L'attitude des états de la CEMAC face au conflit de Bakassi et ses effets sur l'institution( Télécharger le fichier original )par Sali Aliyou Université de Dschand - D E A 2008 |
B- Les crises sociales dans les Etats de la CEMACPlusieurs Etats de la CEMAC sont victimes des crises sociales qui préoccupent les pouvoirs politiques. Ces crises résultent très souvent des conflits qui opposent les tribus qui composent les Etats et portent atteinte à la paix et la tranquillité des populations. Au Cameroun, on note le développement du grand banditisme dans tout le pays, le phénomène des coupeurs de route93(*) dans la partie septentrionale du pays, le brigandage qui prend des proportions exponentielles dans les grandes villes. Ces actes sont des phénomènes qui hypothèquent gravement la paix sociale, et partant le développement du pays. A côté de ces fléaux, il faut ajouter le bouillonnement du champ social caractérisé par la multiplicité des lignes d'affrontement, béti-bamiléké, peul-kirdi, anglophone-francophone, nordiste-sudiste. Ces lignes d'affrontement sont susceptibles d'engendrer la haine des uns envers les autres et créer des conflits ethniques comme c'est le cas en Guinée Equatoriale. En Guinée Equatoriale, la gestion patrimoniale du pétrole a engendré des tensions ethniques dans le pays entre les bubi94(*) de l'île de Bioko qui sont marginalisés et les Fang. Les tensions sont nées des protestations pour l'obtention de meilleurs droits à la richesse pétrolière, lesquelles sont souvent analysées comme l'expression de leur opposition envers les Fang. Ces tensions sont accessoires à la crise politique qui comme en RCA créent un malaise dans le tissu social. En RCA, les crises sociales résultent de la pauvreté et sont gangrenées par la crise économique. Le chômage des jeunes, la déscolarisation, l'insécurité, sont des réalités têtues qui renforcent le diagnostic sur « la décomposition de l'imperium étatique en RCA95(*). Au Tchad, le tissu social est profondément secoué dans ses fondements par des rivalités entre nordistes-sudistes, musulmans-chrétiens et animistes, arabe choa-Gourane. Le pays connaît une espèce de dérive ethno-régionale avec des replis identitaires sur fond de repositionnement politique96(*). Au Gabon on peut noter les violentes manifestations des populations de ndolou au sud-est du pays qui revendiquent une meilleure répartition des ressources. De ce qui précède, il ressort que les Etats de la CEMAC sont confrontés, chacun, à des problèmes internes qui portent considérablement atteinte à la sécurité dans la sous région. Ainsi, chaque Etat donne la priorité à sa sécurité nationale. Ces crises au sein des Etats membres de la CEMAC les affaiblissent et ne leur permet pas de faire le poids avec le grand voisin le Nigeria. Paragraphe II: L'affaiblissement des Etats de la CEMAC par le leadership naturel du Nigeria Le Nigeria a toujours été perçu comme le leader « naturel » du Golfe de Guinée. C'est ainsi que Abuja a été désigné par Washington pour faire office de gendarme de la sous région97(*). Membre du conseil de paix et de sécurité de l'UA et l'un des moteurs du NEPAD, le Nigeria est un pilier de la CEDEAO. Son leadership dans le Golfe de guinée par rapport aux Etats de la CEMAC se traduit par son poids démographique (A) et son poids économique (B). * 93 Ils sont appelés communément zarguina. * 94 Les bubi constituent la population « indigène » en Guinée Equatoriale. * 95 L'expression est utilisée par Sindjun (L) in « Le Cameroun dans l'entre deux » politique africaine n°62 pp.65 cité par G.L. Taguem Fah et Mamadou Op.Cit p .121. * 96 Ibid p.120. * 97 Awoumou Côme (D.G) Op.Cit p.9. |
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