III.10. ENTREPRENEURIAT ET DIFFICULTES EN TERRITOIRE DE
LUBERO
Les difficultés sont inhérentes à toute
activité : contrainte technique, financière,... Les
résultats de l'enquête révèlent que 90 % des agents
interviewés ont des difficultés dans l'exercice de leurs
activités.
En les classant selon leur fréquence de citation, la
multiplicité des taxes figure au premier plan avec une fréquence
de citation de 36 %. Ensuite, on observe le problème
d'insécurité, de pillage et de vol des marchandises avec 19 % de
citation, les difficultés liées à l'insolvabilité
des clients et la concurrence avec chacune 9 % de citation, le problème
de clientèle (4 %), le manque de fonds (3 %), la hausse de prix du
carburant (2%), l'achat de produits périmés (2 %) et le
marchandage des prix (6%), l'achat des produits.
Tableau n° 27 : Difficultés
rencontrées par les entrepreneurs
DIFFICULTES
|
EFFECTIF
|
%
|
Multiplicité de taxes
|
46
|
36
|
Insuffisance de fonds
|
4
|
3
|
Insolvabilité des clients
|
11
|
9
|
Manque de clientèle
|
5
|
4
|
Concurrence
|
11
|
9
|
Insécurité, pillage, vol des marchandises
|
24
|
19
|
Achats marchandises périmées
|
3
|
2
|
Hausse de prix du carburant
|
3
|
2
|
Marchandage de prix
|
8
|
6
|
Sans réponse
|
12
|
10
|
TOTAL
|
127
|
100
|
Source : service IPME-territoire de Lubero
- Multiplicité des taxes : (36 %) ce sont surtout
les boutiquiers, les couturiers, les pharmaciens, (les agents qui oeuvrent dans
des locaux). Ils estiment que les taxes qu'ils paient sont nombreuses et ne
sont pas proportionnelles à leur activité. Ils estiment que cette
façon de prélever ces taxes constitue du vol par l'Etat.
- L'insuffisance de fonds (3 %) : est accusée par
les acheteurs de quinquina qui veulent avoir de fonds pour leur champ. Au
démarrage il faut avoir pour un champ de quinquina 150 $ pour 1 hectare
de lopin de terre, pour la main-d'oeuvre (pour débrousser et
déblayer) : 40 $ et pour la semence d'un hectare 150 tiges qui
coûtent 1 $. Or un hectare demande 10 000 tiges. Ce qui donne au
total 256,66 $ pour un hectare. Les agents économiques qui travaillent
souvent avec de fonds personnel estime que le montant est élevé.
Avec 10 hectares par exemple, le coût est de 2566,6 $. Ainsi, ils
éprouvent des difficultés à trouver des fonds pour
pouvoir rémunérer ces facteurs de production.
- Dettes impayées : les acteurs font des
crédits qui ne sont pas honorés dans les délais. Le
crédit découle de la relation de confiance et des rapports
sociaux qui s'établissent entre vendeurs et acheteurs. De même,
aucune garantie n'est remise à l'octroi du crédit. Le
remboursement tardif peu détériorer la confiance. Faute de
garantie, les clients remboursent tardivement ou ne remboursent même plus
ces dettes.
- Concurrence : ce sont plus les artisans qui ne veulent
pas accepter avec résignation la concurrence des produits
importés qui tuent, en réalité, à petit feu leurs
métiers. Cette concurrence est aussi liée au fait que tout le
monde du secteur fournit presque les mêmes produits. On a difficile
à trouver des clients, ce qui pose encore un problème de
clientèle (l' exemple de la vente de l'arac).
- L'insécurité, le pillage, le vol des produits
est aussi une des difficultés que les agents soulèvent. Au jour
le jour, les biens de ces agents sont pillés ou volés et d'un
coup l'entrepreneur se retrouve sans richesse et sans emploi.
- Achat des marchandises périmées : nous
avons constaté que plus d'agents n'ont pas étudié. Le taux
d'analphabétisme des entrepreneurs est élevé (83,5 %).
Ainsi, les commerçants partent s'approvisionner en ville en certains
produits sans consultation des dates d'expiration. L'autorité ravit ses
produits impropres à la consommation ce qui constitue ou une perte pour
l'agent économique.
- Hausse de prix du carburant : les transporteurs et le
meuniers soulignent que le carburant est très cher. La cherté du
baril de pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs, les
meuniers qui en dépendent maladivement que par les populations qui
paient les frais de l'augmentation des tarifs de transport ou du kilogramme du
moulin.
- Marchandage en longue haleine : 6 % de
commerçants se disent fatigués de très longues
négociations des clients avant d'effectuer leur achat. Au fait, le
marchandage est inhérent aux activités du secteur informel. Les
tarifs ne sont pas fixes et doivent s'appliquer aux bourses des
différents clients. Le marché de nos entreprises
enquêtées repose sur le marchandage, un rite qui remplace le
système du monoprix régi, par une certaine fixité
tarifaire. C'est aussi un prétexte de repérage et
d'évaluation du client, d'entrer en communication mais aussi
d'établir une relation d'amitié, de fidélité ou
tout autre rapport social.
De ces difficultés, il ressort que l'Etat
étouffe l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Presque plus de la
moitié des problèmes, soit 52 % sont dus à l'Etat :
multiplicité des taxes et insécurité. L'Etat est le garant
de la sécurité ou de la paix qui sont des facteurs propices
à l'entrepreneuriat. Pour qu'il y ait développement, il faut
qu'il y ait une paix durable puisque sans celle-ci point d'entrepreneuriat. A
quoi bon, créer une activité aujourd'hui alors qu'on sait que les
biens seront pillés demain ?
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