CONCLUSION
Il est désormais acquis que la microfinance est l'une
des stratégies de réduction de la pauvreté des pays en
développement. Mais la disponibilité des ressources
financières à moyen et long terme reste encore et toujours
difficile. Cette situation freine le développement du secteur et diminue
par conséquent les chances d'accès aux services financiers de
milliers des pauvres.
La solution envisageable serait de favoriser des relations de
refinancement des IMF par les banques. Il s'agit d'une opération par
laquelle une banque accorde un prêt à une IMF qui accorde à
son tour des crédits à ses clients, à un taux
d'intérêt évidemment supérieur au taux de
refinancement, avec une marge lui permettant de couvrir ses propres charges.
Ces relations présentent des contraintes tant pour les IMF que pour les
banques commerciales.
Pour stimuler ces relations et faire face au problème
de refinancement des IMF, les gouvernements africains ont opté pour la
création des fonds nationaux de microfinance avec des structures
organisationnelles différentes. Au Rwanda, un fonds de refinancement et
de développement de la microfinance (FOREDEM) a été
créé et logé au sein de la Banque Rwandaise de
Développement (BRD). Le nombre d'IMF refinancées par FOREDEM est
dérisoire par rapport au nombre total d'IMF. Ce constat, nous a
motivé à étudier les causes de la faiblesse du
refinancement des IMF par ce fonds avec pour objectif général de
contribuer à l'amélioration du système de refinancement
des IMF au Rwanda. Pour y parvenir, nous avons fait recours à la
méthodologie de recherche action et la recherche documentaire.
Au terme de notre étude, nous avons relevé
plusieurs contraintes freinant le refinancement tant au niveau des IMF qu'au
niveau de FOREDEM :
Au niveau des IMF, l'indisponibilité des informations
nécessaires à l'analyse de leurs dossiers, le manque de garantie,
la non maîtrise de leur portefeuille de crédit et la mauvaise
gouvernance sont les causes importantes qui freinent leur accès au
FOREDEM.
Au niveau du FOREDEM/BRD, l'exigence de garanties
réelles aux IMF, l'affectation des fonds de refinancement dans le
secteur agricole et la facturation et enfin, la lenteur administrative dans le
traitement des dossiers de demande limitent considérablement
l'accès à ce fonds.
De ce qui précède, il en découle ce qui
suit :
Pour accroître leur crédibilité, les IMF
doivent améliorer leur système d'information, renforcer leur
gouvernance et leur maîtrise du portefeuille de crédit. Donc,
accroître leur niveau de professionnalisme dans ce secteur. Il est aussi
important de procéder à la consolidation de leurs fonds propres
afin d'augmenter leur capacité d'endettement et diversifier leurs
produits d'épargne pour augmenter le niveau d'épargne capable
d'être transformé en crédit.
Avec la vision des Nations Unies d'avoir un système
financier inclusif, les IMF sont invitées à entretenir de bonnes
relations avec les banques afin de bénéficier de leurs services.
Ces relations seraient plus profitables aux IMF avec l'Union des banques
populaires S.A. en tant qu'une banque commerciale plus proche du secteur de la
microfinance et qui offre un taux d'intérêt concurrentiel par
rapport aux autres banques commerciales.
Au niveau de FOREDEM/BRD, un certain nombre de conditions doit
être revu tout en privilégiant le partenariat stratégique
avec les IMF. Il s'agit de conditions sur les garanties, l'affectation et la
facturation des fonds de refinancement reçus.
Le processus de traitement des dossiers de demande de
refinancement est à revoir. Les services de renforcement des
capacités doivent être redynamisés afin de promouvoir les
relations stratégiques soutenues avec les IMF et entrer dans la logique
«grossistes détaillants».
Une étude de réorientation des politiques et
stratégies de FOREDEM est aussi souhaitée afin d'évoluer
vers la pérennité de ces interventions.
Pour plus d'impact dans les interventions de la BRD et du
FOREDEM, un modèle intégré des interventions a
été proposé. Ce modèle a comme pilier central, les
performances économiques de tous les acteurs qui favoriseraient son
application.
Enfin, pour garantir la sécurité des services de
microfinance, plusieurs actions incombent à la responsabilité du
gouvernement. Il s'agit de la création de la commission de recouvrement
des crédits des IMF, de la mise en place de la commission interIMF pour
renforcer la confiance des banques (bailleurs) envers la microfinance, de la
mise en place de la loi régissant les activités de microfinance,
afin de renforcer les activités de supervision.
Un travail de recherche, ne peut prendre en compte tous les
aspects du phénomène abordé; l'étude sur le
refinancement des IMF, loin d'être exhaustive, permet néanmoins de
dégager quelques pistes de recherche aussi pertinentes
qu'intéressantes dans l'amélioration de l'offre de service des
institutions financières. Aussi, serait-il intéressant d'orienter
la réflexion sur: les conditions d'opérationnalisation de
centrales de risque entre les IMF, les stratégies de
pérennisation du FOREDEM, les possibilités de mise en place d'une
commission inter-IMF.
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