B- Le processus de création l'identité
identitaire
1- L'identité un processus collectif et individuel
Selon Sainsaulieu, l'identité est issue d'un processus
de production à la fois collectif et individuel. Ces deux typologies
interviennent en même temps dans le processus de production de
l'identité mais jouent des rôles différents dans cette
même construction. Pour certains, l'identité et le rapport
à soi-même s'élaborent dans la logique collective de
l'appartenance à un groupe ou un sous-groupe, où ils sont
identifiés comme un membre à part entière. Pour d'autres,
ce processus de construction est issu de la dimension individuelle.
L'identité pouvant être le fruit de leur zone d'influence ou
d'incertitude qu'ils maîtrisent. La zone d'influence ou zone
d'incertitude maîtrisée par le salarié lui confère
un pouvoir sur les autres membres de sa communauté de travail. En effet,
en rendant son activité imprévisible et en ne diffusant pas ses
savoirs, le salarié rend ses collaborateurs entièrement
dépendants de son action. Plus la zone d'incertitude d'un salarié
est étendue plus son pouvoir est important (en théorie). La zone
d'incertitude doit avoir un intérêt critique pour les autres
salariés, dans le cas contraire le pouvoir que l'individu peut en tirer
est minime. En effet, si l'incertitude qui plane sur l'action du salarié
ne concerne pas un élément important de l'activité de
l'entreprise, le pouvoir qui peut en être tiré est relativement
faible.
A ce postulat de départ, Renaud Sainsaulieu ajoute un
élément différenciant : en fonction de sa
catégorie sociale et professionnelle, chaque individu met en place un
processus d'identification différent.
2- Typologie des processus de production de
l'identité
En fonction de la catégorie sociale et professionnelle,
il est possible de distinguer quatre processus différents qui
participent à l'élaboration de l'identité d'un
individu : la fusion, la négociation, l'affinité et le
retrait. Ces processus sont mis en place par chaque individu dans la
création de son identité au travers du travail.
A- La fusion
La fusion reste un processus mis en place par les travailleurs
qui ont un pouvoir de négociation limité à titre
individuel. Pour compenser cela, ils mettent en oeuvre une stratégie de
regroupement et de lutte collective afin de pouvoir augmenter leur poids dans
les négociations avec les acteurs de l'entreprise. Cela leur permet
d'influer plus facilement sur les conditions de travail qu'ils supportent.
Renaud Sainsaulieu identifie ce processus principalement chez les ouvriers
spécialisé et les employés de bureau. Ce processus
nécessite une identification commune, une fusion des identités
appelée identification horizontale ainsi que l'émergence d'un
leader auquel s'identifie le groupe social, c'est l'identification
verticale.
B- La négociation
Dans un autre schéma d'identification, on trouve la
négociation. Ce processus est employé par les travailleurs qui
disposent, à titre individuel, d'une grande capacité de
négociation on pense aux cadres de production mais aussi aux ouvriers
très qualifiés. Grâce à la richesse de leurs
compétences et au statut qu'il leur est confié, ils ont la
possibilité d'affirmer leur différence et leur identité,
ils peuvent négocier individuellement leurs conditions de travail. Ces
travailleurs ont un modèle identitaire basé sur la
négociation cela entraîne une approche cognitive et affective par
rapport au travail.
C- L'affinité
La construction identitaire basée sur l'affinité
relève d'un comportement encore plus individualiste que le
précédent. Bien souvent, les individus qui construisent leur
identité par ce biais le font dans le but avoué d'une progression
sociale. Ce carriérisme entraine une forte mobilité externe pour
ces travailleurs, ici, il n'est plus question de solidarité entre les
travailleurs comme dans le premier modèle. Les relations sont
plutôt basées sur de simples connivences affectives. En effet, une
de leurs réflexions serait : « Pourquoi investir dans
des relations de solidarité et une identité collective si je suis
obligé de quitter mon entreprise pour assouvir mon besoin de progresser
dans l'échelle sociale. »
D- Le retrait
Certains salariés construisent leur identité en
dehors de la sphère du travail, leur vie est ailleurs. Ce processus est
plus souvent subit que maîtrisé, on trouve parmi ces travailleurs
les jeunes, les immigrés ou les ouvriers spécialisés.
Le sociologue Claude Dubar ajoute plusieurs
éléments pour définir l'identité.
- L'identité bloquée, concerne les travailleurs
dont l'évolution reste bloquée, à cause de l'obsolescence
de leurs connaissances et de leurs capacités professionnelles.
- L'identité de promotion et d'entreprise, s'observe
essentiellement chez les individus qui assimilent leur réussite
personnelle à leur réussite professionnelle.
- L'identité indépendante concerne
essentiellement les jeunes qui construisent leur identité en suivant un
projet personnel et non au travers de l'entreprise pour laquelle ils
travaillent.
Ces différences dans le processus de construction de
l'identité témoignent de la complexité de ce processus, il
est un construit individuel, qui peut à la fois s'appuyer sur la
dimension collective du rapport au travail. L'identité reste un
élément complexe et difficile à appréhender. Suite
à ce travail, il est possible de dire que l'identité et un
processus continu propre à chacun et qui évolue dans le temps.
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