PARAGRAPHE 3 : REVUE DE LITTERATURE
Après la définition des concepts pauvreté
et commerce de véhicules, nous ferons une étude des contributions
antérieures sur notre thème.
A - DEFINITION DES CONCEPTS
Beaucoup de travaux et surtout des rapports ont
été réalisés sur les questions du commerce et de
pauvreté. Nous focaliserons nos lectures sur ceux qui nous permettent de
clarifier certains concepts théoriques relatifs à l'objet de
notre étude, tout en commençant par la pauvreté.
La pauvreté est un concept diversifié,
nuancé et difficile à cerner. Le concept de pauvreté est
né avec la théorie du choix social qui, elle-même prend son
origine dans le domaine de la philosophie politique à travers son
concept d'éthique social (ASSELIN L-M. et A. Dauphin, 2000). Il est donc
considéré d'abord comme une question d'éthique en ce sens
qu'il émane de situation d'injustice vécue dans la
société. Mais notons que ce concept a suffisamment
évolué. Quelques définitions et approches de mesure selon
le groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD, 2002) nous
permettrons d'apporter certains éclaircissements. Ainsi, la
pauvreté humaine est le manque de capacités humaines
essentielles comme savoir lire, écrire, et être correctement
nourri. La pauvreté extrême est l'état d'indigence ou
de misère, traduisant généralement l'incapacité
à satisfaire les besoins alimentaires minimaux. La pauvreté
monétaire se définit comme le manque de revenu
adéquat le plus faible ou de la capacité d'engager les
dépenses correspondantes. La pauvreté
générale est le niveau de pauvreté moins grave,
généralement défini comme l'incapacité à
satisfaire les besoins alimentaires et non alimentaires essentiels. La
pauvreté relative est la pauvreté définie selon des
normes qui peuvent varier d'un pays à l'autre ou dans le temps. Ce terme
est souvent utilisé comme équivalent approximatif de
pauvreté générale. La pauvreté absolue se
définit par une norme fixe, cette pauvreté désigne un
état prononcé de privations à la fois matérielles,
intellectuelles et symboliques. Ce terme est souvent utilisé comme
équivalent approximatif de pauvreté extrême.
La pauvreté ainsi définie, comment la mesure
t-on ?
Pour la BAD, trois approches sont à distinguer :
la première est quantitative et monétaire, la deuxième
s'attache aux capacités et la troisième passe par des
études participatives de la pauvreté.
L'approche monétaire est le
principal outil des universitaires et des praticiens du développement.
Cette approche comporte plusieurs déterminants. Elle postule que la
première chose à faire pour chiffrer la pauvreté consiste
à s'entendre sur une mesure exprimant le niveau de vie. C'est ainsi que
pour les pays en développement, il s'agit des dépenses de
consommation par habitant (y compris la consommation de sa propre production).
Pour les pays développés ou avancés, c'est le revenu qui a
été retenu.
L'approche par les
capacités consiste généralement à
mesurer la pauvreté à partir des indicateurs synthétiques
corrélés à ce phénomène. C'est le cas de
l'espérance de vie à la naissance (qui renseigne sur
l'état général de santé dans une
société) et des taux de scolarisation (indicateurs de niveau
d'instruction). Pour le Professeur AMARTYA Sen (1976), le recours à
cette approche de mesure se justifie par les trois concepts suivants :
droits, capacités et réalisation. Cette approche reposant sur les
capacités, procède en fonction des différentes formes de
liberté. Ceci amène à dire que la pauvreté doit
être considérée comme un manque de capacités de base
et non simplement comme un faible niveau de revenu. Il est à noter qu'il
y a une relation entre les deux approches. D'un côté, la
pauvreté monétaire peut être l'une des causes majeures
d'analphabétisme et de mauvaise santé, ainsi que de faim et de
malnutrition. De l'autre, un meilleur niveau d'instruction et une meilleure
santé sont plus propices à l'obtention d'un revenu
supérieur.
Quant à l'approche
participative, elle concerne plus l'étude que la mesure
de la pauvreté. Elle a été plus utilisée par les
praticiens du développement lors des évaluations des projets sur
le terrain. Le principe fondamental de cette approche est que les pauvres
connaissent mieux que quiconque leurs situations, leurs priorités et,
surtout les moyens qui leur permettraient d'échapper à leur
condition.
Quelles que soient sa définition et sa mesure, la
pauvreté, où qu'elle existe, constitue « une
véritable contrainte » pour la prospérité de
tous selon la déclaration de Philadelphie adoptée en 1994
par l'OIT. Alors, il faut la combattre avec toutes les armes. Pour ce faire,
certains organismes comme la CNUCED, ont choisi, entre autres remèdes,
le commerce, plus précisément le commerce international.
Le commerce des véhicules d'occasion au Bénin,
s'inscrit dans le cadre du commerce international. Ainsi, dans le rapport 2004
sur les Pays les moins Avancés (PMA), intitulé commerce
international et réduction de la pauvreté, le secrétaire
de la CNUCED, Rubens RICUPERO, affirme que le commerce international est un
outil essentiel pour la réduction de la pauvreté dans tous les
pays en développement. Selon lui, les exportations et les importations
facilitent une croissance économique soutenue, le développement
des capacités de production, l'augmentation des possibilités
d'emplois et la création de moyens de subsistance durables. Et pour
faire du commerce international un mécanisme plus efficace de la
réduction de la pauvreté, il faut une approche du
développement reposant sur trois piliers à associer de
manière cohérente et synergique :
- de meilleures stratégies nationales de
développement qui fassent une large place aux objectifs commerciaux,
- des améliorations du régime commercial
international, notamment sur des questions relatives aux règles de
l'OMC,
- un renforcement de l'assistance financière et
technique internationale en vue de développer le potentiel de production
et les capacités commerciales.
La théorie du commerce international est
envisagée sous l'angle de la théorie des échanges et des
avantages comparatifs de RICARDO. Les échanges sont fondés sur
l'hypothèse de rendement et sont source de croissance
économique.
Madelin dans le « Monde » en 1994, en
défense de la liberté des échanges, rappelle que
l'ouverture des frontières n'est qu'un moyen parmi d'autres
d'accroître la productivité.
S'agissant des emplois, le Directeur Général du
BIT, lors de la 91e session de la conférence internationale
du travail à Genève en 2003, a déclaré qu'il n'est
pas possible de venir à bout de la pauvreté si l'économie
ne génère pas de possibilités de création d'emplois
et d'investissements. Le travail est alors la principale issue à la
pauvreté. Il conclut en disant que pour réduire la
pauvreté, il faut une croissance à forte intensité
d'emplois.
B - CONTRIBUTIONS ANTERIEURES
Le commerce des véhicules d'occasion d'une part
et la réduction de la pauvreté d'autre part ont été
déjà abordés par certains mémoires de fin de
formation universitaire.
Ainsi Joanita Michelle GONCALVES dans son
mémoire soutenu en 1986 et intitulé « Impact du transit
Nigérien de marchandises sur l'économie
béninoise », relate de manière précise
l'importance du transit nigérien et celui des autres pays de
l'hinterland sur les recettes fiscales et douanières béninoises.
Elle a déploré la lourdeur des formalités administratives
et douanières béninoises avant de proposer quelques approches de
solutions en vue d'une augmentation du trafic nigérien.
Bertin K K GLELE et Vincent D H AGUEMON ont
démontré dans leur mémoire soutenu en 1990 et
intitulé : « Rôle du Port de Cotonou dans le
développement sous régional », que le Port demeure le
poumon de l'économie nationale et un excellent élément
d'intégration régionale.
Damien AINAHON et Hyacinthe MONTCHO ont montré
dans leur mémoire soutenu en 2000 et
intitulé : « Impact des sociétés de
transit et de consignation sur le développement économique et
social du Port de Cotonou » que les Sociétés de Transit
et de Consignation (STC), malgré les problèmes auxquels elles
sont confrontées, contribuent à la création d'emplois et
à l'accroissement des ressources financières du Port à
travers l'augmentation du trafic portuaire.
ADANKANNOUDE Thierry et VITOULE Elpide dans leur
mémoire soutenu en 2006 et intitulé « Le commerce
des véhicules d'occasion au BENIN : Avantages et
inconvénients. », ont montré que bien qu'étant
la première activité commerciale du pays, le commerce des
véhicules d'occasion a des inconvénients auxquels ils ont
proposé des solutions. Ce sont les fraudes douanières, la
pollution environnementale, les embouteillages, l'insécurité
routière, la délinquance juvénile etc.
Signalons pour finir que, ces différentes analyses
n'ont pas ressorti de façon spécifique l'inter-relation entre la
pauvreté et ce commerce particulier que constitue la filière des
véhicules d'occasion au Bénin.
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