Réfugiés Hmong à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) - rapports aux lieux et diaspora( Télécharger le fichier original )par Pilippe MICHEL-COURTY Université de POITIERS - Migrinter - Master 2 2007 |
3. Un terrain étudié progressivementLa proximité de notre résidence personnelle par rapport au terrain d'étude a facilité les déplacements fréquents et n'a pas nécessité un séjour long, qui aurait toutefois permis une véritable immersion dans la vie du quartier. Nous avons procédé en premier lieu à une phase d'observation avant de passer aux entretiens et aux enquêtes de recueil de données, tout en mettant en oeuvre à chaque étape une méthodologie s'appuyant sur des outils spécifiques. v La connaissance et l'observation des lieuxAvant d'entreprendre tout travail d'enquête et de conduite d'entretiens, la connaissance des lieux paraît indispensable : elle a nécessité une phase d'observation du quartier de la Herse, situé à l'Est de Montreuil-Bellay, à différents moments de la journée, dans la semaine et le week-end. On peut ainsi constater des différences aussi bien dans l'occupation des espaces que dans les pratiques de mobilité des habitants d'un quartier dont le parc immobilier fait coexister le logement social (immeubles collectifs et pavillons mitoyens) et le logement privé (pavillons). En l'absence de commerces, cet espace urbain n'a aucune polarité interne visible, hormis le centre social. Seuls les établissements scolaires - collège et école - drainent, aux heures d'entrée et de sortie, une population d'adolescents et de jeunes enfants souvent accompagnés. La population active quitte le quartier en début de journée et n'y revient qu'en soirée, si bien que la circulation automobile est faible une grande partie de la journée. Pendant le week-end, surtout en matinée, le quartier est davantage animé : les plus jeunes se retrouvent dans la rue ou sur les espaces verts, les adultes procèdent à des travaux de jardinage... Au cours de cette phase d'observation, nous avons également visité le cimetière tout proche à la recherche des tombes des Hmong inhumés dans la commune, et avons été surpris de découvrir d'autres lieux extérieurs au quartier, par exemple les jardins potagers souvent à la périphérie de la ville. v Enquête auprès des usagers des lieuxNous avons procédé, dans le quartier de la Herse, à une enquête avec questionnaire auprès de la population n'appartenant pas au groupe ethnique hmong, afin de recueillir les perceptions que les individus ont des lieux, qu'ils résident soit dans le quartier soit dans la commune. En introduisant, sans citer la communauté hmong, des questions sur la connaissance que les enquêtés ont de la population « étrangère » locale, il a été possible appréhender les rapports sociaux en présence, et parfois les phénomènes de rejet. L'enquête21(*) a été réalisée le mercredi 13 juin 2007, entre 9h et midi, dans les rues du quartier, les entrées d'immeubles et les aires de jeux, auprès de 22 passants.
Tableau n°2 : Composition de l'échantillon d'enquête Nous souhaitions interroger des individus d'âge et de sexe différents - l'âge étant un critère de discrimination. En effet, compte tenu de l'arrivée « ancienne » des familles hmong dans la commune, il semblait intéressant d'enquêter auprès de personnes pouvant témoigner de ces premières années d'installation. A l'inverse, les adolescents ou jeunes adultes pouvaient apporter un éclairage sur les perceptions récentes, en quelque sorte historisées, de la communauté. D'autre part, nous avons voulu rencontrer des employés des services techniques chargés de l'entretien des immeubles, qui pouvaient avoir une vision plus globale sur l'ensemble de la population. Il s'agit d'une enquête légère qui a eu comme avantage majeur d'être rapide et de laisser un espace de parole suffisant du fait de l'importance numérique des questions ouvertes (7 sur 10). Par contre, si elle a le défaut d'être basée sur un échantillon numériquement faible, elle a permis de mesurer des degrés de connaissance très différents de la communauté hmong, allant d'un savoir « historique » - des réfugiés politiques - à une familiarité évidente de bon voisinage, en passant par des stéréotypes - Ils vivent entre eux et ne se mélangent pas. L'analyse des réponses nous a permis de mieux comprendre la perception de « l'étranger » dans un contexte de très petite ville. * 21 le questionnaire figure en annexe 3 page 139 |
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