III - 4 Analyse comparative des systèmes
d'élevage bovin en zones irriguée et suburbaine
III-4-1 Introduction
La politique poursuivie par les pouvoirs publics en
matière d'élevage bovin au Maroc a toujours
considéré les périmètres irrigués comme le
fer de lance de toute amélioration de la production laitière,
tant il est vrai que l'irrigation devrait permettre d'amenuiser les effets des
épisodes de sécheresse que connaît le pays
fréquemment et de favoriser la constitution de stocks de fourrages.
Toutefois, depuis le lancement du Plan laitier, en 1975, et plus
récemment, aucune étude sérieuse n'a mis l'accent sur la
spécificité comparée de la production laitière en
zones irriguées par rapport aux régions pluviales et suburbaines
du pays. A cet égard, le présent travail vise ainsi à
établir une comparaison entre des étables communes dans le
périmètre irrigué du Gharb par rapport à leurs
homologues dans la ceinture suburbaine de Rabat - Salé. Il s'agira en
fin de compte d'identifier si les similarités observées lors de
l'établissement de typologies d'étables dans chacune des deux
zones considérées distinctement sont réelles ou si elles
sont approximatives. En d'autres termes, cela revient à évaluer
la pertinence du discours technique des planificateurs de l'élevage
laitier par rapport aux atouts supposés de l'irrigation en
matière de promotion de production bovine intensive en conditions
marocaines. A l'opposé, il se pourrait que des pratiques
d'élevage issues des périodes antérieures au lancement du
Plan laitier, à un moment où seule une culture d'élevage
allaitant était fortement présente dans tout le pays, aient eu
une forte rémanence et qu'elles se soient érigées en
obstacle majeur à l'efficience de la production laitière,
même en zones irriguées réputées favorables.
III-4-2 Méthodes de travail
III-4-2-a Echantillon d'étude
Un ensemble de 118 éleveurs de bovins (70 dans le
périmètre irrigué du Gharb et 48 dans la région
suburbaine de Rabat - Salé) ont été
sélectionnés d'un commun accord avec les associations
régionales des éleveurs laitiers. La seule condition
considérée pour ce choix était la production de lait sans
prendre en compte la structure du cheptel ou le niveau d'intensification
laitière. Les proportions par type d'élevage (taille du cheptel
et superficie agricole exploitée) ne reflètent pas la
réalité, puisque délibérément, un nombre
important d'étables de grande taille (plus de 10 ha et plus de 20
bovins) a été retenu, dans les deux régions, afin de
disposer d'un nombre suffisant d'individus représentatifs de la
diversité des situations d'élevage. Toutefois, sur le terrain, il
est évident que les grandes étables étaient nettement
moins bien représentées que ce qui est décrit dans ce
travail. En conséquence, les résultats de cette étude
pourraient ne pas respecter la distribution proportionnelle des
différentes tailles d'exploitations, particulièrement en relation
avec les paramètres de structure (superficie et effectifs animaux). En
fait, les données récentes provenant du dernier recensement
général de l'agriculture au Maroc montrent que 84 % des
bovins sont détenus par de petites structures, avec moins de 3 bovins
évoluant sur moins de 5 ha de superficie agricole [MADRPM, 1998a].
D'un commun accord avec les éleveurs retenus, un suivi
d'étable a été instauré. Les données
relatives au fonctionnement de l'atelier laitier (alimentation des vaches, type
de traite, traitements vétérinaires et reproduction du cheptel)
et leurs répercussions sur l'économie d'élevage ont
été collectées. Un questionnaire de 10 pages a
été rempli pour chaque élevage suite à 4 passages
de travail par exploitation. Ces visites étaient séparées
d'environ 90 jours pour l'évaluation des résultats globaux des
élevages tant sur le plan de la production laitière que de la
reproduction et des résultats économiques (bénéfice
par vache à l'issue de la campagne agricole).
Dans une étape préliminaire du traitement des
données obtenues, nous avons procédé à une analyse
de la variance testant l'effet fixe de la région par rapport aux
paramètres de productivité et de rentabilité des
élevages. A cet égard, le logiciel Minitab a été
utilisé [MINITAB, 2002].
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