UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
U.C.B.
B.P. 285 BUKAVU
FACULTE DE DROIT
LE DROIT DE L'ENFANT A L'EDUCATION ET LE DEUXIEME
OBJECTIF DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT:
Essai sur l'effectivité d'un droit à
réalisation progressive
dans le contexte congolais.
Mémoire
présenté en vue de l'obtention du
diplôme de licence en
Droit.
Option : Droit public
Par Justin BAHIRWE
Mutabunga
Directeur :
Professeur Moïse CIFENDE
Rapporteur: Assistant
Justin MASTAKI
(c)
mutajustin@yahoo.fr
Année Académique 2007-2008.
EPIGRAPHE
« Celui qui a peur que vienne le vent ou la pluie, ne
pourra jamais semer ni moissonner ».
ECCLESIASTE 11 : 4.
DEDICACE
A l'Eternel Dieu qui me conduit dans les rochers,
A Hyacinthe BAYONGWA M'Musaka, ma mère,
A Marie Madeleine BAHATI, ma chère épouse,
A Monsieur le Professeur Gian Battista PARIGI,
A la famille François MUTABUNGA Ntamulume,
A la famille Placide MUTABUNGA Rugina,
A la famille Joseph MATABARO Ganywamulume,
A tous les enfants non scolarisés pour moult obstacles.
IN MEMORIAM
Edward MUTABUNGA MUSIKAMI, mon père,
Jean-Robert
IMBAMBO-LA-NGANYA, mon professeur,
Serge MAHESHE KASOLE, mon
ami.
AVANT PROPOS
D'entrée de jeu, nous tenons à remercier le
Professeur Moïse CIFENDE Kaciko et l'Assistant Justin MASTAKI qui, en
dépit de leurs multiples occupations, ont accepté de diriger le
présent travail.
Notre gratitude s'adresse également au corps
professoral de l'Université Catholique de Bukavu qui nous a
assuré une formation de qualité. Nous pensons notamment au Doyen
honoraire Séverin MUGANGU, au Doyen Jean-Claude MUBALAMA, au
Bâtonnier LWANGO, ainsi qu'à tous les chefs de travaux et
assistants de la Faculté de Droit.
Nous ne manquons pas de remercier également Monsieur
l'Abbé Jean-Marie BALEGAMIRE, la Révérende Soeur
Hermelinde CIMANUKA, Maman Graciane NZIGIRE BURUMBWI, Maman Suzanne SIFA, nos
aînés scientifiques Maîtres KIZUNGU LOOCI, Julien CIGOLO,
Jean-Claude MIRINDI, Jean-Miguel CIRHUZA, Jean MUTABESHA et Jocelyne MATABARO.
Nous réitérons la même gratitude envers
Marie-Gorette Da GOGO, IDAYA MWASA, AMIDA MWASA, Fabrice BAHARANYI, CIBOGO
NYOTA, les familles NGALAS, MALEKERA RUSANGWA, MUSA MUGENI Roger, MUCHIGA
SHABADEUX, KAFURHU NTOLE, BULAMBO Fulgence, KINDU Jean-Chirac, MUKUBIZA Beni,
BASHENGEZI Jean-Pierre, et BISOMA Roger.
Que tous nos frères et soeurs Xavérine
MUTABUNGA, Bavon MUTABUNGA, ELISHA MUTABUNGA, CHIKURU NABINTU Rosine, NEEMA
MUTABUNGA trouvent dans le présent travail l'expression de notre
gratitude.
Nos remerciements s'adressent enfin à tous nos
compagnons de lutte MUGARUKA Charles, COKOLA Innocent, NABINTU Lucie, KABUNGA
Odon, BONJO Justin, KIZITO Léon, MUSHAMUKA BUGANDWA, HAMULI SONGA et
MAGAYANE Mamy avec qui nous avons passé un moment de dur labeur durant
notre cheminement académique.
SIGLES ET ABREVIATIONS
Art. : Article
AG : Assemblée Générale
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
libération du Congo
Al. : Alinéa
Art. : Article
B.A. : Bulletin des Arrêts
Chap. : Chapitre
CIJ : Cour Internationale de Justice
CWBCI : Conseil Wallonie Bruxelles pour la
Coopération Internationale
CNS : Conférence Nationale Souveraine
DESC : Droits Economiques, Sociaux et Culturels
DSRP : Document Stratégique de Réduction de
la Pauvreté
E.I.C. : Etat Indépendant du Congo
Ed. : Edition
EPSP : Enseignement Primaire Secondaire et
Professionnel
EPT : Education Pour Tous
FUNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population
FPR : Front Patriotique Rwandais
FTI : Fast Tract Inititive ou Initiative de mise en oeuvre
accélérée
G8 : Groupe de 8 pays industrialisés
J.O. : Journal Officiel
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
MLC : Mouvement pour la Libération du Congo
M.C. : Moniteur Congolais
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
Ord : Ordonnance
OI. : Organisation Internationale
ONU : Organisation des Nations Unies
Op.cit : Opere citato (ouvrage déjà
cité)
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PIESC : Pacte International relatif aux Droits Economiques,
Sociaux et Culturels
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RDC : République Démocratique du Congo
RDC : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
ROI : Règlement d'Ordre Intérieur
SYECO : Syndicat des Enseignants du Congo
UCB : Université Catholique de Bukavu
UNICEF : United Nations Children's Fund ou Fonds des
Nations Unies pour
l'Enfance
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education,
la Science et la Culture
(c)
mutajustin@yahoo.fr
INTRODUCTION GENERALE
1. PROBLEMATIQUE.
Parler de l'effectivité du deuxième objectif
du millénaire pour le développement (OMD) en tant que droit de
l'enfant à l'éducation primaire en République
Démocratique du Congo, réfère à la
Déclaration du millénaire de l'Assemblée
Générale de l'Organisation des Nations Unies1(*) qui, parmi les huit objectifs
retenus par celle-ci, et pouvant être réalisés à
l'horizon 2015, les six premiers ressortent directement de la Convention de
l'ONU relative aux droits de l'enfant dont deux2(*) d'entre eux touchent directement au droit de l'enfant
à l'éducation.3(*) L'éducation est considérée comme
l'action de former, d'instruire quelqu'un, de lui inculquer les bons usages
d'une société.4(*) L'enseignement est défini quant à lui
comme une manière de transmettre des connaissances.5(*) D'aucuns préfèrent
parler de l'enseignement primaire, de l'enseignement élémentaire,
de l'enseignement de base ou de l'enseignement universel. L'UNESCO
préfère parler de l'enseignement pour tous (EPT)6(*), etc.
De ce qui précède, l'on peut
considérer, à plusieurs points de vue, que l'éducation
renferme l'enseignement, ce dernier n'étant qu'un procédé
permettant à l'éducation d'être bien
dispensée.7(*)
Voilà pourquoi la plupart d'instruments juridiques
préfèrent parler du droit à l'enseignement de base. C'est
ce qui ressort de la définition d'après laquelle,
l'éducation permanente est l'ensemble des moyens et des actions ayant
pour fin l'instruction et la formation professionnelle ; elle comprend la
formation initiale (scolarité obligatoire, études secondaires et
universitaire), l'apprentissage et, pendant l'activité professionnelle,
la formation professionnelle continue.8(*)
Les droits de l'enfant sont des prérogatives
reconnues par le Droit,9(*)et qui sont attribuées à un individu dans
son intérêt lui permettant de jouir d'une chose, d'une valeur ou
d'exiger d'autrui une prestation.10(*) Le droit consacré par le deuxième OMD
peut être rangé dans la catégorie des droits de la
2ème génération qui sont les droits
économiques, sociaux et culturels. Il s'agit d'un droit qui tend
à l'amélioration des conditions matérielles d'existence
des citoyens.11(*)
Les deux derniers objectifs, par contre, sont rangés
dans les droits de la troisième génération qui sont
liés au progrès de la technologie industrielle et de la
Communauté Internationale. Ils tendent à assurer une
solidarité entre les nations et protéger
l'environnement.12(*)
L'Unicef considère que jamais autant de dirigeants
politiques s'étaient réunis comme ce fut le cas en septembre
2000, au siège de l'ONU, à l'occasion du nouveau
millénaire. Cent quatre-vingt-neuf Etats, dont la RDC, étaient
présents au rendez-vous. Pour Ann M. Veneman, Directrice
Générale de l'UNICEF : « ces objectifs sont
quantitatifs et visent à remédier d'ici 2015 à la
pauvreté extrême et à la faim,13(*) à la mortalité
des enfants et des mères,14(*) à l'amélioration de la santé
maternelle,15(*)au
VIH/SIDA et autres maladies,16(*) tout en favorisant l'enseignement primaire
universel,17(*)
l'égalité des sexes,18(*) la protection de l'environnement19(*) et un partenariat mondial pour
le développement.20(*) Les OMD, renchérit-elle, constituent un cadre
d'action pour instaurer le monde de paix, de sécurité, de
solidarité et de responsabilités partagées décrit
dans la Déclaration du Millénaire ».21(*)
Bien que ces objectifs concernent l'humanité tout
entière, ils concernent, en premier lieu, les enfants. Plusieurs
raisons peuvent justifier cet état de choses.
D'entrée de jeu, en atteignant les deux derniers
objectifs, on améliorera aussi les six premiers qui touchent directement
la vie de l'enfant d'une manière considérable. En plus, nous
devons noter que la réalisation desdits objectifs est très
importante. Cela relève du fait que, les enfants sont les plus
vulnérables lorsque les gens manquent de choses essentielles comme
la nourriture, l'eau, le moyen d'assainissement, les soins de santé
primaire, etc. Ils sont les premiers à mourir lorsque ces besoins de
base ne sont pas satisfaits. Aussi, il va s'en dire que les enfants ont des
droits. Or, chaque enfant naît avec le droit à la survie, à
la nourriture, à l'eau, au logement, à l'éducation,
à l'égalité, à la protection, etc. D'où la
lutte contre la pauvreté devait commencer par les enfants si on prenait
en compte l'indice de développement humain.
En effet, l'ONU soutient qu'en aidant les enfants à
réaliser tout leur potentiel, revient également à investir
en faveur du progrès même de toute l'humanité.22(*)
Il se comprend sans peine, qu'investir en faveur des enfants
veut dire, atteindre les OMD plus vite, car les enfants représentent un
échiquier important de pauvreté sur la planète et sont
prêts à se retrouver dans la rue lorsque leurs familles ne sont
pas en même de leur assurer la scolarité.
L'effectivité est un principe invoqué pour
justifier la reconnaissance ou l'opposabilité d'une situation ou d'un
fait réellement établis.23(*) Il s'agit d'un caractère ou d'une situation
qui présente une réalité suffisante pour être
opposable aux tiers.24(*)
Un objectif, par contre, est un but que l'on se propose d'atteindre.25(*)
La définition de l'effectivité ci-contre
avancée, ne nous permet pas d'appréhender le concept dans toute
sa substance dans le cadre précis qui nous concerne. LAMARCHE souligne,
qu'un débat entoure les concepts d'effectivité,
d'efficacité et d'efficience de la norme juridique.26(*)
Pour cet auteur, l'effectivité est la nature de ce qui
existe en fait, de ce qui existe concrètement, réellement ;
elle s'oppose à ce qui est fictif, imaginaire ou purement verbal. Une
règle ou une situation juridique sont effectives si elles se
réalisent dans la réalité. En revanche, une règle
est ineffective lorsqu'elle existe en bonne et due forme mais non
appliquée.27(*)
Pour TOUSCOZ, l'effectivité exprime la mesure dans
laquelle une institution ou une règle atteignent le but qui leur a
été conféré par leur auteur ; elle qualifie
donc l'adaptation plus ou moins parfaite de la règle à l'objet
social qui lui était assigné.28(*)
La Déclaration des droits de l'enfant de 1959 dispose
que : « l'enfant, en raison de son manque de
maturité ; physique et intellectuelle a besoin d'une protection
spéciale et des soins spéciaux, notamment d'une protection
juridique appropriée, avant comme après la
naissance ».29(*) C'est dans ce sens que la majorité
d'instruments juridiques tendent à exiger que l'enseignement primaire
soit non seulement gratuit mais également obligatoire.
L'enfant est défini comme tout être humain de
moins de dix-huit ans, sauf si la loi nationale accorde la majorité plus
tôt.30(*) De
même, on entend par enfant tout être humain
âgé de moins de 18 ans.31(*) La Constitution de la RDC n'a pas donné une
définition contraire à celle indiquée ci-contre. Elle
dispose, en son art. 41, que l'enfant mineur est toute personne, sans
distinction de sexe, qui n'a pas encore atteint 18 ans révolus. Il
découle de la présente définition un synonyme
générique entre les termes enfant et mineur.32(*) Cette même Constitution
dispose, en son art. 43, al. 4 que l'enseignement primaire est obligatoire et
gratuit dans les établissements publics. Par contre l'enfance correspond
à une période bien distincte de l'age adulte, une période
pendant laquelle l'enfant peut grandir, jouer et s'épanouir en toute
sécurité.33(*)
Kofi ANNAN souligne que c'est pour les futures
générations, plus encore que pour la nôtre, que
l'Organisation des Nations Unies existe.34(*) Cette allocution de l'ancien Secrétaire
Générale de l'ONU, nous fait comprendre l'attention que l'ONU
attache à la protection de l'enfance. Il renchérit que
« si nous pouvons faire ce qu'il faut pour les enfants, si nous
pouvons nous acquitter de nos engagements et permettre à tous les
enfants d'avoir droit à leur enfance, à la santé, à
l'éducation, à l'égalité et à la protection,
nous pouvons faire ce qu'il faut pour l'ensemble de l'humanité : je
sais que nous en sommes capables ».35(*)
Il appert cependant que des obstacles majeurs affectent
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
Ils sont, d'une part, liés à l'inefficacité des
mécanismes juridiques actuels de protection des DESC au niveau national
et international. D'autre part, ils sont d'ordre social et touchent
l'insuffisance de moyens financiers affectés au secteur de
l'éducation, et sont en plus relatifs aux mesures administratives mises
en place depuis les programmes d'ajustement structurel de 1983, aux aspects
culturels discriminatoires à l'égard de la jeune fille ainsi
qu'au vieillissement du personnel enseignant et au délabrement des
infrastructures scolaires, des voies de communication, etc.
Quoique le droit à l'éducation consacré
par les OMD concerne l'enfant en premier lieu, et toute l'humanité en
général, il relève cependant d'une déclaration.
Pour BADINTER, une déclaration est un document dont les signataires
(représentants légitimes des gouvernements) manifestent leur
accord sur des finalités, des objectifs, des principes. Le contenu d'une
déclaration est l'objet d'une obligation morale mais n'a pas, stricto
sensu, de force juridique contraignante.36(*)
A en croire les termes de cet auteur, l'on est en face des
objectifs qui, aux yeux des dirigeants, n'ont aucune force contraignante quant
à leur réalisation. Autrement dit, nous sommes en face des droits
dont, pour leur réalisation, l'Etat n'a qu'une obligation de moyen et
non de résultat.
Ainsi, face aux obstacles croissants que connaît le
système éducatif congolais, comment parvenir à
déduire le caractère contraignant dudit objectif contenu dans une
déclaration qui pourtant n'est qu'une obligation morale ?
L'adoption du deuxième OMD par l'Assemblée Générale
de l'ONU emporte-elle dans le chef des Etats et des organisations de la
famille des Nations Unies des engagements juridiques nouveaux par rapport au
droit de l'enfant à l'éducation ? Si le deuxième OMD
a apporté un éclairage nouveau dans l'opérationnalisation
d'un droit par nature « programmatoire » qu'est le droit de
l'enfant à l'éducation et élargi le champ des
responsabilités des sujets du droit international, cela a-t-il eu des
indices positifs sur l'effectivité dudit droit en RDC ? Cela
étant, quelles stratégies doivent être mises en oeuvre pour
l'effectivité du droit à l'éducation en RDC en
général et particulièrement dans la Province du
Sud-Kivu ?
Voilà le questionnement auquel nous allons apporter
des réponses provisoires et qui font objet de vérification tout
au long de la présente étude.
2. HYPOTHESES DU TRAVAIL.
Face à cet état de chose, nous devons rappeler
que le droit de l'enfant à l'éducation consacré par la
Déclaration du Millénaire, est bel et bien contenu dans pas mal
d'instruments juridiques nationaux et internationaux. L'ONU l'a fixé
comme objectif, pour la simple raison qu'il demeure l'un des droits-piliers du
développement de l'enfant.37(*)
Soulignons en plus que, non seulement la Convention de l'ONU
reprend sans équivoque ledit droit, mais également la
Déclaration Universelle des droits de l'homme, le Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Charte
Africaine des droits de l'homme et des peuples, la Charte Africaine des droits
et du bien être de l'enfant, ainsi que la Constitution de la RDC etc.
sont explicites quant à ce. Il appert de ce fait que la
Déclaration du Millénaire n'est venu rappeler, avec insistance,
qu'un droit qui était déjà consacré.
La Déclaration du millénaire a été
mise sur pied par une Résolution de l'AG de l'ONU ; elle ne
constitut en rien une convention renfermant un caractère obligatoire
envers les parties. Constatons toutefois que les droits qui sont
consacrés en OMD, et qu'on retrouve dans les instruments juridiques
internationaux manquaient un aspect très important aux fins de leur
concrétisation, à savoir l'échéance.
La Déclaration du millénaire, ainsi que tous les
textes juridiques internationaux et nationaux protecteurs des droits de
l'enfant précisent qu'en tout état de cause,
l'intérêt supérieur de l'enfant doit compter dans la
politique nationale de chaque Etat.
Voilà pourquoi, chaque année qui passe, à
dater de la mise sur pied de la Déclaration du millénaire, l'ONU
tient un sommet mondial38(*) pour se rassurer de l'évolution et du
défi qu'il faut relever. Dans le même cadre, le Fonds des Nations
Unies pour l'enfance publie un ouvrage intitulé « La Situation
des enfants dans le monde » qui permet de faire un état des
lieux desdits objectifs sur l'échiquier planétaire. Curieusement,
malgré les efforts fournis par la communauté internationale
à travers l'UNICEF et la Banque Mondiale, qui ont, et continuent
à militer davantage pour l'effectivité du 2ème
et 3ème OMD en RDC à travers des campagnes
d'encouragement de l'inscription des enfants ayant l'âge scolaire
à l'école, la réhabilitation et la construction des
écoles, le défi à relever reste majeur.
La RDC a été partie à la
Déclaration du millénaire pendant une période très
sensible de son histoire. Nous osons croire que son contexte politique de l'an
2000 ne lui a pas permis de mettre en pratique son voeu de sens
dévoué. Pendant cette période, les dirigeants du pays se
préoccupaient plutôt de la réunification du pays ; peu
après, c'est la période transitionnelle qui s'en était
suivie et chacun de dirigeants faisait la course pour se positionner aux
échéances électorales. Ainsi, le huitième OMD qui
devait favoriser la réalisation des autres, et précisément
du deuxième, a été plus tourné vers les
élections et le financement des institutions d'appui à la
démocratie.
L'avènement de la troisième République
a apporté des éclairages nouveaux dans
l'opérationnalisation du droit de l'enfant à l'éducation
en RDC. Cela se fait remarquer, d'une part, dans la Constitution qui consacre
le caractère obligatoire et gratuit du droit de l'enfant à
l'enseignement primaire,39(*) mais également le sérieux par lequel
l'UNICEF encourage les inscriptions massives des filles à l'âge
scolaire et la tenue des rapports spécifiques sur la RDC permettant
d'évaluer les avancées marquées et le défi à
relever.
En tout état de cause, l'appui de la
communauté internationale se heurte à des difficultés
majeures que l'Etat congolais est appelé à résoudre :
C'est le cas de la construction des écoles, le payement des salaires des
enseignants, la coopération internationale, l'assainissement des
écoles, etc.
3. METHODOLOGIE DU TRAVAIL.
Eu égard aux contours que revêt le
présent travail, nous nous sommes inspiré de la
méthodologie juridique, sociologique, comparative et
téléologique. La technique documentaire et celle d'interview ont
soutenu les méthodes sus évoquées.
La méthode juridique nous a permis de rechercher la
législation existante relative aux droits de l'enfant à
l'éducation et pouvant favoriser la réalisation de cet OMD d'ici
2015. Nous avons passé en revue les textes juridiques internationaux,
ceux régionaux et nationaux. Comme la législation nationale n'est
pas abondante quant à ce, le problème s'est posé moins,
étant donné que nous sommes dans un système moniste avec
primauté du droit international conformément à l'art. 215
de la Constitution de la RDC.40(*) Nous avons fait également allusion aux textes
constitutifs des différentes institutions spécialisées de
l'ONU engagées dans la réalisation du droit de l'enfant à
l'éducation. Cela nous a permis de découvrir les techniques
utilisées par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance en vue de rendre
effectif ledit objectif en RDC, et précisément au Sud-Kivu. Nous
avons analysé enfin les rapports annuels des organismes tant publics que
privés, respectivement concernés en RDC.
Nous avons fait également recours à la
méthode sociologique qui nous a permis d'appréhender certaines
pratiques ou coutumes qui mettent à mal le droit à
l'éducation des enfants, du moins la catégorie des filles.
La méthode comparative nous a été
utile dans la mesure où, partant de la cible à atteindre par le
deuxième OMD41(*)
et des rapports publiés annuellement par l'UNICEF qui donnent
l'aperçu du monde entier, nous avons essayé de comprendre ce qui
a été déjà fait ailleurs et le défi qui
reste à relever par la RDC. Cela nous a permis de proposer quelques
pistes de solution pouvant permettre à la RDC d'améliorer sa
politique afin de sauver ce qui le peut être encore avant 2015.
Quant à la méthode
téléologique, elle nous a permis de découvrir
minutieusement quels étaient le but et la philosophie poursuivis par
l'Assemblée Générale de l'ONU en mettant sur pied les OMD.
Il a s'agi de comprendre si les visées de la Déclaration du
millénaire sont en route d'être atteintes par les dirigeants
congolais.
Mû par la technique documentaire, notre travail a
puisé ses matériaux dans les différents textes juridiques
qui consacrent des solutions aux problèmes soulevés ci-avant. Il
s'agit des instruments juridiques internationaux, régionaux, nationaux,
la jurisprudence existante, mais également de la doctrine.
Par ailleurs, les techniques d'enquête et l'interview
libre nous ont permis de comprendre comment, petit à petit, le
deuxième OMD est considéré en RDC en général
et au Sud-Kivu en particulier.
4. INTERET DU SUJET.
L'étude de l'effectivité du deuxième
OMD en tant que droit de l'enfant en RDC, présente un
intérêt social, scientifique et pédagogique.
Sur le plan social, la réalisation du
deuxième OMD d'ici 2015 est un devoir, et non une obligation, de tout
Etat de droit qui veut maintenir le respect des engagements pris en face du
monde pour son peuple. Pour y parvenir, il importe successivement de tenir
compte de la dignité de l'Etat à protéger les
générations futures, mais également des
intérêts vitaux de la nation qui se trouvent en danger si, par
pure négligence des dirigeants, ledit OMD ne marque pas des points
importants d'ici les prévisions onusiennes qui, du reste, ne sont qu'une
continuation dans l'avenir.
Au plan scientifique, cette étude, dans ses limites,
apporte une certaine contribution au débat scientifique dans un domaine
aussi sensible où il faut, non seulement ajuster, mais aussi concilier
à la fois les intérêts généraux et ceux
fondamentaux des générations futures. Il constitue un outil
jugé nécessaire pour les futurs chercheurs qui voudront, dans la
mesure du possible, approfondir ou vérifier les hypothèses sous
examen. Il s'agit d'une question qui agite la Communauté internationale
et à laquelle, depuis la mise sur pied de la Déclaration du
millénaire, les institutions spécialisées de l'ONU,
à travers l'UNICEF, cherchent à trouver des solutions.
Face à l'inexistence presque absolue de la doctrine
congolaise relative à la question des OMD, le présent travail
inscrit enfin, pédagogiquement, dans la sphère de l'analyse de la
question relativement au droit interne.
De ce fait, il complète et d'approfondit des notions
apprises tout au long de notre formation académique. Ces notions font
référence au droit international public, au droit des
organisations internationales, aux droits humains et libertés publiques,
au droit civil des personnes et à d'autres notions. Cette analyse nous a
permis d'asseoir ses notions, et le cas échéant, de nous
imprégner davantage des solutions préconisées par les
institutions spécialisées de l'ONU, à titre
supplémentaire, et le gouvernement congolais qui demeure le premier
responsable des engagements internationaux auxquels il a souscrit.
5. DELIMITATION DU SUJET.
Dans la présente étude, nous avons recouru au
concept d'effectivité pour nous permettre de comprendre les
avancées qui ont été déjà marquées
en RDC. Il ne s'agit pas d'apprécier l'efficacité du
deuxième OMD, c'est-à-dire, savoir s'il a été
atteint ou pas, pareille évaluation s'avérerait
prématurée compte tenu des prévisions de l'ONU, à
savoir l'horizon 2015.
Nous nous sommes limité à analyser la
Déclaration du millénaire, les instruments juridiques
internationaux, régionaux et nationaux relatifs aux droits de l'enfant,
ainsi que la jurisprudence existante et la doctrine (délimitation
matérielle).
Nous avons fait également un état des lieux
de ce qui a été déjà fait depuis l'an 2000,
année d'entrée en vigueur de la Convention de l'ONU relative aux
droits de l'enfant et de la tenue du sommet du nouveau millénaire
jusqu'à nos jours (délimitation temporaire). Il a
été donc question de nous inscrire dans la logique de l'ONU
consistant à vérifier annuellement les avancées afin de
rappeler aux Etats leurs engagements en face du monde en attendant l'horizon
2015.
6. PLAN SOMMAIRE.
En plus de l'introduction générale, ce
travail porte sur trois chapitres. Le premier chapitre analyse le droit de
l'enfant à l'éducation primaire en droit international
contemporain.
Le deuxième chapitre traite de l'effectivité
du droit de l'enfant à l'éducation primaire en RDC.
Le troisième chapitre propose des stratégies
pouvant contribuer à l'amélioration du droit de l'enfant à
l'éducation en RDC en général et au Sud-Kivu en
particulier. Vient enfin une conclusion générale.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
CHAP. I : LE DROIT DE L'ENFANT A L'EDUCATION
PRIMAIRE
EN DROIT INTERNATIONAL
CONTEMPORAIN.
Le présent chapitre passe en revue le droit de
l'enfant à l'éducation tel que consacré par le droit
conventionnel, la Déclaration du millénaire et le droit interne
de la RDC. Ceci étant, avant de faire l'état de la
législation congolaise sur le droit de l'enfant à
l'éducation (Section 3ème), nous allons examiner
d'abord le droit conventionnel (Section 1ère) et la
Déclaration du millénaire (Section 2ème).
Section 1ère : L e droit de
l'enfant à l'éducation en droit conventionnel.42(*)
La présente section traite du droit de l'enfant
à l'éducation en droit international (§1) et en droit
régional (§2).
§1. Le droit de l'enfant à
l'éducation en droit international public.43(*)
Loin de faire abstraction de la suprématie des
normes juridiques, nous allons partir d'une approche chronologique. Il est
question de passer en revue la DUDH et la Déclaration des droits de
l'enfant de 1958 (A), avant d'aborder le Pacte International relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels et la Convention relative aux droits
de l'enfant du 20 Novembre 1989 (B).
A. Le droit de l'enfant à l'éducation tel que
consacré par la DUDH et la Déclaration des droits de l'enfant de
1959.
Etant donné que, chronologiquement, la DUDH
précède la Déclaration de 1959, notre attention se penche
tout d'abord à elle.
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
DUDH.
En 1948, l'Assemblée générale des
Nations Unies a adopté la Déclaration universelle des droits de
l'homme en vue de combattre l'oppression et la discrimination.
Au lendemain d'une guerre mondiale dévastatrice, qui
avait été le théâtre de pires actes de barbarie
jamais commis dans l'histoire de l'humanité, la Déclaration
universelle énonçait, pour la première fois, de
façon détaillée, les droits et les libertés
individuels44(*). Pour la
première fois également, il a été reconnu à
l'échelle internationale que les droits de l'homme et les
libertés fondamentales s'appliquaient à tout un chacun et en tout
lieu.
L'art. 26, al. 1er du texte sous examen
déclare que : « Toute personne a droit à
l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce
qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental.
L'enseignement élémentaire est gratuit ».
L'acceptation quasi-universelle de la Déclaration
témoigne du succès de cette entreprise. A l'heure actuelle, la
Déclaration universelle, fondement de la législation
internationale en matière de droits de l'homme, sert de modèle
à de nombreux traités et déclarations internationales et
est reprise par les constitutions et les lois d'un grand nombre de pays dont la
RDC. Point n'est besoin de rappeler qu'elle a été l'inspirateur
d'un texte spécifique sur les droits de l'enfant, à savoir la
Déclaration des droits de l'enfant de 1959, dont nous allons aborder
dans les lignes ci-dessous.
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Déclaration des droits de l'enfant de 1959.
Avec le vent des indépendances qui soufflait, les
Etats membres de l'ONU tenaient à tout prix à mettre sur pied un
texte international spécifique aux droits de l'enfant. Dès lors,
l'enfant était déjà rangé dans la catégorie
des personnes vulnérables dont une protection spécifique de ses
droits devait être assurée ; c'est ce qui ressort du
Préambule de la Déclaration sous objet, à son
troisième paragraphe, qui considère que :
« l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et
intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale et des soins
spéciaux, notamment d'une protection juridique appropriée, avant
comme après la naissance ».
Il est toutefois impérieux de signaler que, la
nécessité de cette protection spéciale a été
énoncée dans la Déclaration de Genève de 1924 sur
les droits de l'enfant et reconnue dans la DUDH ainsi que dans les Statuts des
institutions spécialisées et des organisations internationales
qui se consacrent au bien être de l'enfance.45(*)
Plus précis, est le 1er al. du
7ème principe de la Déclaration sous examen qui
dispose que : « L'enfant a droit a une éducation qui doit
être gratuite et obligatoire au moins aux niveaux
élémentaires. Il doit bénéficier d'une
éducation qui contribue à sa culture générale et
lui permettre, dans des conditions d'égalité des chances, de
développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des
responsabilités morales et sociales, et de devenir un membre utile de la
société ».
Cette Déclaration qui n'est qu'une suite
spécifique de la DUDH, a clairement indiqué que l'enfant doit
bénéficier d'une éducation intégrale tenant compte
de l'égalité des sexes. Avec le temps, les bonnes intentions non
assorties d'obligation juridique, mais encore spécifiques quant au
caractère programmatoire du droit dont question, ont été
accouchées dans des instruments internationaux plus contraignants dont
le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels (PIDESC) et la Convention relative aux droits de l'enfant.
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans
le PIDESC et la Convention relative aux
droits de l'enfant.
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC.
L'art. 13, al. 1er prévoit que les Etats
parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne
à l'éducation. Ils conviennent que l'éducation doit viser
le plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de
sa dignité et renforcer le respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales.
Ils conviennent en outre que l'éducation doit mettre
toute personne en mesure de jouer un rôle utile dans une
société libre, favoriser la compréhension, la
tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les
groupes raciaux, ethniques ou religieux et encourager le développement
des activités des nations unies pour le maintien de la paix.
Le 2ème alinéa poursuit que les
Etats parties au présent Pacte reconnaissent qu'en vue d'assurer le
plein exercice de ce droit :
1. l'enseignement primaire doit être obligatoire et
accessible à tous (...) ;
2. il faut poursuivre activement le développement d'un
réseau scolaire à tous les échelons, établir un
système adéquat de bourses et améliorer de façon
continue les conditions matérielles du personnel enseignant.
Le pacte est renforcé par les dispositions de la
Convention relative aux droits de l'enfant adoptée par
l'Assemblée Générale de l'ONU en 1989.
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Convention relative aux droits de l'enfant.
L'al. 1er de l'art. 28 dispose que:
« Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant à
l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit
progressivement et sur la base de l'égalité des chances :
a. ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit
pour tous (...) ;
e. ils prennent des mesures pour encourager la
régularité de la fréquentation scolaire et la
réduction des taux d'abandon scolaire ».
Cette Convention souffre de mêmes difficultés
liées à l'inexistence d'un Protocole additionnel ou facultatif
relatif à la mise en oeuvre des droits économiques, sociaux
culturels.
§2. Le droit de l'enfant à
l'éducation en droit régional.
Le présent paragraphe passe en revue le droit de
l'enfant à l'éducation tel que prévu par le droit
régional africain. Il fait allusion à la Charte Africaine des
droits de l'homme et des peuples (A), et la Charte africaine des droits et du
bien être de l'enfant (B).
A. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.
La présente Charte énonce qu'il est essentiel
d'accorder désormais une attention particulière au droit au
développement ; que les droits civils et politiques sont
indissociables des droits économiques, sociaux et culturels tant dans
leur conception que dans leur universalité, et que la satisfaction des
droits économiques sociaux et culturels garantit la jouissance des
droits civils et politiques. 46(*)
Faisant allusion au droit de l'enfant à
l'éducation, elle prévoit que tout enfant a droit à
l'éducation.47(*)
L'Etat a le devoir de veiller à l'élimination de toute
discrimination contre la femme et d'assurer la protection des droits de la
femme et de l'enfant tels que stipulés dans les déclarations et
conventions internationales.48(*)
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Charte africaine des droits et du bien être de l'enfant.
L'art. 4, al. 1er de la présente Charte
dispose que: « Dans toute action concernant un enfant,
entreprise par une quelconque personne ou autorité,
l'intérêt de l'enfant sera la considération
primordiale ».
L'art. 11 poursuit que « Tout enfant a droit
à l'éducation. Les Etats parties à la présente
Charte prennent toutes les mesures appropriées en vue de parvenir
à la pleine réalisation de ce droit et, en particulier, ils
s'engagent à : fournir un enseignement de base gratuit et
obligatoire (...) ».
De ce qui précède, il appert que la faiblesse
du droit de l'enfant à l'éducation tel que consacré par
les instruments juridiques ci-avant indiqués, réside dans la mise
en oeuvre effective de ce droit à caractère programmatoire et
à réalisation progressive. Une lecture combinée
relève que tous ces textes consacrent l'égalité des
chances. Le 1er al. de l'art. 2 du PIDESC prévoit que :
« Chacun des Etats parties au présent Pacte s'engage à
agir tant par son effort propre que par l'assistance et la coopération
internationale, notamment sur les plans économique et technique, au
maximum de ses ressources disponibles, en vue d'assurer progressivement le
plein exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les
moyens appropriés, y compris en particulier l'adoption des mesures
législatives ».
Cet aspect des mesures législatives nous appellera
à interroger quelques lois budgétaires de la RDC pour parvenir
à dénicher le pourcentage affecté au droit à
l'éducation depuis la mise sur pied de la Déclaration du
millénaire. Un autre point important est celui des ressources
disponibles pouvant favoriser la réalisation progressive du droit
à l'éducation auquel on peut adjoindre l'assistance et la
coopération internationales.
De ce qui précède, il sied de s'attarder un
tout petit peu sur l'économie générale de certains
termes :
- Notion des ressources disponibles : Cette
expression s'entend comme le niveau de richesse qu'un Etat est capable
d'atteindre, ces richesses ayant comme but d'apporter satisfaction aux besoins
économiques, sociaux et culturels. Elle est très souvent
utilisée pour justifier l'inaction, les limites d'actions ou le retard
d'action des Etats dans une perspective des droits
« programmatoires », soit à
réinterpréter d'une façon positive et dynamique.49(*) Cela a amené le
Comité au DESC à déclarer que cette obligation existe
indépendamment de tout accroissement des ressources disponibles. Ce
même Comité admet que toutes les ressources existantes doivent
être consacrées de manière aussi efficace que possible
à la réalisation des droits consacrés dans le Pacte.
Egalement, conformément aux Principes de Limburg relatifs à
l'application du PIESC, il est fait obligation aux Etats parties, quelque soit
leur niveau de développement économique, d'assurer le respect des
droits de tous à un niveau minimum de substance. Partant, l'expression
« ressources disponibles » s'applique tant aux ressources
de l'Etat qu'à celles dont il dispose au titre de l'assistance ou de la
coopération économiques ou techniques internationales. Dans
l'utilisation des ressources disponibles, la priorité doit être
accordée à l'exercice des droits reconnus dans le Pacte, compte
tenu de la nécessité d'assurer à chacun la satisfaction de
la prestation de services de base.50(*) Ainsi, la répartition budgétaire nous
servira d'indice d'appréciation des efforts fournis par l'Etat Congolais
pour la réalisation effective du droit de l'enfant à
l'éducation. A ce titre, il se comprend que la manque de ressources
n'est donc pas un moyen adéquat permettant à l'Etat de prouver
son inaction face à la dégradation des conditions néfastes
liées au présent droit.
- La notion de réalisation progressive :
les travaux préparatoires du PIDESC démontrent clairement que
l'utilisation du terme « progressivement » signifierait une
obligation d'assurer un degré de réalisation des droits de plus
en plus élevé dans le temps.51(*) Cela rejoint les propos de Kofi A ANNAN, ancien
Secrétaire Général de l'ONU, auxquels nous avons fait
allusion dans les lignes qui précèdent.52(*) Il relève que
l'obligation de « réalisation progressive »
prévue dans le Pacte est souvent comprise à tord comme si l'Etat
ne doit assurer l'exercice des droits visés dans le Pacte que lorsqu'il
a atteint un certain degré de développement
économique ; ce qui n'est pas l'objectif de la présente
disposition. Or, loin d'entrer dans la longue discussion liée à
la classification des pays développés et ceux en voie de
développement, en tenant compte des critères abstraits les plus
usuels du niveau de développement que sont le produit national brut et
le revenu par habitat, il appert que le chiffre varie d'un pays à un
autre et souvent d'une année à une autre à
l'intérieur d'un même pays. Aussi, il est également admis
qu'on ne peut se passer de la proposition de certaines O.I. qui ont
proposé l'utilisation d'autres critères tels que : les
caractéristiques démographiques, l'épargne nationale, le
taux d'alphabétisation ou d'éducation, etc.53(*) La disposition du PIDESC qui
énonce l'aspect de « réalisation
progressive » ne devait être interprétée comme
autorisant un Etat à reporter indéfiniment les efforts à
consentir pour assurer l'exercice des droits énoncés dans le
Pacte. La réalisation progressive signifie plutôt que les Etats
ont l'obligation d'oeuvrer aussi rapidement et aussi efficacement que possible
pour appliquer le Pacte. Certes, il se peut que l'obligation de
réalisation progressive soit une règle plus facile à
appliquer pour certains droits, du fait de leur nature, mais il est clair que
les Etats parties ont tenus de s'acquitter sans délai d'un grand nombre
d'obligations découlant du Pacte. Il en est ainsi en particulier des
dispositions relatives à la non discrimination, de l'inscription des
enfants à l'école qui doit être non seulement gratuite mais
également obligatoire.
Etant donné que la Déclaration du
millénaire a apporté une nouveauté dans les engagements
internationaux des sujets du droit international, en fixant une
échéance endéans laquelle le droit de l'enfant à
l'éducation doit être, au besoin atteint, contrairement aux autres
textes ci-avant évoqués, essayons, à présent, de
faire l'état de lieu dudit droit dans le soft law.
Section 2ème : Le droit de
l'enfant à l'éducation dans la Déclaration du
millénaire.
§1. La Déclaration du
millénaire : un acte unilatéral.
D'entrée de jeu, il n'est pas fait mention des actes
unilatéraux parmi les sources de droit visées à l'art. 38
du Statut de la CIJ. Ceci amène Joe VERHOEVEN à dire qu'en
l'absence d'une autorité habilité à
« légiférer », on ne peut normalement pas
s'appuyer sur la volonté d'un seul Etat pour affirmer l'existence d'une
« norme » dans l'ordre juridique international.54(*) Toutefois, rien n'interdit
à une OI d'agir dans les limites des pouvoirs lui attribués par
son acte constitutif.
A. Les actes unilatéraux des O.I.
Dans les rapports de l'Organisation avec ses membres, ces
actes ont en revanche tous les effets qui leur sont reconnus par son
traité constitutif. Ceux-ci, quels qu'ils soient, ne suscitent en
principe aucune difficulté puisqu'ils reposent toujours, en
dernière analyse, sur la volonté des Etats fondateurs de
l'organisation. La Déclaration du millénaire entend exiger aux
Etats parties, dans ce cas précis, d'assurer l'éducation primaire
pour tous, d'ici l'horizon 2015.
Pour Joe VERHOEVEN, la pratique contemporaine relève
une multiplication de « textes » concertés qui
n'expriment pas un accord en droit de leurs signataires. Les appellations sont
très diversifiées : gentlemen's agreement, communiqué
conjoint, déclarations ou résolution, acte final d'une
conférence, etc. Dans bien de cas, poursuit-il, ces
« textes » ne suscitent aucune difficulté dès
lors qu'ils se contentent, par exemple, de manifester des opinions ou de
formuler des recommandations.55(*) C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'auteur les
appelle des « accords non juridiques ».
Ainsi, nous sommes en droit de nous poser la question de
savoir en quoi est-ce que la Déclaration du millénaire
diffère-t-elle des autres textes analogues, en faisant allusion à
la Déclaration des droits de l'enfant de 1959, etc.! La réponse
à cette question est localisable à plusieurs niveaux.
B. La Déclaration du millénaire et les autres
accords non juridiques.
Au niveau de la forme, la Déclaration du
millénaire a été adoptée par une Résolution
de l'AG de l'ONU.56(*)
Elle a suivie la procédure normale de toutes les autres
déclarations issues de l'AG de l'ONU, sauf qu'à la
différence de celles-ci, elle a été
précédée par le sommet mondial pour les enfants de 1990 et
le rapport du Secrétaire général de l'ONU du 27 mars 2000
(a), avant de fixer l'échéance endéans laquelle les droits
qu'elle consacre en objectifs doivent être, au besoin, atteints (b).
a. Le sommet mondial pour les enfants et le rapport du
Secrétaire Général de l'ONU du 27 mars 2000.
- Le sommet mondial pour les enfants de 1990.57(*)
Appelé encore sommet planète terre, le sommet
mondial pour les enfants s'était tenu au siège de l'ONU du 20 au
30 septembre 1990, à l'initiative de six pays 58(*) avec l'appui de l'UNICEF et
d'autres institutions de l'ONU, sous les auspices du Secrétaire
général de l'ONU. Il avait réuni 159 dirigeants, dont 71
chefs d'Etat ou de gouvernement, avec comme thèmes principaux
« Objectifs à atteindre d'ici à l'an 2000 pour les
enfants : leur santé, leur nutrition, leur éducation et
l'accès à de l'eau salubre et à
l'hygiène ». Le point fort de cette rencontre, fut la
signature d'une Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la
protection et du développement des enfants et d'un Plan d'action qui
énonce une série d'objectifs du développement humain
concernant les enfants pour l'an 2000.
Ce sommet avait approuvé 7 objectifs59(*) et vingt annexes, et il avait
demandé à tous les pays de chercher à les atteindre. Il a
été souligné toutefois qu'il fallait adapter ces objectifs
à la situation spécifique de chaque pays, en ce qui concerne les
étapes, les critères, les priorités et la
disponibilité des ressources.
Pour mobiliser les ressources nécessaires pouvant
permettre d'atteindre les objectifs pour les enfants, le Plan d'action du
Sommet a exhorté les pays donateurs et les pays en développement
à accorder, lors de l'élaboration de leur budget, un rang de
priorité plus élevé à la question du
bien-être des enfants. Cette orientation a abouti à ce qu'on a
appelé l' «Initiative 20/20», une stratégie de
financement qui veille à assurer la disponibilité des ressources
nécessaires pour subvenir aux besoins essentiels et combattre les pires
aspects de la pauvreté. L'initiative proposait que les pays en
développement consacrent au moins 20% des leurs budgets nationaux aux
services sociaux de base et que, de leur côté, les pays
industrialisés affectent 20% de leur aide au développement au
même but.
A la fin du sommet, la Déclaration mondiale et le
Plan d'action en faveur de la survie, de la protection et du
développement de l'enfant furent mis sur pied. En vue de s'assurer de
leur mise en oeuvre, il fut demandé au Secrétaire
Général de rédiger un rapport à présenter
à la mi-décennie lors de la session de l'Assemblée
Générale de 1996 à l'occasion de l'anniversaire du Sommet
pour les enfants.
En 1995, lors du Sommet mondial pour le
développement social de Copenhague, le PNUD, l'UNESCO, le Fonds des
Nations Unies pour la population (FNUAP), l'UNICEF et l'OMS se sont tous
prononcés en faveur de cette initiative, estimant qu'elle
représentait le moyen de générer suffisamment de
ressources supplémentaires (entre 30 et 40 milliards de dollars US par
an) pour que, d'ici à la fin du siècle, chacun ait accès
à des services sociaux essentiels.
Déjà, le 30 septembre 1996, sixième
anniversaire du Sommet mondial pour les enfants, on présenta à
l'Assemblée générale une évaluation complète
des progrès accomplis à la mi-décennie vers les objectifs
de l'an 2000. Le rapport du Secrétaire général
souligna les progrès impressionnants accomplis pour la survie des
enfants, notamment dans les domaines de la couverture vaccinale, de la lutte
contre la polio, le ver de Guinée et les maladies provoquées par
les carences en iode, de l'accès à l'eau potable et de la
promotion de l'allaitement au sein. A la même occasion, il fut
constaté qu'au mois d'octobre 1996, 167 pays au total avaient
signé la Déclaration et le Plan d'action au nom des enfants du
monde entier.
Quant au résultat, il était prouvé que
les Etats n'ont pas fourni assez d'efforts pour rendre l'éducation de
base et l'égalité des sexes possible. Comme cela fut le cas lors
de toutes les grandes conférences de cette décennie, il est
prévu que la responsabilité essentielle de la mise en oeuvre des
plans d'actions qui en ont résulté incombe aux gouvernements.
Voilà pourquoi le Secrétaire Général de l'ONU a
élaboré un rapport qui a réitéré les
engagements de 1990, et dans lequel il a encore une fois insisté sur le
droit de l'enfant à l'éducation de base.
- Le rapport du Secrétaire Général de
l'ONU du 27 mars 2000.60(*)
Ce rapport intitulé « Nous les
peuples : le rôle des Nations Unies au XXIè,
siècle, n'a fait que rappeler aux Etats leur responsabilité en
face du monde. Mais la même difficulté liée au fait que ces
engagements ne soient consacrés que dans des déclarations, n'a
toujours pas trouvé de remède. Cette fois, c'est avec plus de
précision que le Secrétaire Général de l'ONU va
s'adresser au monde. Ceci relève du fait que la Convention relative aux
droits de l'enfant, adoptée le 20 novembre 1989, venait d'entrer en
vigueur en septembre 2000.
Ce rapport avait comme
objet : « alimenter la réflexion et stimuler le
débat ». Voilà pourquoi le point 15
prévoit : « Ils nous faut sortir des sentiers battus et
repenser les moyens de gérer notre action commune et de servir
l'intérêt général. Aucun Etat ne peut espérer
venir à bout à lui seul de la plupart des problèmes
auxquels nous devons faire face aujourd'hui. Pour mieux gouverner au niveau
national et mieux gouverner ensemble au niveau international, il faut des Etats
forts, et dotés d'institutions efficaces ».
Quant au point 16 de renchérir que le plus
important, c'est que l'être humain soit au centre de tout ce que nous
faisons. Il n'est pas d'aspiration plus noble, pas de responsabilité
plus impérieuse que d'aider, dans le monde entier, des hommes, des
femmes et des enfants à vivre mieux (...)
Il poursuit, dans le point 17, qu'il ne suffit pas
d'évoquer l'avenir, il faut dès à présent se mettre
à le forger. Puisse le sommet du millénaire être l'occasion
pour les Etats membres de renouveler leur engagement à l'égard de
l'organisation et de ce que doit être sa mission. Et puissent les
dirigeants de la planète témoigner de leur bonne volonté
en donnant suite aux engagements pris.
Plus loin, dans le point 364 il martèle que :
« pour faire respecter ces valeurs au XXIè
siècle, nos priorités doivent être clairement
définies :
Premièrement, nous ne devons ménager aucun
effort pour libérer nos semblables, hommes et femmes, de la
pauvreté objecte et déshumanisante dans laquelle vivent
actuellement plus d'un milliard d'entre eux. En conséquence,
engageons-nous :
« (...) A faire en sorte que, d'ici 2015, tous les
enfants, garçons et filles, puissent suivre le cycle complet de
l'enseignement primaire et que les filles aient accès, sur un pied
d'égalité avec les garçons, à tous les cycles de
l'enseignement ».
b. L'échéance endéans laquelle les OMD
doivent être atteints.
Il a été dit, ci-contre, que les droits
consacrés en OMD, et précisément le droit à
l'éducation, sont consacrés par les autres instruments juridiques
tels qu'indiqués dans les lignes précédentes, à la
seule différence que, la Déclaration du millénaire fixe
des cibles, des indicateurs ainsi qu'une échéance pour
chaque droit : voilà ce qui nous amène à classer ce texte
dans le soft law. Ne pouvant pas faire le contour des tous les OMD, quoi que
leur interdépendance nous l'exige, nous allons essayer de creuser les
cibles du deuxième et du troisième OMD consacrés
spécifiquement à l'éducation pour tous.
- Le deuxième OMD consiste à assurer
l'éducation primaire pour tous. Il a comme cible, de donner à
tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens
d'achever un cycle complet d'études primaires, d'ici 2015.61(*) C'est l'éducation qui
permet de choisir la vie que l'on mènera et de s'exprimer avec confiance
dans ses relations personnelles, son milieu et son travail. Voilà
pourquoi on n'y a adjoint des indicateurs62(*) pouvant faciliter d'évaluer les progrès
accomplis. L'ONU considère que les 115 millions d'enfants en âge
d'être scolarisés dans le primaire qui ne le sont pas se voient
refuser l'exercice d'un droit fondamental. Il s'agit surtout d'enfants de
familles pauvres, dont la mère, le plus souvent, n'a pas
fréquenté l'école non plus. Ce gaspillage de potentiels ne
touche pas seulement les enfants car l'éducation, notamment celle des
filles, comporte des avantages sociaux et économiques pour l'ensemble de
la société.63(*) Une femme éduquée a des meilleures
perspectives économiques et participe davantage à la vie
publique. Si elle est mère, elle tend à avoir des enfants moins
nombreux mais en meilleure santé et qui ont plus de chances d'aller
à l'école. Tous ces points positifs sont autant d'armes contre le
cercle vicieux de la pauvreté.
- Le troisième OMD quant à lui consiste à
promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
avec des indicateurs précis.64(*) Il a pour cible d'éliminer les
disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et
secondaires d'ici à 2005,65(*) si possible, et à tous les niveaux de
l'enseignement en 2015, au plus tard.66(*) L'égalité des sexes inscrite dans
les droits de l'homme est au coeur de la réalisation des OMD. Sans elle,
on ne pourra vaincre ni la faim, ni la pauvreté, ni la maladie. C'est
dire que l'égalité doit être réelle à tous
les niveaux de l'enseignement, et que la maîtrise des ressources et la
représentation dans la vie publique et politique doit être
également partagées. Parvenir à la parité à
l'école primaire et au-delà, est une condition préalable
à la pleine participation des femmes à la vie sociale et à
l'économie mondiale.
Ces engagements nouveaux qui incombent aux Etats et aux
organisations du système Onusien nous amènent, à
présent, à envisager le droit de l'enfant à
l'éducation, consacré dans la Déclaration du
millénaire, en tant qu'un droit du soft Law.
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation
dans le soft law.
Le concept de soft Law est apparu dans le droit
international public au début des années soixante-dix. À
l'époque, la réflexion sur les sources du droit international
public s'est accélérée, en se focalisant sur deux
problèmes, devenus prééminents, à savoir, la place
des résolutions dans les organisations internationales et le
caractère inapproprié du droit coutumier.
Concernant le soft Law, il était malaisé de qualifier
juridiquement des actes non obligatoires adoptés d'un commun accord par
la collectivité de certains États en vue de définir des
principes et des orientations politiques. Etant donné qu'il ne
s'agissait pas du droit conventionnel, la qualification « d'actes
unilatéraux internationaux » semblait être
inoffensive.67(*)
Les actes du soft Law se distinguent des actes
conventionnels à caractère contraignant du droit international
par le fait qu'ils n'ont pas nécessairement ni immédiatement un
caractère juridique, et par conséquent, ne sont pas
forcément contraignants. Le soft Law se particularise aussi, du point de
vue de la pratique, par les différents rôles qu'il remplit par
rapport au droit dur. Son usage est favorisé par son caractère
« allégé » sur le plan procédural et
par sa faculté d'extension de la marge d'action gouvernementale au
niveau international.
Dans un effort de rassemblement peut être
dressée une liste non exhaustive des instruments du soft Law.
Elle comprend les actes à faible caractère contraignant,
à savoir les déclarations protocolaires, les résolutions,
les communications, les recommandations, les chartes, les programmes, les
déclarations d'intention, les guidelines, les principes et
autres positions prises en commun ou encore, des accords adoptés par les
États. Cette liste peut aussi être étendue aux
communiqués, aux déclarations, aux conclusions, aux accords
informels, aux opinions, aux actes, aux accords inter - institutionnels, aux
concertations et aux accords de nature purement politique (gentlemen's
agreements).
Le caractère subsidiaire de ces
actes est bien illustré dans les terminologies proposées par
d'éminents juristes dont R.J. DUPUY, P. PESCATORE, F. RIGAUX, Q.D.
NGUYEN et M. VIRALLY.
R. J. DUPUY traduit la notion de soft Law
comme droit mou (ou droit vert).68(*) Ces deux traductions
présentent deux fonctions qui ne coïncident pas
nécessairement. Le droit mou se réfère
plutôt au caractère infra-juridique d'une règle de
conduite, et le droit vert inclut plus une connotation temporelle et
se réfère à la possibilité que le soft Law puisse
impulser le développement du hard Law (le soft Law
comme arrière-plan de la création d'une règle du droit
dur). P. PESCATORE avait proposé la dénomination de
« droit vague » et F. RIGAUX parle de
« droit assourdi » (immature). Q. D.
NGUYEN appelle ces actes « actes concertés
non ».69(*)
Ils le distinguent de l'ensemble des résolutions des organisations
internationales. Celles-ci sont des actes unilatéraux, terme classique
dans toutes les organisations internationales, imputables à
l'Organisation qui les adopte. Ils mettent l'accent sur le fait qu'il s'agit du
résultat d'une négociation dont l'effet à l'égard
des tiers pose problème.
M. VIRALLY préfère la traduction de
droit doux.70(*) Considérant qu'il s'agit d'une sorte de
« pré-droit », il ajoute dans cet arsenal
du soft Law les considérations, les points de vue, les engagements de
bonne volonté. Il s'agit de moyens qui aident de
façon appropriée l'action, la consultation, la négociation
et la coopération. L'auteur dégage quatre catégories de
« textes incertains » : les communiqués
conjoints, les déclarations conjointes, les textes concertés au
sein d'un organe international, les accords informels.
Le soft Law, à travers son caractère plus ou
moins programmatoire et à échéance certaine, procure aussi
un cadre de discussions et de négociations futures entre les
États. C'est là le point fort de différenciation du soft
Law avec les autres textes du droit international public. On peut noter le cas
d'usage purement « symbolique » que constitue l'annonce
d'intentions, afin d'éviter de traiter vraiment la question en prenant
une décision contraignante avec des conséquences lourdes.
Toutefois, sa réalisation est conditionnée par le bon gré
de chaque Etat.71(*)
Voilà pourquoi l'AG de l'ONU tient chaque
année une réunion dite de « haut
niveau » sur les OMD en vue de s'assurer des avancées et
des failles à corriger aux fins d'une prompte réalisation des
OMD. Toutefois, le caractère alléchant de la Déclaration
du millénaire considéré comme un acte du soft Law, prouve
combien de fois la question des ressources disponibles pour réaliser un
droit, de surcroît programmatoire, comme le droit à
l'éducation en RDC, demeure un problème majeur. Examinons
à présent le droit de l'enfant à l'éducation tel
que prévu par le droit positif congolais.
Section 3ème : Le droit de
l'enfant à l'éducation en droit positif congolais.
Le droit positif est un droit constitué par
l'ensemble des règles juridiques en vigueur dans un Etat ou dans une
communauté internationale, à un moment donné, quelles que
soient leur source.72(*)
Le présent chapitre passe en revue le droit de
l'enfant tel que prévu par la Constitution de la RDC et la Loi-cadre de
l'enseignement national.
§1. Le droit de l'enfant à
l'éducation dans la Constitution de la RDC.73(*)
L'actuelle Constitution semble être plus claire sur
la question. Néanmoins, nous allons jeter un regard sur les
Constitutions antérieures pour nous permettre d'avoir une idée
générale du passé avant d'aborder la Loi-cadre de
l'enseignement national.
A. L'évolution du droit de l'enfant à
l'éducation dans la Constitution congolaise.
L'al. 1er de l'art. 43 prévoit :
« Toute personne a droit à l'éducation scolaire. Il y
est pourvu par l'enseignement national.
L'enseignement national comprend les établissements
publics et les établissements agréés.
La loi fixe les conditions de création et de
fonctionnement de ces établissements. Les parents ont le droit de
choisir le mode d'éducation à donner à leurs enfants.
L'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics ».
Cette Constitution qui avait été
précédée par celle de la Transition, tient compte du
deuxième OMD et de tous les instruments juridiques auxquels nous avons
fait allusion. La Constitution de la transition prévoyait que tout
congolais a le droit à l'éducation.74(*) L'enseignement est obligatoire
jusqu'au niveau d'études, et à l'âge prévus par la
loi.75(*) Mais avant cela,
le Pays, sortit de la guerre dite de libération, s'est vu menacer par
différents groupes armés, et depuis mai 1997, l'on serait tenter
de dire qu'il n'y avait presque pas de Constitution. Le Décret-loi
Constitutionnel n° 003 prévoyait qu'en RDC, l'exercice des droits
et libertés individuels et collectifs est garanti sous réserve du
respect de la loi, l'ordre public et des bonnes moeurs.76(*) Bien antérieurement,
l'art. 33 de la Constitution de 1964,77(*) disposait à son 2ème
alinéa que, l'enseignement est obligatoire et gratuit jusqu'au niveau
d'étude prévu par la loi. Ce texte fondamental n'avait pas pu
produire ses effets à cause du coup d'Etat du 24 novembre 1965.
Examinons dans le point qui suit l'égalité des chances telle que
prévue par la Constitution.
B. L'égalité des chances dans la
Constitution congolaise.
Les mêmes textes sous examen sont également
explicites quant à l'égalité des chances. La Constitution
de 1964, prévoyait à son art. 14, qu' « aucun congolais
ne peut, en matière d'éducation ou d'accès aux fonctions
publiques dans la République, faire l'objet d'une mesure
discriminatoire, qu'elle résulte d'une loi ou d'un acte du pouvoir
exécutif, en raison de sa religion, de son appartenance tribale, de son
sexe, de son ascendance, de son lieu de naissance ou de sa
résidence ».
Dans le même ordre d'idée, l'art. 5 de la
Constitution de 1967 proclamait que « le principe de
l'égalité des congolais, qu'il s'agisse des hommes ou des femmes
était d'une portée générale. La Constitution de
1983 abondait dans le même sens. Son art. 12, al. 2ème
prévoyait qu'aucun zaïrois ne peut, en matière
d'éducation (...) faire l'objet d'une mesure discriminatoire
(...) ». La Constitution en vigueur est encore plus explicite. Elle
dispose à son art. 14, al. 1er que : « Les
pouvoirs publics veillent à l'élimination de toute forme de
discrimination à l'égard de la femme et assurent la protection et
la promotion de ses droits ». Cette disposition n'a repris que les
prévisions de l'art. 10, litera a78(*) de la Convention sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination à l'égard des femmes du 17
décembre 1979.
Comme prévu à l'art. 43 de la Constitution de
la RDC, l'enseignement national comprend les établissements publics et
établissements agréés, la Loi fixe les conditions de
création et de fonctionnement des établissements d'enseignement,
cela va nous amener, à présent, à jeter un regard sur la
Loi Cadre de l'enseignement national.79(*)
§2. La Loi-cadre de l'enseignement national en
RDC.
La présente Loi réglemente l'enseignement
maternel, primaire, secondaire, professionnel, supérieur et
universitaire. Etant donné que notre champs matériel porte sur
l'enseignement primaire, nous allons focaliser notre attention sur les articles
spécifiques y relatifs.
L'art. 19 prévoit que :
« L'enseignement primaire a comme objectif de préparer
l'enfant à la vie, de lui donner un premier niveau de formation
intellectuelle et sociale ; il doit notamment :
1. Préparer l'enfant à s'intégrer
dans la société ;
2. Préparer à la poursuite
d'études ultérieures, les enfants qui se seront relevés
capables ».
Les prescrits de ce texte et les conditions des enfants
actuellement en RDC constituent un contraste au regard des guerres que le pays
a connu.
A. Les prescrits légaux et la
réalité observée : un contraste amer.
Pour l'UNICEF, on ne peut évoquer la
problématique de l'éducation en RDC sans parler de 30.000 enfants
soldats émanant de deux guerres, des 15.OOO enfants des rues qui
représentent de véritables « bombes sociales à
retardement » et provoquent l'insécurité dans les
villes, des dizaines de milliers d'orphelins et d'enfants sans parents
biologiques « confiés » à une famille. Cette
institution estime que 3,1 % des enfants de 0 à 14 ans sont des
orphelins et 9 % des enfants « confiés ». Il faut
ajouter à ce panorama les nombreux enfants, en majorité des
filles, qui sont contraintes pour des raisons économiques de manquer
l'école pour remplir des travaux divers pour le compte de leur
famille.80(*)
Réinsérer ces enfants dans l'école est
un défi aussi fondamental que périlleux. Toutefois, des
initiatives existent, mais leur ampleur est limitée. Les affaires
sociales et l'UNICEF ont mis sur pied un programme de trois ans pour permettre
aux enfants des rues de rattraper leur retard dans les six années du
primaire, mais l'expérience qui est concluante n'a pas été
développée par l'Etat congolais. Ces modules ont pour but de
redonner confiance à ces enfants qui, ayant abandonné leur habit
militaire, se sentent faibles et perdent confiance en eux. Plus graves encore
sont les cas des filles qui ont suivi des soldats adultes et qui leur ont servi
d'esclaves sexuelles. Ces filles, qui ont parfois à peine 12 à
13 ans, sont rejetées par la communauté.
B. Le retard enregistré par la RDC dans la
réalisation du deuxième OMD.
Face à ce constat malheureux, la RDC a
enregistré une baisse dans la plupart des indicateurs et n'atteindra
à ce rythme jamais le deuxième OMD à
l'échéance, estime le CWBCI.81(*) Près d'un enfant sur d'eux n'a toujours pas
accès à l'école primaire à l'âge
légal,82(*) le taux
d'alphabétisation stagne autour des deux tiers et les disparités
entre les sexes demeurent, sauf en primaire de Kinshasa. Par ailleurs,
seulement trois élèves sur dix achèvent le cycle complet
du primaire.83(*)
Etant entendu que l'obligation première de la
réalisation des droits proclamés dans le PIDESC incombe d'avance
aux Etats, bien entendu en tenant compte des ressources disponibles, et que la
Déclaration du millénaire a apporté des engagements
nouveaux dans le chef des Organisations de l'ONU engagées dans la
protection des droits de l'enfant, vérifions à présent,
dans un deuxième chapitre, les points saillants sur l'effectivité
du droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
CHAP.II. L`EFFECTIVITE DU DROIT DE L'ENFANT A
L'EDUCATION PRIMAIRE EN
RDC.
Parler de l'effectivité du droit de l'enfant
à l'éducation primaire en RDC nous amène à aborder,
d'entrée de jeu, l'évolution du système éducatif et
socio-politique de la RDC (section 1ère), avant de
procéder à une analyse contextuelle de la question (section
2ème) et atterrir sur l'état d'avancement de la RDC
par rapport aux OMD (section 3ème).
Section 1ère : Evolution du
système éducatif en RDC.
Nous allons épingler la question relative à
l'évolution du système éducatif (A), avant d'aborder
l'aspect socio-politique (B).
§1. L'évolution du
système éducatif congolais.
Cette évolution peut être scindée selon
qu'on se place avant l'époque coloniale (a), pendant l'époque
coloniale (b) et après cette époque ; dire mieux depuis
l'indépendance jusqu'à nos jours (c).
A. Le système éducatif congolais
précolonial.
Durant cette période, c'est le système
éducatif traditionnel qui prévalait. Les programmes comportaient
des fables chargées de morale, l'instruction de la botanique, de la
biologie et de la médecine (essentiellement les plantes
médicinales), les traditions du clan et le code du droit coutumier. Ces
éléments apprenaient aux enfants à servir la famille, le
clan et la communauté.
B. La création des 1ères
écoles.
La 1ère école de type occidental
est apparue en 1878. Celle-ci avait été installée par les
protestants suivies de deux écoles catholiques en 1880. Pendant
plusieurs décennies, cette école occidentale provoque la
méfiance des populations locales, tandis que la diversité des
langues locales, la pénurie du personnel enseignant (les missionnaires
étant peu nombreux) et le nombre insuffisant de livres scolaires rend
son développement difficile. Il a fallut attendre la fin de la
deuxième guerre mondiale pour voir les choses évoluées.
Ainsi, le taux de scolarisation était passé
de 12 à 37% entre le début des années 1930 et le
début des années 1950. Fin 1959, à la veille de
l'indépendance, le taux de scolarisation primaire atteint 59%, avec un
taux d'accroissement de 6 à 10%, ce qui permit un taux relativement
élevé d'alphabétisation. Mais l'enseignement universitaire
est quasi- absent, avec moins de 1000 étudiants universitaires
présents au Congo au moment de l'indépendance.84(*)
C. Le système éducatif post- colonial.
Après l'indépendance, plusieurs programmes
ambitieux sont définis au cours des années 1960. En deux
décennies, le Congolais forme une élite intellectuelle
conséquente. Au début des années 1980, si la scolarisation
universelle n'est pas encore de mise, surtout pour les filles et dans le
secondaire, le Congo-Zaïre a su mettre en place un système
éducatif propre allant de l'école primaire à
l'université, avec le quart du budget de l'Etat affecté à
cette tâche.
Cela répondait à l'engagement des Etats
contenu dans l'art. 14 du PIDESC qui dispose : « Tout Etat
partie au présent Pacte qui, au moment où il devient partie, n'a
pas encore pu assurer dans sa métropole ou dans les territoires
placés sous sa juridiction le caractère obligatoire et la
gratuité de l' enseignement primaire s'engage à établir et
à adopter, dans un délai de deux ans, un plan
détaillé des mesures nécessaires pour réaliser
progressivement, dans un nombre d'année fixé par ce plan, la
pleine application du principe de l'enseignement obligatoire et gratuit pour
tous ».
Malheureusement, les deux décennies suivantes vont
s'avérer catastrophiques pour le système éducatif
congolais. La crise économique déclanchée à partir
de la fin des années 1983, l'austérité budgétaire
imposée par les programmes d'ajustement structurel, les pillages et les
guerres des années 1990, ainsi que la démographie vont
détruire, sur tous les plans, la majeure partie de ce qui avait
été construit jusque là.
Ainsi, de 26% en 1982, la part du budget dans
l'éducation passe à 7% en 1986, principalement suite à la
baisse des salaires des enseignants. Les statistiques durant les
années1990 sont peu fiables, mais la Banque Mondiale estime que le
niveau est resté similaire ; ceci jusqu'aujourd'hui.85(*)
Martin EKWA, quant à lui, estime que moins de 1% du
faible budget de l'Etat a été affecté à
l'éducation du début des années 1990 au début des
années 2000.86(*)
Quoi qu'il en soit, la Banque Mondiale calcule que les
dépenses courantes réelles en 2002 n'atteignaient pas 4% de leur
niveau de 1980 pour le primaire et le secondaire moins de 3% pour le
supérieur.87(*) La
comparaison est encore plus dramatique si on prend en considération le
niveau des dépenses par élève : En 2002, elles
représentaient 3,7% du niveau de 1980 pour le primaire et le secondaire
et moins de 1% pour le supérieur. En 2005, le budget de
l'éducation ne dépassait pas 7,5% du budget total de l'Etat.
En réalité, une double courbe contradictoire
a accéléré le déclin du système
éducatif congolais : il s'agit de la hausse de la
démographie et la baisse du budget de l'éducation.
La répartition des dépenses
d'éducation quant à elle, selon les niveaux secondaires est de
36% au primaire (soit moins de 3 dollars par élève et par an),
32% au secondaire, 1% à l'administration et 31% au supérieur.
Le tableau qui suit nous instruit davantage sur le budget
de l'éducation et le taux brut de scolarisation en RDC.88(*)
|
Budget de l'éducation en RDC
|
Année
|
1980
|
1983
|
1986
|
2000
|
2002
|
Part du budget
|
24%
|
17%
|
7%
|
8%
|
6%
|
Taux de scolarisation en RDC
Année
|
60-61
|
66-67
|
71-72
|
76-77
|
82-83
|
86-87
|
89-90
|
94-95
|
99-00
|
01-02
|
Primaire
|
70%
|
74%
|
92%
|
88%
|
86%
|
73%
|
55%
|
73%
|
49%
|
64%
|
Les tableaux ci-contre démontrent que le taux de
scolarisation n'a évidemment pas pu évoluer positivement dans des
telles conditions. Le taux brut de scolarisation primaire est passé de
86% en 1982-1983 à 55% en 1989-1990, puis à 49% en 1999-2000,
pour atteindre 64% selon les dernières statistiques disponibles.
Pour comprendre la grande difficulté qui a
entravé le système éducatif congolais jusqu'à nos
jours, il sied d'interroger le contexte socio-politique du pays.
§2. Le contexte
socio-politique.
Le Congo-Zaire a été émaillé
par multiples « chocs » allant de la colonisation à
la dictature, en passant par la crise économique, l'ajustement
structurel, les pillages et les guerres. Cette réalité n'a pas
empêché le pays de mettre sur pied, progressivement durant les
deux premières décennies de son indépendance, un
système éducatif propre allant de l'école primaire
à l'université.
Le présent paragraphe passe en revue la
période post-coloniale jusqu'en 1990, période pendant laquelle le
système éducatif se maintenait sans beaucoup de
difficultés (A), et atterrit sur celle d'après 1990 à nos
jours.
A. Le contexte socio-politique d'avant 1990.
Juste après l'accession du pays à sa
souveraineté nationale et internationale, le 30 juin 1960, le pays a
débouché sur la destitution puis l'assassinat du premier ministre
Patrice LUMUMBA, le 17 janvier 1961, puis sur un coup d'Etat de MOBUTU qui,
à partir de 1965, met en place un système dictatorial qui durera
32 ans.
Après une période d'euphorie (1967-1972),
notamment due à la bonne tenue du cuivre, les nuages économiques
s'amoncellent dans le Congo rebaptisé Zaïre en 1971. Dès
1973 année dite de la « Zaïrianisation » des
entreprises étrangères, les difficultés financières
voient le jour et ne cessent de s'aggraver. En 1976, MOBUTU est contraint de
rétrocéder les entreprises étrangères
« zaïrianisées » et de mettre en oeuvre des
programmes successifs de stabilisation. Cela va aboutir à la
dévaluation de la monnaie du pays, pas moins de six fois entre novembre
1978 et février 1980, sous la supervision du FMI. 89(*)
La succession des mesures mises en place n'étant pas
suffisante pour enrayer la crise, en septembre 1983, le Zaïre entame un
programme d'ajustement structurel : c'est alors que commence les
années dites de la « rigueur » orchestrées
par le premier Ministre Kengo wa DONDO avec le soutien du FMI et de la Banque
Mondiale. Le service de la dette mobilise plus de deux tiers des
dépenses de l'Etat. Les coupes sombres dans les dépenses sociales
impliquent notamment que les soins de santé deviennent payants et les
emplois de la moitié des enseignants sont supprimés. 90(*)
A la chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc
soviétique, le régime de MOBUTU qui se profilait progressivement
en «plaque tournante» des opérations occidentales
occupées en Afrique en luttant contre les mouvements de
libération et les pays appuyés par le bloc soviétique,
perd soudainement de sa superbe. MOBUTU devient une relique dictatoriale d'un
temps désormais révolu. Ceci va l'amener, le 24 avril 1990,
à dissoudre son parti unique, le MPR, et feint de s'ouvrir au
multipartisme, en créant de toutes pièce une multitude des partis
politique.
B. L'Après 1990 à nos jours.
Les pillages orchestrés par l'armée, entre
1991et 1993, fait sombrer le pays dans une situation chaotique. En juillet
1991 la Conférence Nationale Souveraine fut organisée. Elle avait
porté au poste de premier Ministre Monsieur TSHISEKEDI, qui n'a
duré que 8 mois, ce qui a bouleversé tout l'espoir du peuple
fondé sur ladite conférence.
En 1994, après le génocide au Rwanda, les
réfugiés rwandais se sont installés à l'est du
zaïre et parmi eux se trouvaient des soldats du gouvernement déchu
avec armes et munition qui s'organisaient dans les camps pour
reconquérir le pouvoir à Kigali contre l'armée du FPR
dirigée par Paul KAGAME.
C'est dans ce contexte que prend forme la guerre au
Congo-Zaire dirigée par une coalition rwandaise-ougandaise-alliance des
forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avec
comme objectif : attaquer le pays, démanteler les camps de
réfugiés et continuer son avancée jusqu'à Kinshasa.
Ceci avait provoqué la chute de MOBUTU, le 17 mai 1997, avec comme
président autoproclamé, le leader de l'AFDL,
Laurent-Désiré KABILA.
En Août 1998 se déclenche une nouvelle guerre
à l'est du pays dirigée par le RCD soutenu par le Rwanda, puis
quelques temps par le MLC soutenu par l'Ouganda. Cette guerre de près de
cinq ans provoque la mort de plus de trois millions de personnes et divise le
pays jusqu'à ce que Laurent-Désiré KABILA soit
assassiné en janvier 2001, que son fils Joseph KABILA le remplace et
qu'un accord de paix soit signé en décembre 2002 à
Pretoria, pour amorcer le 30 juin 2003 sur une transition fondée sur la
logique du « 1+4 », c'est-à-dire, un
Président et quatre vices présidents.
Cette transition, longue de trois ans, a permis l'adoption
par référendum en décembre 2005 d'une nouvelle
Constitution et la réalisation d'élections en 2006.
Voilà le contexte dans lequel les dirigeants de la
RDC, ont pris part à côté de ceux du monde entier, en
septembre 2000, pour mettre sur pied la déclaration du millénaire
proclamant les objectifs à réaliser à
l'échéance 2015 dont le droit de l'enfant à
l'éducation.
Mais pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants du
présent droit, il sied de procéder par une analyse contextuelle
des conditions scolaires en RDC.
Section 2ème : Analyse contextuelle du
droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
La présente section passe en revue la scolarisation
en général (§1), et aborde les conditions et la
qualité de l'enseignement (§2).
§1. La
scolarisation en général.
Pour la Banque Mondiale, la RDC est un pays dont la
population est jeune (48% de la population à moins de 15 ans et 67% a
moins de 25 ans) et dont près du tiers vit dans les zones
urbaines.91(*)
Au plan général, on peut subdiviser le
système éducatif congolais en trois, à moins qu'on y
ajoute le cycle préscolaire qui existe en théorie mais qui n'est
réservé qu'à une minorité d'enfant des zones
urbaines. L'UNICEF considère que la participation aux programmes
d'éducation maternelle « en RDC » ne concerne que 3%
d'enfant de 3 à 4 ans révolus ; presque tous sont issus des
ménages les plus riches des centres urbains et des mères les plus
instruites.92(*) Et
portant, l'art. 16 de la Loi-cadre de l'enseignement national dispose
que : « L'enseignement national est organisé en
enseignement maternel, enseignement primaire, enseignement secondaire,
enseignement supérieur et enseignement universitaire ».
La même Loi indique que l'enseignement maternel a pour
but d'assurer l'épanouissement de la personnalité de l'enfant par
une action éducative en harmonie avec le milieu familial et social. Il
concourt essentiellement à l'éducation sensorielle, motrice et
sociale de l'enfant et vise à le rendre apte à suivre
l'enseignement primaire.93(*)
Toutefois, le législateur Congolais a pris soins
d'indiquer que l'enseignement maternel est facultatif.94(*) Cela nous amène
à examiner, brièvement, le cycle d'enseignement primaire (A), le
cycle d'enseignement secondaire (B) et le cycle d'enseignement supérieur
(C).
A. Le cycle d'enseignement primaire.
Le présent
cycle dure six années, divisées en trois degrés de deux
ans chacun, et est ponctué d'un certificat d'étude primaires sur
base des résultats obtenus en classe et à l'issu d'un Test de fin
d'études primaires (voir art. 20 à 22 de la Loi-cadre).
B. Le cycle d'enseignement secondaire.
Il est prévu
aux art. 24 à 26 de la Loi-cadre de l'enseignement national. Il dure
six années, divisées en un troc commun de deux ans et en un
second degré de quatre ans qui introduit une distinction entre trois
sections (générale, pédagogique ou technique) : c'est
ce qui ressort de l'art. 24 de la Loi-cadre qui dispose que :
« L'enseignement secondaire comprend :
· Des Ecoles d'Arts et métiers dont la
durée d'études est de trois ans ;
· Des Ecoles Normales à durée
d'études de quatre ans et de six ans ;
· Des Ecoles professionnelles à durée
d'études de cinq ans ;
· Des Humanités générales et
techniques dont la durée d'études est de six ans ».
Au cours des années passées, il était
également possible de suivre un cycle cours de quatre ans d'enseignement
professionnel après le cycle primaire. Quant aux détenteurs du
diplôme d'Etat d'études secondaires du cycle long, ils ont
accès au cycle d'enseignement supérieur ou universitaire.
C. Le cycle d'enseignement supérieur et
universitaire
Le cycle d'enseignement
supérieur est divisé en un premier cycle de trois ans (graduat)
et un second de deux ans (Licence). Il est organisé par les art. 27 et
suivants de la Loi-cadre.
L'art. 27 prévoit
que : «l'enseignement supérieur comprend des instituts
supérieurs techniques et pédagogiques». Toutefois, il est
dit que les instituts supérieurs et techniques ont pour but de former
des cadres spécialisés dans le domaine des sciences, des
techniques appliquées, des arts et métiers.95(*) L'enseignement universitaire
quant à lui poursuit comme but d'assurer la formation des cadres de
conception dans tous les secteurs de la vie nationale.96(*) Toutefois, la grande
difficulté se pose au niveau de la formation, étant donné
que les enseignants sont mal payés à ces jours et se rabattent
sur les parents ; ce qui diminue la qualité d'enseignement dans les
institutions publiques.
Cela amène certains chefs de ménage de porter
leur préférence sur l'enseignement privé où ils ont
l'impression d'obtenir de ces établissements privés un
enseignement de qualité pour leurs enfants. Ceci s'inscrit dans le fait
que l'enseignement national comprend les établissements publics et les
établissements privés agréés.97(*) Les établissements
privés agréés sont ceux créés à
l'initiative des privés, personnes physiques ou morales,
gérés par eux-mêmes et soumis au contrôle des
pouvoirs publics. Ils ont les mêmes programmes d'enseignement national
que les établissements publics. Examinons, dans un deuxième
paragraphe, les conditions et la qualité de l'enseignement de base en
RDC.
§2. Les conditions et la qualité
d'enseignement élémentaire en RDC.
A. Les conditions de l'enseignement.
Nous allons parler des conditions des enseignants (a),
avant d'aborder la question relative au matériel et infrastructures
scolaires (b).
a). Les conditions des enseignants.
Depuis les années 1990 qui ont
succédées à la période dite d'ajustement structurel
de 1983, le salaire des enseignants est devenu un problème majeur du
système éducatif congolais. Si on ne prend en compte que la
partie du salaire pris en considération, l'enseignant du primaire le
moins gradé touchait moins de cinq (5) dollars américains par
mois il y a deux ans, et touche depuis 2008, 30.953 FC, soit 52 $ US.98(*) A ce salaire de base s'ajoute
à Kinshasa une prime de logement (de 2.500 FC congolais, soit moins de 5
$ US actuellement) et de transport (de 9.202 francs congolais, soit 15,8 $ US
à ces jours). Cette rémunération est
complétée par les contributions des parents, primes, qui
diffèrent d'une école à une autre. La latitude
laissée aux gestionnaires d'écoles dans la fixation des frais de
prime, a créée ce dernier temps un problème sérieux
dû au fait que les frais ont triplés ou quadruplés pour
certaines écoles de la ville de Bukavu au cours de l'année
scolaire 2008-2009 au mépris de l'Arrêté
interministériel portant fixation des frais scolaires à percevoir
au sein des écoles primaires publiques, tel que complété
par l'Arrêté du Gouverneur de province portant fixation des frais
de scolarité des élèves dans les écoles publiques
et privées agréées pour l'exercice scolaire 2008-2009.
L'art. 1er de l'Arrêté
interministériel prévoit que : « Les frais
autorisés à être perçus dans les
établissements publics d'enseignement primaire sont: le minerval, la
prime d'assurance, les frais des pièces scolaires (bulletin, la fiche
d'identification, la carte d'élève), les frais
d'administration ainsi que les frais des épreuves de fin de cycle
primaire (TENAFEP) ». La lecture de l'art. 3 indique que tous ces frais
ne peuvent dépasser 1600 FC. La perception de la prime des parents
figure à cet effet hors des frais prévus par les ministres et
demeure à ce jour illégale.99(*) Les syndicats pensent que la prime est devenue un
bouclier pour les autorités et un rempart pour les gestionnaires
scolaires. Dans une lettre du Ministre de l' EPSP adressée aux chefs des
divisions, il est rappelé dans le point relatif à la perception
des frais, qu'en dehors des frais fixés par l'Arrêté
ci-contre, la perception de tout autre frais est strictement interdite,
notamment (...) des frais de motivation des enseignants (...)100(*) Pour rendre effective toutes
ces décisions, le Ministre de l'EPSP a pris l'Arrêté
portant création de la Commission Provinciale Permanente de
l'EPSP.101(*) Cette
commission a pour mission d'émettre des avis sur des mesures
d'organisation visant le bon fonctionnement du système éducatif,
notamment en ce qui concerne :
· La planification, les infrastructures scolaires, la
population scolaire, le personnel administratif, l'enseignant et ouvrier de
l'école, le patrimoine, le partenariat éducatif et le financement
de l'éducation ;
· De faire exécuter et appliquer les directives et
instructions officielles en matière d'éducation par et dans
toutes les structures du secteur de l'enseignement primaire secondaire et
professionnel ;
· D'assurer le suivi de toutes les directives et
instructions officielles.
Cette commission concrétisée par le Gouverneur
de Province, le 13 février 2008,102(*) vient à peine de mettre sur pied son ROI en
juillet 2008 et vient de tenir sa première réunion ; ce qui
fait qu'elle n'a même pas été consultée pour le
budget provincial de 2009.
Toutefois, l'on remarque que les montants
disponnibilisés par les pouvoirs publics marquent d'importantes
inégalités entre les villes et les campagnes et, surtout, entre
Kinshasa et l'intérieur du pays: c'est la problématique de
l'épineuse question des zones salariales. Depuis lors, les syndicalistes
en ont fait leur lutte. Les enseignants des zones rurales n'ont en effet
aucune prime de logement. Seulement, une prime forfaitaire de 1.000 francs
congolais (soit 1,7$ US) pour le transport leur est allouée. En moyenne,
il y a deux ans, les enseignants hors Kinshasa touchaient un salaire qui
représentait l'équivalent du tiers de celui versé à
Kinshasa et qui représentait généralement moins de 10
dollars par mois. Cependant, ces montants, aussi faibles soient-ils, sont
eux-mêmes théoriques, car leur payement est depuis de longues
années irrégulier. Cela a amené le Ministre de l'EPSP
à mettre sur pied une Circulaire interdisant formellement la retenue des
salaires des enseignants.103(*) Selon l'entrevue nous accordée par les
syndicalistes du SYECO, leur lutte a abouti à des meilleurs
résultats : depuis avril 2008, les enseignants sont payés
régulièrement malgré le caractère insuffisant de
l'enveloppe salariale.
Pour mieux cerner la question, il échet de
comprendre les tenants et les aboutissants liés au retard de la mise en
oeuvre de la décentralisation (1), et la non application du
barème de MBUDI (2).
1. Le retard dans la décentralisation.
La retenue à la source de 40% des recettes
générées par la province n'a pas été
effective à cause du retard observé dans la mise sur pied de la
Loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces. Cette Loi est venue renforcer
les prescrits des articles. 203 et 204 de la Constitution en
déférant certains aspects de l'enseignement et la santé
à la charge de la Province. C'est désormais la province qui va
résoudre la question des zones salariales ainsi que la
mécanisation des certaines écoles et des certaines unités
de l'EPSP. En attendant l'application du budget 2009 de la province qui viendra
concrétiser les prescrits de cette Loi, ce domaine continu à
relever du Ministère national de l'EPSP. Pour essayer d'améliorer
les conditions des enseignants, il a été créé un
fonds de promotion de l'Education Nationale par le Décret n° 06/015
du 23 mars 2006. Ce fonds est appelé à appuyer la
rémunération de l'Enseignement Primaire, Secondaire et
professionnel en plus des autres attributions rentrant dans son domaine
d'action. Mais en attendant, l'application du barème de MBUDI
s'avère d'une importance capitale.
2. La non-application du barème de MBUDI.
Cette convention collective conclue entre le Gouvernement
et les Syndicats signé le 12 février 2004 est intitulée
« Contrat social de l'innovation entre: le Gouvernement et
les syndicats de l'administration publique et
interprofessionnels ».
Son art. 1er dispose : « Le
Gouvernement s'engage à respecter la base salariale mensuelle de 208$ US
pour le Huissier et de 2.080$ US pour le Secrétaire
Général de l'Administration publique qui a fait l'objet d'un
accord antérieur entre les syndicats et le Gouvernement de la
République le 11 septembre 1999 par la Commission paritaire au centre
Kimbaguiste et qui a été endossée par le Protocole
d'accord le 29 mai 2001 au salon rouge du Ministère des affaires
étrangères ». Pour son effectivité, les parties
se sont accordées sur le principe de la mise en oeuvre de cet objectif
en termes des paliers. En plus, elles ont été favorables à
la mise sur pied d'un comité de suivi de l'exécution de deux
autres paliers restants, notamment à l'occasion des revues du budget en
juin et octobre 2004.
Mais en réalité, cette convention qui est
restée lettre morte jusqu'à présent ne visait qu'une celle
chose, à savoir, permettre au gouvernement de gagner la confiance des
syndicats et de ce fait, arrêter les grèves
déclanchées par l'intersyndical sur toute l'étendue du
territoire national, situation qui discréditait déjà le
Gouvernement de transition au plan international. Cela se remarque à
l'art. 5 qui dispose que : « Les syndicats de l'Administration
Publique s'engagent à mettre fin à la grève
générale déclanchée en date du 09 février
2004 et à observer ainsi la trêve sociale durant toute la
période de transition par l'entremise du comité de suivi
moyennant le respect des accords prévus aux articles 3 et 4 ».
La meilleure illustration est donnée par le
négociateur en chef du Gouvernement, à savoir le
Vice-président en charge de la Commission gouvernementale sociale et
culturelle, qui, après le barème de MBUDI, a dirigé et
préfacé le Plan d'action national de l'éducation pour tous
en 2005. Ce plan indique, quant aux priorités du Gouvernement de
transition pour les 3-4 prochaines années que : « dans la
situation actuelle de la RDC, il est malheureusement peu probable que le pays
puisse atteindre l'objectif de développement pour le millénaire
d'éducation universelle d'ici 2015 ou éliminer les
disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire
d'ici 2015. Les études de la Banque Mondiale actuellement en cours dans
le secteur de l'éducation indiquent que les besoins de la RDC en ce
domaine sont singulièrement énormes. Dans le cadre du programme
minimal pour les 3 ou 4 années à venir, l'objectif
général est de rétablir à travers le pays les
conditions minimales de fonctionnement du système éducatif afin
de pouvoir assurer le redressement durable du pays et avancer sur la voie de
réalisation de l'EPT et des OMD ». 104(*)
Mais la même source renseigne que : « Pour
le secteur de l'enseignement primaire et secondaire, la stratégie du
gouvernement consistera en la réhabilitation de ces deux secteurs, une
oeuvre de longue haleine. Au vue de contraintes logistiques de mise en oeuvre,
mais surtout de la contrainte de la disponibilité des ressources, il est
envisagé d'étaler cette réhabilitation sur environ 20 ans,
un objectif particulièrement difficile dans la mesure où il
signifie qu'il faudra près d'une génération pour donner
aux congolais la chance de recevoir une éducation dans les conditions
minimales (et sans même prendre en compte la croissance
démographique de la population scolaire). L'objectif du programme dans
les 3 ou 4 années à venir sera de lancer cette oeuvre, en
travaillant en étroit partenariat avec les acteurs non gouvernementaux
impliqués dans le secteur (dont le secteur
privé) ».105(*)
Quant aux objectifs du Gouvernement en matière de
l'EPT, le plan indique que tout en réaffirmant les engagements pris
à JONTIEN (1990) et à DAKAR (2000), le Gouvernement de la RDC
tient à accélérer les progrès vers l'EPT et
s'engage à réaliser les objectifs à l'horizon 2010 et 2015
conformément au tableau qui suit. 106(*) Malheureusement, ce tableau ne dit mot sur le taux
de survie en 5ème et 6ème années,
considérées comme années d'achèvement du cycle
primaire.
Tableau portant objectifs du
gouvernement en matière de l'EPT.
|
2001/02
|
2010
|
2015
|
Accès, Participation et Rendement
|
|
|
|
Enseignement pré-primaire
|
|
|
|
Taux brut de scolarisation (3-5ans)
|
17%
|
30%
|
50%
|
Enseignement primaire
|
|
|
|
Taux brut d'admission (6ans)
|
86,8%
|
90%
|
100%
|
Taux brut de scolarisation (6-11 ans)
|
64,0%
|
-
|
100%
|
Taux de redoublement
|
15,0%
|
12,0%
|
10,0%
|
Mobilisation des ressources :
|
|
|
|
Dépenses publiques courantes d'éducation en %
des dépenses courantes totales
|
6%
|
20%
|
25%
|
Dépenses publiques courantes pour le primaire et
secondaire en % des dépenses courantes totales
|
69%
|
75%
|
80%
|
Ratio élèves-maîtres dans les
écoles publiques
|
39%
|
40%
|
40%
|
Pour parvenir à ces objectifs, le tableau qui suit
représente les besoins financiers pour le secteur de l'éducation
et de la recherche. Nous ne tiendrons compte que de besoins financiers relatifs
à l'éducation primaire.
Besoins financiers pour l'éducation primaire en RDC
(en millions de $ US).
Objectifs
|
Programme (3 à 4 ans)
|
1ère année
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
Enseignement Primaire
|
326,0
|
49,6
|
62,0
|
44,9
|
Réhabilitation de 3000 écoles de 6 classes en
moyenne
|
150,0
|
|
35,0
|
|
Manuels et fournitures scolaires
|
44,0
|
|
10,5
|
|
Formation et renouvellement des enseignants
|
125,0
|
|
15,0
|
|
Renforcement de la gestion du secteur
|
7,0
|
|
1,5
|
|
Malheureusement, l'instabilité politique n'a pas
permis à l'initiateur de l'oeuvre d'en arriver au bout. Et compte tenu
des besoins financiers, la RDC est loin d'atteindre le droit de l'enfant
à l'éducation si aucune initiative n'est prise en vue de
bénéficier des avantages de la FTI. Ce qui fait qu'en
dépit du principe de continuité des services publics, la
politique de l'Etat Congolais demeure un morceau dur pour les parents.
b) Les matériels et
infrastructures scolaires.
Nous allons aborder les aspects relatifs à la
vétusté et le délabrement des infrastructures scolaires
(1) et le manque des manuels scolaires (2).
1. La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires.
D'après une étude récente sur le taux
de scolarisation (SENAREC 2004), sur un échantillon de 400
écoles, dont 60% d'écoles primaires et 200 communautés de
basses dans les provinces de l'Equateur, de Kasaï occidental, du
Kasaï oriental, du Katanga, du Maniema, du Nord Kivu, du Sud-Kivu et de
la Province orientale ; 44% d'écoles en milieu urbain et 49%
d'écoles en milieu rural avaient été construites avant
1960 et dans l'ensemble, les salles de classe sont dans un état
déplorable. Cette même étude souligne que les toitures des
salles des classes sont dans un mauvais état dans 61% d'écoles en
milieu rural.107(*)
Dans les provinces, entre un tiers et un cinquième
des écoles primaires sont en mauvais état et la plus part des
écoles dans certaines d'elles, comme celles de deux KASAI sont
totalement dépourvues d'un accès à l'eau. La province du
Sud-Kivu n'en est pas pour autant épargnée. Sur 10 écoles
qu'on a eu à observer dans le groupement de MUDAKA, territoire de
KABARE, 5 d'entre elles n'ont pas d'accès à l'eau. Les
écoliers sont obligés de se déplacer à une distance
d'au moins 1000m pour accéder à l'eau pouvant maintenir
l'assainissement de leurs salles de classes. Ceci à évidemment un
impact tout particulier sur la scolarisation des filles.
La Banque mondiale relève également que le
nombre d'élèves par classe est inégal selon les
régions, mais la norme fixée par l'Etat pour les primaires (entre
26 et 50 élèves par classe) n'est pas respectée. Bien que
la taille moyenne des classes de première année primaire soit de
40 élèves, 19% des élèves ont moins de 26
élèves par classe en milieu rural et 25% ont plus de 50
élèves en milieu urbain. Globalement, 40% des
élèves du primaire vivent dans des classes en
sureffectif.108(*)
2. L'équipement des écoles
Au moment où on peut considérer que la
réussite des élèves est tributaire de l'existence d'au
moins un manuel scolaire par élève, la majorité des
élèves du primaire, surtout du milieu rural, en est
dépourvue.
Dans certaines provinces, les élèves n'ont
jamais vu un manuel scolaire109(*). La Coopération Technique Belge à
tenté de répondre partiellement à ce problème en
distribuant des manuels de français et de mathématique, mais
l'accompagnement pédagogique a, en partie, fait défaut et
l'accès à certaines provinces, du fait de l'absence de route, est
très difficile et donc très coûteux. L'UNICEF a
également produit des modules et des manuels scolaires, mais sans que
ces actions limitées aient été relayées par l'Etat
congolais.
Par ailleurs, les programmes d'enseignement, qui sont au
nombre de huit, semblent être dépassés et méritent
d'être retouchés. La direction des programmes du Ministère
de l'EPSP forme des inspecteurs censés à leur tour former les
enseignants, mais leur nombre, à ces jours, semble être trop
réduit pour assurer un effet multiplicateur.
A ce problème réel lié au manuel
scolaire, il faut ajouter le manque du matériel destiné à
l'entretien des écoles. A titre exemple, la plupart d'écoles de
la ville de Bukavu ne sont pas dotées des matériels pouvant
permettre l'assainissement de ces milieux où les enfants passent le plus
grand moment de leur enfance.
B. La qualité de l'enseignement de
base.
On va examiner le taux de scolarisation (a) et le taux de
réussite (b).
a) Le taux de scolarisation.
Le rapport de la Banque Mondiale de 2005 explique d'une
part que, l'augmentation des effectifs scolaires constatée entre la fin
des années 1980 et la fin des années 1990 a fait suite à
une décélération durant dix années
précédentes, marquées par la crise économique et
l'ajustement structurel, tandis que la période d'entre 1995-2002 a
été marquée par un ralentissement de cette augmentation
dans le secondaire et par un recul dans le primaire.
D'autre part, une part de l'accroissement des
établissements s'explique par la généralisation du
système de double vacation (une partie d'élèves suivent
les cours le matin, l'autre l'après-midi) lequel, lorsqu'il est
appliqué dans un même bâtiment, implique que ce dernier est
compatible deux fois dans les statistiques qui suivent.110(*)
Taux bruts de scolarisation par
province et genres.
|
Province
|
Primaire
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
KINSHASA
|
57%
|
58%
|
42%
|
BAS-CONGO
|
81%
|
68%
|
74%
|
BANDUNDU
|
85%
|
71%
|
78%
|
EQUATEUR
|
52%
|
40%
|
46%
|
KASAI ORIENTAL
|
87%
|
63%
|
74%
|
KASAI OCCIDENTAL
|
59%
|
39%
|
49%
|
KATANGA
|
46%
|
34%
|
40%
|
MANIEMA, SUD KIVU ET NORD KIVU
|
94%
|
66%
|
80%
|
PROVINCE ORIENTALE
|
64%
|
49%
|
57%
|
TOTAL
|
72%
|
56%
|
67%
|
Il appert de ce tableau que le taux d'accès à
l'éducation primaire reste faible, puisque le taux net de scolarisation
primaire est de 15% et le taux brut de 60%.
Les chiffres ci-avant masquent sans doute d'importantes
inégalités entre les provinces, les sexes et les revenus des
parents.
Le rapport sous examen indique que, pour le primaire, le
taux global de scolarisation est plus élève dans les deux Kivu,
le Maniema, le Bandundu, le Kasai-oriental et le Bas Congo que dans le
Katanga, l'Equateur, le Kasaï occidental, la Province orientale et la
ville de Kinshasa.111(*)
Cependant, il existe une différence significative du
taux de scolarisation primaire entre les riches et les pauvres, notamment du
fait que les frais scolaires sont majoritairement pris en charge par les
parents d'élèves. Les enfants des parents pauvres sont en outre
scolarisés tardivement et ont tendance à abandonner. De nombreux
d'enfants sont contraints de rester en dehors de l'école ou d'attendre
dans une salle annexe pour la simple raison que leurs parents n'ont pas
payé la prime.
Le rapport de la Banque Mondiale indique que si les enfants
des parents riches ont tendance à s'inscrire à l'âge
prévu, ils ont également tendance à redoubler et à
rester plus long temps à l'école, ce qui fait que près du
tiers des enfants qui ont dépassé l'âge officiel en fin de
cycle primaire font partie du quintile le plus riche. Globalement,
l'inégalité d'accès entre les riches et les pauvres se
situe principalement entre les 40% les plus riches et 60% les plus pauvres, ce
qui correspond partiellement au clivage villes/ Campagnes.112(*)
b). Le taux de réussite.
Les taux de réussite de l'enseignement de base en
RDC demeure quant à lui faible. Les données de 2001-2002
montrent un taux de redoublement allant de 11 à 17% selon les
données et un taux d'abandon allant de 9 à 20%, tandis que
seulement 14% des élèves qui entrent en primaire obtiennent le
certificat de fin d'études primaires sans redoublement.113(*)
Il relève cependant que les taux d'échec
officiels sont sous-évalués étant entendu que les
délibérations permettent de faire passer juste au dessus des 50%
des élèves qui ont en réalité
échoués.114(*) Les tableaux qui suivent retracent davantage la
réalité énoncée dans les lignes
précédentes.115(*)
Taux brut et net de scolarisation primaire par indice
de richesse
|
Indice de richesse
|
Taux bruts
|
Taux nets
|
Quintile I (20% les plus pauvres)
|
80%
|
39%
|
Quintile II
|
80%
|
39%
|
Quintile III
|
86%
|
45%
|
Quintile IV
|
104%
|
57%
|
Quantile V
|
127%
|
81%
|
Taux de dédoublement et d'abandon du
primaire.
Années
|
|
1ère
|
2ème
|
3ème
|
4ème
|
5ème
|
6ème
|
1977-78
|
Taux de redoublement
|
21%
|
20%
|
21%
|
19%
|
18%
|
15%
|
Taux d'abandon
|
20%
|
4%
|
10%
|
8%
|
5%
|
-
|
1986-87
|
Taux de dédoublement
|
19%
|
18%
|
22%
|
19%
|
17%
|
13%
|
Taux d'abandon
|
18%
|
6%
|
8%
|
9%
|
9%
|
-
|
200-01
|
Taux de dédoublement
|
17%
|
16%
|
16%
|
15%
|
14%
|
11%
|
Taux d'abandon
|
19%
|
9%
|
9%
|
12%
|
11%
|
20%
|
Section 3ème : L'Etat d'avancement par
rapport au 2ème OMD en RDC.
Pour rendre effectif le deuxième OMD en
RDC, il est plus important de tenir compte de son interdépendance par
rapport aux autres contenus dans la Déclaration du Millénaire.
L'on peut considérer que les obstacles à l'éducation sont
aussi bien liés à la pauvreté et aux
inégalités sociales (objectif 1), à l'accès aux
soins de santé (objectif 4, 5 et 6), à l'eau et aux
infrastructures sanitaires confortables (objectif 7), tandis que ces obstacles
renforcent la discrimination de genre (objectif 3) en touchant en
priorité les filles.
Cela étant, nous allons, d'entrée de jeu,
examiner les obstacles susceptibles d'entraver l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC (§1), avant d'envisager les
solutions préconisées par la République
Démocratique du Congo et les OI du système de l'ONU
engagées dans cette lutte (§2).
§1. Les obstacles susceptibles d'entraver
l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation
en RDC.
Au-delà du contexte de la guerre et celui de
l'instabilité politique 116(*) il existe des obstacles à caractère
social (A) et d'autres liés aux mécanismes actuels de protection
des droits économiques, sociaux et culturels (B).
A. Les obstacles à caractère social.
Ces obstacles peuvent être financiers,
administratifs, culturels, ou liés aux moyens de communication.
a) L'obstacle financier.
Pour les parents à faible revenu, envoyer les
enfants à l'école est devenu pour eux un luxe. La situation est
d'autant plus compliquée étant donné qu'il ne suffit pas
d'envoyer l'enfant à l'école, mais il faut également lui
doter des effets scolaires, de l'uniforme, il doit avoir à manger et
doit également accéder aux soins de santé adéquats.
Tout ceci influence le taux d'abandon scolaire avec comme conséquence
logique l'inégalité d'accès à l'école
primaire entre le milieu rural et celui urbain, entre filles et garçons
et entre enfants de familles riches et de familles pauvres.
Face à cet obstacle, la problématique
qualité-quantité se pose avec acuité. Les gouvernants et
les OI devraient revoir des politiques visant essentiellement à
permettre à un minimum d'enfants de s'inscrire à l'école
et d'aboutir à une alphabétisation
généralisée. Malheureusement, la plupart des acteurs
s'empressent à ajouter qu'il est vrai que l'essentiel dont un enfant a
besoin en terme d'instruction pour pouvoir se débrouiller plus tard
dans la vie est de savoir lire, écrire et compter. Et pourtant cet
obstacle aurait pu être évité si l'Administration
fonctionnait correctement.
b) L'obstacle administratif.
Cet obstacle, comme indiqué dans les lignes
précédentes, date de la période dite de
« rigueur », période pendant laquelle le
gouvernement Kengo wa DONDO avait instauré le système
d'ajustement structurel pour lui permettre le payement des dettes que le pays
devait aux institutions financières de Bretton Wood. Cet obstacle a
pu dégénérer au début des
années 1990 quand le gouvernement avait complètement
abandonné le système éducatif, il s'en est suivi la
grève d'une année scolaire (1991-1992) à l'Est du pays
avant que les confessions religieuses ne prennent la relève en
sensibilisant les parents pour la « continuité » et
le fonctionnement des écoles. Le disfonctionnement des écoles est
lié à la non disponibilité des frais des fonctionnement,
au non payement des salaires des enseignants, à l'absence de politique
en matière d'éducation, à la non mécanisation de
certaines écoles et de certains enseignants, au non payement des
salaires de tous les fonctionnaires du secteur public en général,
etc.
Signalons toutefois que les écoles qui fonctionnent
encore un tout petit peu normalement sont soit privées, soit celles
publiques mais qui sont concédées aux confessions religieuses
comme les écoles conventionnées catholiques,
conventionnées protestantes, etc.
c) L'obstacle culturel.
Il ancré dans la mentalité de plusieurs
personnes, surtout dans les milieux ruraux, que l'éducation n'est
réservée qu'aux seuls garçons, les filles ne pouvant
rester à la maison en train de cultiver les champs, préparer
à manger en attendant leur tour de se marier. Dans beaucoup de villages,
les filles sont délaissées pour compte alors que parmi les
nombreux avantages qu'offre un enseignement de qualité, il y a la
sécurité qui s'attache au travail rémunéré.
D'où alors, les gouvernants devaient soutenir la campagne de l'Unicef
« toutes les filles à l'école »117(*) pour parvenir à
lutter contre cet obstacle.
d) L'obstacle lié au moyen de communication.
Accéder à l'éducation veut dire
accéder aux infrastructures où cette éducation est
dispensée. La situation de la RDC est devenue drastique en
matière de voies de communication. Pendant la période de pluie,
dans certaines ville comme celle de Bukavu, les enfants ont difficile à
se rendre à l'école à cause de l'impraticabilité
des routes et les eaux ruisselant le long des caniveaux. Dans les milieux
ruraux, certains enfants sont obligés de traverser par pirogue pour
aller suivre les cours à quelques dizaines des kilomètres.
D'autres sont obligés de faire une distance de plus de 10 km à
pied pour aller à l'école. Ceci suscite le même
problème découlant du rapprochement de l'éducation
à l'enfant comme se pose le problème du rapprochement de la
justice au justiciable.
En plus des obstacles ci-contre, il
est de bon droit d'y joindre le problème lié aux
mécanismes actuels de protection des droits économiques, sociaux
et culturels.
B. Les obstacles liés aux
mécanismes actuels de protection des DESC.
Etant donné que le droit de l'enfant à
l'éducation gratuite et obligatoire est prévu par le PIDESC, nous
allons passer en revue les mécanismes prévus par le droit
international (a), avant de jeter un regard sur le droit interne (b).
a) Mécanisme actuel de protection du droit de
l'enfant à l'éducation en droit international.
Nous allons partir d'un postulat posé en termes de
question. Il s'agit de savoir si un pays comme la RDC, potentiellement riche
mais réellement pauvre118(*) et dont la proportion des personnes vivant avec
moins d'un (1$ US) dollar par jour qui est de 75% à ces jours,119(*) est excusable
complètement de la non réalisation de droit du l'enfant à
l'éducation, alors qu'il a la possibilité de s'appuyer sur le
levier de la coopération internationale pour le développement
(8ème OMD) ?
Et bien nous ne le pensons pas. Amnisty International
évoque à ce sujet la Commission africaine des droits de l'home et
des peuples qui a considéré que le Zaïre avait violé
le droit à l'éducation parce que les écoles secondaires et
les universités étaient restées fermées durant deux
ans lors d'un conflit armé.120(*)
Au niveau international, la grande difficulté
réside en l'absence du protocole facultatif ou additionnel au PIDESC.
Le Pacte demande aux Etats parties de présenter des
rapports « sur les mesures qu'ils auront adoptés et sur
les progrès accomplis en vue d'assurer le respect des droits
reconnus », en faisant état, le cas échéant, des
difficultés qui les empêchent de s'acquitter de leurs obligations.
C'est ce qui ressort de la lecture combinée des art.16 à 22 du
PIDESC.
Ce contrôle de respect du PIDESC fondé sur la
procédure des rapports avait été confié dans un
premier temps, à un organe intergouvernemental, puis à un organe
indépendant, composé de 18 experts siégeant à titre
individuel, appelé comité des DESC, créé par la
Résolution 1985/17 du Conseil Economique et Social le 28 mai 1985. Il
s'agit d'un organe subsidiaire du Conseil Economique et Social de l'ONU, ce
dernier étant un organe principal créé par la charte.
Progressivement, le système de contrôle de ce
Pacte se rapproche de celui du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques par la périodicité des rapports, l'adaptation
d'observations finales sur chaque rapport et d'observations
générales.
Quoi qu'il en soit, plusieurs faiblesses affectent les
présents mécanismes. D'entrée de jeu, la
possibilité est laissée aux Etats d'interpréter les
obligations qui leur incombent en vertu du PIDESC au gré des ressources
disponibles. De ceci, l'on constate que le pouvoir de ce comité est
restreint pour la raison qu'il ne se limite qu'à analyser et à
formuler des remarques dépourvues de force contraignante à
l'égard des rapports présentés par les Etats-membres. En
plus aucune possibilité n'est donnée à un individu qui
s'estime victime d'une violation d'un de ses droits contenus dans le Pacte de
saisir le présent comité. L'on constate également
qu'aucune sanction réelle n'a été prévue à
l'égard d'un Etat qui viole des droits reconnus par le PIDESC, le
comité ne disposant qu'un pouvoir de recommandation pour sanctionner
l'Etat qui viole les droits dont question. Quid du droit interne ?
b) Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à l'éducation en droit interne
Le deuxième chapitre du Titre II de la Constitution
de la RDC traite des droits économiques, sociaux et culturels. L'al. 4
de l'art. 43 prévoit que « l'enseignement primaire est
obligatoire et gratuit dans les établissements publics ».
Ainsi, nous sommes en droit de savoir par quel
mécanisme pouvons-nous recouvrer ce droit au cas où il n'est pas
effectif ? Dire mieux, par devant quelle juridiction on peut s'adresser
pour ce faire ?
Si l'on part de la lecture de l'art.153, al 4 de la
Constitution du 18 février 2006121(*), l'on peut sembler conclure qu'il est admis de
saisir un juge pour l'application du droit de l'enfant à
l'éducation garanti par le PIDESC et la Constitution.
Mais de cette hypothèse, il se pose un nouveau
problème ; celui de savoir quel est le juge compétent pour
ce faire ! Et cela en tenant compte du fait que le Conseil d'Etat et la
Cour Constitutionnelle, prévus formellement dans la Constitution, ne
sont toujours pas effectifs d'une part, et de la sanction prévue
à l'égard du chef de famille par la Loi-cadre à son
art.137 d'autre part.122(*)
La lecture combinée de deux articles ci-contre
démontre que la Loi-cadre est dépassée et mérite
d'être revisitée à ces jours. La législation en la
matière sanctionne un chef de ménage qui n'envoie pas l'enfant
à l'école et le dispense de sanction au cas où il
réside à une distance de 5 km, ou en cas d'une pauvreté
remarquée. Cette législation doit s'adapter à
l'évolution du droit international en s'inspirer du PIDESC, de la
Déclaration du millénaire, de la Constitution de la RDC et
d'autres instruments analogues.
En plus, il nous semble que, concrètement, la
législation congolaise n'a pas prévu par devant quel juge on peut
s'adresser pour recouvrer un droit économique, social ou culturel. Ceci
amène DRAGO d'affirmer que « si ces droits sont
proclamés par la Constitution, leur protection véritable ne peut
être assurée que s'ils ont été
aménagés pour pouvoir impliquer une protection immédiate
et seul l'aménagement législatif est susceptible d'adopter ici
les garanties nécessaires. Ainsi est-il nécessaire pour assurer
la protection de ces droits économiques et sociaux, l'intervention du
juge chargé de les faire respecter, qu'il s'agisse d'un juge
spécialisé ou des juridictions ordinaires de droit commun dans
l'ordre judiciaire ou administratif ».123(*)
A titre d'exemple, on peut retenir qu'en Belgique, le
conseil d'Etat, dans son Arrêt Copur, n° 32.989, rendu le 6
septembre 1989, en connaissance des effets directs à l'art.13 du PIDESC,
a estimé que la question n'est pas de savoir s'il a
conféré aux particuliers des droits subjectifs dont ils
pourraient se prévaloir devant les tribunaux, mais de vérifier si
la législation belge est compatible avec l'objet inscrit dans la
règle claire et précise de l'art.13, al.2 du Pacte. Dans une note
sous cet arrêt, Russen Ergec écrit que « cette
jurisprudence (...) ouvre en tout cas une brèche dans le dogme de la non
« justiciabilité » des droits économiques et
sociaux.124(*)
Il sied toutefois de signaler qu'à l'issue de notre
recherche nous n'avons pas trouvé, en RDC, moins encore dans la province
du Sud-Kivu, un seul cas où un particulier a pris le courage de saisir
le juge pour non effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation par l'Etat congolais.
Tenant compte de l'inefficacité du contrôle
par voie des rapports de la part du comité aux DESC et de
l'ineffectivité du mécanisme juridictionnel du droit interne, la
procédure de plaintes individuelles ou collectives au PIDESC,
paraîtrait un moyen plus efficace comme l'indique le résultat de
la conférence de l'ONU tenue à Vienne en 1993, à laquelle
les Etats ont insisté sur la nécessité de renforcer
l'indivisibilité des droits de l'homme.
A l'occasion, il avait été demandé
à la commission des droits de l'Homme d'étudier la
possibilité de créer une procédure de plaintes pour
garantir les droits protégés par le PIESC. Ils avaient
estimé que cela prendrait la forme de l'adoption d'un texte
complétant le Pacte (d'où son nom de Protocole additionnel) qui
établirait un mécanisme de plaintes et fixerait sa portée
et ses modalités de fonctionnement. Ce texte serait ouvert à la
ratification de tous les Etats parties au Pacte sans l'obligation pour eux d'y
adhérer (d'où le qualificatif de
« facultatif »). Un premier projet de texte avait
été élaboré en 1997, suivi d'une série de
discussion et de rapports d'experts.
En 2003, il fut finalement créé un groupe de
travail ad hoc rattaché à la commission des droits de l'Homme
chargé non pas de commencer à rédiger un projet de texte
mais simplement « d'examiner les options en ce qui concerne
l'élaboration d'un protocole facultatif ». Ceci a amené
le centre de recherche et d'information au développement de mener une
campagne pour la création d'un mécanisme de plaintes au niveau
international pour les DESC.125(*)
En attendant l'aboutissement des mécanismes
internationaux et nationaux de protection du droit de l'enfant à
l'éducation, l'opinion ne peut que se contenter de vérifier
l'état d'avancement à travers des rapports des OI et des
institutions étatiques engagées dans la réalisation du
deuxième OMD, étant entendu que le droit de l'enfant à
l'éducation prévu dans la Constitution ne demeure,
présentement, qu'un espoir à devenir. Examinons, dans un
deuxième paragraphe, les solutions préconisées par la RDC
et les organes subsidiaires de l'Organisation des Nations unies engagés
dans la réalisation dudit objectif.
§2. Les solutions préconisées
par la RDC et les organes subsidiaires de l'ONU.
Le présent paragraphe n'a pas pour objet
d'apprécier l'efficacité du deuxième OMD en RDC. Nous
rappelons que pareille évaluation s'avérerait
prématurée compte tenu des prévisions onusiennes, à
savoir l'horizon 2015. Toutefois, partant de l'interaction des OMD, et prenant
en compte la cible consistant à « éliminer les
disparités entre les sexes dans l'enseignements primaire d'ici à
2005, si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au
plus tard », nous allons essayer de comprendre, partant des
statistiques disponibles, quelle en est la réalité en RDC en
général, et au Sud-Kivu en particulier.
Etant donné que la RDC a l'obligation
première, celle découlant du Pacte, d'assurer
l'effectivité des DESC, nous allons examiner les solutions
préconisées par cette dernière (A), avant d'aborder celles
envisagées par les institutions spécialisées de l'ONU,
à titre supplémentaire (B).
A. Les solutions préconisées par
la RDC pour la réalisation du deuxième OMD.
D'entrée de jeu, nous devons rappeler que la RDC est
un pays post-conflit. Et quand bien même à ce stade l'on peut
considérer qu'elle est dotée des institutions légitimes,
elle n'a pas parvenu, jusqu'à présent, à exercer sa
souveraineté sur toute l'étendue de son territoire.
En plus de ce qui précède, il sied de
rappeler que ce pays est rangé parmi les pays pauvres de la
planète. En 2005, une étude démontrait que plus de 75% des
congolais vivaient avec moins d'un dollar par jour et n'avait pas
d'accès à l'eau potable. Le taux de mortalité infantile
étant de 128 pour 1000 naissances, l'un des taux les plus
élevés du monde, seules 61% des accouchements sont
immédiatement assistés, le taux de mortalité maternelle
étant de 1289 femmes sur 100.000. Bien avant en 2004, 4 millions de cas
de paludisme ont été enregistrés et 13000 personnes en
sont mortes. Cependant, cette même étude estime que les chiffres
ci-avant indiqués ne représenteraient en réalité
que 20% des cas de paludisme car 80% des malades n'accèdent pas à
l'hôpital.126(*)
Or, dans un texte comme celui-là, et tenant compte
de l'interaction des OMD, l'on a à l'esprit, qu'actuellement, la RDC est
loin d'atteindre la réalisation du droit de l'enfant à
l'éducation obligatoire et gratuite. Mais tout espoir n'est pas perdu.
Si les engagements politiques se concrétisent, en tenant compte du
chantier éducation du chef de l'Etat, à l'horizon 2015 on peut
aboutir à des indicateurs certains.
En dépit de cela, il nous revient de comprendre,
qu'est-ce qui a été déjà fait par la RDC depuis la
mise sur pied de la Déclaration du Millénaire.
Pour répondre à cette question, nous devons
faire une gymnastique pas plausible. Il s'agit d'analyser le tout premier
rapport de la RDC relatif aux OMD.127(*) Ce rapport de 58 pages avec illustration du
défit à relever, a été publié avec l'appui
financier de la communauté internationale. Les pages 27 à 37
traitent du 2ème et du 3ème OMD en RDC.
Nous allons donc aborder les points relatifs à la situation actuelle et
tendance des dernières années.
a) La situation actuelle et tendance vers le
2ème OMD
Le rapport souligne que l'objectif d'un enseignement
primaire universel est encore loin de la réalité en RDC.
Après les avancées des années 60 et dans la
1ère moitié des années 70, le système
éducatif congolais a commencé à se dégrader vers la
fin des années 70. Le taux net de scolarisation était
évalué à 72% en 1979. Dix ans plus tard, il a
été réduit à 59%, puis à 56% en 1995, et 52%
en 2001.
La dégradation touche aussi bien l'accès
à l'école que l'effectivité interne même du
système éducatif. Parmi les enfants scolarisés, le taux
d'achèvement du cycle primaire a également chuté de
moitié entre 1990 et 1995, passant de 51% à 25%. La
déperdition scolaire concerne aussi bien les filles que les
garçons. Dans l'ensemble, 4 enfants congolais sur 10 étaient
scolarisés et achevaient le cycle primaire en 1990. Ce niveau a
été réduit à un ou deux à partir de 1995.
La construction des profils scolaires met également en
évidence deux réalités :
i) La scolarisation varie beaucoup selon de milieu
de résidence ;
ii) Les enfants vont tardivement à
l'école quel que soit le milieu de résidence.
La qualité de l'enseignement est également en
défaveur des zones rurales. Le taux d'admission en
5ème année y est de 21% tandis qu'il se situe à
34% dans les zones urbaines. Les provinces de l'Ouest (Bas-congo, Kinshasa,
Bandundu et les deux Kassaï) jouissent de taux de scolarisation plus
élevés que les provinces de l'Est (76% contre 34%).
En ce qui concerne le retard de scolarisation, sur 10
enfants nouvellement inscrits en 1ère année primaire,
7 à 8 enfants ont plus de 6 ans. L'âge moyen à
l'inscription est plus de 7 ans dans les zones urbaines et plus de 9 ans dans
les milieux ruraux. Plus de 10% des élèves des écoles
primaires urbaines et près de 17% de ceux des écoles primaires
rurales ont plus de 14 ans.
Ce résultat est en contradiction avec les prescrits
de l'art. 21 de la Loi-cadre qui énonce que « ne sont admis en
première année du cycle primaire que les enfants ayant atteint
l'age de six ans révolus au plus tard trois mois après la date
fixée pour la rentrée scolaire. Aucun enfant ne sera admis en
première année primaire s'il a atteint l'age de 9 ans
résolus au moment de la rentrée scolaire, sauf dispense
motivée qui pourra être accordée dans les conditions qui
seront déterminées par voie
réglementaire ».128(*)
Toutefois, la dégradation du système
éducatif congolais trouve en partie son organe dans les trois faits
suivant :
· La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires.129(*)
· Le vieillissement et la démotivation du corps
enseignant. Il appert que l'âge moyen des enseignants du cycle primaire
est de 44 ans. Les salaires des enseignants sont très bas :
« un instituteur gagne en moyenne l'équivalent en francs
congolais de 46 $ US à Kinshasa (17$ US de salaire et 29 $ US de prime
de motivation) et de 12 $ US dans le Bandundu (6 $ US de salaire et 8 $ US de
prime de motivation).
· La modicité du budget de
l'éducation : jusqu'en 1982, le budget de l'éducation
représentait près de 25% du budget global. Cependant, depuis
1984, le secteur de l'éducation a compté pour à peine 1%
en moyenne du budget de l'Etat. Le niveau des dépenses par
élève du primaire et par an est évalué à 4 $
contre 109 $ en 1980.
b) La situation actuelle et tendance vers le
3ème OMD.
Alors que les femmes constituent la majorité de la
population congolaise (51,5%), cette majorité ne se reflète ni
dans les différents cycles d'enseignement ni dans les différents
secteurs d'activité. Dans l'enseignement, l'indice de parité
entre les sexes est estimé à 90% en 2001. Cet indice diminue au
fur à mesure qu'on passe aux cycles supérieurs : 54% pour le
secondaire et environ 30% pour l'enseignement supérieur. Une relative
amélioration de l'indice de parité femme / homme est
observée depuis 1990. Cette performance pourrait paraître
toutefois trompeuse, dans la mesure évidente où elle est
largement due à la baisse du taux de scolarisation qui s'est, en plus,
relevé plus forte pour les garçons (87% en 1979, 55% en 2001)
que pour les filles (58% en 1979, 49% en 2001).130(*)
Evolution des indicateurs en
tableaux.
OMD 2.
Indicateur
|
1990
|
1995
|
2001
|
Taux net de scolarisation primaire
|
59%
|
56%
|
52%
|
Proportion d'écoliers commençant la
1ère année d'étude dans l'enseignement
primaire et achevant la 5ème.
|
5%
|
25%
|
25%
|
OMD 3.
Indicateurs
|
1990
|
1995
|
2001
|
Rapport filles/ garçons dans le primaire.
|
74%
|
-
|
90%
|
De ce qui précède, il se comprend sans peine
que la RDC a pris part à la Déclaration du Millénaire
dans un contexte politique très complexe. Cependant, le gros du travail
que devait réaliser le gouvernement congolais n'a pu être fait
à cause du disfonctionnement que ce dernier connaissait. A titre
d'illustration, c'est dans le budget de 2009 qu'on vient de prendre compte,
pour la 1ère fois, du document stratégique pour la
réduction de la pauvreté (DSRP). Toutefois, nous devons
encourager les efforts fournis par la Communauté internationale à
travers ses institutions spécialisées oeuvrant dans le domaine du
droit de l'enfant à l'éducation suite aux solutions par elles
préconisées.
B. Les solutions préconisées par les
institutions spécialisées de l'ONU.
Pour la réalisation effective du
2ème et du 3ème OMD en RDC, l'UNICEF, la
Banque Mondiale et l'UNESCO mènent des activités
différentes. Mais l'obligation première incombant à l'Etat
congolais, l'action des ces institutions se heurte à des défis
majeurs dont les principaux sont : la rémunération des
salaires des fonctionnaires publics, la réhabilitation et la
construction des écoles et des routes, etc.
Etant entendu que la Banque Mondiale intervient dans le
financement pouvant permettre la réhabilitation et la construction des
infrastructures routières, scolaires et sanitaires, nous allons
seulement prendre en compte les progrès réalisés par
l'UNICEF en matière de parité filles/garçons à
travers sa campagne « toutes les filles à
l'école ». Loin de perdre de vue la contribution importante du
rapport de l'UNESCO sur « l'éducation pour tous » de
2008, nous préférons tenir compte des points positifs dans le
3ème chapitre qui va porter sur les stratégies pour
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation.
Les solutions préconisées par l'UNICEF sont
entre autres l'étude initiée en 2001 dénommée
enquête nationale des enfants et des femmes, Rapport MICS2 2001 (a), en
plus de la campagne dénommée toutes les filles à
l'école menée à l'est de la RDC (b) et des
conférences internationales en faveur du droit de l'enfant à
l'éducation(c).
a) Le résultat du rapport MICS 2/2001.
La présente enquête menée conjointement avec
le Ministre du plan a aboutie aux résultats qui suivent :
· L'éducation préscolaire :
La participation aux programmes d'éducation
préscolaire ne concerne que 3 % d'enfants de 3 à 4 ans
révolus. Presque tous sont issus des ménages les plus riches, des
centres urbains et des mères instruites.131(*)
· Accès à l'école
primaire :
Le pourcentage d'enfants qui commencent leurs études
primaires à l'âge légal de 6 ans est faible et en
baisse : 23 % en 1995 contre 17 % en 2001. Les écarts se sont
réduits entre les sexes. Les disparités sont très
marquées entre les plus riches (43 %) et les plus pauvres (9 %), entre
les enfants des mères les plus instruites (35 %) et ceux des
mères sans instruction (7 %) et entre provinces (42 % à Kinshasa
contre 4% dans les Nord et Sud-Kivu). Parmi les nouveaux inscrits en
1ère année primaire, 32 % ont 9 ans ou plus. Ces
entrées tardives à l'école primaire entraînent un
vieillissement des élèves et, plus tard, des études. Parmi
les enfants qui fréquentent l'école primaire, un sur dix est
âgé de plus de 14 ans.
· Scolarisation des enfants au niveau
primaire :
Seulement un enfant sur deux, âgés de 6
à 11 ans est scolarisé. La scolarisation des enfants est en
régression en RDC : le taux net de scolarisation est passé
de 56 % en 1995 à 52 % en 2001. Les garçons sont plus
scolarisés que les filles : 55 % de garçons pour 49 % de
filles en 2001 (en 1995, les taux nets étaient respectivement de 59 % et
53 %). Cette différence s'observe plus à partir de 9 ans, car
beaucoup de filles quittent l'école à ces âges. Les enfants
de ménages les plus pauvres (39 %) et du milieu rural (43 %)
étudient moins que ceux de ménages les plus riches (81 %) et du
milieu urbain (72 %).
· Fréquentation scolaire :
Dans l'ensemble du pays, un enfant de 6 à 14 ans sur
trois (31 %) n'a jamais fréquenté l'école et risque de ne
jamais fréquenter. Les filles sont plus concernées par cette
situation que les garçons (35 % contre 28 %). La proportion de filles
n'ayant jamais fréquenté l'école est quatre fois plus
élevée parmi les enfants des mères sans instruction (56%)
que parmi celles des mères ayant le niveau d'instruction secondaire (13
%).
Au moment de l'enquête, près de la moitié
(45 %) d'enfants âgés de 6 à 14 ans ne fréquentaient
pas l'école. Les raisons sont avant tout l'incapacité des parents
de payer les frais scolaires (63 % des cas) et l'éloignement des
écoles (9% des cas).
· Efficacité interne du système
scolaire :
Le système éducatif congolais est peu
efficace pour le plus grand nombre : un enfant seulement sur quatre
entrant en première année d'enseignement primaire atteint la
cinquième année, soit un taux de survie scolaire égal
à 25 %. Ce taux est de 18 % seulement dans les ménages les plus
pauvres contre 41 % dans les ménages les plus riches. Par contre, parmi
100 élèves qui terminent la 6ème année
primaire, 81 s'inscrivent en secondaire.
· Raisons de non fréquentation
actuelle :
Echecs scolaires : 1%, maladie
prolongée : 4%, changement de résidence : 2%,
grossesse : 0, 1%, travail : 0,9 %, autres : 20%, pas
d'écoles proches : 9%, frais scolaires : 63 %.132(*)
b) La campagne dite « toutes les filles
à l'école ».
Les résultats de l'enquête initiée en
2001, ont permis à l'UNICEF de mettre sur pied, à l'Est du pays,
la campagne dite « toutes les filles à
l'école ». Cette campagne lancée en 2004, avait
pour objet de donner à la fille à l'âge scolaire la
possibilité d'accéder à l'école primaire, et
partant, contribuer à la cible du troisième OMD. Se faisant,
l'UNICEF donne des objets scolaires aux enfants de 1ère et
2ème années tout en intensifiant des moyens de
sensibilisation de sa campagnes aux sports publicitaires, à la Radio,
à la Télévision, à travers des bandes
dessinées, et va jusqu'à financer des chassons initiées
par des musiciens.
Toutefois, les problèmes majeurs demeurent. Cette
campagne ne fait qu'encourager! Ce qui est une bonne chose. Mais les enfants
encouragés à aller à l'école sont toujours soumis
aux mêmes problèmes qui sont devenus un engrenage du
système éducatif congolais dont le plus imminent demeure le
payement des frais scolaires.
Quoi qu'il en soit, l'on doit encourager des telles
initiatives. Mais la plus récente publication de l'UNICEF, bureau de la
RDC indique que, globalement, pour la participation des filles, le nombre de
filles scolarisées est inférieur à celui des
garçons. Il est plus faible en 2ème année
qu'en 1ère année.133(*) Cependant, une tendance contraire est
observée dans les provinces de l'Equateur et de Kinshasa où les
filles sont plus scolarisées que les garçons. Par ailleurs,
l'indice de parité le plus faible est enregistré au Katanga et
dans le Sud-Kivu où l'on compte respectivement 79 et 75 filles pour 100
garçons scolarisés au cours de l'année scolaire
2007-2008.
Les résultats du Katanga suggèrent que les
effets de la scolarisation massive des enfants induits par la mesure de
gratuité prise par le gouvernement de province ne sont pas aussi
bénéfiques pour les filles qu'ils les sont pour les
garçons car, pour les deux années d'études, l'indice de
parité s'est détérioré d'une année à
l'autre, passant de 0,82 à 0,79 aussi bien en 1ère
année qu'en 2ème, soit une baisse de 0,03.
Par contre, cet indice a pris une ample évolution au
Sud-Kivu. Pour une étude menée sur 1390 écoles de
1ère et 2ème année au cours des
années scolaires 2006-2007, 2007-2008, sur 100 élèves
garçons, il y a 71 filles. L'indice de parité de 2006-2007
étant de 0,71, et celui de 2007-2008 de 0,75; l'on aboutit à un
résultat selon lequel l'indice d'accroissement est de 0,04 : ce
qui est déjà une évolution. Le tableau qui suit illustre
davantage.
Evolution de l'indice de parité
filles/garçons.
|
Provinces
|
Nombre d'écoles
|
1ère année
|
2ème année
|
2006-2007
|
2007-2008
|
2006-2007
|
2007-2008
|
Bandundu
|
394
|
0,96
|
0,99
|
0,96
|
0,99
|
Bas Congo
|
495
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
Equateur
|
214
|
1,01
|
1,04
|
1,03
|
1,05
|
Kinshasa
|
721
|
1,02
|
1,03
|
1,03
|
1,03
|
Katanga
|
2387
|
0,82
|
0,79
|
0,82
|
0,79
|
Kasaï occidental
|
102
|
0,99
|
0,99
|
0,86
|
0,92
|
Kasaï oriental
|
366
|
0,91
|
0,91
|
0,99
|
0,99
|
Maniema
|
322
|
0,84
|
0,85
|
0,84
|
0,85
|
Nord - Kivu
|
1068
|
0,93
|
0,50
|
0,93
|
0,95
|
Province orientale
|
869
|
0,97
|
0,95
|
0,97
|
0,95
|
Sud- Kivu
|
1390
|
0,71
|
0,75
|
0,71
|
0,75
|
Ituri134(*)
|
961
|
0,80
|
0 ,88
|
0,80
|
0,88
|
Moyenne RDC (pays)
|
9289
|
0,90
|
0,90
|
0,88
|
0,88
|
Ces résultats ont permis à l'UNICEF de
changer de slogan pour l'année scolaire 2008-2009. Au lieu de
« toutes les filles à l'école »
l'UNICEF emploie désormais « filles et garçons
à l'école » tout en mettant un accent particulier
sur l'encouragement des filles. Examinons à présent des
recommandations issues des conférences initiées par l'UNICEF.
c). Les recommandations issues des conférences
internationales.
L'UNICEF, au coté des autres organisations
engagées dans les droits des enfants, lance des campagnes mondiales
d'information sur l'importance de l'éducation pour chaque enfant. Pour
cet effet, l'UNICEF, en collaboration avec l'UNESCO et la Banque Mondiale ont
organisé une conférence sur l'EPT à Dakar en 2000, une
autre sur les investissements les plus efficaces pour inciter les
garçons et les filles à se rendre à l'école, tenue
à Ouagadougou (BOURKINAFASO) en 2004, une autre sur la gratuité
des frais scolaires tenue à BAMAKO en 2007, et plus récemment
celle de Brazzaville du 27 au 30 Octobre 2008, dite 7ème
sommet sur le développement de l'Afrique, pour ne citer que
celles-là. Les travaux de toutes ces conférences auxquelles la
RDC a toujours pris part, vont nous aider, dans le troisième chapitre,
à proposer des stratégies d'accélération des OMD
relatifs à l'éducation en RDC, d'ici 2015.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
CHAP. III : STRATEGIES POUR L'EFFECTIVITE DU DROIT
DE
L'ENFANT A L'EDUCATION EN RDC EN
GENERAL ET
AU SUD-KIVU EN PARTICULIER.
Les stratégies développées dans le
présent chapitre sont adressées principalement au gouvernement
central, et subsidiairement au gouvernement provincial. Cette approche se
justifie par le fait que, le domaine de l'éducation demeure,
jusqu'à preuve du contraire, une matière concurrente entre le
gouvernement central et celui provincial quoi que la loi n° 08/012
portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des
provinces ait transféré complètement certains aspects aux
provinces. En plus, une stratégie comme celle des politiques en
matière d'éducation relève en premier lieu du gouvernement
central. Il en est ainsi de la diplomatie, qu'elle soit ordinaire ou ad
hoc.
Ceci étant, le présent chapitre s'articule
autour du renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau
international et national (section 1ère), la poursuite de
l'amélioration de l'efficacité de l'enseignement au niveau
interne et externe (section 2ème) et l'inspiration des
progrès réalisés par d'autres pays ainsi que le respect
des engagements pris dans des conférences internationales (section
3ème).
Section
1ère : Renforcement de la
souveraineté de l'Etat au niveau international et
national.
La présente section aborde les aspects relatifs au
renforcement de la souveraineté de l'Etat au niveau international
(§1) et au niveau national (§2) en vue de rendre effectif le droit de
l'enfant à l'éducation en RDC.
§1. Renforcement de la souveraineté
de l'Etat au niveau international
D'aucuns peuvent se poser la question de savoir, quelle est
la place de la souveraineté dans un domaine où l'Etat a
l'obligation première de réalisation ?
La souveraineté de l'Etat ne s'analyse pas en des
termes positifs, comme un ensemble des pouvoirs que l'Etat détiendrait
sur ses sujets ou sur les autres, mais se définit négativement
comme la non-soumission à une autorité supérieure ;
le fait de n'être le sujet (au sens d'assujetti) d'aucun autre sujet (au
sens juridique).135(*)
L'idée de souveraineté-indépendance comporte comme
corollaire immédiat l'égalité des Etats ; tous sont
égaux, et à ce titre, négocient et discutent leurs
accords sur base de l'égalité et de la liberté de conclure
des traités. En dépit de cette indépendance, il est bien
observable qu'aucun Etat ne peut se prévaloir de s'enfermer sur sa
souveraineté interne en vue de réaliser le droit de l'enfant
à l'éducation. Le droit dont question, est depuis belle lurette,
un droit internationalisé. Cela se justifié par sa
consécration dans plusieurs instruments internationaux tels qu'ils ont
été relevés le long du deuxième chapitre.
Pour ce faire, le renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau international sous-entend d'une part la capacité de
l'Etat de mener un lobbying au niveau international (A) et d'autre part
s'inscrire dans la politique du partenariat mondial pour le
développement (B).
A. La mobilisation de la Communauté internationale
Pour mobiliser la communauté internationale, il est
impérieux de disposer d'une diplomatie active, qu'elle soit celle
habilitée au ad hoc.
Sur ce point, la RDC a brillé dans le retard en
matière d'éducation. Et pourtant, comme elle est membre de pas
mal d'organisations internationales et régionales, elle devait se
démarquer en vue de relever le défis du droit de l'enfant
à l'éducation qui s'annonce désastreux à ce
stade. A titre d'exemple, l'on peut noter la fait que ce pays a prouvé
sa capacité de mobiliser des fonds au sein de la communauté
internationale lorsque le besoin s'est fait sentir. Cela a été le
cas pendant la transition, période pendant laquelle, une celle
institution d'appui à la démocratisation, comme la Commission
Electorale Indépendante, a bénéficiée d'un appui de
la communauté internationale de plus ou moins 450 millions de
dollars.
Tout porte à croire que les OMD n'ont pas
été une priorité du gouvernement congolais depuis leur
mise sur pied. Cependant, l'état d'avancement des autres pays appelle
la RDC à mettre en place une diplomatie active lui permettant de
mobiliser des fonds capables de programmer la réalisation progressive et
continue du droit de l'enfant à l'éducation. Mais ce défi
majeur peut être relevé si l'Etat congolais parvenait à
s'inscrire, entre autre, dans la politique du partenariat mondial pour le
développement.
B. Le partenariat mondial pour le
développement.
Déjà en 2000, la Conférence de Dakar
sur l'EPT affirmait qu'on ne peut espérer qu'un pays se développe
dans une économie moderne sans qu'une proportion importante de sa main
d'oeuvre ait suivi un cycle secondaire complet.136(*) Cela a abouti à
l'implication accrue des bailleurs des fonds, ce qui a amené le G8
à commander en 2002 la mise en oeuvre d'une procédure
accélérée dont le secrétariat technique est
assuré par la Banque Mondiale.
Ainsi a pris naissance la Fast Track Initiative
(FTI),137(*)
lancée officiellement par le comité de développement de la
Banque mondiale et du FMI et centrée sur un des objectifs communs du
plan d'action de Dakar pour l'EPT et la Déclaration du
millénaire : atteindre l'éducation primaire universelle
en 2015.
La FTI poursuit l'objectif de mieux coordonner et harmoniser
l'aide des donateurs dans le secteur de l'éducation. Elle se fonde sur
cinq principes (appropriation nationale, définition des critères,
soutien lié aux performances, abaissement des coûts de
transaction, transparence) et sur six objectifs.138(*) La FTI rassemble plus de
trente bailleurs multilatéraux et bilatéraux, dont la Belgique
qui a assuré la co-présidence de juillet 2005 à juillet
2006. Sont éligibles, les pays à faible revenu qui disposent un
plan d'action adéquat pour la scolarisation primaire universelle. Un
processus d'évaluation a été mis en oeuvre sur base des
performances enregistrées dans le cadre des reformes requises. Ces
reformes s'alignent sur les recettes généralement prescrites par
la Banque Mondiale lors de l'élaboration des documents
stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP), qui
ont remplacés depuis 1999 les programmes d'ajustement structurel
(PAS).
La FTI dispose par ailleurs d'un cadre indicatif pour
évaluer les progrès accomplis par les pays. Il s'agit notamment
des indicateurs suivants : Dépenses publiques consacrées
à l'éducation (environs 20%) ; dépenses
consacrées à l'enseignement primaire (environ 50% du budget de
l'éducation), salaires des enseignants (environ 3,5 fois le PIB par
habitant), Ratio élèves /maître (environ 40% pour 1),
dépenses hors salaires des enseignants (33% des dépenses
courantes), taux moyen de redoublement (10% ou moins), nombre annuel d'heures
d'instruction (850 ou plus).
Une vingtaine de pays (dont 12 africains) forment la liste
des bénéficiaires de la FTI. Il s'agit du Burkina Faso, du
Djibouti, de l'Ethiopie, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la
Guyane, du Honduras, du Kenya, du Lesotho, du Madagascar, de la Mauritanie, de
la Mordovie, du Mozambique, du Nicaragua, du Niger, du Tadjikistan, du Timor
Est, du Vietnam et du Yémen.139(*)
Le Rwanda est en voie d'être gréé depuis
2007. La RDC qui prétendait y être a encore raté une belle
occasion à cause de son budget qui ne tient toujours pas compte des
exigences de la FTI. Il est donc plus qu'une nécessité, pour la
RDC, de chercher par tous les moyens la possibilité d'attraper cette
occasion. Cette opportunité serait saisie par le budget 2009 qui
entendait ternir compte du DSRP, mais ce seul critère ne suffisant pas,
l'enseignement primaire congolais va continuer à souffrir des
mêmes maux.140(*)
§2. Renforcement de la souveraineté de
l'Etat au niveau national.
Le renforcement de la souveraineté de l'Etat au
niveau national a comme effet direct d'instaurer l'autorité de l'Etat
sur toute l'étendue du territoire national. La souveraineté
intérieure se définit en droit interne par son contenu positif de
plénitude des pouvoirs que l'Etat exerce sur ceux qui lui sont soumis,
c'est-à-dire ses sujets ; il n'admet point de collectivité
à lui supérieure.141(*)
Or, parmi les obstacles qui affectent le système,
éducatif congolais, il y a l'instabilité politique et la guerre
ayant comme conséquence politique l'insécurité.
A. L'éradication de la guerre.
La RDC a débuté, en 2003, une période
de Transition qui a mis sur pied en 2006 un gouvernement issu des
élections libres et démocratiques. Mais malgré cela, il
continue à s'observer sur le territoire national des groupuscules
rebelles et des groupes armés étrangers. La conséquence en
est que, dans les zones sous contrôle des bandes armées comme au
Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en province Orientale, les enfants ne savent aller
à l'école ; et ceux qui y vont ne bénéficient
pas d'un enseignement de qualité conformément aux normes
internationalement établies par l'UNICEF et l'UNESCO. Ces guerres ont
comme conséquences logiques l'insécurité des milieux
avoisinant même s'ils sont sous contrôle du gouvernement.
B. L'éradication de
l'insécurité.
Il y a deux ans, dans les groupements de KANIOLA et d'IZEGE
dans le Territoire de Walungu, province du Sud-Kivu, les écoles
fonctionnaient d'une manière intermintante, soit fonctionner pendant
deux semaines et fermer pendant deux autres. Ces groupements sous
contrôle du gouvernement faisaient, et continuent à faire l'objet
d'une insécurité causée par les groupes armés
occupant les collines qui surplombent lesdits groupements.
Cet état de chose a une conséquence logique
sur la qualité d'enseignement des enfants ainsi que sur leur état
psychique et moral. Or, dans des telles conditions, les programmes ne sont
jamais achevés. Pour atteindre les OMD, les autorités centrales
comme celles provinciales sont appelées à donner la chance
à tous les enfants du pays, garçons et filles, d'accès
dans les conditions normales à l'éducation. Cela permettra
également aux parents qui ont fui leurs villages pour la ville, avec
comme conséquence pour leurs enfants d'abandonner les études,
étant donné que la source de payement des frais scolaires
n'étaient que les activités des champs, de reprendre le cycle, et
d'avoir la chance comme les autres enfants du monde d'achever le cycle
élémentaire. Examinons, à présent, la poursuite de
l'amélioration et l'efficacité de l'enseignement interne (section
2).
Section 2ème : Poursuivre
l'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement.
Bien qu'il soit difficile d'envisager l'effectivité
de l'éducation primaire universelle à l'horizon 2015 en RDC, il
est possible de réaliser 60% de taux d'achèvement du cycle
primaire. Cela s'explique par le fait que le pays dispose des
potentialités pour inverser la tendance à la baisse de ces
dernières années et atteindre un tel objectif
intermédiaire.
Partant du caractère interdépendant des OMD en
général et du droit de l'enfant à l'éducation, un
droit programmatoire et à réalisation progressive, si par
exemple, le contrat chinois qui prévoit la construction des
universités, des logements sociaux, des hôpitaux et des routes
parvenait à se réaliser effectivement, le droit de l'enfant
à l'éducation peut s'améliorer sur quelques points. En
effet, cela ne constituerait qu'une étape à côté de
l'augmentation de l'offre d'éducation primaire (§1)
préconisée par le rapport national sur les OMD, et des
stratégies internes et externes à la salle de classe
préconisées par l'UNICEF (§2).
§1. L'augmentation de l'offre de
l'éducation primaire en RDC.
Quoi que le contexte ne soit pas le même, la RDC n'est
pas le seul pays qui a connu la guerre et le fait qu'il ait connu la guerre ne
constitut, qu'avec une moindre dose, un motif pour ne pas satisfaire aux
droits des générations futures. Or, les enfants qui apprennent
aujourd'hui constituent les animateurs des institutions de demain. Les
dirigeants actuels ne doivent pas perdre de vue que ce que sont les enfants
aujourd'hui, ils l'ont été hier ; et que ce qu'ils sont
aujourd'hui, les enfants le seront demain.
L'Angola, au côté de la RDC, a subi
également une guerre de plus ou moins vingt ans. Cette guerre civile qui
a ravagé le pays jusqu'à mars 2002 a laissé le pays, et
particulièrement le secteur éducatif dans un piètre
état, un million d'enfants étant privés d'enseignement
primaire. En février 2003, une campagne dénommée la
« Rentrée des classes » a été
lancée, celle-ci étant la plus grande campagne d'éducation
jamais menée en Angola. A l'initiative commune des autorités
locales et l'UNICEF, cette campagne a permis à 250.000 enfants d'aller
pour la 1ère fois à l'école, la priorité
étant dans un premier temps donnée aux provinces centrales de BIE
et MALANJE, qui ont été durement touchées par la
guerre.142(*)
Cette campagne représente un changement de
l'orientation majeure pour le Gouvernement angolais, qui estimait auparavant
que l'enseignement primaire universel ne pourrait se concrétiser tant
que l'on ne construirait pas dans l'ensemble du pays des salles de classe
traditionnelles et que l'on ne disposerait pas un nombre suffisant
d'enseignants dûment formés et qualifiés. Cette campagne
se fonde en revanche sur une formation rapide des enseignants et sur une
amélioration progressive de la qualité de l'enseignement.
Jusqu'en 2004, l'UNICEF avait déjà formé 5.000 enseignants
de toute urgence. Or, cette réalité peut être applicable en
RDC, étant donné qu'il s'agit d'un pays post-conflit comme
l'Angola. Cela nous amène à examiner l'amélioration de
l'efficacité de l'enseignement (A), ainsi que des politiques et
programmes (B), avant d'aborder des stratégies spécifiques
à la province du Sud-Kivu (C).
A) L'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement.
Comme préconisé ci-contre, il est possible
d'atteindre un taux d'achèvement du cycle primaire d'au moins 60%
à travers l'amélioration des méthodes de transmission des
connaissances (notamment la fourniture des manuels scolaires, des conditions
d'apprentissage et des méthodes d'évaluation des connaissances.
Le rapport National sur les OMD estime également que cela pourrait
permettre une augmentation du taux d'admission en 5ème
année de 25% actuellement à 75%.143(*) Pour y parvenir, quelques
conditions sont nécessaires :
a) L'Etat doit assurer une meilleure répartition des
écoles et des capacités d'accueil dans toutes les provinces
proportionnellement à la population scolarisable : Ceci devrait
permettre d'améliorer l'accès à l'école,
d'augmenter l'offre d'éducation et également d'améliorer
la rentabilité et l'équité des investissements publics
éducatifs.
b) Réengager l'Etat dans le secteur, en garantissant
des budgets annuels acceptables et en progression : Il n'y aura pas
d'alternative viable à cette opinion, les ajustements spontanés
qui ont évité l'effondrement total du système ayant
montré leurs limites. De plus, les énormes besoins de
construction et de réhabilitation des infrastructures scolaires imposent
une plus grande participation des pouvoirs publics.
c) Améliorer le système statistique afin de
faciliter le suivi des réformes et des programmes : Cette
amélioration doit concerner aussi bien la quantité que la
qualité des données statistiques produites. Un effort
considérable devrait également être réalisé
au niveau de l'analyse et de la gestion des statistiques, une publication
régulière et périodique est plus que souhaitable. Une
attention particulière devait être attachée à la
Division Provinciale de l'EPSP/Sud-Kivu où il existe un service des
statistiques mais presque non fonctionnel. Les rapports qui y sont
envoyés chaque année par les gestionnaires des écoles ne
sont pas compilés, moins encore ventilés. Ceci constitut un
problème majeur aux chercheurs et sont obligés de se contenter
des rapports de l'UNICEF, de la Banque Mondiale, de l'UNESCO et très
récemment de la Division Provinciale du Plan grâce au soutien de
l'UNICEF et du PNUD.
B) Amélioration des politiques et des
programmes.
Etant donné que le droit à l'éducation
s'articule autour d'une approche genre, le gouvernement devait intensifier
l'introduction du concept « genre » dans les programmes de
développement des droits des enfants, accélérer le
« Programme Multisectoriel d'urgence de Réhabilitation et de
Reconstruction (PMURR) », lancé en 2002, qui concentre ses
efforts sur la réhabilitation des infrastructures et qui est soutenu par
la Banque Mondiale, prévoyant la réhabilitation des écoles
à Kinshasa, Bas-Congo, Bandundu, les deux Kasaï et le
Katanga.144(*) Ce
programme devrait être élargi aux provinces du Sud-Kivu, du
Nord-Kivu et Orientale pour avoir subi les plus grands affres de la
guerre.145(*)
Dans le même ordre d'idée, l'appui de l'UNICEF
consistant à assurer la formation des enseignants, comme le cas de
l'Angola sus évoqué, et l'encouragement de l'inscription massive
des enfants en première année primaire, tout en mettant un accent
particulier sur l'inscription des filles, s'avère d'une grande
importance.
L'Etat doit soutenir aussi le Programme Multisectoriel
d'urgence de Réhabilitation des infrastructures sociales (PMURIS)
financé par la BAD qui prévoyait, en 2004, la
réhabilitation (bâtiment et équipement) de 3.000
écoles primaires à 6 classes, la fourniture des manuels
scolaires, la formation et le renouvellement des enseignants et le renforcement
de la gestion du secteur.146(*)
La mise en oeuvre des programmes ci-contre consacrerait la
réalisation de la 1ère phase (phase d'urgence) du
plan-cadre de l'Education élaboré par le gouvernement en 1999,
plan qui n'a jamais été adopté par le Parlement.
En effet, le Gouvernement avait, dès le début
des années 1990, entamé la préparation d'une
réforme en profondeur du système éducatif national. Sur
base de la Charte nationale de l'Education adoptée par la
Conférence Nationale Souveraine en 1992, le Gouvernement avait
commencé en 1996 la préparation d'un projet d'un nouveau
système éducatif, par la tenue des Etats Généraux
de l'Education.
Le plan cadre de l'Education formulé en 1999, avec
l'appui du PNUD et de l'UNESCO ambitionnait de reconstruire le système
éducatif sur une période allant de 1998-2008 en trois
phases :
· La phase d'urgence (1999-2000) seront la
réhabilitation des écoles primaires, la fourniture des
équipements et des manuels scolaires, le recyclage et la formation des
enseignants, et la formation professionnelle ;
· La phase de mise en oeuvre proprement dite du nouveau
système éducatif pour tous (2001-2004) ; et
· La phase de consolidation (2005-2008).147(*)
Malheureusement, avec la mort de Mzee Laurent
Désiré KABILA, initiateur du plan cadre dont question, tout est
tombé dans l'oubli. Examinons, à présent, les
stratégies spécifiques à la Province du Sud-Kivu.
C). Stratégies spécifiques à la
province du Sud-Kivu.
Le Sud-Kivu est l'une des 26 provinces qui constituent la
RDC conformément aux dispositions de l'art. 2 de la Constitution. Elle
est une entité décentralisée dotée de la
personnalité juridique et jouissant de la libre administration et de
l'autonomie de la gestion de ses ressources financières,
économiques, humaines et techniques conformément aux dispositions
de l'art. 3 de la Constitution. La part des recettes à caractère
national allouées à la province est établie à 40%
(art. 157). Toutefois, elle peut bénéficier des fonds
supplémentaire auprès de la caisse nationale de
péréquation, instituée par l'art. 181 et ayant comme
mission de financer des projets et programmes d'investissement publics, en vue
d'assurer la solidarité nationale et de corriger le
déséquilibre de développement entre les provinces et entre
les autres entités territoriales décentralisées. Elle a
une population de 4.715.056 habitants.148(*) Elle compte 2384 écoles primaires dont 2033
fonctionnelles avec un effectif, au cours de l'année- scolaire
2006-2007, de 637636 élèves, en raison de 336757 garçons
(soit 53 %) et 300879 filles (soit 47%).149(*) Ceci étant, nous allons passer en revue les
difficultés majeures qui affectent l'enseignement universel dans la
province (a), avant d'aborder les stratégies pouvant permettre de les
résoudre (b).
a. Les difficultés majeures qui affectent le droit
de l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme indiqué ci-contre, ces difficultés sont
presque les mêmes au niveau national et provincial. Au plan politique,
nous devons noter que la Province du Sud-Kivu, à coté de celle du
Nord Kivu, a reçu en 1994, après le génocide rwandais, des
réfugiés qui ont été installés sur des sites
abritant des écoles, avec comme conséquence, la destruction du
tissus environnemental. Qu'à cela ne tienne, elle demeure parmi les
provinces qui ont subi d'énormes exactions dues à la guerre
menée par des groupes rebelles qui ont occupés l'Est du pays
pendant 5 ans. Elle demeure, jusque maintenant, l'une des provinces du pays
dont la situation sécuritaire, à l'intérieur, cause de
nombreuses perturbations dans le bon fonctionnement des institutions
scolaires.
Avec l'avènement de la troisième
République, il y avait une lueur d'espoir fondée sur la retenue
à la source de 40% des recettes générées par la
province. Mais malheureusement, la réalité n'a pas suivie
d'effets en dépit de la promulgation de la Loi n° 08/012 du 31
juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre
administration des provinces qui a transféré à la province
certains domaines du droit à l'éducation, conformément aux
dispositions de l'art. 203 de la Constitution.
b. Stratégies pour la réalisation du droit de
l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme l'indique l'art. 32 de la Loi portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, la
répartition des compétences entre le pouvoir central et la
province s'effectue conformément aux dispositions 202, 203
et 204 de la Constitution. Or, ces articles déterminent
respectivement les matières exclusives à la compétence du
pouvoir central, les matières concurrentes entre ce dernier et les
provinces, et celles exclusives à la compétence de la province.
Il en est ainsi de la mise en oeuvre des mécanismes de la promotion et
de sauvegarde des droits humains et des libertés fondamentales
consacrés dans la Constitution qui est une matière concurrente.
Toutefois, l'enseignement maternel, primaire, secondaire, professionnel et
spécial ainsi que l'alphabétisation des citoyens
conformément aux normes établies par le pouvoir central est
désormais de la compétence exclusive de la province
conformément aux dispositions des articles 204, al. 13 de la
Constitution et 37, al. 7 de la Loi portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces.
Le problème majeur à résoudre par la
province, en priorité, demeure la paie des enseignants. Pour y parvenir,
la province doit disposer d'un budget capable de relever le défi.
Malheureusement, cela ne semble pas être le cas. Si l'on pouvait croire
que le budget provincial de l'exercice 2008 ne pouvait pas résoudre le
défi pour la simple raison que le 40% n'étaient pas retenus
à la source, le budget 2009 non plus n'a pas donné de solution.
Dans le budget 2008, il était affecté à l'éducation
2,91%, soit 128.608.645.05 FC
équivalent à 233.833,9 dollars. Comparativement au chantier
éducation, ce montant est loin de couvrir la paie des enseignants pour
ne citer que ce seul aspect. Ce pourcentage attendait, pour être
concrétisé, 100.240.000 FC provenant des frais
payés par des finalistes du secondaire et du primaire pour passer les
épreuves de fin de cycle. Cela a amené à l'Observation du
CEGEC de s'interroger si la Province ne saurait donc pas honnêtement les
compter au titre de ses actions en faveur de l'éducation puisqu'elle est
incapable d'organiser des épreuves sans rançonner les pauvres
parents déjà tant sucés par le paiement du minerval, des
primes et frais de toute nature.150(*) Et comme il fallait attendre, le budget 2009 de la
province n'a pas résolu grand-chose. Ce budget de
64.066.743.437,87 FC, soit 112.397.795,5 dollars
américains présente un accroissement de 41 % par rapport
à celui de 2008 qui était de l'ordre de 42.493.668.169,07
FC, soit 74.550.295 dollars américains.
Malheureusement, il n'a été affecté que 23, 77%
aux chantiers éducation et santé. Ce pourcentage doit
couvrir la paie du personnel de l'EPSP et de l'inspection provinciale de la
santé, en plus de l'achat des fournitures et matériels
médicaux, etc.
De ce qui précède, il appert que pour rendre
l'enseignement universel effectif au Sud-Kivu, la Province doit soit,
améliorer son budget 2010, ou faire appel à la caisse de
péréquation pour lui venir en aide. Quoi qu'il en soit, la
priorité demeure la paie des enseignants pour améliorer tant soit
peu la qualité de l'éducation et parvenir à asseoir
certaines stratégies internes et externes à la salle de classe.
§2. Les stratégies internes et externes
à la salle de classe.
Il s'agit des stratégies dans la salle de classe (A)
et des stratégies à l'extérieur de la salle de classe
(B). En effet, il a été prouvé que les stratégies
décrites ci-dessous, qu'elles soient appliquées à
l'intérieure ou à l'extérieur de la classe, ont
amélioré les taux de fréquentation scolaire et de
réussite chez les filles dans certains pays. Chacune de ces
stratégies met en valeur un certain type d'école proposant une
méthode d'apprentissage efficace dans un environnement sûr et
sain, qui tienne compte des différences entre les sexes, et où
l'enfant occupe une place centrale : c'est ce que l'UNICEF appelle une
école adaptée aux enfants.151(*)
A. Les stratégies dans la salle de classe.
Ces stratégies s'articulent autour de
l'égalité des chances, du dévouement des enseignants, de
la promotion de la santé, etc.
a) Mieux centrer la classe sur les besoins de l'enfant dans
le respect des différences entre les sexes.
Cette stratégie permet d'enraciner les
activités dans la vie et le contexte communautaire. Cet aspect
interculturel s'appuie sur un enseignement et un apprentissage participatifs,
dans lequel le jeu et l'étude se combinent de façon
créative. Les enseignants doivent utiliser du maximum les langues et la
culture pour imprégner aux écoliers la valeur culturelle. Cela,
partant du premier objectif de l'EPT152(*), doit tenir compte des droits des enfants des
peuples autochtones, des handicapés physiques (sourds muets, aveugles,
etc.), des orphelins de guerre, ainsi que ceux nés issus du viol au
même titre que les autres.
b) Recruter et former des enseignants soucieux
d'équité entre les sexes et des droits de l'enfant et verser
à ces derniers un salaire régulier leur permettant de mener une
vie décente.
Les enseignants, hommes et femmes, devraient suivre une
formation qui les sensibilise aux spécificités des sexes dans la
salle de classe. Sans quoi, rien n'exclut que certains enseignants continuent
à valoriser et encourager davantage la participation des
garçons au détriment de celles des filles et qu'ils ne doivent
répartir les tâches selon des schémas discriminatoires
stricts, laissant aux filles le soin de balayer la classe et de nettoyer les
toilettes. Cette stratégie devait s'inscrire dans le cadre de l'art 45
de la Constitution qui dispose, en son 4ème alinéa
que : « Les pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et
d'assurer, par l'enseignement, l'éducation et la diffusion, le respect
des droits de l'homme, des libertés fondamentales et des devoirs du
citoyen énoncés dans la présente Constitution ;
Les pouvoirs publics ont le devoir d'assurer la diffusion et
l'enseignement de la Constitution, de la Déclaration universelle des
droits de l'homme, de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
ainsi que de toutes les Conventions régionales et internationales
relatives aux droits de l'homme et au droit international humanitaire
dûment ratifiées ».
Le terme « devoir » fait que les
pouvoirs publics ne s'engagent pas avec détermination dans ce que la
Constitution leur a assigné comme mission. D'où le terme
« obligation conviendrait mieux ». Qu'à cela ne
tienne, l'on devait au besoin envisager une formation des enseignants en
matière de droits de l'homme en général, et droits des
enfants en particulier, afin de permettre à ces derniers d'être en
même de faire connaître aux enfants leurs droits, et de les
épargner des grandes difficultés lorsque cette disposition sera
effective dans les programmes nationaux d'enseignement. Cela répondrait
à l'adage cher aux pédagogues d'après lequel
« pour enseigner court comme un doigt, il faut connaître long
comme un bras ».
c) Promouvoir la santé dans les
écoles.
Cette stratégie devait être tenue dans les
programmes nationaux d'enseignement primaire. Cela permettrait d'adopter une
approche globale de la santé fondée sur l'enseignement des
aptitudes à la vie quotidienne et d'éducation pour une vie saine
et de prévention du VIH/SIDA. La stratégie doit s'appliquer
à toute une gamme de problèmes sanitaires et sociaux du VIH/SIDA,
à l'hygiène personnelle, de la nutrition aux stupéfiants,
et examiner dans le cadre d'activités destinées à
développer les aptitudes à la vie quotidienne telles que la
communication, la coopération et la solution des problèmes.
La réussite de cette stratégie permettrait de
mettre en place des dispensaires dans des écoles et d'engager des
infirmiers pouvant intervenir dans un cas d'urgence. Elle permettrait
également l'amélioration de la santé des filles à
l'école, et par ricochet les inscriptions massives. A Bukavu, cette
stratégie a résolu beaucoup de problèmes au Lycée
WIMA où les gestionnaires ont renforcé le dispensaire scolaire en
médicaments et en équipement d'urgence.
d) Promouvoir le sport à l'école.
Cette stratégie permet aux filles de pratiquer le
sport au même pied d'égalité que les garçons et cela
contribue à la parité dans les inscriptions massives. Etant
donné que le sport était réservé aux garçons
dans beaucoup d'école, la participation des filles remet en question les
stéréotypes sexistes et des aptitudes profondément
ancrées. Au fur et à mesure que les athlètes de sexe
féminin sont mieux reconnues, elles servent de modèle aux autres
filles. Nul ne peut s'en douter du revenu potentiel que ces dernières
ramènent dans le pays et sur le plan mondial. Le sport donne aux filles
l'occasion de prendre des responsabilités tout en renforçant
leur confiance et leur estime de soi. En faisant du sport, les filles
apprennent à établir des relations sociales grâce aux
réseaux ainsi créés, de nouvelles possibilités
s'offrent à elles, ce qui leur permet de s'engager davantage dans la
vie scolaire et communautaire.
Pour y parvenir, les écoles doivent être
dotées des salles de gymnastique et des terrains de jeu bien
équipés tenant compte de l'égalité des chances.
e) Assouplir l'enseignement.
Les enfants sont souvent exclus de l'école en raison
des responsabilités familiales ou des tâches domestiques qui leur
incombent. Nul ne peut s'en douter que ce problème touche plus les
filles que les garçons. L'on pouvait s'inspirer de l'exemple du
Bangladesh où les autorités locales ont accordé la
priorité aux filles et dont leur exemple a inspiré de nombreux
pays. L'horaire est souple ; les classes, qui durent deux heures par jour,
sont organisées six jours par semaine, mais le moment de la
journée consacré à l'étude est choisi par les
parents et le calendrier scolaire s'ajuste aux besoins locaux, à
l'instar des récoltes, etc.153(*)
f) Expliquer en langue locale.
Lorsque la langue d'enseignement n'est pas la langue
maternelle de l'enfant, certains d'entre les écoliers sont souvent plus
défavorisés pour non adaptation aux milieux sociaux
extérieurs à leur famille immédiate. La difficulté
peut se poser en RDC où il y a plusieurs dialectes. Mais au besoin, l'on
devait procéder à l'explication en langue nationale de la
région où les enfants se trouvent, et pour les écoles du
milieu rural, l'explication devait se tenir en langue maternelle de l'enfant
afin de s'assurer que l'enfant s'est imprégné des nouvelles
connaissances apprises. Au Pérou et au Rwanda, l'enseignement du
degré élémentaire (1ère année
surtout), se fait d'abord en langue maternelle. Pour la suite, les enfants
apprennent en espagnol, deuxième langue du pays, pour le
Pérou.154(*)
B. Les stratégies à l'extérieur de la
salle de classe.
Ces stratégies s'articulent autour de la mise sur
pied des statistiques ventilées par sexe sur l'éducation,
l'adoption des mesures spéciales pour atteindre les filles les plus
désavantagées, l'ouverture des écoles plus proches du
domicile des enfants, la garantie de la sécurité des
écoliers, etc.
a) Réunir des statistiques ventilées par sexe
sur l'éducation.
Ces statistiques, on ne le dira jamais assez, doivent
porter notamment sur les résultats scolaires aux niveaux primaires,
secondaire et supérieur. Elles doivent servir d'indicateur sur le taux
de scolarisation des filles et des garçons. Ces données sont
essentielles pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement
et de l'apprentissage, et pour mesurer les progrès accomplis vers la
réalisation des OMD. Outre la ventilation des statistiques par sexe, les
données devraient, si possible, être ventilées par facteur
notamment la situation géographique urbaine et rurale, la situation
géographique de la famille (famille pauvre, famille riche), la situation
des enfants handicapés, des enfants des peuples autochtones et le
niveau d'éducation de la mère. L'analyse des données de
ce type permet, à titre d'exemple, de comprendre comment la
pauvreté d'un enfant et son origine ethnique peuvent aggraver les
difficultés auxquelles un enfant se heurtait déjà à
cause de son sexe.
b) Adopter des mesures spéciales pour atteindre les
enfants les plus désavantagés.
L'analyse des rapports tout au long de notre recherche
prouve que les enfants des milieux ruraux et ceux des familles pauvres, sont
les plus souvent victimes de discrimination et d'exclusion, et
particulièrement les filles qui souffrent souvent des multiples
désavantages en regard de leur sexe. Plus une fille est
désavantagée, plus il est important que le système
éducatif l'aide en adoptant des mesures spéciales, plutôt
que de supposer qu'elle prendra en marche le train de l'éducation pour
tous.
c) Ouvrir des écoles plus proches du domicile des
enfants.
Dans un pays comme la RDC où la guerre et
l'insécurité n'ont toujours pas cessé, les enfants ont une
difficulté majeure de se déplacer à une longue distance
pour aller à l'école dans les zones insécurisées.
Particulièrement, les jeunes filles sont les plus concernées par
les multiples violences exercées sur elles et notamment le viol et
l'enlèvement pour servir des rançons au d'esclaves sexuelles. A
cet effet, l'expérience du Burkina Faso pourrait servir d'exemple. Ce
pays, tenant compte du fait qu'il ait peu de chances que les filles aillent
à l'école si elles se trouvent loin de chez elles à cause
d'éventuels problèmes de sécurité sur le chemin, a
créé un réseau « d'écoles
satellites ». Il s'agit de petites écoles n'offrant que les
trois premières classes, ce qui permet aux jeunes enfants (qui
commencent l'école à 7 ans) d'acquérir leur
première expérience de l'école dans leur village ou
à proximité. Depuis leur création en 1995, plus de 100.000
filles et garçons ont fréquenté ces 229 écoles
satellites. Comparés aux élèves qui fréquentent le
système scolaire classique, les enfants qui achèvent le cycle de
ces écoles satellites ont un meilleur niveau en écriture, en
lecture et en mathématique, avec des taux de réussite une fois et
demie, voire deux fois supérieurs. Ces écoles affichent
également le taux de rétention de près de 95 pour cent.
Ces résultats positifs s'expliquent par un certain nombre de facteurs,
notamment l'enseignement en langue locale, ce qui accélère
l'apprentissage, la motivation des parents et un nombre d'élèves
par enseignant plus faible que dans les autres écoles (25
élèves par enseignant dans les écoles satellites contre 48
élèves par enseignant dans les autres écoles).155(*)
d) Garantir la sécurité des
écoliers.
Cela signifie qu'il faut non seulement que les abords de
l'école soient sûrs, mais aussi les locaux eux-mêmes doivent
inspirer confiance. L'éducation est un facteur essentiel quant elle est
de bonne qualité mais elle ne remplit pas son rôle quand elle est
dispensée dans un environnement marqué par la violence. Lorsque
les écoles sont associées à une violence sexuelle ou
physique, ou encore à une corruption exagérée,
l'accès des filles à l'éducation s'en ressent car il est
évident que les parents hésiteront à les inscrire dans de
tels établissements.
De même, l'accès à l'eau potable et
installation des latrines est un atout important pour la santé des
élèves. Les toilettes des garçons doivent être
séparées de celles des filles pour éviter la
promiscuité. L'eau contribue davantage à l'assainissement des
écoles à côté de l'électricité et de
la peinture adoptée, ces trois facteurs permettent aux
élèves d'éviter des maladies nosocomiales qu'on attrape
dans un environnement malsain où l'on passe la plupart de son temps.
e) Faire participer la population locale.
Appelé encore « développement
endogène », cette stratégie permet à la
population locale de s'approprier tout projet de développement qui est
élaboré dans leur intérêt. Cela étant, la
campagne destinée à l'inscription massive des enfants à
l'école, tout comme la construction des nouvelles écoles dans les
milieux devaient montrer à la population locale, à travers les
chefs locaux, le bien fondé des activités en cause. Cela
permettrait une solution de plusieurs problèmes liés au milieu
respectif.
La participation locale pourrait alléger le travail
domestique qui fait que beaucoup de filles restent à la maison pour
aider aux tâches ménagères. En donnant aux
communautés ou aux groupes des femmes des équipements tels que
des moulins à céréales, des décortiqueuses, des
charrettes, des jerrycans pour la conservation de l'eau, on peut alléger
la charge de travail et libérer les filles qui pourront ainsi
fréquenter l'école.
Il en va de même lorsque les enfants ne sont pas
scolarisés parce qu'ils doivent aller tirer l'eau d'un puits
traditionnel ou à une pompe éloignée ; la
création de points d'eau peut soulager, tout en provisionnant en eau
salubre l'ensemble de la communauté.
Quoi qu'il en soit, le droit de l'enfant à
l'éducation étant à la fois programmatoire et à
réalisation progressive, les stratégies ci-avant
développées ne sont pas cumulatives pour un pays comme la RDC. Le
gouvernement devra procéder à une analyse des obstacles
particuliers que les élèves, et particulièrement les
filles, doivent surmonter avant d'opter le train de mesures le plus
approprié.
Toutefois, pour la RDC, rendre l'éducation gratuite
et obligatoire est la pierre angulaire de tout programme national visant
à éliminer les disparités entre les sexes dans
l'éducation et à atteindre l'objectif de l'éducation
universelle. Cela résoudrait un grand nombre de problèmes pour
les parents qui sont confrontés à des difficultés
économiques qui les obligent à faire un choix et qui
décident enfin de compte d'envoyer les garçons à
l'école à la mercie des filles. Ainsi, l'élimination des
frais scolaires ou l'offre d'un soutien financier aux familles dont les filles
sont scolarisées, ainsi que l'explication des avantages qui
accompagnent la scolarisation des filles, revêtent à ce
égard une importance capitale. Pour y parvenir, une certaine
émulation doit guider les dirigeants congolais en s'inspirant des
progrès des autres pays tout en respectant les engagements par eux pris
au niveau international (section 3ème).
Section 3ème :
Inspiration des progrès des autres pays et le respect des
engagements internationaux.
Nous allons jeter un regard sur les stratégies mises
en place par le Rwanda et le Kenya (§1) avant de faire allusion aux
engagements internationaux (§2).
§1. Les stratégies mises en place par le
Rwanda et le Kenya.
Nous allons aborder la situation du droit à
l'éducation et sa mise en oeuvre dans les deux pays dans une approche
relative à l'adieu aux frais de scolarité.
A. L'adieu aux frais de scolarité au Rwanda.
Le Rwanda dont l'histoire récente a
été marquée par le génocide de 1994, est en totale
reconstruction depuis plusieurs années et le nouveau pouvoir rwandais a
fait de l'éducation une priorité, poursuivant fidèlement
les objectifs internationaux.156(*)Le pays a enregistré des sérieux
progrès dans la scolarisation primaire, mais de graves problèmes
subsistent dans ce pays caractérisé par une forte densité
de population rurale et un nombre record d'enfants orphelins. Comment ce pays
est-il parvenu à se tirer d'affaires ?
La politique éducative au Rwanda est
entièrement alignée sur les OMD et la lutte contre la
pauvreté. L'amélioration de l'éducation figure parmi les
objectifs prioritaires du dernier DSRP. Le pays a, en outre,
intégré dans sa politique le programme d'éducation pour
tous et était en voie d'être élu par la FTI en 2006.
Depuis la fin du génocide, des efforts importants ont
été déployés dans le but d'atteindre la
scolarisation primaire universelle, tout en atteignant un niveau de
parité de genre exceptionnellement élevé par rapport au
reste de l'Afrique. Ainsi, le Rwanda avait déjà atteint la
parité filles/garçons dans le cycle primaire, tandis que son taux
net de scolarisation primaire atteint 93,5% en 2005.
Même si la politique du gouvernement vise la
gratuité de l'enseignement primaire, les ménages doivent assumer
une partie des frais scolaires, dire mieux les subsides au minerval en primaire
qui sont passés de 300 FRW en 2004 (soit 200 FC) à 1.000 F RW en
2005 (soit 600 FC). Le Rwanda ne disposant pas d'un grand nombre d'enseignants,
a adopté la politique d'importer sa main d'oeuvre de l'extérieur
et principalement de la RDC. Un aspect important dans la qualité de
l'enseignement est l'existence d'un programme scolaire actualisé,
accompagné de manuels et du matériel pédagogique
approprié. Ce programme est dispensé dans trois langues à
savoir le Kinyarwanda, le Français et l'Anglais.157(*)
Le pays a réussi grâce à sa transparence
dans la gestion des financements et de l'aide reçus de la
communauté internationale. En plus, il a instauré le
système des banques dans la gestion des salaires des enseignants et
affecte depuis 2000 plus de 15% de son budget national à
l'éducation, et de surcroît, il tend à informatiser la
plupart de ses écoles.
Selon les Nations Unies, le Rwanda compte aujourd'hui plus
de 2000 écoles primaires qui accueillent plus de 1,5 millions d'enfants.
Le taux net de scolarisation primaire a sensiblement augmenté ces
dernières années. A ce rythme-là, le pays devrait
atteindre le premier indicateur de l'OMD 2, à savoir la scolarisation
universelle en 1ère année primaire. L'objectif 3 est
quant à lui atteint en ce qui concerne la parité d'accès
en primaire.158(*)
Cet exemple devrait inspirer la RDC, surtout en matière
de gestion des fonds publics et encore que le Rwanda demeure également
un pays rangés parmi les pays pauvres de la planète.
B. L'adieu aux frais de scolarité au Kenya.
Au Kenya, il y a cinq ans l'enseignement primaire se
heurtait à des problèmes sérieux comme ceux de la RDC.
Cette situation défavorisait plusieurs enfants plus vulnérables
en raison de la pauvreté et surtout pour ceux dont les parents sont
morts du SIDA. Avant 2003, les frais scolaires étaient alourdis par le
coût des cahiers, des uniformes et examens, et les responsabilités
familiales, telles que les soins à apporter à des parents malades
continuaient d'empêcher des familles pauvres d'une grande partie du
Kenya d'envoyer leurs enfants à l'école comme dans la plupart des
pays en développement.
L'UNICEF indique qu'à KIBERA par exemple, le plus
gros bidonville de Nairobi, la plupart des parents n'avaient pas les moyens
d'inscrire leurs enfants à l'école. Avec un revenu mensuel moyen
d'environ 27 dollars, une somme qui doit servir à payer le loyer ;
la nourriture, l'eau et les soins de santé, il leur était bien
difficile de trouver l'argent pour la scolarisation de leurs enfants. Il
était donc difficile pour un parent d'un tel rang, de payer les 133
dollars d'inscription, sans parler des 27 dollars que coûte l'uniforme de
l'école159(*). La
question la plus importante est celle de savoir alors comment le Kenya est-il
parvenu à se tirer du gouffre des frais scolaires ?
Il est important de noter que le Kenya n'a pas connu un
régime politique aussi instable comme celui de la RDC. Néanmoins,
ce pays est compté parmi ceux de la région où le nombre
d'orphelins du SIDA, affectés non seulement par la pauvreté mais
aussi par la stigmatisation sociale et la maladie, augmente rapidement. Et
pourtant, en dépit de cet état de chose, les enfants
étaient prêts à aller à l'école pourvu que
l'on supprime les frais de scolarité.
Cette expérience a été une
réalité au Kenya. Depuis janvier 2003, plus d'1,3 million
d'enfants sont allés à l'école pour la première
fois dans le cadre d'une politique d'éducation primaire gratuite pour
tous. La suppression des frais scolaires a fait passer les inscriptions
à l'école primaire publique nationale de 5,9 millions à
7,2 millions d'élèves.
Des expériences similaires ont été
rapportées au Malawi, en République-Unie de Tanzanie et en
Ouganda. Le tableau qui suit illustre davantage ce qui vient d'être
énoncé160(*)
Tableau récapitulatif
Pays
|
Nombre d'inscriptions avant la suppression des frais de
scolarité.
|
Nombre d'inscriptions après la suppression des frais de
scolarité.
|
KENYA
|
5,9 millions
|
7,2 millions (augmentation de 22%, soit 1,3 million, durant la
1ère semaine de 2003)
|
MALAWI
|
1,9 Million
|
3 millions
|
OUGANDA
|
2,5 Millions (1997)
|
6,5 millions (2000)
|
Rép-Unie de Tanzanie
|
1,4 Million
|
3 millions
|
Cette montée en flèche du nombre
d'inscriptions au Kenya n'est pas allée sans problèmes. L'Ecole
AYANI par exemple, a enregistré 100% du nombre d'inscriptions et, comme
beaucoup d'établissements du pays, a souffert d'une pénurie de
pupitres, de papiers et de fournitures scolaires. Dans une salle de classe
prévue pour 35 élèves, d'un coup on y a retrouvé 70
élèves.
Face à cette situation, le ministère Kenyan
de l'éducation en collaboration avec l'UNICEF, a lancé
l'initiative dite « pour une école primaire adaptée
aux enfants ». Cette initiative vise d'améliorer la
qualité de l'enseignement, de sorte qu'une fois que les enfants ont
commencé les classes, ils y restent et y acquièrent les
compétences de base de l'enseignement primaire. Ainsi, le pays est
parvenu à rendre effectif l'enseignement primaire gratuit et obligatoire
grâce aux efforts nationaux et, surtout pour avoir été
partie à l'équipe de 20 pays qui ont
bénéficiés les avantages de la FTI. La
crédibilité du Kenya en face de la Communauté
internationale a permis à la Banque Mondiale, le Department for
International Development du Royaume-Uni et l'UNICEF de fournir les livres
ainsi que du matériel d'éducation et des équipements
récréatifs. Cela a permis en plus aux enseignants qui avaient
été formés en 2002 de transformer les classes de base de
premier niveau en un environnement mieux adapté et qui stimule
l'apprentissage. L'UNICEF a en plus contribué à la formation de
quelque 1.000 enseignants et il en a formé environ 5.000 de plus durant
le premier semestre 2003.
Cette expérience montre bel et bien que la RDC a du
pain sur la planche. Il ne suffit pas de consacrer la gratuité des frais
scolaires dans la Constitution. Il faut en plus tenir compte de plusieurs
paramètres comme ceux rencontrés au Kenya et au Rwanda d'une
part, et ceux envisagés en terme de stratégies aux
difficultés qui affectent l'éducation en RDC. A côté
de cela, le respect des engagements pris au niveau international demeure d'une
importance capitale.
§2. Le respect des engagements pris au niveau
international.
Point n'est besoin de revenir sur tous les engagements
internationaux pris par la RDC en matière d'éducation.
Néanmoins, il sied de rappeler qu'il y a à peine 7 ans depuis que
189 Etats s'étaient réunis au siège de l'ONU pour mettre
sur pied la déclaration du millénaire. Au cours de la même
année, 164 gouvernements, ainsi que des organisations partenaires du
monde entier, prenaient ensemble l'engagement de développer
spectaculairement les possibilités d'éducation offertes aux
enfants, aux jeunes et aux adultes à l'horizon 2015. Tel avait
été l'engagement des participants au Forum mondial sur
l'éducation, tenu à DAKAR du 26 au 28 avril 2000, à
l'occasion ils ont fait de cet engagement une vision globale de
l'éducation ancrée dans les droits de l'homme, réaffirmant
l'importance de l'apprentissage à tous les âges et soulignant la
nécessité de mesures spéciales pour atteindre les groupes
les plus démunis, les plus vulnérables et les plus
défavorisés de la société.161(*)
Nous allons focaliser notre attention sur la
stratégie d'accélération : 25 d'ici 2005, et le
séminaire international sur l'Abolition des frais scolaires.
A. La stratégie d'accélération dite 25
d'ici 2005.
Quoique antérieure à notre époque,
cette stratégie revêtait une importance capitale et contribuerait
à l'amélioration de l'enseignement primaire en RDC si les
autorités étaient engagées à respecter les
engagements pris.
Pour les 24 ministres de l'éducation et d'autres
personnalités éminentes de pays de l'Afrique de l'Ouest qui
étaient réunis pour débattre des investissements les plus
efficaces pour inciter les garçons et les filles à se rendre
à l'école, les avantages de l'éducation sont
incontestables. Comme l'a observé un délégué de la
Sierra Leone, « nous savons d'expérience que l'ignorance
tue ».162(*)
L'UNICEF et la Banque Mondiale avaient invité
à Ouagadougou (Burkina Faso) en 2004, des ministres et
spécialistes de l'éducation pour qu'ils s'engagent à
nouveau à atteindre l'objectif de l'éducation pour tous. Avant
même qu'ils ne s'assoient à la table de conférence, une
bonne partie des ministres avaient déjà signé la
Déclaration de Ouagadougou qui reconnaît l'importance de
l'éducation des filles pour le développement de leur pays, et qui
demande aux gouvernements de s'engager à redoubler d'efforts pour
scolariser autant de filles que de garçons.
Les 25 pays participants163(*) ont été sélectionnés
parce qu'ils répondaient à au moins un des critères
suivants: faible taux de scolarisation des filles, différence d'au moins
10% dans la scolarisation des garçons et filles pour le cycle primaire,
présence d'au moins un million de filles non scolarisées,
bénéficiaires de l'Initiative de la Banque Mondiale pour
l'accélération de l'éducation pour tous et frappés
de plein fouet par des crises qui affectent la scolarisation des filles, comme
le VIH/SIDA ou des conflits armés, entre autres.
Etant entendu que la cible basée sur
l'égalité des sexes était censée être
atteinte dans l'enseignement universelle en 2005, l'UNICEF a estimé que
si l'on ne s'intéressait pas aux besoins des filles en particulier, on
ne parviendra pas à atteindre l'objectif d'une éducation primaire
universelle ; ce qui l'a amené à lancer
« l'initiative 25 d'ici à 2005 ». Le but
n'était pas de remplacer les initiatives et efforts existants, mais de
les compléter et de les renforcer pour progresser plus rapidement dans
ce secteur de l'éducation des filles.
Malheureusement, après l'échéance, la
RDC n'est toujours pas en même de respecter encore une fois cet
engagement. Il en est de même de celui de BAMAKO pris en 2007 lors du
séminaire international sur l'abolition des frais scolaires (B).
B. Le séminaire international sur l'abolition des
frais scolaires.
Ce séminaire tenu à BAMAKO au Mali du 19 au
20 juin 2007 avait réuni plus de 23 pays164(*) dont la RDC. Initié
par l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique
(ADEA), l'UNICEF, la Banque Mondiale en collaboration avec le ministère
de l'Education national du Mali, cette rencontre a consisté en un
échange d'expériences et a abouti à la conclusion selon
laquelle : " les frais scolaires doivent être
supprimés parce qu'ils écartent de l'école de nombreux
enfants et la plupart de ceux exclus comptent parmi les plus vulnérables
de nos sociétés".
A l'ouverture des travaux, le directeur exécutif de
l'ADEA, Monsieur Mamadou NDOYE, a précisé que la plupart de 77
millions d'enfants n'ayant pas accès à l'éducation
proviennent des familles les plus pauvres et les plus démunies. Or,
cette éducation est nécessaire aux enfants pour acquérir
des compétences, avoir des perspectives plus larges de promotion,
bénéficier de meilleures opportunités de revenus et avoir
des chances de briser le cycle inter-génération.165(*)
En fin de compte, les participants se sont accordés
en signant une déclaration énonçant que l'accès de
tous les enfants à l'école est un droit fondamental et essentiel
auquel souvent les frais de scolarité constituent une barrière
pour l'accès des enfants surtout des filles.
CONCLUSION GENERALE
(c)
mutajustin@yahoo.fr
L'objet de notre étude était de faire une
évaluation sur l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation et le deuxième OMD, un droit de nature programmatoire
et à réalisation progressive.
Il est de nos jours acquis que le droit de l'enfant
à l'éducation est un droit fondamental pour son bien-être
et pour le développement de toute la société. C'est pour
cette raison que la Communauté internationale a entendu le proclamer
dans la Déclaration Universelle des droits de l'Homme de 1948, ainsi que
dans la Déclaration relative aux droits de l'enfant de 1959, avant de le
coucher comme un droit obligatoire dans le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels de 1966, et plus
récemment dans la Convention relative aux droits de l'enfant de 1999. Il
sied d'indiquer qu'en plus de ces textes à caractère
international, au niveau régional ce droit est consacré par la
Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1986 et la Charte
africaine des droits et du bien-être de l'enfant de 1999. Au niveau
national, l'on constate que le législateur congolais a consacré
le droit de l'enfant à l'éducation dans toutes les Constitutions
qui ont régi le pays depuis son accession à sa
souveraineté internationale de 1960 jusqu'à nos jours ; ce
qui est une bonne chose.
Il appert de la Déclaration relative aux droits de
l'enfant de 1959 que l'enfant, en raison de son manque de maturité
physique et intellectuelle, est rangé dans la catégorie des
personnes vulnérables. C'est pour cette raison que tous les textes
ci-avant indiqués tendent à rendre le droit de l'enfant à
l'enseignement primaire, non seulement gratuit, mais également
obligatoire. Mais un problème majeur se pose au niveau de
l'opérationnalisation de cet aspect laissé à la latitude
de chaque Etat en tenant compte des ressources disponibles. Pour parler de la
réalisation de ce droit, il faut s'en tenir également à
l'égalité des sexes, d'où le principe de
non-discrimination.
La question des ressources disponibles pour la
réalisation des droits consacrés par le Pacte dont question, fait
que certains Etats considérés comme pauvres trouvent des motifs
pour justifier leur non réalisation de la gratuité de
l'enseignement primaire afin de permettre à l'enfant de se rendre
à l'école et d'accéder ainsi à l'enseignement
universel.
Ceci a amené le Secrétaire
Général de l'ONU, à travers son Rapport intitulé
« Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au
20ème sicle », à convoquer tous les
Etats membres de l'ONU à l'occasion du nouveau millénaire, pour
se décider sur les visés et l'échéance
endéans lesquels certains droits consacrés par le Pacte doivent
être, au besoin rendus effectifs. Ainsi, le Sommet du millénaire
fut convoqué à l'issu duquel les Etats, ainsi que les
Organisations de la famille de l'ONU, se sont mis d'accord sur des droits
réalisables d'ici 2015, consacrés en OMD. Le droit de l'enfant
à l'éducation universel faisant partie, cela nous a poussé
de mener une recherche pour vérifier, si en mi-parcours les indicateurs
ainsi que les cibles sont en voie d'être concluants.
Pour ce faire, nous sommes parti des questions consistant
à savoir si un droit consacré par une déclaration pourrait
être opposable à des Etats. Il s'agissait également de
savoir si le deuxième OMD a apporté des engagements juridiques
nouveaux dans le chef des Etats et des organisations de la famille de l'ONU
quant à l'opérationnalisation du droit de l'enfant à
l'éducation qui est par nature programmatoire, et de ce fait, y
avait-t-il eu des indices positifs nouveaux sur l'effectivité dudit
droit en RDC, avant de déboucher sur des stratégies pour le
rendre effectif.
Ceci nous a amené au départ, à
postuler, en termes d'hypothèses, que le droit de l'enfant
consacré en deuxième OMD par la Déclaration du
millénaire, n'a pas de force juridique contraignante. L'on a
relevé en outre que la Déclaration du millénaire a
apporté un éclairage nouveau dans l'opérationnalisation de
ce droit à caractère programmatoire dans le chef des Etats et des
Organisations de la famille de l'ONU en fixant une échéance
endéans laquelle il doit être, au besoin, atteint, et en
créant le partenariat mondial pour le développement. Mais le
contexte socio-politique de la RDC ne lui a pas permis de saisir les
opportunités de la Déclaration du Millénaire afin de
concrétiser ledit droit.
Le présent travail s'est articulé autour de
trois chapitres en plus d'une introduction générale et d'une
conclusion. Le premier chapitre a traité du droit de l'enfant à
l'éducation primaire en droit international contemporain. Nous avons, de
ce fait, passé en revue le droit de l'enfant à l'éducation
tel que consacré par les instruments juridiques internationaux,
régionaux, nationaux, et ainsi que la doctrine. A cette occasion, nous
nous sommes rendu compte que la Déclaration du millénaire n'est
qu'un chapelet de bonnes intentions et ne renferme aucun caractère
obligatoire. Toutefois, sa spécificité réside dans le fait
qu'elle proclame un droit consacré par des instruments juridiques
contraignants, tels que soulevés ci-avant, et la fixation des modes de
son opérationnalisation à travers le 8ème
objectif qui consacre la coopération internationale pour la
réalisation des autres, sans perdre l'échéance de vue.
Le deuxième chapitre par contre, a traité de
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation primaire
en RDC. Pour appréhender ses tenants et ses aboutissants, nous avons
interrogé l'évolution du système éducatif
congolais. Cela nous a amené à toucher le contexte
socio-politique à travers les rapports de certaines institutions
spécialisées de l'ONU et des organismes étatiques
nationaux engagés dans la réalisation du droit de l'enfant
à l'éducation en RDC, sans perdre de vue la contribution de la
doctrine. Ainsi, nous avons affirmé le fait que le contexte
socio-politique du pays ainsi que l'augmentation de la démographie n'ont
pas permis au pays de rendre l'éducation élémentaire
gratuite et obligatoire. Cela se justifie aussi par les guerres que le pays
à connu, l'ajustement structurel qui a touché l'économie
du pays au plus haut point, à côté de l'instabilité
politique ne permettant pas au pays de mettre sur pied un programme fixe afin
de réaliser progressivement le droit de l'enfant à
l'éducation. Toutefois, nous avons compris que l'adoption du
2ème OMD par l'Assemblée Générale de
l'ONU a apporté dans le chef de l'Etat congolais et des organisations
internationales des engagements nouveaux, qui ne sont pas forcement juridiques,
principalement dans l'angle consistant à encourager l'inscription
massive des filles à l'école et dans la mise sur pied des
rapports permettant de vérifier l'état d'avancement dudit droit,
et, partant, d'élargir le champs des responsabilités de ces
sujets du droit international à l'horizon 2015.
Ce qui précède nous a permis en plus,
d'apprécier les indices positifs nouveaux dans l'inscription des filles
dans toutes les provinces de la République quoi qu'ils
nécessitent encore de nettes améliorations.
Le troisième chapitre quant à lui,
intitulé Stratégies pour l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC en général, et au
Sud-Kivu en particulier, s'est penché, d'une part, aux problèmes
majeurs qui affectent le droit de l'enfant à l'éducation, avant
d'en proposer des stratégies à l'intérieur et à
l'extérieur de la classe. Ces difficultés liées à
l'insuffisance du budget affecté au secteur de l'éducation par
rapport aux années antérieures, au vieillissement du personnel
enseignant, des programmes ainsi qu'au délabrement des infrastructures,
trouvent leur fondement dans le fait que le Gouvernement n'a pas fait, ces
dernières années, de l'éducation sa priorité. L'on
se rend également compte que la difficulté majeure de
l'enseignement congolais demeure dans le non payement des salaires
décents aux enseignants et des tous les fonctionnaires du secteur public
en général. Comme stratégies, nous avons proposé au
niveau national, l'éradication de la guerre et de
l'insécurité, l'activation de la diplomatie ordinaire et celle ad
hoc, l'affectation au budget national et d'un pourcentage conséquent
à l'éducation, sans oublier les stratégies
spécifiques à la salle de classe, pour reprendre l'expression
chère à l'UNICEF, où les écoliers passent le plus
grand moment de leur enfance.
Etant donné que l'Etat ne saurait mettre toutes ces
stratégies en place au même moment, et partant du caractère
à réalisation progressive du droit de l'enfant, nous avons
proposé à L'Etat congolais de s'inspirer des progrès
réalisés par les autres pays comme le Rwanda et le Kenya pour ne
citer ceux-là. Il sied également de rappeler que l'Etat congolais
doit mettre toutes ses batteries en marche en vue d'accéder à la
coopération internationale pour le développement tout en
respectant les engagements pris en face du monde.
Au niveau provincial, étant entendu que le pouvoir
central a déféré certains aspects de l'enseignement dans
les attributions des provinces, celles-ci devraient améliorer leurs
budgets et affecter un pourcentage important à ce secteur en vue de le
rendre effectif. Pour ce faire, elles ont plusieurs possibilités au cas
où elles-mêmes ne parvenaient pas à couvrir cet aspect.
Chaque province peut s'appuyer sur le levier de la caisse de
péréquation, du Fonds de promotion de l'éducation
nationale, ainsi qu'à la coopération interprovinciale.
Somme toute, en dépit des difficultés
énormes qui affectent le droit de l'enfant à l'éducation
et l'égalité des chances en RDC, rien n'exclut que ce pays se
tire d'affaire à l'échéance, étant donné
qu'il demeure jusqu'à preuve du contraire une puissance
potentielle ; seule la volonté politique manque. Mais à dire
vrai, et au vu de toutes les tendances des rapports analysés, il appert
que la RDC n'est pas sur une bonne piste en ce qui est de l'effectivité
du droit de l'enfant à l'éducation primaire à l'horizon
2015. Cela étant, nous pensons, et partant des points de vue de tous les
acteurs sociaux, que la priorité actuellement reste la paie des salaires
décents aux enseignants, suivie de la gratuité des frais
scolaires, le reste ne demeurant qu'une suite logique. Or, le payement des
salaires décents aux enseignants est une obligation première
incombant à l'Etat congolais.
Au vu de ce qui précède, le présent
travail n'est qu'une piste ouverte à la question relative à
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en tant
que droit programmatoire et à réalisation progressive en RDC. Il
ne s'agissait pas de vérifier si cet objectif a été
atteint ou pas tenant compte des prévisions onusiennes. Toutefois, il
constitue l'esquisse d'une recherche scientifique réalisée pour
cette fin. Puissent d'autres chercheurs approfondir le présent travail.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
BIBLIOGRAPHIE
I. INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX, REGIONAUX ET
NATIONAUX.
1. Le Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, adopté et ouvert à
la signature, à la ratification et à l'adhésion par l'AG
de l'ONU dans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre 1966,
entrée en vigueur le 03 janvier 1976, conformément aux
dispositions de l'art. 27 ;
2. Le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, adopté et ouvert à la signature, à la
ratification et à l'adhésion par l'AG de l'ONU dans sa
Résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre 1966, entrée en
vigueur le 23 mars 1976 conformément aux dispositions de l'article
49 ;
3. La Convention de l'ONU relative à
l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard
des femmes, 17 décembre 1979 ;
4. La Convention relative aux droits de l'enfant
adoptée par l'AG de l'ONU le 20 novembre 1989, ratifiée en
RDC par l'Ordonnance-Loi n° 90/48 du 22 août 1990, publiée au
J.O., Numéro Spécial, avril 1999 ;
5. La Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples, adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi lors de la
18e Conférence de l'OUA, entrée en vigueur le 21
octobre 1986 ;
6. La Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant, adoptée en juillet 1990 lors de la
26ème Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
de l'OUA entrée en vigueur le 29 novembre 1999 ;
7. La Déclaration Universelle des droits de
l'homme, adoptée à Paris par l'Assemblée
Générale de l'ONU dans sa Résolution 217 A (III) du
10 décembre 1948;
8. La Déclaration des droits de l'enfant,
proclamée par l'AG de l'ONU le 20 novembre 1959 [Résolution
1386(XIV)] ;
9. La Déclaration du millénaire,
adoptée par l'AG de l'ONU, dans sa Résolution A/RES/55/2.2000 du
13 Septembre 2000 ;
10. La Constitution de la RDC, J.O. de la RDC,
Cabinet du Président de la République, 47ème
année, 20 juin 2006, Numéro spécial ;
11. Constitution de la RDC, M.C., 1er
août 1964, n° spécial ;
12. Loi 87-010 portant Code de la famille,
1er août 1987, J.O.Z., 1er août 1987 n°
spécial ;
13. Loi-cadre de l'enseignement national n°
86-005, 22 septembre 1986, J.O., 46ème, 1er
décembre 2005, numéro spécial ;
14. Loi n° 08/012 du 31 2008 portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces en
RDC, J.O., 49ème année, 31 juillet 2008,
Numéro spécial ;
15. Décret-Loi n° 003 du 27 mai 1997 relatif
à l'organisation et à l'exercice du pouvoir en RDC, J.O.,
38ème année, mai 1997, numéro
spécial ;
16. Décret n° 06/015 du 23 mars 2006 portant
création d'un Fonds de Promotion de l'Education Nationale, J.O.,
47ème année, 1er avril 2006, p.
13 ;
17. Arrêté interministériel n°
MINIEPSP/CABMIN/0306/2007 portant fixation des frais scolaires à
percevoir au sein des écoles primaires publiques du Ministère de
l'Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel, 09 octobre 2007;
18. Arrêté Ministériel n°
MINIEPSP/CABMIN/ 342/2007, 16 novembre 2007 portant institution de la
Commission Urbaine ou Provinciale de l'Enseignement Primaire, Secondaire et
Professionnel ;
19. Arrêté du Gouverneur de la Province du
Sud-Kivu, n° 08/GP/SK portant fixation des frais de scolarité des
élèves dans les écoles publiques et privées
agréées pour l'exercice scolaire 2008-2009, 29
août 2008.
II. OUVRAGES.
1. COMBACAU J. et SUR S., Droit international public
,2ème éd., Paris, Mont chrétien,
1995 ;
2. Conseil Wallonie-Bruxelles de la coopération
internationale, Les Objectifs du
millénaire et l'éducation en Afrique,
Bruxelles, CWBCI, 2006 ;
3. HABIBU J.B., L'Effectivité du Statut de la Cour
Pénale Internationale: réflexion
spéciale sur à la situation concernant
la RDC, Bukavu, éd. ACAT, 2007 ;
4. HABIBU J.B., (dir.), Prévenir la Torture et
autres traitements cruels, inhumains et
dégradants en RDC: mission impossible ?
Mélange en mémoire de Pascal
KABUNGULU et Serge MAHESHE, éd. ACAT,
Bukavu, 2008 ;
5. UNICEF, La situation des enfants dans le monde,
New York, Unicef, 2004 ;
6. UNICEF, La situation des enfants dans le monde,
New York, Unicef, 2005 ;
7. UNICEF, La situation des enfants dans le monde,
New York, Unicef, 2006 ;
8. VERHOEVEN Joe, Droit international public,
Larcier, 2000 ;
III. NOTES DES COURS ET AUTRES DOCUMENTS.
1. Circulaire interministérielle n°
MINEPSP/003/2007 du 28 Octobre 2007 ;
2. CORNU G., Vocabulaire juridique,
7ème éd., revue et augmentée avec locutions
latines, Paris, PUF, 2005 ;
3. Dictionnaire Universel, Paris, Hachette,
1995 ;
4. Lexique des termes juridiques,
12ème éd., Paris, DALLOZ, 1996 ;
5. Lettre du Ministre de l'EPSP
n° MINIEPSP/CABMIN/006/2008 du 07 août 2008
portant fixation des frais scolaires pour l'exercice
2008-2009 ;
6. MANGA E., Cours des Relations Economiques
Internationales, UCB, L1 Droit, 2006-
2007, Inédit ;
7. MUHINDO T., Cours de Droits humains et libertés
publiques, UCB, L2
Droit, 2007-2008, Inédit ;
8. PREMONT D., Activités pratiques d'éducation
civique pour les enfants de la
RDC, Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme en RDC,
Journée des
droits de l'homme, novembre 2004 ;
9. UCB, Observatoire du CEGEC, Budget de la Province ou du
Gouvernorat? La
population du Sud-Kivu peut encore attendre (...)
Feuillet hebdomadaire
d'informations diverses, 02 juillet 2007.
IV. RAPPORTS.
1. Banque Mondiale, Lé renouveau du système
éducatif de la RDC : Priorités et
alternatives, janvier 2005 ;
2. Ministère de l'EPSP, Plan d'action National et
d'Education pour Tous,
Kinshasa, janvier 2005 ;
3. Secrétariat Général de l'ONU, Nous
les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe
siècle, Rapport A/55/2000, 27 mars
2000 ;
4. RDC, Rapport sur les objectifs du millénaire
pour le développement, 2004
5. UNICEF, Enquête Nationale sur la situation des
enfants et des femmes, Rapport
synthèse MICS2, 2001 ;
6. UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT,
2008 ;
7. UNICEF, Résultats de la 4ème
édition de la campagne des inscriptions massives des
enfants à l'école, Rapport,
année scolaire 2007-2008.
V. WEBOGRAPHIE.
1.
www.unicef.org ;
2.
www.un.org ;
3.
www.millenniumindicators.un.org ;
4.
www.unesco.org ;
5. www.fidh.org ;
6.
www.leprtique.revues.org ;
7.
www.oecd.org ;
8.
www.Crid.asso.fr ;
9. www.maliweb.net.
(c)
mutajustin@yahoo.fr
TABLE DES MATIERES
Epigraphe...................................................................................................I
Dédicace...................................................................................................II
In
Memoriam............................................................................................III
Avant
propos.............................................................................................IV
Abréviations...............................................................................................V
Introduction
Générale...................................................................................1
1.
Problématique...........................................................................................1
2. Hypothèses du
travail...................................................................................6
3. Méthodologie du
travail................................................................................8
4. Intérêt du
sujet..........................................................................................9
5. Délimitation du
sujet..................................................................................10
6. Plan
sommaire..........................................................................................11
Chap. I : Le droit de l'enfant à
l'éducation primaire en droit international
contemporain..................................................................................12
Section 1ère Le droit de l'enfant à
l'éducation en droit conventionnel................12
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation en
droit international public...............12
A. Le droit de l'enfant à l'éducation tel
que consacré par la DUDH et la
déclaration des droits de l'enfant de
1959..............................12
a. Le droit de l'enfant à l'éducation
dans la DUDH..............12
b. Le droit de l'enfant à l'éducation
dans la Déclaration des
droits de l'enfant de
1959.........................................13
B. Le droit de l'enfant à l'éducation
dans le PIDESC et la convention
relative aux droits de
l'enfant.............................................14
a. Le droit de l'enfant à l'éducation dans le
PIDESC.............14
b. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
convention relative
aux droits de
l'enfant..............................................15
§2. Le droit de l'enfant à l'éducation en
droit régional............................15
A. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
charte africaine des droits
de l'homme et des
peuples.................................................15
B. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
charte africaine des droits et
du bien être de
l'enfant.....................................................16
Section 2ème : Le droit de l'enfant
à l'éducation dans la Déclaration du
millénaire.......................................................................18
§1. La Déclaration du millénaire : un
acte unilatéral..............................18
A. Les actes unilatéraux des
O.I..............................................19
B. La Déclaration du millénaire et les autres
accords non
juridiques..........................................................................................19
a. Le sommet mondial pour les enfants et le rapport du
Secrétaire Général de l'ONU du 27
mars 2000..................20
b. L'échéance endéans laquelle les OMD
doivent être
atteints................................................................23
§2. Le droit de l'enfant à
l'éducation dans le Soft law............................24
Section 3ème : Le droit de l'enfant
à l'éducation en droit positif congolais..........27
§1. Le droit de l'enfant à l'éducation dans la
Constitution de la RDC...........27
A. L'évolution du droit de l'enfant à
l'éducation dans la Constitution
congolaise...................................................................27
B. L'égalité des chances dans la
Constitution congolaise..................28
§2. La loi-cadre de l'enseignement national en
RDC...............................29
A. Les prescrits légaux et la
réalité observée : un contraste amer........29
B. Le retard enregistré par la RDC dans la
réalisation du deuxième
OMD..........................................................................30
Chap. II : L'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation primaire en RDC...............31
Section 1ère : Evolution du système
éducatif en RDC....................................31
§1. L'évolution du système éducatif
congolais......................................31
A. Le système éducatif congolais
précolonial..............................31
B. La création des 1ères
écoles.................................................31
C. Le système éducatif
post-colonial.........................................32
§2. Le contexte
socio-politique.......................... ;;...........................34
A. Le contexte socio-politique d'avant
19990...............................34
B. L'après 1990 à nos
jours...................................................35
Section 2ème : Analyse contextuelle du
droit de l'enfant à l'éducation en RDC....36
§1.La scolarisation en
générale.......................................................36
A. Le cycle d'enseignement
primaire.......................................37
B. Le cycle d'enseignement
secondaire......................................37
C. Le cycle d'enseignement supérieur et
universitaire.....................38
§2. Les conditions et la qualité d'enseignement
élémentaire en RDC...........38
A. Les conditions de
l'enseignement.........................................38
a. Les conditions des
enseignants....................................38
1. Le retard dans la
décentralisation........................41
2. La non application du barème de
MBUDI..............41
b. Les matériels et infrastructures
scolaires........................44
1. La vétusté et le délabrement
des infrastructures
scolaires.....................................................44
2. L'équipement des
écoles.................................45
B. La qualité de l'enseignement de
base....................................45
a. Le taux de
scolarisation............................................45
b. Le taux de
réussite.................................................47
Section 3ème : L'état d'avancement
par rapport au 2ème OMD en RDC.............48
§1. Les obstacles susceptibles d'entraver
l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation en
RDC................................................................48
A. Les obstacles à caractère
social .........................................48
a. L'obstacle
financier.................................................48
b. L'obstacle
administratif..................................................49
c. L'obstacle
culturel..................................................49
d. L'obstacle lié au moyen de
communication....................50
B. Les obstacles liés aux mécanismes
actuels de protection des
DESC........................................................................50
a. Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à
l'éducation en droit
international............................50
b. Mécanisme actuel de protection du droit de l'enfant
à
l'éducation en droit
interne.................................52
§2. Les solutions préconisés par la RDC et les
organes subsidiaires de
l'ONU.................................................................................54
A. Les solutions préconisés par la RDC pour la
réalisation du deuxième
OMD............................................................55
a. La situation actuelle et tendance vers le
2ème OMD...........56
b. La situation actuelle et tendance vers le
3ème OMD..........57
B. Les solutions préconisés par les institutions
spécialisées de
l'ONU........................................................................58
a. Le résultat du rapport MICS
2/2000.............................59
b. La campagne dite « toutes les filles à
l'école »...............60
c. Les recommandations issues des conférences
internationales.....................................................62
Chap. III. : Stratégies pour
l'effectivité du droit de l'enfant à l'éducation en RDC en
général et au Sud- Kivu
en particulier..............................................63
Section 1ère : Renforcement de la
souveraineté de l'Etat au niveau national et
international....................................................................63
§1. Renforcement de la souveraineté de l'Etat au
niveau international.........63
A. La mobilisation de la communauté
internationale.....................64
B. Le partenariat mondial pour le
développement........................64
§2. Renforcement de la souveraineté de l'Etat au
niveau national...............66
A. L'éradication de la
guerre.................................................66
B. L'éradication de
l'insécurité..............................................67
Section 2ème : Poursuivre
l'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement.................................................................67
§1. L'augmentation de l'offre d'éducation primaire en
RDC.....................68
A. L'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement..............68
B. L'amélioration des politiques et
programmes..........................69
C. Stratégies spécifiques à la province du
Sud- Kivu....................71
a. Les difficultés majeures qui affectent le droit de
l'enfant au Sud-
Kivu...........................................................71
b. Stratégies pour la réalisation du droit de
l'enfant à l'éducation au
Sud-Kivu.........................................72
§2. Les stratégies internes et externes à la
salle de classe.........................73
A. Les stratégies dans la salle de
classe......................................73
a. Mieux centrer la classe sur les besoins de l'enfant, dans le
respect des différences entre les sexes .........................73
b. Recruter et former des enseignants soucieux
d'équité entre les sexes et des droits de l'enfant et verser
à ces derniers un salaire régulier leur permettant de mener une
vie décente...74
c. Promouvoir la santé dans les
écoles............................75
d. Promouvoir le sport à
l'école....................................75
e. Assouplir
l'enseignement........................................75
f. Expliquer en langue
locale.......................................76
B. Les stratégies à l'extérieur de la salle
de classe........................76
a. Réunir des statistiques ventilées par sexe sur
l'éducation...76
b. Adopter des mesures spéciales pour atteindre les
enfants les plus
désavantagés..................................................77
c. Ouvrir des écoles plus proches du domicile des
enfants....77
d. Garantir la sécurité des
écoliers.................................78
e. Faire participer la population
locale............................78
Section 3ème : Inspiration des
progrès des autres pays et la tenue des engagements
internationaux................................................................79
§1. Les stratégies mises en place par le Rwanda et
le Kenya.....................79
A. L'adieu aux frais de scolarité au
Rwanda...............................79
B. L'adieu aux frais de scolarité au
Kenya................................81
§2. Le respect des engagements pris au niveau
international......................83
A. La stratégie d'accélération dite 25 d'ici
2005...........................83
B. Le séminaire international sur l'abolition des frais
scolaires........84
Conclusion
Générale....................................................................................86
Bibliographie.............................................................................................91
Table des
matières.......................................................................................95
(c)
mutajustin@yahoo.fr
* 1 Déclaration du
millénaire adoptée par l'AG de l'ONU, Résolution
A/RES/55/2.2000 du 13 Septembre
2000.
* 2 Le deuxième et le
troisième OMD touchent directement le droit de l'enfant à
l'éducation.
* 3 C'est nous qui
soulignons.
* 4 Petit Larousse en
couleurs, Paris, Larousse, p. 370.
* 5 Idem., p. 390.
* 6 Le préambule de
l'Acte constitutif de l'UNESCO parle de l'Education pour tous comme l'une des
missions que
l'Organisation s'assigne.
* 7 C'est nous qui
soulignons.
* 8 Lexique des termes
juridiques, 15ème éd., DALLOZ, 2005, p. 255.
* 9 Droit objectif :
ensemble des règles régissant la vie en société et
sanctionnées par la puissance publique
* 10 Lexique des termes
juridiques, op.cit., p. 108.
* 11 T. MUHINDO, Cours des
droits humains et libertés publiques, UCB, L2 Droit, 2007-2008,
Inédit.
* 12 T. MUHINDO,
Ibidem.
* 13 1er OMD :
Réduire l'extrême pauvreté et la faim.
* 14 4ème OMD
: Réduire la mortalité des enfants.
* 15 5ème OMD
: Améliorer la santé maternelle.
* 16 6ème OMD
: Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies.
* 17 2ème
OMD : Promouvoir l'éducation primaire pour tous.
* 18 3ème
OMD : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des
femmes.
* 19 7ème
OMD : Assurer un environnement durable.
* 20 8ème
OMD : Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
* 21 UNICEF, la Situation
des enfants dans le monde, New York, Unicef, 2005, p. VII.
* 22 C'est nous qui
soulignons.
* 23 Lexique des termes
juridiques, 1ère éd., Paris, DALLOZ, 2002, p.
357.
* 24 Dictionnaire
Universel, Paris, Hachette, 1995, p. 390.
* 25 Idem, p. 833.
* 26 L. LAMARCHE.,
« Perspectives occidentales du droit international des droits
économiques de la personne »,
Bruxelles, Bruylant, 1995, p. 228, cité par J.B.
HABIBU., in L'Effectivité du Statut de la Cour Pénale
Internationale : réflexion spéciale
à la situation concernant la RDC, Bukavu, éd. ACAT, 2007, p.
11.
* 27J.B. HABIBU,
ibidem.
* 28 J. TOUSCOZ.,
« Le principe d'effectivité dans l'ordre
international », Paris, LGDJ, 1964, p. 2, cité par J.B.
HABIBU, Idem, p. 12.
* 29 Préambule de la
Déclaration des droits de l'enfant proclamée par l'AG de l'ONU le
20 novembre 1959,
Résolution 1386(XIV).
* 30 Art. 1er de la
Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant.
* 31 Art. 2 de la Charte
Africaine des droits et du bien être de l'enfant.
* 32 L'art. 219 de la Loi
87-010 portant Code de la famille dispose que : « Le mineur est
l'individu de l'un ou
l'autre sexe qui n'a pas encore l'âge de dix-huit ans
accomplis.».
* 33 UNICEF, La Situation
dse enfants dans le monde, New York, Unicef, 2005, p. 3.
* 34 UNICEF, La Situation
des enfants dans le monde, message du Secrétaire
Général de l'ONU, New York,
Unicef, 2006, p. VI.
* 35 Ibidem.
* 36 R. BADINTER., Le
Vocabulaire des droits de l'homme, disponible sur www. fidh.org.
* 37 C'est nous qui soulignons.
* 38 Chaque année, du
1er au 2 avril, depuis 2000, l'AG de l'ONU organise une
réunion dite de haut niveau sur les
OMD.
* 39 L'art. 43 dispose :
« (...) l'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics ».
* 40 Art. 15 de la Constitution
de la RDC : Les traités et accords internationaux
régulièrement conclus ont dès leur
publication, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son
application par l'autre partie.
* 41 D'ici à 2015,
donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le
monde, les moyens d'achever un cycle
complet d'études primaires.
* 42 Le droit international
conventionnel ou droit des traités vise tout accord de volontés
intervenu entre deux ou
plusieurs Etats (sujets du droit international), pour autant
au moins que ceux-ci aient entendu s'obliger
juridiquement.
* 43 Le droit international
public est l'ensemble des règles régissant les relations ente les
Etats et les autres sujets
de la société internationale.
* 44 X., Historique de la
Déclaration Universelle des droits de l'homme, disponible sur
www.un.org.
* 45 Déclaration des
droits de l'enfant de 1959, Préambule, Paragraphe 4
* 46 Charte Africaine des
droits de l'homme et des peuples, Préambule.
* 47 Art. 17
* 48 Art. 17, al. 3
* 49 F. MANZONI,
« L'Effectivité des droits économiques, sociaux et
culturels, fin et moyen de développement,
observatoire de la diversité et des droits
culturels », Colloque de Cotonou, 18-29 novembre 2004,
inédit,
disponible sur
www.unibg.it/dati/bacheca/255/12096.pdf,
cité par J.B. HABIBU, op.cit.,p. 224
* 50 X.,
« Déclaration et Programme d'action de Vienne »,
1ère partie, cité par J.B. HABIBU, op.cit. p.
225
* 51 L. LAMARCHE, cité
par J.B. HABIBU, op.cit., p. 226
* 52 Voir infra paginale
n° 34
* 53 E. MANGA., Cours des
relations Economiques Internationales, UCB, L1 Droit, 2006-2007,
inédit.
* 54 J. VERHOEVEN, Droit
International Public, Larcier, 2000, p. 441
* 55 Idem., p. 365
* 56 A/RES/55/2.2000 du 13
Septembre 2000
* 57X., Sommet mondial
pour les enfants,, disponible sur
www.un.org
* 58 Canada, Egypte, Mali,
Mexique, Pakistan et Suède
* 59 Entre 1990 et 2000, une
réduction d'un tiers des taux de mortalité pour les nourrissons
et les moins de cinq
ans, ou alors passer à un taux de 50 à 70 pour
1 000 naissances vivantes, si ce nombre est le plus bas. Entre 1990 et
2000, une diminution de moitié des taux de mortalité
maternelle. Entre 1990 et 2000, une diminution de moitié des taux
de malnutrition des enfants de moins de cinq ans.
Accès universel à de l'eau potable salubre et
à une évacuation hygiénique des déchets
humains. D'ici à l'an 2000, accès universel à
l'éducation de base. Au moins 80% des enfants en âge d'aller
à l'école
primaire doivent achever le cycle primaire.
Réduction du taux d'analphabétisme des adultes (chaque pays
déterminera la catégorie d'âge appropriée) à
moins de la moitié du taux de 1990, et priorité
à l'alphabétisation des femmes. Protection des enfants en
situation difficile, en particulier dans les situations de conflit
armé.
* 60 Résolution
A/54/2000, 27 mars 2000
* 61 3ème
cible pour tous les OMD
* 62 Indicateur 6 : Taux
net de scolarisation dans le primaire, Indicateur
7 :
Proportion d'écoliers commençant la
première année d'études dans l'enseignement primaire et
achevant la cinquième et Indicateur 8 : Taux
d'alphabétisation des 15 à 24 ans. Pour plus
d'informations, visiter le
http ://millenniumindicators.un.org/unsd/mifre/mi_indicator_xrxx.asp?ind_code=7
CTRL+clic pour suivre le lien
* 63 X., Les objectifs du
millénaire pour le développement, disponible sur
www.un.org
* 64 Indicateur 9 :
Rapport filles/garçons dans l'enseignement primaire, secondaire et
supérieur, respectivement.
Indicateur 10 : Taux d'alphabétisation des femmes
de 15 à 24 ans par rapport à celui des hommes. Indicateur
11 : Pourcentage de salariées dans le secteur non
agricole qui sont femmes. Indicateur 12 : Proportion des
sièges occupés par des femmes au parlement
national. Pour plus d'information, visiter le http://
millenniumindicators.un.org/unsd/mifre/mi_indicator_xrxx.asp?ind_code=9
CTRL+clic pour suivre
le lien
* 65 Depuis 2000, l'UNICEF a
lancé la campagne « toutes les filles à
l'école » pour encourager l'inscription des
filles à l'âge scolaire à l'Est de la
RDC. Nous essayerons de vérifier les avancées marquées
dans la Province
du Sud-Kivu le long du deuxième Chapitre.
* 66 4ème
cible pour tous les OMD.
* 67 F.
CHATZISTAVROU, L'usage du soft Law dans le système
juridique international et ses implications
sémantiques et pratiques sur la notion de règle de droit, Le
Portique, Numéro 15, 2005, p. 3, disponible sur
http://leportique.revues.org/document591.html.
* 68 R. J. DUPUY,
« La technique de l'accord mixte utilisée par les
Communautés européennes, Annuaire de
l'Institut de droit international », 1973,
p. 259., cité par F. CHATZISTAVROU, op.cit., p. 4.
* 69 D. NGUYEN, P. DAILLIER,
A. PELLET, « Droit international public », 5e éd.,
L.G.D.J., 1994,
p. 378., cité par F. CHATZISTAVROU,
Ibidem.
* 70 M. VIRALLY, « La
distinction entre textes internationaux ayant une portée juridique entre
leurs acteurs et
textes qui en sont dépourvus », Annuaire
de l'Institut de droit international, vol. 60-I, II, 1983,
p. 221-223.,
cité par F. CHATZISTAVROU, Ibidem.
* 71 F. CHATZISTAVROU,
Op.cit., p. 6.
* 72 G. CORNU, Vocabulaire
juridique, 7ème éd., revue et augmentée
avec locutions latines, Paris, PUF, 2005, p. 23
* 73 Constitution de la RDC,
J.O., Cabinet du Président de la République,
47ème année, 20
juin 2006, Numéro spécial.
* 74 Art. 45, al.
1er
* 75 Art. 46, al. 5
* 76 Art. 2 du
Décret-loi Constitutionnel n° 003 du 27 MAI 1997 relatif à
l'organisation et à l'exercice du pouvoir
en RDC, J.O., 38ème année, mai 1997,
numéro spécial.
* 77 Constitution de la RDC,
M.C., numéro spécial, 1er août 1964.
* 78 Les Etats parties prennent
toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination
à l'égard des femmes
afin de leur assurer des droits égaux à ceux
des hommes en ce qui concerne l'éducation et, en particulier, pour
assurer, sur base de l'égalité de l'homme et de
la femme :
a. les mêmes conditions d'orientations professionnelles,
d'accès aux études et d'obtention de diplômes dans
les établissements d'enseignement de toutes
catégories, dans les zones rurales comme dans les zones
urbaines, cette égalité devant être
assurée dans l'enseignement préscolaire, général,
technique,
professionnel et technique supérieur, ainsi que
dans tout autre moyen de formation professionnelle.
* 79 Loi-cadre de
l'enseignement national n° 86-005 du 22 septembre 1986, J.O.,
46ème année, 1er décembre 2005,
numéro spécial.
* 80 UNICEF,
« Rapport MICS2 », cité par le CWBCI, in Les
Objectifs du millénaire et l'éducation en Afrique,
CWBCI, 2006, p. 54
* 81 CWBCI, Les
Objectifs du millénaire et l'éducation en Afrique, CWBCI,
2006, p. 32
* 82 Il est prévu
à l'al. 1er de l'art. 21 de la Loi-cadre
que :« Ne sont admis en première année du cycle
primaire que
les enfants ayant atteint l'age de six ans révolus au
plus tard trois mois après la date fixée par la rentrée
scolaire.
* 83 CWBCI, op.cit.,
p. 32
* 84M. EKWA,
« L'école Trahie », cité par CWBCI,
op.cit., P.40.
* 85 Banque mondiale, Le
renouveau du système éducatif de la RDC : priorités
et alternatives, janvier 2005, pp. 99
et 124
* 86 2. M. EKWA,
« L'Ecole trahie » cité par le CWBCI,
op.cit, p. 40
* 87 3. Nous soulignons que la
Banque Mondiale ne prend en compte, pour les années de guerre, que des
données
pour les sept provinces sous contrôle
gouvernemental.
* 88 4. Banque Mondiale,
Idem.
* 89 Banque mondiale,
op.cit, p. 136
* 90 M. EKWA,
« L'Ecole trahie », cité par le CWBCI,
Idem.
* 91 Banque mondiale,
op.cit, p. 12.
* 92UNICEF, Enquête
National sur la situation des enfants et des femmes en RDC, Rapport
synthèse
MICS2/2001, p. 6
* 93 Art.17 de la Loi-
cadre.
* 94 Voir art.18 in fine.
* 95 Art.28, al.2, litera a de
la Loi-cadre.
* 96Art.31, litera a de la
Loi-cadre.
* 97 Lecture combinée
des art. 43 al. 2 de la Constitution et 6, al. 1er de la Loi-cadre
de l'enseignement.
* 98 Informations fournies par
le SYECO.
* 99 C'est nous qui
soulignons.
* 100 Lettre du Ministre de
l'EPSP n° MIIEPSP/CABMIN/001/2007 du 21 juin 2007, point 3 « des
perceptions
prohibées ».
* 101 Arrêté
n° 0342/2007 du 16 juin 2007 portant création de la Commission
Provinciale Permanente de l'EPSP.
* 102 Voir la notification du
Gouverneur de province du Sud-Kivu n° 01/079/CAB/GOUPRO-SK/2008
adressée à
Monsieur le Chef de Division de l'EPSP.
* 103 Circulaire
interministérielle n° MINIEPSP/003/2007 du 28 Octobre 2007 portant
interdiction formelle de
retenue sur les salaires des enseignants.
* 104 Ministère de
l'EPSP, Plan d'action national de l'éducation pour tous,
Kinshasa, janvier 2005, p. 44.
* 105 Ministère de
l'EPSP, Idem, p. 45
* 106 Ministère de
l'EPSP, Idem, P. 46
* 107 RDC, Rapport sur les
OMD, 2004, p. 24.
* 108 13. Banque Mondiale,
op.cit., pp. 75-78 et 105-110.
* 109 14. RDC, Idem.,
p. 32.
* 110 Banque Mondial,
op.cit., p.118.
* 111 Banque Mondiale,
Idem, p.118
* 112 Banque Mondiale,
Ibidem.
* 113 Banque Mondiale,
op.cit., p. 120.
* 114 C'est nous qui
soulignons des réponses reçues de la part de la Division
provinciale de l'EPSP.
* 115 Banque Mondial,
Ibidem.
* 116 A titre d'exemple, Le
gouvernement de Transition issu de l'accord Global et inclusif a mis sur pied
un plan
pour l'éducation. Malheureusement, il a connu
quatre différents ministres de l'éducation qui se sont
succédés en moins de trois ans ; ce qui
ne permet évidemment pas de politique stable en la matière.
* 117 Nous soulignons que
l'UNICEF a lancé cette campagne en 2004 à l'Est de la RDC pour
encourager
l'inscription des filles à l'âge scolaire.
* 118 La RDC a
accédé, fin juillet 2003, au point de décision de
l'Initiative PTTE, ce qui a réduit le service de la
dette extérieure d'environ 40% pendant la
période 2003-2006, soit environ 150 millions $ US en moyenne
par an.
* 119 OCDE, Perspectives
économiques en Afrique, Rapport 2005-2006, RDC, doc. BAFD/OCDE
2006. pp. 244
et 245, disponible sur www.oecd.org
* 120 Amnisty International,
cité par J.B. HABIBU, (dir), « La Réhabilitation des
victimes de la torture et autres
violences : en particulier le droit à la
santé » in Prévenir la torture et autres
traitements cruels, inhumains ou
dégradants : mission impossible ?
Mélange en mémoire de Serge MAHESHE et Pascal KABUNGULU,
Bukavu, éd. ACAT, p. 232.
* 121 Les Cours et
Tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités internationaux
dûment ratifiés, les lois ainsi
que la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas
contraire à l'ordre public ou aux bonnes moeurs.
* 122 Est puni d'une
servitude pénale d'un mois au maximum ou d'une amende ne
dépassant pas 500z ou d'une de
ces peines seulement, en violation de l'art.116
ci-dessus, le chef de famille qui ne remplit pas l'obligation
scolaire prévue par la présente Loi, sauf
preuve du refus justifié d'accès à ses enfants ou de
l'inexistence
d'un établissement d'enseignement dans un rayon
de cinq kilomètres de son lieu de résidence, ou en cas
d'indigence dûment constatée. L'art.116
quant à lui prévoit que : « Le chef de famille est
tenu de satisfaire à
l'obligation scolaire, en confiant ses enfants, soit
à un établissement public d'enseignement, soit à un
établissement privé agréé
d'enseignement. »
* 123 M.R.
DRAGO « La protection des droits économiques et sociaux
en France », cité par J.B. HABIBU, op.cit,
p. 239.
* 124 J.B. HABIBU,
op.cit, p. 240.
* 125 Centre de Recherche et
d'Information pour le Développement, DESC, vers la justiciabilité
internationale,
disponible sur http://www.Crid.asso.fr/ chantiers
/desc.html.
* 126 OCDE, Perspectives
économique en Afrique, Rapport 2005-2006, RDC, doc BAFD/2006, pp.
244-245
disponible sur www. oecd.org/dev/publication.
* 127 Rapport National de
suivi de progrès pour la RDC 2004 .
* 128 C'est nous qui
soulignons.
* 129 Nous avons fait allusion
à ce fait dans le point relatif aux obstacles sociaux du droit à
l'éducation en RDC.
* 130 Banque mondiale,
op.cit., p. 122
* 131 UNICEF,
Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes,
Rapports MICS2, 2001, p. 7
* 132 UNICEF, op.cit.,
p. 8
* 133
UNICEF, « Résultats de la 4ème
édition de la campagne des inscriptions massives des enfants à
l'école »,
Rapport, année scolaire 2007-2008, p. 3
* 134 Le district d'ITURI
n'est pas une province mais est aligné dans les indices en raison du
grand nombre
d'écoles qu'il renferme.
* 135 J. COMBACAU et S. SUR,
Droit International Public, 2ème éd., Paris,
Mont chrétien, 1995, p. 23.
* 136 CWBCI, op.cit,
p.18
* 137 En
Français : Initiative de mise en oeuvre
accélérée.
* 138 Efficience de l'aide
à l'enseignement primaire(1), augmentation soutenue de l'aide à
l'enseignement primaire
(2), politiques sectorielles dans le domaine
éducatif (3), financement interne adéquat et durable pour
l'éducation (4) renforcement de l'obligation de
rendre des résultats (5) et l'apprentissage mutuel au niveau
mondial sur ce qui fonctionne (6).
* 139 CWBCI, op.cit.,
p. 19
* 140 C'est nous qui
soulignons
* 141 J. COMBACAU et S. SUR,
op.cit., p.23
* 142 UNICEF, La situation
des enfants dans le monde, 2004, p. 47.
* 143 RDC, Rapport national
sur les OMD, op.cit, p.30.
* 144 RDC, Rapport National
sur les OMD, op.cit p. 31.
* 145 C'est nous qui
soulignons.
* 146 RDC, Rapport National
sur les OMD, idem. p. 32.
* 147 RDC, Ibidem.
* 148 OCHA, Situation
humanitaire au Sud-Kivu, Bukavu, 30 juillet 2008, Inédit
* 149 Division provinciale de
l'EPSP, Rapport annuel 2006-2007
* 150 UCB, « Budget
de la province ou du gouvernorat? La population du Sud-Kivu peut encore
attendre (...),
Observation du CEGEC, Feuillet hebdomadaire
d'informations divers, 02 juillet 2007.
* 151 UNICEF, Situation
des enfants dans le monde, op.cit., 2004, p. 83.
* 152 Développer et
améliorer sous tous leurs aspects la protection et l'éducation de
la petite enfance, notamment
des enfants les plus vulnérables et
défavorisés.
* 153 UNICEF, op.cit.,
p. 85.
* 154 Idem., p. 85
* 155 UNICEF, op.cit.,
p.86.
* 156 CWBCI, op.cit.,
p.31.
* 157 Banque Mondiale,
op.cit., p.96.
* 158 CWBCI, op.cit,
p.73.
* 159 UNICEF,
op.cit, 2004, p.36.
* 160 UNICEF, Idem,
p.35.
* 161 UNESCO, Rapport
mondial de suivi sur l'EPT , 2008, p.3, disponible sur
www.unesco.org
* 162 UNICEF, op.cit,
2004, p.3.
* 163 Afghanistan,
Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Bolivie, Burkina Faso, République
Centre-africaine, Tchad, RDC,
Djibouti, Erytrhée, Ethiopie, Guinée,
Inde, Malawi, Mali, Népal, Nigeria, Pakistan, Papouasie- Nouvelle
Guinée, Soudan, Turquie, République-Unie
de Tanzanie, Yémen et Zambie.
* 164 Bangladesh, Benin,
Burkina Faso, Burundi, Ethiopie, Ghana, Guinée, Haiti, Kenya, Lesotho,
Liberia,
Malawi, Mozambique, Papouasie Nouvelle-Guinnée, RDC,
Sénégal, Siérra Leone, Sri Lanka, Togo, Yémen
et Zambie.
* 165 Le Séminaire
international sur l'abolition des frais scolaires, disponible sur
www.maliweb.net
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