Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero( Télécharger le fichier original )par January KASEREKA KOMBI Université catholique du Graben - Licence 2008 |
II.3.2. Le salariat à l'époque colonialeComme déjà signalé, le salariat correspond à l'employabilité c'est-à-dire à un travail rémunéré. Ainsi, pendant l'époque coloniale, plus d'un indigène était dans le salariat que dans l'entrepreneuriabilité comme aujourd'hui. En 1930, sur 34 765 hommes de couleur (indigène) ; 6849 étaient des employés ou travailleurs. Tableau n°7 : tableau récapitulatif de la population au 31/12/1930
Source : Rapport économique, territoire de Lubero, 1930. Il ressort de ce tableau qu'en 1930 la population blanche est très minime par rapport à la population de couleur86(*). De même, on constate que les enfants représentent une grande part de la population indigène soit 54741 enfants contre 34 765 hommes et 37 983 femmes. Ceci peut être dû au fait que les enfants étaient considérés comme richesse en Afrique mais aussi par le fait qu'au village, les gens se multiplient plus. Ainsi, on constate que les femmes et les enfants n'étaient pas employés ou travailleurs en1930. Seul les hommes étaient employés par les blancs. Ceci du fait qu'à cette époque, les colons investissaient plus dans les infrastructures routières et donc ce sont les hommes qui étaient recrutés pour cette fin. De même, sur 37 765 hommes seulement 6849 étaient employés soit 19,7 % de la population de couleur. Plus d'hommes étaient donc en chômage s'il faut le dire ainsi. Ceux qui travaillaient étaient reparties dans les industries, le commerce (capita-vendeurs au profit des colons), agriculture. Le tableau ci-dessous nous montre l'affectation de ces employés aux différents postes de travail ou secteurs d'activités. Tableau n°8 : Personnel indigène occupé dans les différents établissements au 31/12/1930.
Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1930. De ce tableau, on peut lire que les indigènes étaient majoritairement travailleurs affectés dans les industries, au traçage de route, dans le commerce, l'agriculture. Une partie (minime) était utilisée comme des employés (27) et des capitas vendeurs ou acheteurs (4). Il ressort donc de ce tableau que plus de gens ont été employés dans les routes et dans les industries par les colons ou la population blanche. Dans le commerce, on a que 12 personnes seulement alors que dans l'agriculture on a 300 personnes travaillant dans les plantations des blancs. Le commerce exige généralement une certaine capacité intellectuelle : compter par exemple. Ce fait a été l'un de facteurs explicatifs du nombre très réduit de travailleurs dans le commerce. Le personnel indigène occupait surtout les fonctions d'exécutant et non de direction. Le tableau suivant nous fournit des renseignements sur la situation de 1930. Tableau n°9 : Personnel non indigène employé en 1930.
Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1930. Ce tableau illustre que le personnel de Direction dans les deux entreprises commerciales existantes en 1930 était au nombre de 8 personnes de la population blanche, 27 employés dont 26 dans la MGL et 1 seulement dans SHUN, 13 artisans européens à la MGL et 7 particuliers. En 1937, soit 7 ans après, la situation n'a pas beaucoup changée. Seuls les hommes sont restés travailleurs et employés. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur la situation du personnel indigène employé dans les différents établissements. Tableau n°10 : Personnel indigène employé dans les différents établissements en 1937.
Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1937. Pour 6733 hommes travailleurs, 6663 sont des travailleurs industriels et 70 sont des travailleurs commerciaux et aucun travailleur agricole. Pour les employés, on a 70 hommes et les capitas vendeurs 71 personnes. Dans les activités diverses (boys, ouvriers, ...), on a 1799 hommes dont 1343 travailleurs routiers. Cependant en 1944, les hommes, les femmes comme les enfants ont été des travailleurs et des employés des blancs. Le tableau ci-après nous le montre. Tableau n°11 : Recensement du personnel indigène employé dans les différents établissements en 1944
Source : Rapport économique Territoire de Lubero, 1944. On constate que la donne avait changé en 1944. Pour les travailleurs industriels, commerciaux les colons ont fait recours aux hommes, aux femmes comme aux enfants. Les hommes ont été majoritaires dans l'industrie, les enfants dans le commerce et l'agriculture. Les hommes et les enfants ont été plus employés que les femmes. A part les activités des années précédentes, les indigènes ont aussi occupé des postes des cantonniers 290 personnes, de boys 246 personnes, et autres. En sus, en période coloniale, l'entrepreneuriat a été formel (sauf pour l'agriculture d'autoconsommation et autres activités rurales des indigènes) et dominé par les initiatives étrangères. Les étrangers ont plus investis dans le commerce de traite, surtout les grecs et les belges. Les indigènes étaient travailleurs ou employés par les colons ; ce qui leur permettaient de gagner de revenu. Pour ce qui est du salaire du personnel indigène travaillant dans les établissements des colons, notons que ces salaires étaient mensuels et hebdomadaires. Le salaire mensuel était payé en numéraire alors que les salaires hebdomadaires étaient en nature (farine, vivres frais, poisson, huile, sel, habit)87(*). Nous venons de passer en revue la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero pendant la période coloniale qui a été caractérisée par deux faits : un entrepreneuriat étranger et un salariat paysan. Il sied maintenant de passer en revue, la dynamique entrepreneuriale post-colonial. * 86 Pour tout simplement dire population noire * 87 Archives, 1944 |
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