Analyse diagnostique de la Centrale d'Echange d'Informations des institutions de microfinance du Bénin( Télécharger le fichier original )par Brice Comlan HOUNYE Institut Supérieur Panafricain d'Economie Coopérative ( ISPEC) - Master en Microfinance 2008 |
C. Relation entre partage de l'information et réduction du risque de créditSelon la littérature, le partage de l'information entre prêteurs peut réduire cinq types de risques dans une relation de financement : 1-Aléa moral ex-ante : les emprunteurs peuvent trouver plus favorable de ne pas révéler la totalité de l'information au prêteur potentiel, surtout lorsqu'il s'agit d'informations négatives. Le partage des informations négatives sur l'historique de défauts devient alors une mesure nécessaire pour réduire ce type d'aléa moral. Selon Stoppani M. (2007) «une base de données qui ne contient que des informations négatives exclut les emprunteurs à haut risque qui accumulent des dettes importantes sans être en défaut de paiement. Dans ces conditions, même un choc modeste sur le revenu de l'emprunteur pourra entraîner des défauts de paiement en cascade sur tous les comptes. L'inconvénient de ce fichier selon, Robin C. (2001), est d'aboutir « à un fichier d'interdits de crédit » 2-Aléa moral ex-post : le client qui a réellement la capacité d'honorer sa dette peut déclarer le défaut de payement ou faire le choix de s'engager dans une autre activité plus risquée que celle présentée au prêteur. Selon Padilla et Pagano (2000), « le partage des informations négatives sur l'historique des défauts de payement permet d'obtenir un effet disciplinaire sur les emprunteurs ». Le partage aura donc pour effet d'inciter les emprunteurs à fournir un effort suffisant pour assurer le bon déroulement de leurs activités et le remboursement des crédits. Miller (2000) utilise la notion de la ` réputation collatérale' qui selon lui, « lorsque l'emprunteur sait que les données négatives sur les incidents de paiement seront connus par tous les prêteurs, il est incité à réaliser un effort suffisant pour honorer sa dette ». 3-Problème d'anti sélection : le prêteur non informé a un comportement plus méfiant face à un client inconnu (nouveau) que face à un client de longue date et ce, indépendamment de la rentabilité anticipée de l'activité à financer. Le rationnement du crédit n'est pas une solution adéquate face à ce risque. Il l'alimente même dans bien des cas du fait du contraste entre le niveau du crédit délibérément limité par les prêteurs et la nécessité, pour les emprunteurs, d'accéder à un financement adéquat (à la hauteur de leurs besoins) afin de préserver la rentabilité de leurs activités tout en faisant face au service de la dette. Selon Pagano et Jappelli cités par Dorbec (2006a) « le partage des informations sur les caractéristiques des emprunteurs permet de réduire ce phénomène ». 4- Incitation au surendettement (surendettement actif), le partage de l'information sur la totalité de crédits accordés à chaque emprunteur permet de réduire le problème en contrôlant mieux la prise de risque de crédit par les emprunteurs. Selon Brown & Zehender cités par Dorbec (2006b), « lorsque les emprunteurs peuvent changer de prêteur à chaque besoin de prêt, l'absence de registres de crédit peut aboutir au collapse du marché de crédit ». La mise en place de registre contenant des informations positives et négatives permet de réduire ce phénomène de surendettement. En se référant aux modèles théoriques de Padilla & Pagano cités par A Dorbec (2006c) « le niveau d'effort de remboursement de la part des emprunteurs est plus proche de l'optimum social lorsque les fichiers contiennent des informations négatives et positives». La Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL10(*)) a refusé d'autoriser la création d'un tel fichier en France en insistant « sur les risques de détournement de finalité et, plus généralement, d'atteinte à la vie privée que présentent ces traitements ». En effet, il est reproché à la centrale positive de faciliter le démarchage des institutions de crédits qui identifieraient ainsi aisément à la fois les consommateurs peu endettés pour les inciter à souscrire d'autres crédits et, dans un premier temps, les consommateurs trop endettés pour les inciter à souscrire un rachat de crédits ; de plus la connaissance des capacités de remboursement d'un consommateur à un instant T ne présume en rien de sa solvabilité qui dépend de ses habitudes de consommation et son rapport à l'argent. 5-Risque systémique : la disponibilité des informations sur la qualité des emprunteurs permet non seulement de réduire les risques au niveau microéconomique, mais également de mieux contrôler la prise de risque par la totalité des prêteurs. La disponibilité des informations sur les risques de crédit pour le superviseur bancaire (via un registre de crédit public) permet donc de mieux contrôler les risques systémiques. CHAPITRE 2 : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE La méthodologie de recherche utilisée pour la réalisation de ce travail, est celle de la recherche-action, dont le promoteur Lewin, cité par Ley (1976, p.325), disait si bien, « Le chercheur et les sujets de la recherche cheminent ensemble vers la connaissance ». La recherche-action est une méthode de recherche participative qui établit un rapport entre la théorie et la pratique. La théorie du fait qu'on ne peut étudier un problème sans en connaître les contours, et la pratique du fait que cette méthode permet d'impliquer dans la recherche les différents acteurs concernés par la résolution du problème. Notre étude portera sur la Centrale d'Echange d'Informations du Consortium Alafia. A cet effet, le présent chapitre sera consacré dans une première section à la présentation de la Centrale d'Echange d'Informations. Quant à la deuxième section, elle présentera les techniques d'investigation utilisées, les outils d'analyse, et les difficultés de l'étude. * 10 CNIL en sa séance du 08 Mars 2007 |
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