L'attitude des états de la CEMAC face au conflit de Bakassi et ses effets sur l'institution( Télécharger le fichier original )par Sali Aliyou Université de Dschand - D E A 2008 |
Paragraphe I : En matière de prévention et de gestion des conflitsLes Etats de la CEMAC ne se sont pas dotés des instruments de prévention et de gestion de conflit dans la sous région alors que la situation sécuritaire dans presque tous ces Etats est précaire205(*). La prévention des conflits consiste à mettre en place des stratégies visant à empêcher qu'un différend ne dégénère en conflit ou qu'un conflit n'éclate à nouveau206(*). La gestion des conflits quant à elle consiste à empêcher qu'une situation ne dégénère en conflit armé et permet de trouver les voies et moyens afin que cette situation ne s'aggrave. Il est donc impérieux que les Etats de la CEMAC mettent en place un mécanisme de prévention de gestion et de règlement des conflits dans la sous région. Ils peuvent pour cela se référer au mécanisme en vigueur à la CEDEAO207(*) ou au mécanisme du Caire208(*). Comme dans le mécanisme de la CEDEAO, le mécanisme à organiser par la CEMAC pourrait, dans la prévention des conflits définir des indicateurs facteurs de conflit209(*) et instituer un système d'alerte, sorte de sonnette d'alarme210(*), qui serait chargé de collecter des informations sur les différents indicateurs cités plus haut. Dans la gestion des conflits, les Etats de la CEMAC pourraient aussi se servir de l'exemple de la CEDEAO pour créer une force d'interposition entre les parties au conflit. La force ainsi créée, serait en même temps, un instrument de résolution des conflits. Paragraphe II : En matière de règlement des conflitsLa résolution ou le règlement des conflits est un aspect important voire indispensable pour la réussite de l'intégration sous régionale. Mais comme la prévention et la gestion des conflits, les Etats de la CEMAC n'ont pas élaboré un mécanisme y afférent. Pourtant les conflits dans la sous région ne manquent pas. On peut citer à titre d'exemple le conflit de Mbanié qui oppose le Gabon à la Guinée Equatoriale à propos de l'Île de Mbanié depuis 1972. Les Etats de la sous région Afrique Centrale n'ont ni des instruments de règlement de conflit à l'intérieur des Etats, ni entre les Etats membres, ni encore entre un Etat membre et un Etat tiers. Cette situation n'est pas avantageuse pour le développement d'une intégration efficace. Ces Etats doivent, s'ils veulent atteindre le projet d'intégration économique et monétaire, véritablement y songer. La mise en oeuvre d'un mécanisme de règlement des conflits est indispensable. Comme dans la CEDEAO, les Etats doivent créer un conseil de médiation et de sécurité qui serait chargé de prendre des décisions urgentes en rapport avec les situations de crise ; un conseil de sage serait aussi le bien venu dans la CEMAC. Ce dernier est la traduction au niveau communautaire du mode traditionnel par lequel les palabres sont résolus en Afrique. La création d'une force multinationale à l'image de l'ECOMOG est aussi nécessaire. Dans la résolution des conflits internes, cette force pourrait être déployée en opposition entre les parties en conflit. La force multinationale serait également la force militaire commune de la communauté, que les Etats membres pourraient déployer en cas d'agression extérieure d'un ou de plusieurs Etats, pour faire face à l'ennemi. Quoi qu'il en soit, les Etats de la CEMAC n'ont plus de choix, l'avenir de la CEMAC en dépend. * 205 Tentative de déstabilisation du Tchad, la situation sécuritaire centrafricaine, tentative du coup d'Etat en Guinée Equatoriale, etc. * 206 En d'autres termes, il s'agit de la mise en place d'une diplomatie préventive, du déploiement préventif et du désarmement préventif. Voir Ondoua Mbazoa, Op.Cit p. 106. * 207 Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dans la sous région adopté le 10 décembre 1999. * 208 Mécanisme de prévention, de gestion et règlement des conflits de l'OUA du 30 juin 1993. * 209 Le mécanisme de la CEDEAO a prévu cinq indicateurs : économiques, environnementaux, politiques, sociaux et sécuritaires. * 210 Voir protocole de mécanisme de la CEDEAO p.12 |
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