Nous voyons ici que cette
régression finale satisfait à une caractéristique
importante : le coefficient ñ (appelé force de rappel vers
l'équilibre) associé au terme de correction d'erreur doit
être à la fois significatif, systématiquement
négatif et compris entre 0 et 1 en valeur absolue. Soit ñ = -
0,32
Le modèle est expliqué à 55% à CT
c'est-à-dire que à LT ces variables ne peuvent pas
évoluer ensemble tandis qu'à CT, ces variables peuvent
évoluer ensemble. D'où l'inflation est expliquée par le
PIB à court terme et son équation se présente de la
manière suivante :
loginf = 0,76log PIB - 0,32ut.
III.5. Impact macroéconomique de l'ajustement
budgétaire
C'est essentiellement de la manière
dont il est financé qui détermine dans quelle mesure un
déficit du secteur public est conciliable avec les objectifs plus larges
de la macro-économique.
Les performances macro-économiques
très inégales obtenues par la RDC durant l'ajustement
révèle l'importance d'une gestion de finances publiques. Les
choix du gouvernement congolais de financer les déficits publics par la
création monétaire se sont traduits par une aggravation de
l'inflation. Il ressort que pendant la phase d'application stricte du programme
d'ajustement où l'Etat a plus ou moins maîtrisé ses
dépenses, la RDC a obtenu des bons résultats, c'est le cas entre
1984-1986.
Au cours de cette période, la combinaison des
différentes mesures concernant la rationalisation des dépenses et
la maximisation des recettes de l'Etat a permis de réduire le
déficit budgétaire à 3.3 % du PIB, contre 2.1 % au cours
de la même période 1981-1983. Cet ajustement budgétaire
exceptionnel dans l'histoire des finances publiques post-indépendance de
la RDC, a permis de réduire le recours net de l'Etat au crédit
intérieur : 1.1% du PIB contre 3% au cours de la période
précédente. Par conséquent, la contrepartie
monétaire avait significativement baissé et l'inflation
s'était stabilisée à 40.6%.
Ces performances macro-économiques vont se
révéler éphémère par la suite à
cause de la dégradation rapide de finances publiques en raison de
l'arrêt du programme d'ajustement en 1986, est passé à
2.4% en 1987 pour atteindre le niveau record de 6.3% en 1988.
Selon le critère de la banque mondiale51(*), la politique
budgétaire est jugée :
- Bonne ou satisfaisante : s'il y a excédent
budgétaire ou si le déficit budgétaire global y compris
les dons représente moins de 1.5% du PIB,
- Elle est jugée assez bonne : si le
déficit est compris entre 1.5 et 3.5%,
- Elle est jugée mauvaise : si le déficit
est compris entre 3.6 et 7.0%,
- et mauvaise si le déficit est de 7.1% ou plus.
Pour mieux éclairer la suite de nos
développements, nous donnons d'abord un aperçu des
problèmes d'ordre techniques ou conventionnels liés à la
conception des outils de mesure des déséquilibres
budgétaires.
A. Le concept de déficit budgétaire :
signification et mesure.
Les déficits budgétaire indiquent de
combien les dépenses publiques dépassent les recettes et,
partant, de combien le budget fait augmenter la demande intérieure. On
mesure souvent la qualité d'une politique budgétaire à
l'aune des déficits budgétaires.
L'un des aspects le plus important de la politique
budgétaire concerne la mesure de ce déficit. La manière
correcte de la mesure dépend de l'objectif visé. Celui qui
paraît le plus évident est de mesurer la ponction nette du secteur
public sur les ressources, laquelle agit, à son tour sur le
déficit extérieur, l'inflation, les taux d'intérêt
intérieurs et l'impôt.
Un bon indicateur serait l'utilisation nette des ressources
financières par le secteur public, autrement dit les besoins d'emprunt
du secteur public (BESP). Ces BESP représentent l'excédent total
des dépenses sur les recettes de toutes les collectivités
publiques qui doit être financé par des nouveaux emprunts nets du
remboursement des dettes antérieurs. C'est autrement dit, le
déficit consolidé du secteur public ou encore le déficit
budgétaire global.
Les dépenses comprennent les salaires de la fonction
publique, achats des biens et la formation de capital fixe, le paiement des
intérêts et la dette, les transferts et les subventions.
Les recettes comprennent les produits des impôts et des
redevances, l'intérêt sur les actifs publics, les transferts, les
excédents d'exploitations des sociétés d'Etat et les
ventes d'actifs publics.
Tous les experts de la finance publique conviennent qu'il
n'est pas de mesure plus exhaustive du déficit que cet indicateur des
besoins d'emprunt du secteur public, mais c'est un moyen par fois trompeur.
Dans un pays à forte inflation comme la RDC, une partie des emprunts du
secteur public est compensée par la baisse de valeur réelle de
l'encours de la dette.
Une façon de mesurer le déficit du secteur
public, dans ce cas là, est de considérer l'évolution de
la dette réelle. Le déficit opérationnel se comme le BESP
diminué de la partie des paiements des intérêts qui
correspondent à l'inflation. Il s'agit autrement dit du déficit
corrigé de l'inflation. Dans la pratique, rien n'empêche que les
finances demeurent indéfiniment déficitaires. Cependant, il faut
que le solde primaire finisse par devenir positif de façon à
couvrir au moins une partie de l'intérêt payable sur la dette
courante.
· Les principaux indicateurs de l'ajustement
budgétaire au Congo
Le déficit budgétaire global, dons compris est
l'indicateur courant de la politique budgétaire congolais. Il correspond
comme nous l'avons définit plus haut en définition du BESP. Il
indique le volume de la ressource que l'Etat devrait emprunter pour
rétablir l'équilibre.
Dans le cas de la RDC, ce concept est essentiel parce que
comme les possibilités d'emprunt intérieur et extérieur
sont limitées, le déficit global indique dans quelle mesure
l'Etat risque de recourir à un financement inflationniste ou de
financer le déficit au moyen de ressources intérieures en
créant d'autres distorsions (arriérés de paiement envers
les fournisseurs du secteur public ou mis en marche de la planche à
billet).
Signalons en effet que, d'après cet indicateur la RDC
à amélioré sa situation budgétaire durant la phase
d'application strict du programme d'ajustement entre 1982-1987, rarement le
déficit global y compris les dons -5.4% du PIB en 1982 à -2.2% en
1987 en passant par -0.7% en 1984.
Le déficit primaire est l'autre indicateur de
l'ajustement budgétaire. L'évolution du déficit ou solde
primaire est d'une grande importance compte tenu du poids de la dette
extérieure congolaise dans le budget de l'Etat.
Celui-ci fait apparaître la capacité de l'Etat
à auto financé ses charges courantes et ses investissements
propres. Il met donc en évidence la possibilité (ou
l'impossibilité) de l'Etat une fois ses dépenses internes
payées d'honorer ou d'apurer ses dettes.
En moyenne le déficit primaire en pourcentage du PIB a
diminué durant la phase d'ajustement budgétaire. Et cela plus que
le déficit budgétaire global parce que les paiements des
intérêts ont augmenté, faisant perdre en partie le
bénéfice des efforts qui ont été fait en vue de
réduire le déficit global.
· Les principales limites du mode
conventionnel de mesure du déficit public.
L'analyse de la politique des finances soulèvent un
certain nombre des difficultés qui mérite d'être prises en
considération aussi bien dans le calcul qui dans l'interprétation
des déficits budgétaires quelques une qui semblent pertinentes
dans le contexte congolais sont décrites ci-après.
1. le secteur public devrait comprendre les administrations
centrales, provinciales et municipales, les organismes
décentralisés et les entreprises publiques. Souvent les mesures
conventionnelles des déficits ne couvrent que l'administration centrale.
Cela peut donner une image tout à fait fausse de la
réalité lorsque les autres collectivités publiques sont
largement déficitaires ou excédentaires.
2. dans la mesure globale du déficit, les
intermédiaires financières du secteur public sont souvent
exclues en raison de leur nature spéciale d'agents financiers. Il arrive
donc souvent que les d dépenses publiques qui servent à
subventionner les systèmes bancaires ou résoudre les crises
financières ne soient pas prises en compte dans le mode conventionnel de
mesure du déficit public. Il faut souligner que les crises
financières présentent un grave dilemme aux gouvernants : il
leur faut stabiliser l'économie, et donc réduire le
déficit budgétaire, mais il leur faut effectuer de substantiels
transferts pour sauvegarder la viabilité du système financier, en
particulier les banques centrales.
3. en RDC, la BCC a subi, les dernières années
des lourdes pertes d'exploitation dues à la charge de fabrication des
billets de banque (nécessité par le niveau d'hyper -inflation).
Une correction du déficit consiste à ne pas
tenir compte de l'effet de facteurs temporaires tels que l'écart du
revenu national, des prix des produits de base et des taux
d'intérêt par rapport à leur tendance longue, et de
phénomènes comme les amnisties fiscales.
· Le rôle de la politique de
redressement de la situation de la crise congolaise.
Quoiqu'on en dise, la crise actuelle au Congo, bien que
visiblement socio - économique, est avant tout d'ordre politique, dans
la mesure où c'est la politique qui commande, avant que celle - ci ne
soit réellement au service de celle-là.
Dans ces notes introductives, nous essayerons de montrer le
rôle de la politique dans la lutte anti-inflationniste. De façon
générale, il y a lieu de reconnaître que l'inflation est
irréversible ou inévitable pour tous les pays du monde,
même les plus puissant économiquement parlant.
Mais l'inflation doit se situer à un niveau socialement
acceptable, c'est-à-dire à celui où la dévaluation
de la monnaie nationale n'atteint pas encore 20° par rapport à
l'Or ou à la monnaie étalon comme le dollar. Au delà de ce
seuil, on assiste à une inflation dite galopante difficilement
maîtrisable.
La politique, l'action politique ou plus pratiquement le
gouvernement est mieux situé et dispose du monopole d'action pour la
résolution de l'inflation galopante, les opérateurs
économiques étant eux-mêmes tiraillés par poursuite
des intérêts égoïstes. La plus part des mesures
à prendre sont d'ordre technique que nous ne pouvons pas étaler
dans le cadre de cette analyse. il importe de retenir que l'inflation est la
traduction d'un déséquilibre caractérisé par
l'accroissement exclusif de la circulation de la monnaie nationale dans le
pays, qui provoque la hausse généralisée des prix et
diminue le pouvoir d'achat de cette monnaie et de la population qui
l'utilise.
Revenant à l'action possible du pouvoir politique pour
maîtriser l'inflation, nous pouvons citer quelques voies qui s'offrent
devant le gouvernement pour lutter efficacement contre l'inflation. Il s'agit
notamment de la mobilisation à la production et des actions à
poser sur l'offre, sur la demande et sur la monnaie elle-même.
A. Mobilisation à la Production.
L'objectif essentiel de la politique anti-inflationniste doit
consister fondamentalement à réduire le flux monétaire en
faveur du flux physique, c'est-à-dire, de résorber l'excès
de la monnaie en circulation en faveur de la stimulation à la
production. Aussi, la production apparaît - elle comme un des
remèdes appropriés contre l'inflation.
B. Les actions politiques à poser sur l'offre, sur la
monnaie et sur la demande.
Il existe pour l'acteur politique un éventail d'action
à poser sur l'offre, la demande et la monnaie pour lutter contre
l'inflation. Nous essayerons d'indiquer dans le contexte de ce travail au moins
un type d'action à poser dans chaque cas.
B1 Action politique sur l'offre.
La stimulation de la production par la planche à
billet est aussi considérée comme une des actions sur l'offre du
fait de la diminution de la rareté sur le marché, responsable des
mécanismes de l'augmentation des prix et permet de relancer
l'économie du pays.
Il convient d'ajouter également l'usage de
l'organisation crédible de contrôle des prix en tenant comptes,
certes, de la réalité et de la réglementation des
importations et des exportations de façon à réduire le
déficit inflationniste de la balance de paiement.
B2. Action politique sur la demande
L'action politique sur la demande susceptible de contribuer
à la lutte anti-inflationniste est celle qui demande à l'Etat et
à ses animateurs de réduire les dépenses
économiques.
B3. Action politique sur la monnaie
Deux types de mesure sont disponibles aux acteurs politiques
dans la lutte anti - inflationniste suivant les réalités
socio-économiques du pays. Il s'agit de celles correspondant
respectivement à l'inflation modérée et à
l'inflation galopante.
Mesures correspondant à l'inflation
modérée : lorsqu'à la suite de l'inflation, la
monnaie nationale n'a pas encore subi une dévaluation de 20% par
rapport à l'Or ou à la monnaie étalon comme le dollar
américain, l'antériorité politique peut rétablir
l'équilibre monétaire antérieur en permettant à la
monnaie de reprendre sa convertibilité initiale par une simple mesure de
retrait de la circulation des billes excédentaires. Cela remet à
la monnaie sa valeur antérieure.
* 51 Banque mondiale,
Ajustement in africa, Reform, Resalts and Road Ahead, Oxford
University Press, 1994, P55.
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