Le role des femmes entrepreneurs dans le developpement local. cas des patissieres en ville de Butembo( Télécharger le fichier original )par Jean de Dieu AYBEKA KOPIKAMA Université catholique du Graben - Graduat 2008 |
1.1.2. Spécificités de l'entreprenariat fémininIl est généralement admis que les femmes, parce que « mères de famille » sont naturellement portées à entreprendre pour la survie de toute la famille. C'est cela qui fait entre autres la spécificité de l'entreprenariat féminin. De plus, l'entreprenariat féminin se caractérise par des modes de financement particuliers. a) L'esprit d'entreprise chez les femmesLes résultats d'une enquête menée au Burkina17(*) ont montré que dans plus de la moitié des cas c'est le besoin d'indépendance (24%) et le besoin d'entreprendre (27%) qui ont poussée les personnes interrogées à se lancer dans les affaires. 33 % des MER (Micro Entreprises Rurales) ont cependant dans leur famille une personne qui exerce le même métier qu'eux, et 16% d'entre eux ont hérité de leur entreprise. On peut ainsi affirmer avec Marcel LANCELIN18(*), ayant constaté un développement rapide de l'emploi indépendant et de la création d'entreprise par les femmes au cours des années 80, que l'esprit d'entreprise chez les femmes est dû à leur « aspiration à l'indépendance économique et à la conquête vers l'autonomie ». En effet, les femmes sont de plus à plus nombreuses à assurer l'entretien de plusieurs autres personnes. Comme l'ont confirmé certaines études, la taille des ménages a plus augmenté pour les ménages dirigés par les femmes. Dans beaucoup de domaines, ce sont souvent les contributions des femmes qui permettent à la famille de vivre dans des conditions décentes19(*). Le développement des micro entreprises est particulièrement important pour les femmes car elles y trouvent les revenus additionnels dont elles ont cruellement besoin pour assurer la survie de leur famille et de leurs enfants. De plus cette montée de l'entreprenariat féminin participe à ce vaste mouvement de l'innovation et de l'initiative qui permet de diversifier les profits des entrepreneurs et d'inscrire ses créations d'activités dans le cadre de l'ajustement structurel continu des économies locales20(*). Par leur travail, leur créativité et leur sens d'initiative, les femmes d'Afrique se sont aujourd'hui imposées dans leur société comme les actrices incontournables. Mais comment financent-elles leurs initiatives ? b) Modes de financement de l'entreprenariat féminin21(*)D'après des études récentes, environs 5 % seulement de la population africaine bénéficie d'un emploi rémunéré dans le secteur formel de l'économie (De Hertz et Marysse, 1996). La majorité est ainsi condamnée à vivre dans l`informel, en exerçant de petites activités de survie telles que le petit commerce, l`agriculture périurbaine (particulièrement le maraîchage), l'élevage, la vente des produits agricoles, alimentations, etc. Les personnes exerçant ce genre d`activités, en majorité les femmes, sont confrontées aux problèmes de financement. Du fait qu'elles ne disposent pas de fonds propres et ne peuvent pas fournir aux banques les garanties usuelles, elles n'ont pratiquement pas accès au système de crédit formel (Bock et Wilcke, 1999). Cependant il existe d'autres sources de financement telles que l'épargne personnelle et familiale, les tontines et le crédit accordé aux micro entreprises par les IMF. 1° L'épargne personnelle et familiale22(*)Depuis une trentaine d'années, le financement des micro entreprises, tenues par les femmes ou non, n'a pas changé. Plus de 90% de ces entreprises sont financées par l'épargne personnelle et familiale, la plupart des chefs d'entreprises ayant des problèmes pour trouver les fonds initiaux. Aide-toi et le ciel t'aidera ! Telle est la maxime du micro entrepreneur qui doit dans les deux tiers des cas trouver seul le financement de son entreprise avant d'espérer compléter sa mise par un apport familial, éventuellement tontinier ou des IMF23(*). * 17 CAMILLERI J. L., Op. cit., p. 36 * 18 LANCELIN M., « Quelques éléments de réflexion sur les problèmes d'épargne et de crédit », in Technique financière et développement dans l'esprit d'entreprise, Ed. AUPELF - UREF, John Libbey, Paris, 1993, p.4. * 19 CANDIDA B., Les femmes et la création des entreprises. Les femmes chefs d'entreprises : tour d'horizon, initiatives locales des créations d'emploi, entreprendre au féminin, O.C.D.E., Paris, 1990, p.42. * 20 MASIKA MAYAO G., Op. cit., p.14. * 21 MPANZU BALOMBA P., Microfinance en République Démocratique du Congo: Cas du site maraîcher de N'djili/CECOMAF à Kinshasa, Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d`Etudes Spécialisées en Economie et Sociologie Rurales, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (FUSAGx) et Université Catholique de Louvain (UCL), 2004-2005, p. 44. * 22 On peut lire à ce sujet DUPUY Cl., « Les comportements d'épargne dans la société africaine : études sénégalaises » in LELART M., La Tontine. Pratique informelle d'épargne et de crédit dans des pays en voie de développement, Ed. AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext, Paris, 1990, p. 31-51. * 23 CAMILLERI J. L., Op. cit., p. 36-37. |
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