Territoire
Le concept de territoire, qui est au confluent de
l'anthropologie et de la géographie. Outre les premiers travaux
menés par Elliot HOWARD - ornithologue anglais définissant la
« société territoriale » d'un groupe
d'oiseaux - cité par Joël BONNEMAISON, il faut attendre les
années 1980 pour voir publiés les travaux de ce dernier,
étudiant les mobilités et les territoires de groupes de Touaregs
du Niger, « l'ensemble des lieux hiérarchisés et
connectés à un réseau
d'itinéraires » (BONNEMAISON, 1981 : 254). A la
même époque paraissent les travaux de Paul CLAVAL qui s'inscrivent
dans une nouvelle forme de géographie dite
« culturelle » à laquelle contribue Armand
FREMONT grâce à la notion d' « espace
vécu ». Cette géographie des identités
s'attache aux rapport avec les lieux et les espaces. Elle cartographie les
déplacements, établit des cartes mentales... A partir des
années 1990, les « territoires du quotidien » sont
explorés par Guy DI MEO. Des travaux complémentaires menés
plus récemment se sont penchés sur les
« territoires urbains de proximité »
(GUERIN-PACE, 2003) ainsi que sur la « géographie des
odeurs » (PITTE, 1998).
Au concept de territoire est obligatoirement associée
la notion de territorialité qui « englobe à la fois
ce qui est fixation et ce qui est mobilité, les itinéraires
autant que les lieux », balancement permanent entre le fixe et
le mobile (BONNEMAISON, 1981 : 254). Jean-Luc PIVETEAU découpe
l'espace territorialisé en trois auréoles concentriques :
« le noyau du préservé, du privé, de
l'intime ; la couronne du collectif, du public, de l'inconnu ; et à
la conjonction des deux, une zone de lieux intermédiaires
d'échanges, de survenances, de métissages »
(PIVETEAU, 1995 : 24).
La seconde notion associée directement au concept de
territoire est celle d'appropriation. Selon André DAUPHINE,
« le processus d'appropriation est consubstantiel au
territoire ; ce processus marqué par des conflits, permet
d'expliquer comment le territoire est produit, géré,
ménagé et défendu dans l'intérêt du groupe
dominant ». Il s'appuie pour cela sur les travaux de l'Ecole de
Chicago qui a hiérarchisé les étapes d'appropriation des
quartiers urbains (BAILLY, 2001 : 65). Yves LACOSTE reprend cette
idée de territoire caractérisé par
« l'expression d'une volonté d'appropriation plus ou moins
exclusive soit par un groupe social, ethnique ou religieux, soit même par
une famille ou une individu » (LACOSTE, 2003 : 380). C'est
ainsi que l'on peut dire : «C'est mon territoire». Pour Joël
BONNEMAISON, « l'appropriation ne vient qu'en deuxième
instance... Le territoire est d'abord un espace culturel et d'identification ou
d'appartenance » (BONNEMAISON, 2004 : 131). Pour Armand
FREMONT : « l'espace vécu » est
à la fois « un espace social,... un espace-mouvement et un
espace-temps vécu,... une expérience continue »
(FREMONT, 1999 : 68). Cet espace vécu résulte de
« la somme des lieux fréquentés et familiers mais
aussi des lieux connus, aimés, perçus et
représentés » (BONNEMAISON, 2004 : 58). C'est
un espace de reconnaissance et de familiarité lié à la vie
quotidienne.
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