Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero( Télécharger le fichier original )par January KASEREKA KOMBI Université catholique du Graben - Licence 2008 |
I.3.7.2. Les contraintes financièresLes conditions des institutions financières ainsi que le montant important du capital minimum pour commencer légalement une activité sont des contraintes fortes. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner. Pour CASSON M. , « le capital pose toujours problème. Il est difficile d'emprunter car les prêteurs potentiels ne partagent pas forcement l'enthousiasme de l'entrepreneur. » Il ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante. Les contraintes financières constituent ainsi un frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit autorise le financement des activités. Pour Aloys Mahwa, « si des gens ne choisissent pas d'investir massivement, c'est en partie à cause des conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur portée, mais aussi l'environnement macroéconomique qui entoure les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au crédit sans omettre la culture même du crédit [...] la relation entre les institutions financières et les PME en besoin de financement révèle une situation paradoxale : d'une part, il existe un secteur privé qui a un besoin de financement pour se développer et d'autre part le taux d'épargne est relativement élevé, ce qui se traduit par un secteur bancaire surliquide ». I.3.7.3. Les contraintes fiscalesLes contraintes sont aussi d'ordre fiscal. La fiscalité peut être incitative ou dissuasive de la promotion d'emploi indépendant. Laffer a établi une corrélation entre le taux d'imposition et les recettes fiscales, une relation à optimiser pour maximiser les recettes fiscales sans nuire à l'entreprise. Les analystes du secteur informel pensent que la rigidité fiscale contribue à la promotion du travail au noir. La fiscalité, malgré le fait qu'il soit un outil de souveraineté de l'Etat, de l'amélioration de ses revenus et de la justice sociale, se conçoit comme source de pauvreté et limite l'entreprenariat70(*). Un conflit existe entre le pouvoir public et les redevables (contribuables) : l'opinion voudrait, collectivement, plus de services publics et moins de taxes, pourtant les premiers ne vont sans les secondes. Le souci est de trouver une fiscalisation optimale répondant à la fois aux aspirations de l'Etat, sans décourager les entrepreneurs, des petits comme des grands. Pour avoir une visibilité sur les conditions fiscales en RDC, nous analysons l'indicateur de paiement des taxes et impôts publié par la Banque Mondiale71(*). Tableau n°3. : charges fiscales de la RDc
Source : Doing business, 2009 D'après ce tableau, la RDC occupe le 153ème rang (sur un total de 181) en matière de fiscalité. On constate donc qu'il y a une lourdeur fiscale en RDC. La durée de paiement est 308 heures (soit environs 13 jours, pour préparer, déclarer et payer l'impôt). Cette durée est la traduction de la lenteur administrative que nous avons déjà évoquée. Le nombre de taxes à payer et le taux d'imposition total sont aussi excessifs, respectivement 32 impôts et taxes et 229,8 % d'impôt sur les bénéfices. Cette lourdeur fiscale peut contraindre les entrepreneurs à oeuvrer ou se réfugier dans l'informel. I.3.7.4. Les contraintes culturelles72(*) La culture est un critère très déterminant quant à l'encouragement ou découragement de l'esprit d'entreprise. Aujourd'hui, on évoque l'idée d'une certaine « culture d'entreprise » ou « la culture entrepreneuriale ». Difficile à définir, la culture d'entreprise moderne peut se résumer à travers le souci de rechercher le bénéfice (maximisation de profit) l'accumulation du capital dans une perspective d'un investissement productif, la culture documentaire permettant la transparence et le compte rendu des états financiers en vue d'un meilleur suivi. Cette manière de définir la « culture d'entreprise » se heurte, en Afrique, aux considérations et pressions sociales limitant l'achèvement des objectifs de maximisation. Les notions de « pluralité de rationalité » et de « limite de rationalité » sont encore objets de recherche, puisque le domaine de rationalité des agents économiques possède des limites. Les deux limites importantes sont la pluralité des rationalités et la limite même de rationalité. Le fait que la rationalité soit plurielle permet de valoriser la manière d'agir des cultures autres qu'occidentales, réputées d'être rationnelles. La limite de rationalité tient compte des limites physiques et du caractère fini de la condition humaine qui l'empêcherait d'avoir de l'emprise sur toute chose. En invoquant un des freins à l'esprit d'entreprise en Afrique, Alioune Sall parle de la prédominance des systèmes lignagères comme mode de production ayant comme conséquences « un caractère commun : la minimisation du risque y est préférée à la maximisation du profit ou de la productivité. La recherche de la minimisation du risque inspire les décisions de migrer, elle conduit surtout à investir dans les liens sociaux, à les diversifier et à les privilégier par rapport à l'accumulation du capital... Ainsi l'investissement dans le lien social amène-t-il à donner aux solidarités intra et intergénérationnelles un rôle clés dans la société ».73(*) La conséquence de ce choix est que ces deux systèmes de production minimisent autant que faire l'investissement physique et économique. La culture documentaire quant à elle évoque les notions de gestion où règne le souci de transparence et de communication des états financiers pertinents, parfois une des conditions pour bénéficier d'un crédit auprès des établissements de crédit. En entrepreneuriat, CASSON M74(*)., estime que , « le système éducatif joue un rôle important. Pour trouver les capitaux nécessaires au démarrage de l'entreprise, l'entrepreneur peut avoir recours aux banques, mais ces dernières ne se montrent pas toujours très favorables au financement du projet entrepreneurial », pour les personnes n'ayant pas étudié. Nous venons de parcourir, un certain nombre de contraintes auxquelles sont exposées les promoteurs d'entreprises dans notre environnement. Ces contraintes justifient les limites d'entreprendre et de promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise. Elles peuvent justifier aussi le refuge du dynamisme entrepreneurial dans l'informel et dans les micros entreprises. Qu'en est-il alors du financement de l'entrepreneuriat ? Le point qui suit nous le révèle. * 70 Aloys Mahwa, Op. Cit. * 71 Doing Business, RDC, 2009. * 72 Aloys Mahwa, Op.Cit * 73 FUTURS AFRICAINS, (2006), Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au Sud du Sahara, Paris, Karthala, p. 24. * 74 CASSON M., Op. Citp, p. 278. |
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