PREMIERE PARTIE
Cette partie consistera essentiellement à analyser les
différentes approches de la théorie de la libéralisation
financière et de l'intermédiation bancaire, d'une part, et la
mise en évidence des caractéristiques propres au système
bancaire ivoirien, d'autre part.
CHAPITRE I : FONDEMENT DE LA THEORIE DE LA
LIBERALISATION FINANCIERE ET DE L'INTERMEDIATION BANCAIRE
Ce chapitre présente essentiellement une approche de la
théorie de la libéralisation financière d'une part, et
d'autre part celle de l'intermédiation bancaire.
I-1- Une approche de la théorie de la
libéralisation financière
Cette section nous conduit à analyser la
théorie de la libéralisation financière d'une part et
d'autre, part expliquer la construction de l'indicateur de politique
financière.
I-1-1- Une analyse de la théorie de la
libéralisation financière
I-1-1-1- L'approche de Mc Kinnon et E. Shaw, et quelques
travaux de leurs
Successeurs
I-1-1-1-1- L'approche de Mc Kinnon et E. Shaw
Du point de vue théorique, le concept de
libéralisation financière apparaît au début des
années 70 dans les écrits de R.I Mc Kinnon (1973) et E .Shaw
(1973). Ces deux auteurs présentent la libéralisation du secteur
financier comme un moyen efficace et simple pour accélérer la
croissance économique des pays en voie de développement. Cette
théorie trouve rapidement un écho favorable, tant auprès
des grands organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale) qu'auprès de
certains pays en voie de développement. Elle séduit par la
simplicité de sa mise en oeuvre. Pour ces deux auteurs, les pays en voie
de développement souffrent moins d'un manque de ressources
financière que d'une intermédiation, essentiellement bancaire,
devenue inefficace du fait des distorsions liées à
l'administration des taux d'intérêts. Le développement de
leurs travaux a donné lieu au paradigme de la répression
financière (Galbis, 1977, Mathieson, 1980, Fry, 1995). La principale
proposition de politique économique est la libéralisation des
conditions financières des banques, le taux d'intérêt
étant la principale variable de contrôle. En l'occurrence, il
devrait s'en suivre une hausse des taux d'intérêt qui permettent
aux banques d'être plus performantes dans la mobilisation de
l'épargne et le financement de l'économie.
Situant l'économie des PVD dans un cadre
d'économie fragmentée, où compte tenu du manque de
marchés financiers organisés, Mc Kinnon affirme que toutes les
unités économiques sont réduites à
l'autofinancement, sans qu'il y'ait besoin de faire une distinction entre les
épargnants (ménages) et les investisseurs (entreprises). Ces
entreprises-menages ne prêtent pas ou ne s'empruntent pas les unes aux
autres. Dès lors, l'investissement supposé indivisible, est donc
autofinancé et nécessite une accumulation préalable.
Celle-ci peut prendre deux formes distinctes : une épargne sous
forme d'actifs réels improductifs ou une épargne sous forme
d'encaisses monétaires réelles (dépôt bancaire).
Cette épargne financière, sous forme de dépôt
bancaire, est supposée être une fonction croissante de sa
rémunération réelle (taux d'intérêt
créditeur). Plus cette rémunération est
élevée plus le désir ou l'incitation à
épargner est grande. Cela montre bien que, les encaisses réelles
jouent un rôle très important dans la conduite de la formation du
capital. Ici la monnaie et le capital ne seraient pas substituables mais
seraient plutôt complémentaires. L'apport fondamental de Mc Kinnon
se situe donc dans la reformulation de la demande de monnaie. Il existerait
donc une corrélation positive entre la quantité de monnaie
demandée et le taux d'intérêt. En fait, il décrit la
situation d'une économie peu monétarisée. Accroître
le taux d'intérêt réel permet d'enclencher un processus de
monétarisation de l'économie via la création d'un
marché de l'épargne.
Pour E. Shaw, la hausse du taux servi sur les
dépôts, en encourageant la demande de dépôts des
agents, accroît la capacité de crédit du secteur bancaire.
Cela stimule l'investissement qui est financé de façon
externe.
I-1-1-1-2- Quelques travaux des successeurs de Mc Kinnon et
Shaw
Kapur (1976), en intégrant un modèle dynamique,
affirme que la réduction du rythme de croissance de la masse
monétaire (politique monétaire restrictive) n'est pas la solution
appropriée. Il conclut qu'il est préférable
d'accroître le taux nominal servi sur les dépôts car cela
permettra d'atteindre simultanément deux objectifs : La
réduction de l'inflation et la stimulation directe de
l'épargne.
Quant à Galbis (1977), il construit un modèle
à deux secteurs : un secteur traditionnel dans lequel le rendement
du capital est faible et constant, et un secteur moderne dans lequel le
rendement du capital est aussi constant mais élevé.
Dans son modèle, la libéralisation
financière par la hausse des taux servis sur les dépôts
bancaires, conduit à un accroissement de la productivité moyenne
de l'investissement dans la mesure où elle permet un déplacement
de l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne.
Mathieson (1979) prend en compte l'extérieur. Dans son
modèle de libéralisation financière en économie
ouverte, il analyse principalement les variations possibles du taux de change.
En effet, l'augmentation des taux d'intérêt réels
consécutive à la levée de la répression
financière peut susciter de très importantes entrées de
capitaux. Ce qui provoquera une pression sur le taux de change. Mathieson
propose donc une dévaluation progressive pour réajuster le taux
de change.
I-1-1-2- Remise en cause de la politique de
libéralisation financière et
quelques évaluations empiriques des
politiques de libéralisation
financière
I-1- 1-2- 1 - Remise en
cause de la politique de libéralisation financière
Toutes fois, les arguments de ce paradigme dominant ont
été largement remis en cause et les résultats obtenus
décevants. Pour les néo-structuralistes (Van Wijnbergen, 1983),
cela tient au fait que le paradigme de la répression financière
ne prend pas en compte la segmentation des systèmes financiers dans les
pays en développement et en particulier les interactions entre les
différents secteurs financiers (Eboué, 1990). Par ailleurs, de
nombreux auteurs s'appuyant sur l'existence des asymétries
d'informations et le coût de l'information financière (en
particulier dans les PVD), montrent que les déséquilibres du
marché peuvent être indépendants de la
rémunération des services bancaires (Owoundi, 1992 ;
Stiglizt, 1994). Le point commun de ces thèses alternatives est la
nécessité de prendre en compte les caractéristiques de
chaque économie et en particulier la structure des systèmes
financiers dans la formulation des politiques de financement. Hellman et al
(1997) montrent que l'administration des taux pouvant se justifier sous
certaines conditions, il convient de mettre en oeuvre des mesures de politique
financière contrainte. En l'occurrence, il s'agit des mesures de
politique financière administrées qui permettent de créer
une rente d'intermédiation dont les institutions bancaires seraient les
bénéficiaires contrairement à la théorie de la
répression financière pour laquelle la rente est
récupérée par les Etats.
Il est extrêmement important de souligner que pour Fry
(1988), les modèles structuralistes reposent sur cinq assertions
radicalement différentes de celles de Mc Kinnon :
§ Les salaires sont déterminés de
manière exogène (ou institutionnelle) au travers de conflits
entre les classes ;
§ L'inflation est déterminée par le poids
relatif des capitalistes et des travailleurs (qui sont eux-mêmes
influencés par l'état de l'économie) ;
§ L'épargne se détermine comme une
fraction des profits et non des salaires ;
§ Le niveau général des prix est
déterminé par des marges fixes sur les coûts du travail,
les importations et le financement du capital productif (taux
d'intérêt) ;
§ Les pays en voie de développement
dépendent de façon critique de leurs importations de
matières premières, de biens d'équipement et de biens
intermédiaires.
§ Les mécanismes d'ajustement des modèles
néo-structuralistes sont keynésiens : le taux
d'intérêt de marché du secteur informel s'ajuste de telle
manière que l'offre et la demande de monnaie, et de crédit
s'égalisent. Sur le marché des biens, l'ajustement entre l'offre
et la demande se fait par les quantités et non par les prix.
Par ailleurs, l'inflation y est déterminée par
les coûts. Ainsi, appliquer la logique des
modèles « Mc Kinnoniens » ne pourrait que
détériorer la situation économique du pays. En effet,
augmenter les taux d'intérêt nominaux (suite à une
politique monétaire restrictive) ne peut qu'accroître l'inflation.
De même, pratiquer une dévaluation (comme le prône
Mathieson) ne ferait que renchérir le coût des importations et
donc ralentir la croissance. Pour les neo-structuralistes, la
libéralisation financière ne conduirait donc qu'à la
stagflation.
I.-1-1-2-2- Quelques évaluations empiriques
de la politique de
libéralisation
financière
Il faut tout d'abord rappeler brièvement que sur le
plan théorique, l'effet de la libéralisation financière
sur l'épargne reste plus ou moins ambigu à cause de l'aspect
multidimensionnel du processus de reforme. Certains aspects comme la
libéralisation du taux d'intérêt et l'offre de nouveaux
produits financiers agissent positivement sur l'épargne. D'autres
dimensions comme l'allégement des contraintes de liquidité et la
levée de l'encadrement des crédits sont susceptibles de
réduire l'incitation à épargner. L'impact sur
l'épargne dépend donc de l'effet de ces différentes
dimensions de la libéralisation financière.
Les évaluations empiriques des impacts de la
libéralisation financière sur le développement financier
sont pour le moins diverses. Dans une étude portant sur sept pays
asiatiques, Fry (1978) établit une corrélation positive et
significative entre l'épargne nationale et le taux
d'intérêt réel. Cependant, en reformulant les estimations
de Fry (1978), Giovannini (1983) aboutit à des résultats
différents. La conformité de la relation entre les
différentes mesures de l'épargne et le taux
d'intérêt créditeur réel (i.e. positive pour
l'épargne financière et négative pour l'épargne
physique) n'a été établie que dans moins de la
moitié des douze pays asiatiques é étudiés par
Gupta (1984). Diery et Yasim (1993) trouvent que le taux d'intérêt
créditeur réel agit positivement et de façon significative
dans la constitution de l'épargne dans neuf pays d'afrique. Dans une
étude, Bandiera et al (2000) analysent la fonction d'épargne
privée dans un échantillon de huit pays en développement.
Dans six pays, les régressions entre l'épargne privée et
le taux d'intérêt créditeur réel conduisent à
une corrélation négative.
En outre pour Bandiera et al (2000), l'effet à long
terme de la libéralisation financière sur l'épargne peut
être observé lorsque les réformes viennent d'être
mises en place (effet à court terme). Une évaluation de l'impact
des différentes réformes financières sur l'épargne
nécessite une analyse des différents canaux de transmission de la
libéralisation financière et la séparation entre les
effets de court terme et de long terme véhiculés par le processus
de transmission.
La littérature tant théorique qu'empirique
distingue plusieurs canaux de transmission de la politique de la
libéralisation financière : le taux d'intérêt,
les crédits, les produits financiers, les institutions de collecte de
l'épargne. Ils auront à court terme un effet négatif sur
l'épargne et un effet positif à long terme. L'effet à
court terme provient essentiellement d'une variation des taux
d'intérêt et des quantités de crédits
disponibles.
En effet si les consommateurs déterminent leur niveau
de consommation selon leur cycle de vie, un accroissement de l'offre de
crédit par les banques les amène à réviser leur
niveau d'épargne de précaution. Plus précisément,
les ménages qui ne sont plus contraints financièrement vont
consommer plus par rapport à la période de leur vie ou ils
étaient rationnés de crédit. Dans ce cas l'épargne
pourra chuter pendant les premières années de la
libéralisation financière laissant la place à un boom de
la consommation (effet direct de la libéralisation) (Muellbauer,
1994).
A long terme, la libéralisation financière aura
permis un développement financier qui influencera positivement la
croissance de la production et du revenu, et donc de l'épargne
(S) (effet indirect de la libéralisation).
Effet à court terme : allégement de la
condition de liquidité, baisse de S
Libéralisation financière
Effet à long
terme : développement financier croissance éco hausse de
S
Un autre point important qui mérite d'être pris
en considération concerne l'omission d'autres actifs d'épargne.
Le taux d'intérêt concerne ici l'épargne financière
et notamment les dépôts bancaires. Or l'épargne des
ménages peut être détenue sous formes d'actifs corporels ou
physiques (logement, terrains), actifs boursiers comme les actions et les
obligations, libellées en monnaie locale ou en devises. Honohan (1999)
insiste sur le fait qu'il faut tenir compte non pas uniquement du taux
d'intérêt sur les actifs financiers mais aussi du taux de
rentabilité de l'achat de logement ou d'un terrain, du taux de
rentabilité des obligations et des actions et du taux de change. Le
choix du seul taux d'intérêt ne donne pas une vision claire des
effets de la libéralisation financière sur l'épargne. Il
est valable uniquement dans le cas d'une seule forme d'épargne à
savoir les dépôts bancaires.
La libéralisation financière est censée
favoriser, à travers la hausse du taux d'intérêt
créditeur réel, l'accroissement des investissements et
l'augmentation des ressources investies en capital productif. Dans la plupart
des analyses économétriques traitant de ce sujet, il s'agit
d'identifier, la relation entre taux d'intérêt créditeur
réel et le volume du crédit intérieur disponible et/ou de
déterminer s'il y'a une corrélation positive entre les
crédits disponibles et le niveau d'investissement (relation de
complémentarité de Mc Kinnon).
Fry (1981) trouve des résultats significatifs et
conformes à la relation positive entre le taux d'intérêt
réel et le volume de crédits intérieurs sur un
échantillon de douze pays asiatiques. Par contre, Green et Villanueva
(1991) trouvent que la hausse des taux d'intérêt réduit les
investissements dans 33 pays en développement. Demetriades et Devereux
(1992) aboutissent à une conclusion similaire sur un échantillon
de 64 pays en développement. La Banque Mondiale (1989), après
avoir classé en quatre groupes un échantillon de 34 pays en
développement en fonction de leur taux de croissance, montre dans une
analyse comparative que plus le taux d'intérêt réel
créditeur moyen est élevé, plus l'efficacité des
investissements (la variation de l'inverse du taux d'investissement) est
importante.
I-1-2- Analyse de l'indicateur de politique
financière
Mesurer le développement du secteur financier ou le
processus de la libéralisation financière est une
procédure très compliquée parce qu'il n'y a pas une
définition précise et concrète de ces notions. Comme il a
été mentionné par Bandiera et al (2000), un meilleur
indicateur de la libéralisation financière est celui qui
intègre les aspects réglementaires et institutionnels du
processus, ce qui leur parait une tâche difficile à mettre en
place.
Cependant des références à l'impact
direct de la politique financière sur le développement financier
des PVD sont présentées à travers la littérature
empirique depuis quelques années. En effet, défini comme un
indice qui permet de quantifier le niveau de répression
financière ou de libéralisation financière, l'indicateur
de politique financière est utilisé dans de nombreuses
études.
Afin de capturer l'impact direct de la libéralisation
financière, Demetriades et Luintel (1997) construisent, à l'aide
des composantes principales, un indice synthétique de politique
financière (IPF) dans le cas de l'Inde. Lorsqu'ils régressent cet
indice sur le ratio dépôts bancaires sur PIB, le coefficient est
négatif et significatif. Par contre, appliquant la même
méthode à la Corée du Sud, Arestis et Demetriades (1997)
établissent une relation positive et significative entre les deux
variables. Dans le même esprit, Chai et Laurenceson (1998) trouvent que
le coefficient d'un indice similaire n'est pas statistiquement significatif
dans le cas de la Chine.
En effet, pour le cas de la Côte d'Ivoire, il s'agit
ici pour nous de codifier les différentes mesures
considérées comme étant représentatives d'une
politique financière, puis de présenter la méthode de
calcul de l'indicateur de politique financière.
II-1-2-1-La codification des mesures de politiques
financières (voir annexe 2)
La codification des mesures de politiques financières
consiste d'une part à identifier les mesures qualitatives et d'autre
part, à les quantifier.
Il faut rappeler que la Côte d'Ivoire, en tant que
membre de l'UEMOA, applique les différentes mesures de politiques
financières mise en place par les autorités de l'union.
Dès lors onze mesures ont été considérées
comme étant des mesures de répression financières (Ary
tanimoune, 2001) selon la terminologie de Fry (1995). Elles sont donc
susceptibles d'agir à travers l'indice de politique financière.
Il s'agit donc du taux d'usure, de la rémunération maximale et
minimale des crédits bancaires, de la rémunération fixe et
minimale des dépôts bancaires à terme supérieur
à un an, du plafond sur le refinancement des crédits de campagne,
du programme de crédit, du taux d'escompte préférentiel,
de l'encadrement du crédit, des réserves obligatoires, de
l'organisation du marché monétaire. Compte tenu de la politique
financière commune des pays de l'UEMOA, il serait donc
intéressant de rendre particulier l'indicateur de politique
financière de la Côte d'Ivoire en intégrant dans la matrice
des variables initiales (voir annexe2) deux variables
macroéconomiques : le ratio de liquidité et le ratio des avoirs extérieurs nets.
Le ratio de liquidité permet de rendre compte de
l'efficacité relative du système de paiement (King et Levine,
1993). Quant au ratio des avoirs extérieurs nets, il a été
inclut pour tenir compte de la couverture appropriée de
l'émission monétaire par les réserves de change dans le
cadre du compte d'opération. On a donc au total 13 variables (11 mesures
de politiques financières et 2 variables macroéconomiques).
Selon la méthode de codification binaire, les onze
mesures qualitatives ont été transformées en variables
quantitatives. Dès lors, pour chaque mesure de politique
financière, on affecte la valeur 1 lorsque l'administration par les
autorités monétaires de la variable est effective, et 0 lorsque
la mesure est libéralisée (voir annexe 2). Par exemple,
concernant les taux d'intérêt créditeur, on attribue la
valeur 1 à la période durant laquelle il y'a eu des taux
planchers et 0 lorsque la rémunération de l'épargne n'est
plus soumise à la mesure.
I-I-2-2-La méthode de construction de l'indicateur
d'orientation de politique financière.
Calculée à l'aide de l'analyse en composante
principale (ACP), l'indice de politique financière (IPF) se
déduit à partir des valeurs propres et du pourcentage de
variation de chaque composante principale. Cette méthode permet de
synthétiser les informations contenues dans plusieurs variables, en
transformant les p variables quantitatives brutes
corrélées entre elles (les différentes mesures de
politique financières), en au plus m nouvelles variables
quantitatives (avec m = p) non corrélées. Les nouvelles
variables sont appelées composantes principales. Il y'a lieu de
noter que lorsque les variables initiales sont de nature différente ou
caractérisées par des unités de mesures différente,
la transformation se fait à partir de la matrice des corrélations
(division par leur écart type respectif), de façon à leur
affecter le même poids.
La première composante principale explique la plus
grande proportion de la variable totale de la variable initiale. Si
l'information qu'elle fournie n'est pas satisfaisante, on construit la
deuxième composante principale. Ce calcul se fait sous deux
conditions : La deuxième composante principale présente une
corrélation nulle avec la première et explique la seconde grande
proportion de la variation totale des variables initiales. On procède de
la sorte jusqu'à l'obtention de la composante principale. On parvient à déduire le poids des
individus (ou des années) dans la composition des nouvelles variables
à l'aide de la matrice diagonale des vecteurs propres des
éléments de la diagonale représentant les parts relatives
de chaque composante dans l'explication de toutes les variables initiales. En
définitive, les composantes principales et leur pourcentage d'inertie
respectif permettent de calculer pour chaque individu (ou par chaque
année) un indice qui synthétise l'information totale contenue
dans toutes les variables initiales. En l'occurrence, l'IPF, est
calculée à partir de la somme pondérée des facteurs
liée au six premières composantes principales par les
pourcentages d'inertie correspondante sur la période allant de 1970 à 2003. Avec les
mêmes notations, pour : i, l'année donnée et la
composante principale. Nous avons donc :
Enfin, l'IPF s'interprète de la façon
suivante : lorsque le système financier est soumis à des
mesures de répression, l'IPF a une évolution ascendante. Par
contre, lorsque les autorités monétaires mettent en place une
politique de libéralisation financière, la tendance de l'IPF sera
à la baisse.
II-2- Une approche de la théorie de
l'intermédiation bancaire
Dans cette sous-section nous présenterons les
activités de la firme bancaire d'une part et d'autre part la
nécessité de l'intermédiation bancaire.
II-2-1- Les activités de la firme bancaire
Elle peut être résumée par son
activité de transformation et son rôle dans la création
monétaire et la gestion du système de paiement.
II-2-1-1- La firme bancaire et l'activité de
transformation
Cette section a pour objectif de pénétrer au
coeur de la firme bancaire pour analyser et comprendre la logique de
fonctionnement de celle-ci et la manière dont le résultat
bancaire se forme.
Schématiquement, voici comment est structuré le
bilan de la firme bancaire :
« Produits » : Emplois illiquides
(crédits)
Titres acquis
|
« Matière première » :
Ressources liquides
Titres émis
Fonds Propres
|
|
|
|
|
|
|
De manière simple, on peut présenter la banque
comme gestionnaire de l'épargne d'une part et comme financeur de projets
d'autre part.
La particularité (et la complexité) de la firme
bancaire est :
- de fabriquer une dette (moyens de paiement
scripturaux en circulation dans l'économie);
- de produire du financement en achetant des projets
(monétisation de créances).
La firme bancaire est particulièrement complexe
à analyser puisqu'il est difficile d'identifier clairement les
inputs, les outputs ainsi que le processus de
production : la monnaie est bien produite par les banques mais ce produit
est aussi une « matière première » ; les
produits de financement sont « vendus » (crédits)
mais aussi« achetés » (en finançant un
projet, la banque « achète » un titre de
créance sur ce projet futur). De plus, le résultat de la banque
est particulièrement sensible à une donnée en partie non
maîtrisable : les taux d'intérêt.
On ne peut expliquer et comprendre le fonctionnement de la
banque si on sépare les deux activités de gestion de
l'épargne d'une part et de financement
de projets d'autre part.
Dans les deux cas en effet, c'est parce qu'elle parvient
à mobiliser une épargne publique que la firme bancaire peut vivre
en parallèle des systèmes d'intermédiation de
marché (marchés financiers). La banque attire des
épargnants pour financer les agents à besoin de financement
(ménages, entreprises, administrations) parce que sa gestion du risque
de non remboursement est conduite de manière plus efficace que la
surveillance par les marchés. Elle peut de ce fait apporter des fonds
là où les marchés financiers n'en auraient pas fournis ou
en auraient fournis à un coût supérieur pour
l'emprunteur.
Son activité d'intermédiation est donc
fondée sur le fait qu'elle propose aux détenteurs de capitaux de
transformer à leur profit un placement spécifique (le
crédit) en un placement ayant d'autres spécificités (le
dépôt bancaire).
C'est cette transformation qui fait de la banque un
intermédiaire financier à part dans l'économie.
Si on considère l'intermédiation, respectivement
du côté des ressources et des emplois, la banque :
- collecte l'épargne de sa clientèle et/ou
émet des titres sur les marchés de capitaux
- assure le financement de projets par le biais de l'octroi
de crédits ou par l'achat de titres négociables (actions,
obligations...).
Cette activité d'intermédiation produit une
marge financière (différence entre coût de revient et prix
de vente en quelque sorte). La marge financière provient de la
différence entre les produits perçus et le coût des
ressources collectées.
Marge financière = produits perçus sur
les emplois - coût des ressources collectées.
NB : D'autres activités prises en charge par
les banques (prestation de service, intermédiation sur les
marchés...) génèrent des commissions (et ne sont pas
fondées sur la notion de marge).
En tant qu'usine traitant des matières
premières, les usinant pour en faire un produit fini, les contraintes
d'exercice de la firme bancaire sont les suivantes :
1. Du côté des
« achats » :
- réduction du coût d'accès aux
ressources ;
- diversification des sources d'approvisionnement
(dépôts collectés, ressources mobilisées sur le
marché monétaire, obligataire, ressources propres).
2. du côté des
« produits » :
- développer le portefeuille des
crédits ;
- développer le portefeuille titres.
3. du côté de la combinaison des deux :
- maintien des marges d'intermédiation sur
crédits ;
- hausse des marges d'intermédiation sur
titres ;
- hausse des commissions d'intermédiation de
marché et des commissions liées à une prestation de
services (paiements par exemple)
II-2-1-2- La firme bancaire dans son activité de
création de monnaie et de
gestion des mécanismes de
paiement
II-2-1-2-1- La création de monnaie
Les intermédiaires bancaires créent de la
monnaie soit par la vente d'actifs réels, la conversion de devises ou
par offre de crédit ex-nihilo. Cette monnaie est dite monnaie
scripturale.
II-2-1-2-2- La gestion des mécanismes de
paiement
Du fait des coûts et des risques liés au
transport d'espèces, les intermédiaires bancaires ont mis en
place des systèmes de paiement efficaces et qui garantissent la
sécurité. On appelle systèmes de paiement, les
réseaux qui facilitent le transfert de fonds entre les comptes bancaires
des agents économiques.
II-2-2- La nécessité de
l'intermédiation bancaire
Cette nécessité des intermédiaires
bancaires est manifeste dans la mesure où ils permettent la minimisation
des coûts de transaction et l'assurance de liquidité d'une part et
d'autre part l'activité de production et de gestion de l'information.
I-2-2-1- La minimisation des coûts de transaction et
l'assurance de liquidité
I-2-2-1-1- La minimisation des coûts de
transaction
Cette minimisation peut être observée tant au
niveau des économies d'échelle dont bénéficient les
intermédiaires financiers bancaires qu'au niveau de l'activité de
diversification des actifs.
I-2-2-1-1-1-Les économies d'échelle
Les intermédiaires financiers bancaires
bénéficient de rendements croissants dans la technologie de
transaction. En effet, si par exemple à chaque transaction
financière est associée un frais fixe, les déposants (ou
emprunteurs) préféreront en vue de diviser les coûts de
transaction, déléguer leurs opérations à un
intermédiaire financier bancaire. Egalement, un intermédiaire
financier bancaire est beaucoup plus capable d'investir dans des actifs certes
illiquides mais plus profitables que ne le feraient les investisseurs
individuels. Un autre type d'économie d'échelle c'est que pour
des raisons d'indivisibilité, un intermédiaire financier bancaire
a plus d'avantage à gérer un portefeuille plus diversifié
(et par conséquent moins risqué) que les investisseurs
individuels.
II-2-2-1-1-2-La diversification d'actifs
Le risque de détention d'un actif unique amène
parfois les agents économiques à diversifier leur portefeuille,
cependant la raison majeure de la diversification du portefeuille par les
intermédiaires financiers bancaires, résulte de la prise en
compte des asymétries d'information. En effet, les prêteurs qui
ont des doutes sur la crédibilité des emprunteurs, pour ce faire
ils confieront cette tâche à l'intermédiaire financier
bancaire qui se chargera de gérer les portefeuilles d'actifs.
II-2-2-1-2-L'assurance de liquidité
Nous allons présenter succinctement le modèle
de Diamond et Dybvig (1983) avant de déterminer l'allocation
optimale.
II-2-2-1-2-1-Le modèle de Diamond et Dybvig
(1983)
Considérons une économie à trois
périodes, un bien dans laquelle il y a un continuum d'agents, chacun
d'eux doté d'une unité de bien à la date t=0, veut
consommer aux dates t=1 et t=2. Ces agents sont identiques ex ante, mais sont
victimes de chocs de liquidité distribués indépendamment
et identiquement avec une certaine probabilité : , ils expriment le besoin de consommer à la date t=i.
L'utilité des agents de type i=1(consommateurs
impatients) est , alors que celle des agents de type i=2 (consommateurs patients) où <1 est un facteur d'actualisation. Ex ante tous les agents on la
même utilité :
Supposons que U est croissante et concave. Il y a une
technologie qui permet le transfert d'un bien sans coût d'une date
à une autre. Plus important, il y a également une technologie
illiquide de long terme (avec des rendements d'échelle constants) :
une unité investie à t=0 donne un rendement R>1 en t=2. Le
terme « illiquide » reflète le fait que les
investissements dans cette technologie de long terme donne un faible rendement
L<1 s'ils sont liquidés prématurément en t=1.
II-2-2-1-2-1 -L'allocation symétrique
optimale
En absence de coopération entre agents, le
résultat de leurs investissements ex post est inefficient, ce qui
nécessite la présence d'un marché financier pour assurer
cette efficience. Cependant, à cause du risque de liquidité qui
prévaut sur ce marché, l'allocation est en général
non paréto-optimale. C'est ce qui va justifier l'apparition des
intermédiaires financiers pour assurer la liquidité aux
déposants. Cette assurance de liquidité se manifestera par le
fait que les intermédiaires financiers vont proposer aux
déposants des dépôts à vue
rémunérés d'une part et en plus la possibilité de
retirer leurs dépôts à tout moment.
II-2-2-2-L'activité de production et de gestion de
l'information
Le premier économiste qui mit en évidence les
effets des asymétries d'information sur les marchés fut Akerlof
(1970). Il a pris l'exemple du marché des voitures d'occasion ou
l'asymétrie d'information entre vendeurs et acheteurs est très
forte .La conséquence de cette asymétrie sera l'existence de
sélection adverse et du hasard moral.
Le modèle d'Akerlof (1970) a donc permis de
développer toute une littérature autour du marché des
fonds prêtables .L'existence des asymétries d'information sur ce
marché va conduire à l'apparition des intermédiaires
financiers.
Pour Leland et Pyle (1977) c'est l'asymétrie ex ante
qui justifie la création des intermédiaires financiers
bancaires. Leur modèle est une simple évaluation de la firme,
dans lequel l'implication de l'entrepreneur dans son propre projet signale la
qualité de la firme ou de son projet. Les entrepreneurs sont mieux
informés sur la qualité, la rentabilité anticipée
de leurs projets, lesquelles sont ignorées du prêteur.
L'idée est que l'implication de l'entrepreneur dans son propre
projet s'apparente à une diversification sous optimale
de son propre portefeuille, traduit sa confiance et ,dans la mesure ou cette
stratégie peut être observée, elle véhicule une
information positive sur la valeur de la firme ou de son projet.
Pour Diamond (1984), c'est l'asymétrie ex post qui
justifie la création des intermédiaires financiers bancaires. En
effet, dès lors qu'un contrat est signé entre un prêteur
et un emprunteur et qu'une asymétrie d'information existe
postérieurement à la signature du contrat, un problème de
risque moral survient, lié au comportement opportuniste du
détenteur de l'information, susceptible d'altérer les relations
entre le principal (prêteur) et l'agent (l'emprunteur). Afin
d'éviter d'être trompé par l'emprunteur notamment par le
biais de mauvais rendement fictif les prêteurs se doivent de surveiller
la gestion et le résultat du projet.
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