CHAPITRE IV : RESULTATS ET
INTERPRETATIONS
Dans ce chapitre, nous procéderons d'abord à
l'analyse des résultats économétriques puis à leurs
interprétations.
IV-1- Analyse des résultats
économétriques
Dans cette section, nous exposerons les résultats des
différents tests économétriques au niveau de
l'évolution des dépôts bancaires d'une part, et nous
procéderons, d'autre part, à la présentation des
résultats de l'évolution du financement bancaire.
IV-1-1-Au niveau de la mobilisation des dépôts
bancaires
Le résultat du test de présomption de
multicolinéarité nous a permit de constater qu'il n'existe aucune
corrélation entre les variables explicatives du modèle. En effet
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire27.png) (Xi ;Xj).
Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé
le test de stationnarité ADF. Les résultats des tests
effectués sur EVIEWS 4.1 pour toutes les variables, sont donnés
dans le tableau ci-dessous. Les décisions sont prises à 5 %.
Tableau3 : Resultats des tests ADF
Variables
|
Stationnarité en niveau
|
Stationnarité en différence première
|
Conclusion générale
|
ADF
|
Valeurs critiques à 5 %
|
Stationnarité
|
ADF
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
DBP
|
0,14
|
-1,95
|
Non
|
-4,67
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
PRH
|
-0,88
|
-1,95
|
Non
|
-5,07
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
IPF
|
-1,02
|
-1,95
|
Non
|
-3,007
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
INFL
|
-2,22
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I(0)
|
TCRE
|
-3,15
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I(0)
|
Source : nos calculs
Il ressort du tableau que les variables dépôt
bancaire sur pib (dbp), produit intérieur brut réel par habitant
(prh) et l'indicateur de politique financière (ipf) sont I(1),
c'est-à-dire intégré d'ordre 1, donc stationnaire en
différence première, par contre l'inflation (infl) et le taux
créditeur réel (tcre), sont I(0), donc stationnaire à
niveau.
Le fait que ces variables soient non stationnaires, il existe
un risque de cointégration entre elles. En effet, l'existence d'une
cointégration peut être à l'origine du caractère non
stationnaire observé sur les séries.
Seule la mise en oeuvre du test de cointégration peut
nous renseigner sur l'existence ou non d'une relation de cointégration
entre les séries.
Dire que les variables sont cointégrées signifie
que le mécanisme de transmission entre les variables explicatives et la
variable à expliquer est stable et plus prévisible au cours du
temps. Cependant des chocs peuvent conduire ces variables à
s'écarter de leur tendance commune. Ce qui très souvent aboutit
à de mauvaise prévision. Le théorème de
représentation de Granger préconise l'utilisation d'un
modèle à correction de déséquilibre pour la
prévision dans le cas où les variables sont
cointégrées. Ce théorème établit que tout
système cointégré admet une représentation ECM
(Modèle à Correction d'Erreur). Relativement à la
méthode de Engle et Granger (1987) qui est en deux étapes, nous
utiliserons celle de Johannsen (1988), qui est en une étape, pour
effectuer le test de cointégration.
La procédure du test de Johansen nous donne deux
statistiques qui sont comparées aux valeurs critiques. Eviews 4.1 nous
donne les statistiques et les valeurs critiques. Les résultats sont
consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4 : Résultats du test de
Johansen
Trace test
Hypothèses
|
Statistique
|
Valeur critique
|
contre![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire30.png)
|
11,68
|
24,31
|
Source : nos calculs
Le test de Johansen est effectué sur les séries
intégrées de même ordre I (1) : il s'agit des
variables DBP, PRH, IPF. Comme le suggère Johansen, le test se fait de
façon séquentielle. Ici, seule la première étape
est présenté dans le tableau, car l'hypothèse Ho du rejet
de l'existence de cointégration entre les variables est retenue. En
effet, cette hypothèse est retenue car les statistiques sont
inférieures aux valeurs critiques. Cette hypothèse étant
retenue, le test s'arrête là et on conclut à l'inexistence
de cointégration entre les variables. Les statistiques sont obtenues
avec un modèle VAR et constante (voir annexeIII)
Dans ce cas c'est l'approche classique qui est utilisée
pour l'estimation du modèle. Le modèle estimé comporte des
variables retardées qui améliorent le pouvoir explicatif.
Le test nous indique qu'il n'existe pas de relation de long
terme, nous avons donc utilisé une régression standard en
différentiant les séries non stationnaires en niveau.
Dès lors l'équation estimée nous donne
les résultats suivants :
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire31.png)
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire32.png)
Avec = 0,60 ; ajusté = 0,40 DW=2,039 F-stat = 3,027
Prob(F-stat) =0,021 N=34
variables
|
paramètres
|
Tcalculé
|
P-value
|
interprétation
|
C
LPRH
TCRE
LIPF
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire35.png)
LPRHt-1
LIPFt-1
|
0,181
0,002
-2,075
0,107
-2,348
0,208
-0,060
|
4,229
0,0027
-3,845
2,106
-3,926
4,202
-1,871
|
0,0005
0,978
0,0012
0,0494
0,0010
0,0005
0,07
|
Significatif
Non significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
|
Tableau 5 : résultat de l'estimation
Source : nos calculs
Le de notre estimation est de 0,60 ; ceci traduit que 60 % de la
variation des dépôts bancaires est imputable aux variables
exogènes. Par contre, il faut noter que le modèle contient assez
d'insuffisance, ce qui se traduit par le ajusté qui montre que seulement 40 % de la variation des
dépôts bancaires est imputable aux variables exogènes. Les
P-value sont les probabilités critiques. Les coefficients dont les
P-value sont inférieures à 5 % (0,05) et10 % (0,10) sont
significatifs. Les T-calculés sont les statistiques de Student et la
valeur critique du T de Student ou T lu est 1,96.
Après cette estimation, nous avons
procédé aux tests de validation du modèle estimé.
Les résultats de ces tests sont présentés en annexes de ce
document.
Pour le test de Durbin-Watson, les conditions de son
utilisation sont vérifiées. Par contre, la statistique de
Durbin-Watson exhibait une possibilité d'autocorrélation d'ordre
3. La méthode de correction proposée par le logiciel consiste
à introduire dans l'équation à estimer AR (1), AR (2) et
AR (3), dont les coefficients sont respectivement -1,04 , -0,99 , -0,61.
Après avoir appliqué cette méthode, la statistique obtenue
est de 2,03. Cette valeur permet de conclure la résolution du
problème d'autocorrection survenue ci avant.
Le test de White donne une P-value qui est égale
à 0,74. Cette valeur est supérieure à 0,05. On conclut
qu'à 5 %, les résidus sont homoscédastiques.
Le test de normalité des résidus de
Jarque-Béra effectué montre la normalité des
résidus au seuil de 5 %. En effet, la valeur de Jarque-Bera, JB=
3,36. Elle est inférieure à 5,99, la valeur limite. On accepte
que les résidus puissent s'ajuster suivant une distribution normale.
En somme, les erreurs sont non corrélées,
normales et homoscédastiques. Donc les estimateurs par les moindres
carrés ordinaires sont BLUE. Par ailleurs les tests de Cusum montrent
que le modèle est structurellement stable. Car la courbe
représentant les coefficients ne coupe pas le corridor, et le
corrélogramme en annexe montre que les résidus ne sont pas
autocorrélés.
IV-1-2- Au niveau de l'évolution du financement
bancaire
Le résultat du test de présomption de
multicolinéarité nous a permit de constater qu'il n'existe aucune
corrélation entre les variables explicatives du modèle. En effet
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire38.png) (Xi ;Xj).
Au niveau du financement bancaire, le test de
stationnarité utilisé est également celui du test ADF. Les
résultats du test sont donnés dans le tableau suivant et les
décisions sont prises à 5 %. Il faut rappeler que certaines
variables telles que le PRH, l'IPF, avaient déjà subit le
test.
Tableau 6 : Résultat des tests ADF
Variables
|
Stationnarité en niveau
|
Stationnarité en différence première
|
Conclusion générale
|
ADF
|
Valeurs critiques à 5 %
|
Stationnarité
|
ADF
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
FBP
|
-0,25
|
-1,95
|
Non
|
-4,35
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
CRI
|
-0,85
|
-1,95
|
Non
|
-5,86
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
INSTA
|
-0,86
|
-1,95
|
Non
|
-5,56
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
TDRE
|
-3,13
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I (0)
|
Source : nos calculs
Les résultats nous révèlent que le
financement bancaire à l'économie sur pib (fbp), le taux brut de
dégradation du porte feuille-bancaire (cri) et l'indicateur de risque
d'instabilité sociopolitique sont I(1), donc stationnaire en
différence première. Quant au taux débiteur réel
bancaire, il est I(0), stationnaire à niveau.
Comme nous l'avions déjà signalé plus
haut, l'existence de variables non stationnaires suppose une présomption
d'une relation de cointégration. Dès lors, la
nécessité du test de Johansen s'impose.
Tableau 7: Résultat du test de Johansen
Trace test
Hypothèses
|
Statistique
|
Valeur critique
|
contre![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire41.png)
|
25,022
|
39,89
|
Source : nos calculs, les résultats
d'Eviews 4.1
L'hypothèse H0 du rejet de l'existence de
cointégration entre les variables est retenue. En effet, cette
hypothèse est retenue car les statistiques sont inférieures aux
valeurs critiques.
Le test nous indique qu'il n'existe pas de relation de long
terme, nous avons donc utilisé une régression standard en
différentiant les séries non stationnaires en niveau.
L'équation estimée nous donne les
résultats suivants :
![](Liberalisation-financiere-intermediation-bancaire-cas-cote--divoire42.png)
=0,999 ajusté =0,998 DW=1,86 Prob(F-stat) = 0,0014
F-stat=675,075 N=34
Tableau 8; résultat de l'estimation
variables
|
Paramêtres
|
T-calculé
|
P-value
|
interprétations
|
C
LPRH
TDRE
LIPF
LINSTA
LCRI
|
-0,114
-0,663
0,514
-0,062
-0,047
0,022
|
-21,52
-7,972
12,13
-13,376
-6,661
6,725
|
0,002
0,015
0,006
0,005
0,026
0,021
|
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
|
Source : nos calculs
Le de notre estimation est de 0,99 ; ceci traduit que 99 % de la
variation du financement bancaire est imputable aux variables exogènes
du modèle. Quant au ajusté, il montre que 98 % des variations du financement
bancaire sont expliquées par les variables exogènes. La
Probabilité de Fischer ou Prob(F-stat) est inférieur à 5
% , ce qui montre bien la significativité globale du modèle.
Les P-value sont les probabilités critiques. Les coefficients dont les
P-value sont inférieures à 5 % (0,05) et10 % (0,10) sont
significatifs. Les T-calculés sont les statistiques de Student et la
valeur critique du T de Student ou T lu est 1,96.
Après cette estimation, nous avons
procédé aux tests de validation du modèle estimé.
Les résultats de ces tests sont présentés en annexes de ce
document.
Pour le test de Durbin-Watson, les conditions de son
utilisation sont vérifiées. Par contre, la statistique de
Durbin-Watson exhibait une possibilité d'autocorrélation d'ordre
3. Comme précédemment nous avons utilisé la
méthode de correction proposée par le logiciel qui consiste
à introduire dans l'équation à estimer AR (1), AR (2) et
AR (3), dont les coefficients respectifs sont -1,54 , -0,85 , -0,11. C'est la
methode de Cochrane orcut. Après avoir appliqué cette
méthode, la statistique obtenue est de 1,86. Cette valeur permet de
conclure la résolution du problème d'autocorrection survenue.
Le test de White donne un P-value qui est égal à
0,29. Cette valeur est supérieure à 0,05. On conclut qu'à
5 %, les résidus sont homoscédastiques.
Le test de normalité des résidus de
Jarque-Béra effectué montre la normalité des
résidus au seuil de 5 %. En effet, la valeur de Jarque-Bera, JB= 0,21.
Elle est inférieure à 5,99, la valeur limite. On accepte que les
résidus puissent s'ajuster suivant une distribution normale.
Au total, les erreurs sont non corrélées,
normales et homoscédastiques. Donc les estimateurs par les moindres
carrés ordinaires sont BLUE. Par ailleurs les tests de Cusum montre que
le modèle est structurellement stable. Car la courbe représentant
les coefficients ne coupe pas le corridor, et le corrélogramme en annexe
montre bien que les résidus ne sont pas autocorrélés.
IV-2- Interprétations des résultats
Nous ferons d'abord l'interprétation au niveau de la
mobilisation des dépôts bancaires, puis au niveau du financement
bancaire.
IV-2-1-Au niveau de la mobilisation des dépôts
bancaires
Notre analyse économique des résultats nous
permettra de présenter dans un premier temps l'impact direct de
la libéralisation financière capturé par l'indice de
politique financière, dans un second temps, l'impact indirect
mesuré par le taux d'intérêt créditeur réel,
puis nous saisirons l'impact du niveau de richesse et en fin celui de
l'inflation sur la mobilisation de l'épargne.
Capturé à travers l'indicateur de politique
financière, la libéralisation financière semble avoir
un impact direct sur la mobilisation des dépôts bancaires
ou de l'épargne financière en Côte d'Ivoire. Si nous tenons
compte de l'analyse de nos variables et de notre estimation, l'absence de
cointégration révèle une relation de court terme entre
l'évolution des dépôts bancaires et les autres variables
explicatives. En effet, le coefficient de l'indice de libéralisation
financière est positif et statiquement significatif (0,107)
à 5 % de risque. Ceci infirme notre hypothèse par rapport
à la capacité de mobilisation de l'épargne. En effet le
signe négatif attendu indique que la libéralisation
financière améliore la capacité de mobilisation de
l'épargne financière ou des dépôts bancaires. Cela
s'explique par la méthode de construction de l'indice, car une
évolution ascendante indique une forte répression, par contre une
baisse, la libéralisation financière. Il semble d'après
ces résultats, qu'en Côte d'Ivoire la libéralisation
financière ait entraîné une baisse des dépôts
bancaires ou de l'épargne financière (il est important de
souligner que ce coefficient positif montre que les mesures directes
de la politique de libéralisation financière agissent
négativement sur la mobilisation l'épargne). Ce résultat
peut être expliqué par le fait que la libéralisation
financière a permis d'alléger les contraintes d'accès des
ménages aux crédits bancaires notamment sous forme de
crédit à la consommation. En effet, les différentes
mesures de politique financière amorcées par l'UEMOA depuis 1989,
ont tendance à faciliter l'accès aux crédits bancaire.
Dès lors, les ménages ne sont plus incités à
épargner. Ces derniers ont donc tendance à différer leur
consommation dans le temps parce qu'ils peuvent consommer aujourd'hui plus que
leur revenu grâce à l'emprunt bancaire. Les résultats de
notre étude montrent bien que l'allègement de la contrainte de
liquidité serait le facteur dominant dans le processus de
libéralisation financière en Côte d'Ivoire. Par ailleurs,
les autres aspects de la libéralisation financière comme la
création des nouveaux produits d'épargne plus attractifs en terme
de rentabilité et de risque se sont éclipsés devant les
facilités d'obtention de crédits à la consommation.
D'autres études, notamment celles de Bandiera et al (1998, 2000),
avaient déjà mis en évidence de tels comportements
d'épargne. Ils ne sont donc pas seulement spécifiques aux
ménages ivoiriens. En effet, s'interrogeant sur l'impact direct
de la libéralisation financière sur la mobilisation de
l'épargne dans huit pays en développement, ces auteurs trouvent
que la libéralisation financière a un impact direct au
Ghana , en Turquie, en Corée et au Mexique. Ils ont même
estimé la baisse du taux d'épargne à cause de la
libéralisation financière à 12 % pour la Corée et 6
% pour le Mexique.
Mesuré à travers le taux d'intérêt
créditeur réel, l'impact indirect de la
libéralisation financière semble avoir également un impact
sur la capacité des banques à mobiliser les dépôts
ou l'épargne financière. En effet, le coefficient affecté
à cette variable est négatif et significatif (-2,075) à 5
% de risque. Ceci infirme notre Hypothèse, car le signe attendu selon la
théorie de la libéralisation financière est positif.
Cependant notre résultat peut s'expliquer par le fait que l'absence de
relation de long terme dans la relation estimée met en évidence
l'effet de court terme et non l'effet de long terme de la
théorie de la libéralisation financière. Il est important
de noter que le canal du taux d'intérêt ne permet pas d'observer
de façon précise l'impact de la libéralisation
financière sur le comportement d'épargne à cause de ces
effets contradictoires. Le signe de l'élasticité de
l'épargne par rapport aux taux d'intérêt reste ambigu tant
sur le plan théorique qu'empirique. Un taux d'intérêt
élevé fait accroître l'épargne grâce à
son effet de substitution (effet de long terme), Bandiera et al
(2000). Par contre, un taux d'intérêt élevé fait
réduire l'épargne si les effets de revenu et de richesse sont
importants (effet de court terme) (Muellbauer, 1994).
Ceci confirment bien nos résultats et montre qu'en
Côte d'Ivoire l'effet de richesse a dominé l'effet de
substitution. La reforme des taux d'intérêt (taux du
marché monétaire, taux d'escompte, taux de prise en
pension...etc.) de la BCEAO, a facilité l'acquisition de ressource
financière aux banques. Ces dernières ont donc octroyé des
crédits, mais des crédits à la consommation
(crédits de court terme) et non des crédits à
l'investissement (crédits de long terme).
L'impact du produit intérieur brut réel sur la
mobilisation de l'épargne financière est très souvent
mitigé. Dans le cadre de notre étude, le coefficient de cette
variable est positif et non significatif (0,002) à 5 et 10 % de risque.
Il semblerait donc que le système national de
production n'ait pas suivi l'évolution du système financier. En
fait ce résultat en apparence aberrant, pourrait s'expliquer par le fait
que la production du secteur informel rentre pour une large part dans la
composition de la production. Or, les acteurs qui oeuvrent dans ce segment de
l'économie sont généralement exclut du système
bancaire. Cela peut s'expliquer aussi par le fait que la crise
économique des années 80, qui s'est soldée par la
dévaluation de 1994 ait entraîné une pauvreté
généralisée.
Quant à l'inflation, elle semble jouer un rôle
négatif et significatif (-2,348) à 5 et 10 % de risque. En
effet, pour les économistes classiques, l'existence d'un comportement de
reconstitution des encaisses réelles inciteraient les ménages
à préserver le pouvoir d'achat de leurs économies et donc
à épargner davantage dans un contexte inflationniste. Par contre,
pour les économistes Keynésiens ce même contexte inciterait
les ménages à la consommation, donc à
désépargner car ils anticiperaient des hausses de prix de plus en
plus fortes. Nos résultats se conforment alors à ceux des
économistes Keynésiens.
Au total, du point de vue de la mobilisation de
l'épargne, il semblerait qu'il y'ait un impact direct de
libéralisation financière, une influence positive du taux
d'intérêt créditeur réel (impact indirect)
et négative du taux d'inflation. Par contre, nous avons constaté
une non significativité du produit intérieur réel brut.
Qu'en est il pour le développement financier
mesuré à travers le financement bancaire à
l'économie en Côte d'Ivoire ?
IV-2-2- Au niveau du financement bancaire.
Notre analyse économique des résultats nous
permettra d'exposer d'abord l'impact direct de la
libéralisation financière sur le financement bancaire à
l'économie à travers l'indicateur de politique financière,
puis le taux d'intérêt débiteur réel (impact
indirect) et le produit intérieur brut réel et enfin
l'impact de l'indicateur de risque d'instabilité sociopolitique et de
l'indicateur de la dégradation du portefeuille des banques.
Mesuré à travers l'IPF, la libéralisation
financière semble avoir également un impact
direct sur le financement bancaire de l'économie ivoirienne. En
effet, le coefficient affecté à cette variable est
négatif et significatif (-0,062) à 5 et 10 % de risque.
Ce résultat confirme notre hypothèse est conforme à la
théorie de la libéralisation financière. Comme nous
l'avons déjà expliqué plus haut, le signe
négatif met en évidence la sensibilité des
banques à réagir favorablement ou positivement à
l'ensemble des mesures de politique de libéralisation financière
amorcé dans l'UEMOA en général et en Côte d'Ivoire
en particulier depuis 1989. Ce résultat peut donc s'expliquer par le
fait que les impulsions données par la BCEAO, à travers ces
différentes mesures (voir annexe I ) ont activement joué dans les
décisions de financement bancaire de l'économie ivoirienne. Par
contre, il est extrêmement nécessaire de noter que cet impact
direct favorable, s'est exprimé par une augmentation du financement
bancaire de court terme qui se caractérise essentiellement par des
fonds de roulements aux entreprises qui ne fait que suivre le rythme de la
production et des échanges, le financement de la commercialisation des
produits agricoles (crédit de campagne), du crédit à la
consommation et non de long terme (crédit à l'investissement,
indispensable pour amorcer et entretenir le processus de développement),
ce qui d'ailleurs à conduit certains auteurs à montrer que les
banques n'ont pas joué le jeu de la libéralisation
financière. Pour ces derniers, elle n'a pas contribué
véritablement au développement économique des pays
africains (Eboué C, 1998 ; Ary Tanimoune, 2001).
L'impact indirect de la libéralisation
financière sur le financement bancaire à l'économie
ivoirienne, a été saisi à travers le taux
d'intérêt débiteur réel. Nos résultats
montrent que le coefficient affecté à cette variable est positif
et significatif (0,514) à 5 et 10 % de risque. Il est extrêmement
important de souligner que la part relative du financement bancaire de court
terme dans l'ensemble du crédit à l'économie est
très élevée. Elle se chiffre en moyenne à 65 %
(NIS, BCEAO).
Ce résultat peut s'expliquer par le comportement de
prudence que se sont imposées les banques, qui d'ailleurs opèrent
dans un environnement très risqué, avec une imperfection et un
coût très élevé de l'information. Les banques
expliquent de tels comportements non pas parce qu'il n'existe pas de projet
viable pour un financement de moyen ou de long terme mais
l'inaccessibilité des banques à l'information par laquelle les
risques et la viabilité peuvent être évalués de
manière adéquate, et des mécanismes effectifs pour
contraindre au remboursement du crédit. Dans son étude, Konan
(2001) montre qu'en Côte d'Ivoire, le taux débiteur bancaire n'est
pas significatif à long terme. Dès lors, la majorité des
projets à besoin de financement de long terme sont exclu. Ce qui, par
ailleurs, pourrait être l'une des causes du phénomène de
surliquidité en Côte d'Ivoire.
Le produit intérieur brut réel par habitant
apparaît négatif et significatif (-0,663) dans notre estimation.
Comme nous l'avons déjà noté plus haut, de tels
résultats laissent penser que le système bancaire ivoirien n'est
pas adapté à l'activité de production. Ces
résultats nous laissent soupçonner les structures
d'intermédiation informelles et décentralisées qui
d'ailleurs gagnent de plus en plus de terrain depuis leur officialisation par
les autorités monétaires.
Capturé à travers l'évolution d'un
indicateur, l'instabilité socio politique est un facteur
extrêmement déterminant dans la prise de décision du
financement bancaire. Le coefficient associé à cet indicateur est
négatif et significatif (-0,047) à 5 et 10 % de risque. La
présence d'un environnement sociopolitique stable est extrêmement
important pour un meilleur développement économique en
général et particulièrement pour un développement
financier dans la mesure où la confiance et la maîtrise de la
qualité du risque sont nécessaires pour les
intermédiaires bancaires. En effet, bien que la Côte d'Ivoire ait
connu durant ces trois dernières décennies une relative
stabilité politique, elle est confrontée depuis 1990 à des
crises sociopolitiques récurrentes. Ces crises ont un impact
négatif sur le financement bancaire. Elle décourage
également directement comme indirectement l'investissement privé
comme public. Cette instabilité sociopolitique a créé un
environnement d'insécurité généralisé et
malsain pour une bonne conduite des affaires. Dans de telles conditions, il est
difficile au banquier d'octroyer des crédits.
L'analyse de l'évolution du financement bancaire en
fonction du taux de dégradation du portefeuille des banques dans un
système bancaire est d'une importance capitale. Comme nous l'avons
déjà mentionné cette relation met en évidence la
capacité et la fiabilité du système d'information des
banques. Le taux de dégradation du portefeuille des banques a
été donc utilisé ici comme variable Proxy pour mesurer
cette fiabilité.
Le coefficient affecté à cette variable est
positif et significatif (0,022) à 5 et10 % de risque. Il confirme le
résultat attendu. Les banques, pour supposer qu'un contrat de prêt
sera bien respecté et le cas échéant qu'elles pourront
assez facilement réaliser les collatéraux (garanties), doivent
évoluer dans un environnement bien adapté à leurs
fonctions d'intermédiaires financier. Cette confiance à priori
des banques naît en partie grâce à l'efficacité
relative du système d'information, positivement influencé par les
institutions administratives et juridiques officielles en place (Servet, 1990).
En effet, ces dernières doivent être en mesure notamment, de
faciliter l'exécution rapide et efficace des contrats de dette et sinon
de sanctionner le manquement aux règles du jeu. En Côte d'Ivoire,
les institutions juridiques officielles et administratives ne semblent pas
avoir faciliter la mise en place d'un système fiable d'information pour
les banques. Nos résultats nous permettent d'affirmer que le
système d'information des banques ivoiriennes semble être un
obstacle à l'approfondissement du système financier ivoirien et
contribuerait à l'inefficacité de la politique de
libéralisation financière. En outre, confrontées à
une conjoncture plus ou moins mauvaises et surtout à un risque
inhérent d'instabilité sociopolitique, les entreprises
ivoiriennes, à majorité des PME, PMI, font difficilement face au
remboursement des dettes contractées auprès du système
bancaire. Nos résultats sont aussi confortés par le fait que la
structure du portefeuille des ressources des banques ne leur permet pas de se
lancer dans le financement réel de l'économie dès lors que
la majorité des ressources qu'elles possèdent sont à vue
(Konan Sylvère, 2001).
En définitive, dans l'explication du financement
bancaire de l'économie ivoirienne, cinq tendances semblent
déterminantes : l'impact direct de la
libéralisation financière, significative, le taux
d'intérêt débiteur réel et le produit
intérieur brut réel par habitant significatifs également,
ainsi que l'impact de l'instabilité sociopolitique et le taux de
dégradation du porte feuille des banques.
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