III - 3 Typologie d'élevages bovins dans le
périmètre irrigué du Gharb
III-3-1 Introduction
La politique laitière au Maroc a
privilégié les zones irriguées comme principaux centres de
production. En effet, étant donné les garanties de
disponibilités en eau, dans un pays aride avec des aléas
climatiques pesants, les étables laitières auraient une base
fourragère pérenne dans ces périmètres dotés
d'équipements hydrauliques coûteux. D'ailleurs, les
réalisations convergent vers ces hypothèses, puisque près
de 70 % de la production annuelle du Maroc en lait émanent des
périmètres irrigués qui ne représentent que 13 % de
la SAU totale du pays [MADR, 2003].
A cet égard, le périmètre du Gharb
a été identifié depuis longtemps comme le plus favorable
à l'implantation de projets d'élevage laitier intensif de par sa
localisation géographique au Nord du Maroc, le faisant
bénéficier d'une pluviométrie suffisante pour les cultures
fourragères, et aussi en raison de ses ressources hydrauliques (barrages
en amont de la plaine) et en sols [PROJET SEBOU, 1961].
Par conséquent, l'objectif de cette étude
est de caractériser les systèmes d'élevage qui se sont
implantés dans cette région et de vérifier si
l'intensification laitière qui devrait découler de ces facteurs
favorables s'est réellement uniformisée à tous les
élevages bovins de la zone.
III-3-2 Présentation de la zone du Gharb et
méthodologie
III-3-2-a La zone du Gharb
La région du Gharb se situe dans la partie Nord-Ouest
du Royaume du Maroc. Elle est limitée à l'Ouest par
l'Océan atlantique, au Nord par la région de
Tanger-Tétouan, à l'Est par les deux régions de Taza - Al
Hoceima -Taounate et de Fès - Boulemane, et au Sud par les
régions de Meknès - Tafilalet et de Rabat - Salé - Zemmour
- Zaër.
Elle s'étend sur environ 8 805 km², soit
près de 1,23 % de la superficie du Maroc.
Le périmètre du Gharb se présente sous
forme d'une large cuvette très basse, bordée de hauteurs la
privant de tout exutoire naturel (collines prérifaines, plateau de la
Maâmora, dunes du Sahel). Il affiche la plupart des
caractéristiques classiques des régions deltaïques : reliefs
très plats, sols argileux, excès d'eau en hiver et
fréquentes inondations.
Cette région se caractérise par un climat
méditerranéen tempéré. Les précipitations
annuelles moyennes sont de 600 mm dans les zones côtières et
montagneuses, et diminuent à mesure qu'on se dirige vers le Sud-Est,
où elles ne dépassent guère 450 mm. Les pluies
enregistrées sont concentrées dans la période allant de
fin novembre à fin mars.
Les températures sont tempérées par le
voisinage maritime et varient, en moyenne, de 13°C en hiver à
26°C en été. Durant les périodes du chergui (vent
chaud de Sud-Est d'origine saharienne), des valeurs proches de 50°C
peuvent être enregistrées.
Dans le cadre de la politique marocaine des barrages, la
région du Gharb constitue de loin l'élément le plus
important [POPP, 1984]. Elle représente près du quart de la
surface du million d'ha destinée à être irriguée.
Elle dispose de ressources hydriques considérables, estimées
à 6,75 milliards de m3, dont la près de la
moitié (3,5 milliards de m3) est réservée
à l'irrigation. Les eaux de surface sont constituées par le
fleuve Sebou et ses affluents (Beht, Ouergha, Rdom, Fouarat, Oued Tiflet ). Les
ressources des nappes phréatiques sont évaluées à
900 millions de m3 ; elles sont accessibles à des
profondeurs se situant entre 5 et 30 m. Ces eaux se caractérisent par
leur bonne qualité, à l'exception de celles des zones de Mograne
et Sidi Allal Tazi, affectées par la salinité.
Les données démographiques disponibles montrent
que la population de la région est estimée à 1 744 000
habitants dont 700 000 urbains (40,1 %) et 1 044 000 de ruraux (59,9 %).
Des terres fertiles, un climat tempéré humide,
ainsi que des ressources en eaux abondantes, font de la région du Gharb,
une zone agricole de première importance à l'échelle du
Maroc. Sans omettre des conditions écologiques favorables
(précipitations, types de sols...) et une déclivité minime
qui la rendent adapté à un haut degré à
l'aménagement hydroagricole. C'est pourquoi, dès les premiers
temps de la colonisation française au Maroc, son potentiel agricole
prometteur était reconnu : MICHAUX-BELLAIRE [1912] affirmait que
« le Gharb est un pays de plaine, riche et fertile ».
Les terres à vocation agricole couvrent une superficie
de 603 000 ha, dont 130 000 sont irrigués. Un total de 145 000 autres ha
est aussi identifié pour être équipé en moyens
d'irrigation dans les futurs plans de mise en valeur.
L'agriculture, l'exploitation des forêts ainsi que la
pêche, constituent la locomotive du développement régional.
Ces secteurs emploient 53,3 % de la population active.
Au niveau du secteur des productions animales, le
périmètre du Gharb se caractérise par un cheptel bovin de
222 720 têtes. Les bovins de type amélioré (Holstein et pie
noir) ne représentent que 27 % du total en dépit des
potentialités intéressantes qu'offre la zone pour l'affouragement
de vaches à hautes capacités laitières [ORMVAG, 2003]. La
production laitière annuelle dans le périmètre du Gharb
est de 105 millions de litres (10,4 % de la production du Maroc).
La figure 12 montre la situation géographique du
périmètre du Gharb.
Echelle : 1 / 1 000 000
Fleuve Sebou
Ouest
Nord
Figure 12. Carte administrative du périmètre
irrigué du Gharb.
|