus orientée vers les ménages les plus
aisés que les ménages les moins aisés.
Par la suite une autre analyse a été
utilisée pour étudier l'impact des dépenses publiques
sociales (en éducation et en santé) sur les indices de
pauvreté (FGT). Pour cela, nous avons utilisé un modèle de
régression en données de panel qui mettait en relation les
dépenses sociales et les indices de pauvreté par
l'intermédiaire des départements considérés comme
individus. Les tests de validation effectués ont été
vérifiés. Les résultats ont montré que les
dépenses publiques n'ont aucun impact sur l'incidence de
pauvreté, la profondeur de pauvreté et la
sévérité de pauvreté.
Au regard des résultats obtenus, l'on peut retenir dans
le premier cas du modèle que le développement du secteur de
l'éducation et de la santé constitue l'une des principales
priorités des pouvoirs publics béninois. Cela se traduit par un
arbitrage budgétaire favorable aux deux secteurs. Si un tel choix
politique est pleinement justifié, l'analyse des dépenses
publiques affectées à l'éducation et à la
santé met en évidence un problème de ciblage de la
population la plus défavorisée et de régression des
dépenses de l'Etat.
Les dépenses publiques affectées à
l'enseignement supérieur sont les plus inadéquates. Or la
réduction durable et significative de la pauvreté passe
nécessairement par l'amélioration du capital humain des couches
sociales défavorisées. L'accès de cette catégorie
de la population facilite l'insertion dans le marché de travail.
Dès lors, il importe de corriger les biais de ciblages et de
régression des dépenses publiques sociales.
Une attention particulière doit être
accordée à cette population défavorisée à
travers l'augmentation de l'offre de ces secteurs et la mise en
oeuvre de mesures
d'accompagnement (transfert de l'Etat) en faveur des
ménages les plus modestes.
Ensuite, dans le deuxième modèle, il ressort que
les dépenses sociales n'ont
pas eu d'impact sur les mesures de pauvreté telles que
définies dans notre étude.
En d'autres termes, les résultats attendus n'ont pas
été vérifiés. C'est dire donc que malgré
l'importance que revêtent les services sociaux en l'occurrence la
santé et l'éducation au Bénin, elle connaît un
recule de satisfaction et d'amélioration sur les indices de
pauvreté au Bénin.
Pour que des actions convergent vers un processus de
croissance visant à réduire directement la pauvreté, il
est nécessaire que les secteurs où sont les pauvres et qui
utilisent les facteurs de production bénéficient d'une attention
particulière car leur facteur de production le plus abondant est donc le
travail auquel s'ajoute la terre. De ce fait, selon Klasen (2001), «
l'expérience de toute les réussites en matière de
développement suggère qu'obtenir des taux élevés de
croissance et de réduction de la pauvreté implique toujours de
mettre l'accent sur la hausse de la productivité et des
revenus. »
Par ailleurs, d'autres variables pertinentes telles que la
variable indicatrice 2000, 2002, 2006 ont été retenues et ont
révélé leur impact positif et significatif sur les indices
de pauvreté. Cela explique la particularité que revêt
l'Etat à accroître ces dépenses en vue d'assurer un
mieux-être aux populations vulnérables.
Pour finir notons que cette étude reste perfectible car
elle comporte des insuffisances. Nous les formulons ici de manière
à ce qu'elles soient prises en compte dans les études
ultérieures. Il s'agit de :
- Désagréger les dépenses globales
d'éducation et
de santé respectivement en dépenses de
fonctionnement et d'investissement. Cela permettrait de connaître la
structure des dépenses de chaque secteur qui influence sur le
bien-être.
- Utiliser le total des dépenses sociales,
c'est-à-dire qu'en plus des dépenses en santé et en
d'éducation, l'on pourrait ajouter les dépenses de logement, de
sécurité sociale, de protection de l'environnement, de la micro
finance etc. Elles jouent un rôle non négligeable en
matière de réduction de la pauvreté.
- Effectuer des régressions séparées en
utilisant un
indicateur de pauvreté respectivement pour la
population rurale et la population urbaine (par exemple les indices FGT de la
zone rurale et urbaine). Cela permettrait de mieux connaître l'impact
dans ces deux milieux.
- Utiliser également les scores d'efficience pour
pouvoir insister sur une meilleure allocation des ressources
publiques dans les secteurs sociaux en particulier et au niveau des
différentes structures gouvernementales en général.
- Effectuer l'étude à partir d'une matrice de
comptabilité sociale (MCS) pour tenir compte des effets
des dépenses sociales totales sur les différentes
catégories d'agents économiques.
Les limites proviennent également de
l'indisponibilité des données sur toutes les périodes et
de la diversité des sources.
Cependant, il convient de souligner que les insuffisances ci-
dessus relevées
n'entachent nullement la portée théorique et
empirique de l'étude dans la mesure oütout travail
empirique n'est à l'abri des difficultés inhérentes
à la construction des modèles économétriques,
lesquelles sont reconnues au moins implicitement par tous les auteurs.
![](Incidences-des-depenses-publiques-dans-la-reduction-de-la-pauvrete-cas-du-bea14.png)
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