PARAGRAPHE III :
SUGGESTIONS OU RECOMMANDATIONS POUR AMELIORER LE COMMERCE DES VEHICULES
D'OCCASION :
Il convient tout d'abord de rappeler que des efforts
importants ont été déjà réalisés par
l'Etat et la société civile pour améliorer ce commerce.
Les mesures les plus importantes ont été :
- En 2003, la création d'un parc régional hors
agglomération à Ekpê, pour la vente et le stationnement des
véhicules d'occasion, afin de réduire les embouteillages, les
accidents de route, la pollution sonore et atmosphérique à
Cotonou, ville déjà surpeuplée et encombrée.
- En 2004, la réglementation des heures de circulation
des VO (entre 22 heures et 5 heures du matin). Ainsi, les milliers de
véhicules en transit entre le Port de Cotonou et le parc de Ekpê
d'une part, entre le parc de Ekpê et les pays de l'hinterland d'autre
part ne circulent que la nuit. Ceci permet de réduire les
problèmes d'embouteillage, d'accidents de route, de pollution sonore et
atmosphérique lors du transfert de ces véhicules d'occasion.
- Et en 2006, la réduction et l'uniformisation du
barème des tarifs, taxes et redevances de prestations relatives aux
véhicules d'occasion en transit (voir annexe n°3), ce qui a permis
la réduction des tracasseries et formalités inopportunes qui
génèrent les faux frais et la corruption dans la
filière.
De plus des mesures de sécurité ont
été prises. En particulier, l'autorité portuaire a
procédé à une forte mobilisation des forces de
l'ordre (gendarmerie du Port, commissariat spéciale du Port, Douane
du Port), ce qui a contribué à réduire la
délinquance juvénile et les vols commis sur les véhicules.
Pourtant, d'autres dispositions sont encore nécessaires
pour rendre encore plus performant cette filière. Nous avons fait
des recommandations à l'Etat et aux acteurs privés.
A- RECOMMANDATIONS À L'ETAT
Pour permettre une meilleure contribution du commerce des
véhicules d'occasion à la réduction de la pauvreté
et au développement durable de notre pays, nous avons fait les
recommandations suivantes à l'Etat :
- La réglementation par l'Etat des abus commis par
certains importateurs par rapport à l'âge des véhicules, la
pollution des gaz d'échappement causée par l'utilisation des
véhicules d'occasion étant un problème persistant.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que le taux de
benzène, composé volatile cancérigène, ne peut
dépasser 5 microgrammes par mètre cube d'air. A Cotonou, il est
de 292 au coeur de la circulation. De même, la norme mondiale du taux de
monoxyde de carbone est de 5%, alors qu'il est de 22% à Cotonou. Ces
résultats alarmants doivent amener l'Etat à prendre des mesures
plus rigoureuses quant à l'âge et au contrôle technique des
véhicules d'occasion.
- La mise en place par l'Etat d'une politique de
récupération des épaves de véhicules. Par exemple,
la création de sites d'épaves et une bonne exploitation du
circuit de réexportation des ferrailles vers la Chine sont des mesures
nécessaires.
- L'élaboration d'une réglementation
complète et appropriée sur la filière en prenant en compte
les caractéristiques des véhicules d'occasion, le rôle de
chaque acteur, le coût des prestations, l'environnement et la
sécurité.
- La création une structure unique chargée de la
surveillance et de la régulation de la filière. Cette structure
aura pour mission principale d'assurer le fonctionnement normal des
activités de la filière, collecter, centraliser et gérer
les données statistiques afin de dégager chaque année les
avantages réels et chiffrés liés à ce commerce.
Elle devra également organiser des réflexions prospectives sur le
devenir de la filière et évaluer le coût
d'opportunité en terme de pollution que génère ce
commerce.
- La redynamisation du guichet unique en le rendant plus
performant que celui qui existe actuellement afin de renforcer le
contrôle et la perception des taxes et redevances.
- La promotion de la filière par des actions marketing
et la réduction du coût de transit des véhicules afin de
récupérer la clientèle perdue au profit du port de
Lomé.
- La création de parcs de stationnements à
Parakou, pour les véhicules en transit vers les pays de l'hinterland.
- La vérification de la sortie effective du territoire
national des véhicules en transit et le renforcement du contrôle
et de la surveillance au niveau des frontières béninoises.
- Le maintien d'une bonne relation économique avec
le Nigéria et les pays de l'hinterland (Niger, Burkina-Faso, Mali,
Tchad) qui sont les principaux clients de ce commerce.
- La construction d'un deuxième Port pour
décongestionner le Port de Cotonou où le long délai
d'accostage des navires constitue un coût supplémentaire pour
l'armateur.
B- RECOMMANDATIONS AUX ACTEURS
PRIVÉS :
Le développement de la filière nécessite
aussi une meilleure organisation des acteurs privés, auxquels nous
faisons les propositions suivantes :
- L'assainissement de la profession des transitaires,
déclarants en douane, importateurs, gestionnaires de parc et autres
acteurs privés qui sont dans l'informel ou peu organisés. Ceci
facilitera leurs impositions par les Services Fiscaux.
- L'organisation des formations à l'endroit des acteurs
de la filière, qui pour la plupart n'ont pas un grand niveau
intellectuel, afin de les rendre plus professionnels.
- L'obligation pour les employeurs de la filière de
déclarer systématiquement leurs employés à la
sécurité sociale et de suivre le paiement de leurs
cotisations.
- L'obligation de la souscription d'assurance à tous
les niveaux où se trouveraient des risques liés à
l'exercice des activités de la filière.
- La participation des acteurs privés
prospères aux actions sociales du Bénin par des oeuvres
humanitaires et le mécénat (ce fut le cas de la
société ELISSA qui a donné en 2007, 100 millions de FCFA
au Ministère de la Santé).
CONCLUSION
La pauvreté résulte de problèmes
structurels et de systèmes économiques et sociaux inefficaces.
Les DSRP sont donc des tentatives de réponses à ces
inefficacités. La réduction de la pauvreté repose avant
tout sur l'accélération de la croissance économique. Ainsi
toute opportunité de création de richesses et
d'amélioration des conditions de vie, doit être automatiquement
intégrée dans les politiques de lutte contre la pauvreté.
Le commerce des véhicules d'occasion a des avantages économiques,
financiers et sociaux pour le Bénin.
Ainsi, ce commerce, qui fait
intervenir une vingtaine de catégories d'acteurs aussi bien publics que
privés, génère d'importantes ressources financières
à l'Etat béninois et des dizaines de milliers d'emplois directs
et indirects, touchant toutes les classes sociales. En effet, sur la
période 2000 à 2004, notre étude a montré que
996.476 véhicules d'occasion faisant l'objet de vente ont
été importés au Bénin dont environ 99 648
véhicules endommagés lors du déchargement, ont
été réparés dans les garages et ateliers
béninois. Ceci contribue au développement de petits
métiers et à l'amélioration de revenus de ces petits
artisans.
Le Port, la Douane, les importateurs, les consignataires et
agents maritimes, les transitaires et les gestionnaires de parcs de vente des
véhicules d'occasion sont les principaux acteurs de la filière en
terme de création d'emplois et de richesses. Les recettes issues des
véhicules d'occasion représentent en moyenne 6% du PIB au
Bénin.
Notre étude nous a permis de confirmer que le commerce
des véhicules d'occasion contribue effectivement à la
réduction de la pauvreté au Bénin. En effet, nous avons
montré que ce commerce contribue au PIB, à la création
d'emplois et à une meilleure distribution des revenus.
Vu l'importance de ce commerce dans la création de
richesses et donc dans la lutte contre la pauvreté, nous avons
formulé des recommandations au Gouvernement béninois. Il devrait
promouvoir cette filière et en faire une des bases de la croissance
économique. Il ne s'agit pas pour lui de se substituer aux acteurs
privés, mais de créer l'environnement institutionnel favorable,
d'assurer l'encadrement et la régulation nécessaire au
développement de la filière sans perdre de vue la pollution
inhérente à la pratique de ce commerce.
Au terme de cette étude, nous n'avons pas la
prétention d'avoir apporté des réponses à toutes
les questions relatives au commerce des véhicules d'occasion; mais
d'ouvrir la porte à d'autres études dans le cadre d'une recherche
afin d'approfondir nos idées pour le développement de cette
filière.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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pauvreté : un cadre conceptuel, CECI.
ASSEMBLEE NATIONALE DU BENIN (2004), Rapport de la commission
parlementaire d'information, d'enquête et de contrôle sur la
filière des véhicules d'occasion. Porto-Novo, Bénin.
BAD, (2002), Rapport sur le développement en Afrique.
Le groupe de la BAD, Economica
BAMBA N. L. (2005), Analyse économique de la
pauvreté. Support de cours GPE7, Abidjan, Université de Cocody,
(GPE).
BCEOM (1998), Etude de promotion de la filière des
véhicules d'occasion. Rapport final, volume 1.
BENFRECH A. (2000), Port Autonome de Cotonou.
Bénin.
BIT, (2003), S'affranchir de la pauvreté par le
travail, Rapport du Directeur Général de la Conférence
Internationale du Travail, 91e session, Genève, BIT.
CNUCED, (2004), Commerce international et réduction de
la pauvreté, Rapport sur les Pays les Moins Avancés en 2004,
Genève, Nations Unies.
DOGNON R. (2005), Contribution du secteur informel dans la
lutte contre la pauvreté en milieu urbain : cas de Cotonou.
Mémoire professionnel, Abidjan, Université de Cocody, (GPE).
FAD, (2005), Document de stratégie par pays
axé sur les résultats 2005-2009, Equipe pays du groupe de la
banque FAD, Cotonou, Bénin.
INSAE, (2002), Recensement général de la
population et de l'habitat (RGPH3), Cotonou, Bénin
LARES, (2002), Etude du laboratoire d'analyse régionale
et d'expertise sociale sur les véhicules d'occasion au Bénin.
MINISTERE DU PLAN DU BENIN, (2002), Document de Stratégie
de Réduction de la Pauvreté (DSRP) 2003 - 2005.
PNUD, (2003), Rapport mondial sur le développement
humain 2003.
PORT AUTONOME DE COTONOU, (2004), Statistiques du Port Autonome
de Cotonou de 2000 à 2004.
SEN Amartya, (1976), Poverty : an ordinal approach to
measurement, Econometrica. V44.
ANNEXE 1: STRUCTURE DU
COUT D'UN VEHICULE EN TRANSIT AU BENIN EN 2004
|
|
|
|
|
|
|
ACTEURS
|
PRESTATIONS
|
COUT
|
|
|
|
Douane*
|
Taxe (0,85%)**
|
6 800
|
|
Consignation (5,20%)
|
41 600
|
Impôt
|
Acompte forfaitaire
|
50 000
|
Commissionnaires agrées
|
Frappe déclaration
|
3 500
|
Consignataires
|
Echange BL
|
30 000
|
|
Rectification manifeste
|
35 000
|
SOBEMAP
|
Aconage
|
16 000
|
|
PTU
|
6 000
|
PAC
|
Passage
|
15 100
|
Gestionnaire de parc
|
Transfert
|
35 000
|
|
Ticket
|
5 000
|
|
Retrait Bon
|
2 000
|
|
Prestation
|
6 000
|
|
Gardiennage
|
30 000
|
|
Regroupement
|
23 000
|
DGTT
|
Immatriculation VT
|
5 500
|
Etat Niger
|
Visa contrôle
|
10 000
|
CNSR
|
Visite technique
|
2 000
|
CNCB
|
BSC
|
16 000
|
|
Redevance sur marchandise en transit
|
2 000
|
CNUT Niger
|
Redevance CNUT
|
18 000
|
Société d'assurance
|
Assurance
|
9 020
|
Société d'escorte
|
Convoyage
|
50 000
|
|
Changement de destination
|
15 000
|
|
Nettoyage parc
|
1 000
|
Enleveur
|
Enlèvement
|
25 000
|
|
|
|
|
TOTAL
|
458 520
|
Source: Commission parlementaire d'information
d'enquête et de contrôle sur la filière des
|
véhicules d'occasion en 2004
|
|
|
|
|
|
|
|
(*) La valeur en douane d'un véhicule léger est
supposée à 800 000F CFA
|
|
(**) Taux pour un véhicule en transit sur un pays
enclavé
|
|
ANNEXE 2:STRUCTURE DU COUT D'UN VEHICULE EN
CONSOMMATION AU BENIN EN 2004
|
|
|
|
|
|
|
ACTEURS
|
PRESTATIONS
|
COUT
|
|
|
|
Douane*
|
Taxe (48,225%)**
|
385 800
|
|
Consignation (5,20%)
|
41 600
|
Impôt
|
Acompte forfaitaire
|
50 000
|
Commissionnaires agrées
|
Frappe déclaration
|
3 500
|
Consignataires
|
Echange BL
|
30 000
|
|
Rectification manifeste
|
35 000
|
SOBEMAP
|
Aconage
|
16 000
|
|
PTU
|
6 000
|
PAC
|
Passage
|
15 100
|
Gestionnaire de parc
|
Transfert
|
35 000
|
|
Ticket
|
5 000
|
|
Retrait Bon
|
2 000
|
|
Prestation
|
6 000
|
|
Gardiennage
|
30 000
|
|
|
|
DGTT
|
Immatriculation IP
|
4 500
|
|
|
|
CNSR
|
Visite technique
|
2 000
|
CNCB
|
BSC
|
16 000
|
|
|
|
Enleveur
|
Enlèvement
|
25 000
|
|
|
|
|
TOTAL
|
708 500
|
Source: Nous même, à partir du tableau
précédent et des informations recueillies.
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
(*) La valeur en douane d'un véhicule léger est
supposée à 800 000F CFA
|
|
(**) Taux cumulé pour un véhicule de tourisme
|
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ANNEXE 3: ARRETE INTERMINISTERIEL ANNEE 2006
N°133 MFE/MTPT/DC/SGM/DGID/DLC
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