Analyse diagnostique de la Centrale d'Echange d'Informations des institutions de microfinance du Bénin( Télécharger le fichier original )par Brice Comlan HOUNYE Institut Supérieur Panafricain d'Economie Coopérative ( ISPEC) - Master en Microfinance 2008 |
Paragraphe 2 : Problématique, objectifs et hypothèses de rechercheCe paragraphe sera consacré à l'énoncé de la problématique et la définition des objectifs et des hypothèses de recherche. A. ProblématiqueAn Bénin, comme dans de nombreux autres pays, la microfinance s'intègre dans un processus économique et de développement, qui a permis d'améliorer l'accès au financement pour des millions de micro entrepreneurs. Il est incontestable qu'aujourd'hui, le crédit ou prêt à intérêt constitue, dans nos économies de marchés concurrentiels, un vecteur de croissance et de développement économique incontournable. En effet, le crédit permet aux entreprises comme aux particuliers, de réaliser, par anticipation, des projets d'investissement ou de consommation. Cependant, dans les deux cas, une mauvaise utilisation ou un recours excessif à ce mode de financement, peut conduire les premières à la liquidation judiciaire et plonger les seconds dans le surendettement, et compromettre la pérennité des prêteurs. L'asymétrie d'information sur les caractéristiques de l'emprunteur est particulièrement préjudiciable au moment de l'octroi du prêt car elle réduit la capacité du prêteur à distinguer entre les bons et mauvais emprunteurs. Dès lors, on peut s'interroger sur les moyens dont disposent les établissements de crédit pour décider d'accorder ou non des financements. Pour eux, comme pour toute entreprise fournissant des biens et des services à un client, personne morale ou personne physique, la difficulté réside dans l'analyse du risque de crédit de l'entreprise ou du particulier. Pour l'évaluation du risque de crédit pesant sur les entreprises, les banques primaires exerçant au Bénin disposent à leur niveau, de nombreuses sources d'informations : l'entreprise elle-même (comptes sociaux, composition des organes de direction, compétence des dirigeants et du personnel, plan d'investissement, plan de financement et de trésorerie, étude de marchés, etc.), les tribunaux de commerce (comptes sociaux, hypothèques, protêts, etc.), la Centrale des Risques5(*) gérée par la BCEAO, etc. Sur la base de ces informations, les banques primaires établissent leurs propres critères d'évaluation et de risque de crédit, et décident d'accorder ou de refuser leurs concours. Les institutions de microfinance quant à elles, deux sources d'informations sont à leur disposition. Une première source est constituée des déclarations des clients, qui reposent sur la bonne foi et la confiance, et d'une autre source née de la collaboration de certaines institutions de crédit constituées d'informations sur des clients en difficulté de paiement dans ces institutions : la Centrale d'Echange d'Informations. L'objectif de cette centrale est de permettre aux institutions de microfinance de disposer d'une base de données sur les emprunteurs à risques, de retracer l'historique de crédit des clients potentiels, d'éviter leur surendettement et la cavalerie dans le secteur. Les institutions membres de la centrale se sont entendues pour mettre à jour et diffuser de l'information sur les clients en retard de paiement de plus de trente (30) jours. La mise à jour de la base devrait s'effectuer mensuellement, à partir des informations qui sont transmises par les institutions adhérentes. Mais, dans la pratique, le fonctionnement de la centrale rencontre quelques problèmes au nombre desquels nous pouvons citer : · La faible adhésion des institutions répertoriées dans le secteur de la microfinance ; · La collecte des informations est laborieuse ; · La lenteur dans la mise à jour de la base de données ; · Le faible volume d'informations au niveau de la base de données de la Centrale d'Echange d'Informations; · La fin de l'appui financier de la Banque Mondiale, à travers le Projet d'Appui au Développement du Secteur Privé (PADSP6(*)) le 31 décembre 2007, ce qui a contraint la Centrale d'Echange d'Informations à procéder à la fermeture au début de l'année 2008 des activités des Centres de Relais de Lokossa, Natitingou, Parakou, Porto Novo. Ces centres relais constituaient les démembrements de la CEI principale. · Le manque d'enthousiasme des institutions de microfinance adhérentes à payer leur cotisation. · La consultation de la base de données de la CEI se fait désormais par Internet. Ces difficultés rencontrées par la Centrale d'Echange d'Informations dans son application nous amènent à nous poser un certain nombre de questions à savoir : v Le dispositif juridique, institutionnel et réglementaire en matière de microfinance au Bénin, favorise t-il la création d'une structure de partage de l'information sur les clients ? v La Centrale d'Echange d'Informations, fait elle bénéficier suffisamment d'informations aux institutions de microfinance ? v La gestion des informations publiées par la centrale, permet-elle aux IMF de disposer en temps utile, d'informations pertinentes qui fondent l'octroi des crédits aux demandeurs ? v Malgré la montée des créances en souffrance dans le secteur de la microfinance au Bénin, quelles sont les raisons qui expliquent l'absence d'adhésion globale et active des institutions de microfinance à la Centrale d'Echange d'Informations? v Le nouveau dispositif de diffusion de l'information mis en place par la Centrale d'Echange d'Informations permet-il une large consultation de sa base de données ? Ce sont autant de questions auxquelles nous essayerons d'apporter des réponses au cours de notre étude. Ainsi, l'identification des facteurs susceptibles de constituer une entrave à l'efficacité de la Centrale d'Echange d'Informations, puis la recherche de solutions adaptées pouvant contribuer à l'amélioration des prestations de la Centrale d'Echange d'Informations, guideront notre analyse tout au long de cette recherche. * 5 Voir fonctionnement de la Centrale des risques de la BCEAO en annexes 1 encadré n°1 * 6 Le PADSP est un projet dont la fin, était initialement prévue pour la fin de l'année 2004, a été prorogée deux fois de suite ; une première fois sur une (01) année et une seconde fois sur deux (02) années. Cet appui financier représente 70% des ressources du Consortium Alafia |
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